Ey a On ey ae ee ay ne a eT ny eee een en ee Te ay oe ea epee aye ON one St _ ™ ewe ' 4 —Le Soleil de Colombie, Vendredi 5 aoat 1983 Comment fait-on le pain francais a Vancouver ? Suite de la page 1 Pour une poche et demi, soit 60 kilos, il faut 25 a 26 litres d’eau. Il ny a pas de compteur au tuyau, notre boulanger devine la quantité en palpant sa pate. Un kilo a peu prés de levure: en plus, des quantités plus ou moins secrétes de margarine,’ “pour la souplesse” -, de sel et de sucre, - “pour donner de la couleur”, et le bras du pétrin se met en route, doucement au début, — puis plus vite... Comme un serpent obése La pate gonfle, s’épaissit, se tord comme un serpent obése. Aprés 15 minutes de mixage, Vincent la transporte sur un plan de travail. Il la dé: coupe en blocs de 10 kg, qui eux-mémes divisés en 20 donneront les futurs parisiens de 500 grammes, et de 6 Kg 800, qui aprés leur passage par la méme machine, pro- duiront les baguettes de 340 grammes. La “faconneuse” est une machine qui plairait aux en- fants passionnés par la pate a modeler. Vous y _ jetez dedans un morceau de pate informe et il en ressort sous forme de rouleau. I] ne reste plus qu’a l’étirer un peu et vous avez votre pain pari- sien ou votre baguette. Vous pouvez aussi le sculpter avec - des ciseaux, quand la pate a reposé pendant au moins deux heures, et vous obtenez un pain-épis. Trés important, comme ce- lui du guerrier, le repos de la pate. Tellement important que les baguettes et les pains, une fois tous alignés sur des panneaux superposés appelés “panneau-matic”, disparais-~ sent de la vue derriére quatre parois. Derriére, une magie physico-chimique oeuvre... 4 heures: les “autres” s éveillent 4 heures. Le charcutier,. un Vietnamien, arrive. ‘Sa premiére réalisation: du café pour tout le monde. Mon: oesophage tremble de bon- heur. C'est aussi l'heure ot les boulangers “canadiens” se mettent au travail. Echange de cigarettes. Vincent trouve le temps de faire trois -phrases. Oui,’ ca lui plait de travailler la nuit, il suffit de dormir le jour. Quand il a fini, entre 7 et 8 heures les jours de semaine, vers midi le week- end, il a la joie d’emmener son pain encore tout chaud. Ce qui l’embéte un peu, cest d’habiter a Richmond, a une heure d’autobus. Ce qui le choque carrément, lui Espagnol qui en cette saison dinerait 4 minuit, c’est de voir les boites de nuit fermer a deux heures, l’heure ou il y arrivait d’habitude! Du renfort arrive a cing heures, en méme temps que les premiéres percées du jour. Domenico Modico-Amore, un Sicilien au service de “la Baguette” depuis deux mois, est en charge de la cuisson. Non seulement du pain, mais aussi des 1300 a 2000 crois- sants. produits journellement, de la centaine de _brioches parisiennes, des 200 a 300 pains au chocolat et des dizaines de pains au raisin et autres gateries réalisés dans la premiére moitié de la nuit par les trois patissiers de la mai- son. : Les fours sont francais,’ comme le reste de l’€quipe- ment. Ils ont bien failli ne jamais entrer au Canada. “Les inspecteurs des douanes ne les connaissaient pas, ex- plique Louise Turgeon, co- propriétaire de “la Baguette”. Il a fallu changer le brileur. pour en installer un, un Canadien, 4a la place! Une affaire compliquée... Domenico répéte le geste symbolique de la boulange celui qui illustre le mieux la’ fabrication du_ pain: il enfourne les baguettes, avec. Vaide de la célébre “pelle”. Le four, a vapeur contraire- Domenico, main experte. armé de ciseaux, Domenico, avec Il’aide plateau de_ croissants. se poursuit jusque vers fin de semaine. — ment a l’équipement cana- dien, est réglé 4 250 - 2600. Il faut de 15 a 20 minutes de cuisson pous les baguettes, plus d’une demi-heure pour les parisiens. : Changement d’étage au milieu. de l’opération. — Les croissants dorent... L’odeur délicieuse s'infiltre par tous les pores. Puis c’est le moment supréme, celui de la dégustation. Le croissant tout chaud croustille. Pas longtemps, il est vite avalé. La cuisson dure jusqu’a 1l1h-midi les jours de semaine, 16heures-17 heures le samedi et dimanche. Les clients se pressent, observant la ma- noeuvre, sinon les commandes et les récettes accrochées sur les murs. Mais la “pate a choux” et la mousse au cho-* colat, ce sera pour une pro- chaine fois... Vincent en train d’enduire d’oeufs les croissants. Sans eux, pas de doré... ‘taille les ‘ “ | Des abus sexuels plus nombreux ? L’élimination des équipes de protection des enfants contre les abus. sexuels va les rendre vulnérables 4 une “atroce” exploitation par des adultes, selon Amy Napier- Hemy, une consultante du Ministére des Ressources hu- maines sur ce sujet pendants! 10 ans. Réagissant a4 la suppression de ces équipes confirmée mardi 26 juillet par le gouvernement, Mme Na- pier-Hemy estime que ces éco- nomies immédiates se tra- duiront par des couts finan- ciers et en peine humaine par les générations 4 _ venir. “Les victimes d’assant d’au- jourd’hui pourraient devenir les parents hautement pertur- bés de demain, a expliqué la spécialiste, ou, dans le. cas des garcons, des agresseurs. Beaucoup de garcons victirfes d’agression sexuelle devien- nent a leur tour ag resseurs” La consultante fit état d’es- timations figurant qu’entre 25 et 30% des filles sont sexuel- lement abusées avant 18 ans, pour environs 12% de gar- cons. Il faut pleurer les hommes 4 leur naissance, et non pas a leur mort. Montesquieu de sa “pelle” de 3 métres de long, enfourne un Commencée a 5 ou 6heures du matin, la cuisson midi les jours de semaine, et 16 ou 17 heures la ~~ Vincent récupére les futures baguettes issues de la “faconneuse” et les dispose sur un “panneaumatic” ou elles vont reposer pendant deux heures. La “fagonneuse” transtorme en rouleaux, ‘qui devien- drent ici des petits pains, les morceaux de pate calibrés auparavant au poids requis. Vincent s’arc-boute sur la machine a faire les petits pains. laboratoire», Les animaux demandent justice Suite de la page 1 Richard Blondin, directeur du Service des animaux de laboratoire de —l’université Laval, considére également que des abus sont commis: «Il serait peut-étre bon de donner un cours aux futurs cher- cheurs pour leur apprendre a manipuler les animaux. Ils acquiérent leur expérience a partir de leurs erreurs. Cer- tains d’entre eux s’improvisent du jour au lendemain chirur- giens pour lapins. Le gouver- nement pourrait également forcer les universités et. les centres de recherche a avoir un comité d’éthique ov il aurait un représentant. Cela permettrait de limiter les dé- gats.» A Vheure actuelle, le débat sur la vivisection est loin d’étre réglé. «Il y aura toujours des _ recherches im vivo (sur les animaux vivants), affirme le docteur Fernand Labrie, di- recteur du centre de recher- che du Centre hospitalier de Vuniversité Laval, mais de plus en plus nous privilégions la méthode im vitro (a partir des organes d’animaux morts), qui nous permet d’ef- fectuer plusieurs expériences sur le méme animal et d’éviter le gaspillage. Cela est effectivement trés faisable en endocrinologie, mais il y aura toujours des do- maines de recherches ov l’uti- lisation d’animaux vivants se- ra indispensable. «Une chose du moins serait possible, fait remarquer Ri- chard Blondin, c’est que la SPCA et la SPA collaborent avec les centres de recherche pour leur fournir des chiens Ou autres animaux. «Ills les tuent de toute facon, dit-il. En nous’ les vendant, diminuerait le nombre de morts, car nous ne serions pas . obligés de nous en procurer ailleurs.» Mais les représentants de la SPCA et la SPA refusent de participer de prés ou de loin a de telles expériences. «Nous sommes moralement contre Vutilisation des animaux de affirment-ils. Pourtant la réalité étant ce qu'elle est, ne vaudrait-il pas mieux accepter de prendre ce premier moyen pour €viter le gaspillage? Le gouvernement ontarien a d’ ailleurs déja légi- féré pour forcer ces organis- mes a collaborer avec les centres de recherche. Une éducation populatre Protégés par des lois mal connues et peu appliquées, dépourvus de droits propres, les’ animaux ne pésent pas bien lourd dans notre appareil judiciaire. Pourtant, comme le dit Suzanne Beullac, «les étres humains n’ont pas le 4: monopole de la souffrance, et -le respect des droits de l'homme passe bien souvent spar celui des autres espe- - ces», ‘Pour sa part, ‘la Société québécoise | pour la défense des animaux a choisi de miser sur l'éducation. et l'information " populaire. ‘A cette fin, elle vient de publier un recueil de toutes les lois civiles et cri- minellés touchant les animaux. du Québec. «Ce recueil, Lianimal, . son bien-étre et la loi au Québec, permettra au moins de faire connattre les législations déja existantes et de mettre en lumiére les lacunes de ces lois, déclare Suzanne Beullac. Ce n’est qu’en combattant l’igno- rance que nous pourrons met- tre un terme a toute cette cruauté inutile et dégrandan- te.» : : ‘ Article publié dans _ le 1. magazine “Justice”, juin 1983. ‘cela’