VOYAGES

Le Soleil de Colombie, vendredi 7 avril 1989 - 11

Par Jean-Claude Boyer

«Sur laroute de Dijon...» Cette
vieille chanson frangaise appri-
se dans mon enfance me trotte
par la téte tout au long du
voyage qui me méne, en train,
de Lyon a Dijon (centre-est dela
France). C’est auJfourd’hui le 24
octobre 1984. En arrivant a la
gare de cette ancienne capitale
des ducs de Bourgogne, je
consigne mon sac a dos, puis
j’assouvis ma faim deloup avec,
entre autres, une salade
recouverte d'une vinaigrette
couleur «moutarde de Dijon».
Longue promenade, les yeux
écarquillés, a travers des
dédales de rues et ruelles qui
me donnent vite |l’impression
d’avoir fait un saut considérable
dans letemps. Une seule phrase
du guide Michelin suffit a bien
situer importance de Dijon:
«Au carrefour du sillon Rhoda-
nien et de fa porte de
Bourgogne, c est une métropole
régionale et une plaque tour-
nante européenne a la jonction
des grands itinéraires vers
Paris, la Méditerranée, |’Allema-

gne, la Suisse et I'talie,
desservis par routes, voies
ferrées et voies d'eau». Pas

étonnant qu'on ait composé une
chanson populaire sur «/a route
de Dijon».

Récit d’un tour du monde

Dijon, Beaune et Bourges

Je monte ensuite dans un bus
de ville, sac au dos, pour me
rendre au CRI (Centre de
Rencontres __ Internationales),
qui a meilleure réputation que
|’auberge de jeunesse officielle.
A\l’arriére du bus, un adolescent
tient sur ses genoux une radio
oblongue aux «bruits» écla-
boussants. J’ai envie de lui faire
découvrir les avantages du
baladeur... pourles autres. Plus
tard, au cours de la soirée
passée dans la grande cafétéria
du CRI en compagnie de jeunes
Québécois et de... beaujolais,
je me surprends a me sentir
comme si j’avais 14 ans au lieu
de 40. C’est a croire que les
voyages peuvent, en plus de
former la jeunesse, rajeunir
ceux qui l’ont perdue. Une «fille
de Québec» raconte avec pep
cette anecdote peu vraisembla-
ble: «Lorsque ma soeur s‘est
vantée d’avoir rencontré Michel
Picoli, je lui ai dit que moi je
rencontrerais Yves Montand. Et
cest ce qui mest arrivé! || était
en train de jouer ala pétanque!»
On m’envie de passer un an
autour du monde, libre comme
lair. Le fils d’un dermatologiste
anglophone de Wesmount et
Martin Roy, un nouveau
Californien, se promettent d’en
faire autant avant de «se faire

gi ee Ss Travaux publics Public Works

Canada

Canada

l’adresse ci-dessus.

Projet No 70C-88-0085:

APPEL D’OFFRE

LES SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entreprises ou
servicés énumérés ci-aprés, adressées le Gestionnaire régional,
Politique et administration des marchés de la Région du pacifique,
Travaux publics Canada, 601,
(Colombie-Britannique) V6E 3W5 seront regues jusqu al ‘heure et la
date limite déterminée. On peut se procurer les documents de
soumission par|’entremise du bureau de distribution des plans, a

PROJET

Remplacement de la
refroidissement, Edifice Fédéral, 514 rue Vernon, Nelson, C.B.

Date limite: le 25 avril 1989 a 11h00 (11 a.m. PDST)

Les documents de soumission peuvent étre consultés al’Ass. de la
Construction d’Amalgamated de la C.B., Vanc.; et les Ass. de la
Construction de |'Intérieur Sud, de Kelowna et Castlegar.

Note: Il se tiendra une visite guidée O BLIGATOIRE le mardi 18 avril
1989 a 9h00 (9:00 a.m. PDST(. Pour informations, contactez Kathy
Thatchuk, Administrateur de l’Edifice au 352-3210.

Le Ministére ne s‘engage a accepter ni la plus basse ni aucune des
soumissions. :

1166 rue Alberni, Vancouver,

tour de

prendre par le mariage».

De retour au centre-ville, le
lendemain matin, je m’émerveil-
le €& nouveau devant de
nombreuses maisons Renais-
sance, maisons a colombages
présentant des poutres sculp-
tées; devant arc de triomphe,
statues, fontaines, églises,
palais ducal, tour Philippe le
Bon, hdtels plusieurs fois
centenaires. Espaces  verts,
secteur piétonnier, rue des
Forges, habitations médiéva-
les, monuments religieux et
civils de grand prestige, jolie
place de la Libération (en
hémicycle), tout concourt a
m'enchanter, moi le visiteur
solitaire venu du Nouveau-
Monde.

Une rumeur  grandissante
miattire: défilé impressionnant
des «fonctionnaires et agents
des entreprises publiques» en
gréve nationale pour 24 heures.
Que de pancartes! Leitmotive
scandés, haut-parleurs, foule
de badauds. Clic! Clic! Deux
photos. (Je retrouve sur |’une
d’elles une longue banderole -
de la largeur de la rue - avec ces
mots: FEDERATION DE
L’EDUCATION NATIONALE;
sur l’autre, je lis CGT et ces

pouvoir d’achat».) Au diable
cette manifestation, qui n’est
pas différente de celles aux-
quelles j’ai moi-méme participé
au Québec comme enseignant.
Je retourne a la cathédrale
Saint-Bénigne (crypte sculptée
du Xe s.), puis a. |’église
Notre-Dame ou je trouve fort
étranges ces trois rangées de
fausses gargouilles en pleine
fagade. Et que dire des portails
Renaissance de |’église Saint-
Michel? Ces prouesses techni-
ques ne manquent jamais de me
fasciner.

J’entre enfin dans le célébre
musée des Beaux-Arts, installé
dans l’ancien palais des ducs de
Bourgogne. Lasalle des Gardes
vaut sans doute a elle seule une

visite a Dijon. Le tombeau de ,

Philippe le Hardi et celui de
Jean sans Peur et de Marguerite
de Baviére m/éblouissent:
magnifiques gisants veillés par
des anges aux ailes déployées ;
chacun de ces gisants repose
sur une dalle de marbre noir
entourée d’arcades d’albatre ou
j'admire une quarantaine de
statuettes prodigieuses de vie.
Tous ces personnages qui me
laissaient indifférents dans les
cours d'histoire de la France

tion. Collections de peintures
(Rubens, Van der Weyden),
sculptures, tapisseries... Ce
musée est sans doute |’un des

* plus beaux du pays.

Je me meurs de faim. Aprés
avoir dévoré un solide déjeuner,
je me rends a la gare prendre le
prochain train pour Beaune,
sous-préfecture de la Céte-d’Or
- qui produit des vins parmi les
plus fins du monde. Le chef de
gare lui-méme m’apprend que la
gréve force au  roulement
minimum des trains: celui de
12h35 ne s’arrétera pas a
Beaune. J’insiste. II finit par me
promettre qu'on m’y laissera
descendre! Ce trajet me permet
de faire la sieste, Dieu merci.

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