Le Moustique Volume3 - 7° édition Juillet 2000 Ce ou ces pyromanes enragés appartiennent sans doute a la seconde catégorie. Celle composée de gens semblables 4 moi-méme mais qui, pour une raison étrange, trouvent le plaisir 4 démolir et, surtout, se réjouissent a en voir les effets sur nos mines dépitées. Je n’ai jamais compris cet attrait de la destruction parce que, sans doute, ce n’en était pas un pour moi. Nous étions simplement différents. A notre époque, ot |’on nous apprend a respecter toutes les différences, méme les particularismes les plus inattendus, ces bouteurs de feu, ces iconoclastes ou saccageurs de tout poil me restent étrangers. Cette face cachée de la lune, a peine distincte de l’autre, mais inquiétante et obscure, sera toujours pour moi des plus mystérieuse et terriblement menagante. Comment pourraient-ils étre respectables ? Il est vrai qu’ils sont souvent ceux dont on se sert pour faire les révolutions. Mais aussi ceux dont on se débarrasse aussit6t qu’elle a triomphé. Les nihilistes, les anarchistes qui, toujours, sont les victimes des premiéres purges résultant de la stabilisation des nouveaux régimes ? Les Princes de l’entropie, éternelles victimes de l’ordre ! Cela ne me les rend pas plus sympathiques ! On s’est battu et on se bat encore pour la liberté et la libre expression. Je revendique l’un et l’autre pour me justifier le droit d’aimer ceux que je respecte et de détester ceux que je méprise. Et je hais les pyromanes. Mais je cherche encore 4 comprendre. Pour les philosophes ioniens, encore empreints des vieilles cosmogonies orientales, il y a déja plus de vingt-cinq siécles de cela, le principe des choses se trouvait dans la nature. Thalés de Milet, le plus ancien, le retrouvait dans I’eau, Héraclite le plagait dans le feu. Il s’agissait bien sir de premiéres tentatives visant a la rationalisation de l’univers et les perceptions humaines de |’environnement étaient encore obscurcies de sensibilités troubles. C’est Démocrite, plus tard, qui devait s’approcher le plus de la réalité avec son concept plus matérialiste de l’atome. Tout cela pour dire qu’il pourrait exister en tout étre un mode de communication, peut-étre primitif mais assez spontané avec le monde, utilisant des média naturels. Je le sais de longue date, |’eau et le feu ont sur moi un effet indéniable. La fascination qu’exerce le feu sur mon esprit est excitatrice. Assis prés d’un feu de bois, enfant deja, j’en appréciais le plaisir, mais également j’éprouvais aussitdt un besoin irrépressible de parler, de communiquer, de construire des images et des concepts. Le feu est d’ailleurs toujours pour moi un stimulant positif et créateur (rien a voir avec Néron et la Rome en flamme). L’eau, par contre, a sur moi un effet calmant ; elle peut méme agir a la maniére d’un sédatif. Egalement étant tout jeune enfant, j’ai assisté un jour a un accidenthorrible. ......