Un goat de Sibérie Né en Sibérie, installé en France, Andrei Makine a publié huit ro- mans. Il remporte la méme année, en 1995, le prix Goncourt et le prix Médicis pour Le testament frangais, Son dernier, La femme qui attendait, se passe dans un village quasi abandonné, Mirnoié, situé prés de la mer Blanche, aux confins de la Sibérie, dans une région désertique de I'URSS des années 1970. Le narrateur est un jeune journaliste qui arrive de Léningrad (Saint-Pétersbourg) pour enquéter sur les legendes et coutumes locales. La, il fait la connaissance de Véra, femme dans la quaran- taine qu'il trouve beaucoup plus intéressante que la recherche a laquelle il est censé se consacrer. A l'age de seize ans, en 1945, Véra est tombée amoureuse d'un soldat, mais il a dd partir pour le front. A la fin de la guerre il est porté disparu. Véra est restée fi- déle a ce premier amour et depuis trente ans elle attend le trés improbable retour de cet homme. De temps a autre, elle se rend a la gare de la ville voisine, a l'arrivée du train de Moscou, espérant contre tout espoir. Véra occupe son temps comme institutrice des huit gamins du vil- lage et elle prend aussi soin de vieilles femmes venues Ia, victi- mes comme elle de la guerre, et qu'elle aide a survivre. Le jeune homme est frappé par sa générosité envers ces délaissées sans moyens, a qui elle rend visite et de menus services. Dans le dé- nuement ou il est venu s'égarer, le jeune journaliste qui croyait tout savoir sur les étres humains a l'impression de se trouver sur une planéte inconnue, si loin des préoccupations des jeunes dissi- dents qu'il frequente a Léningrad. Dans ce village fantomatique, hors du temps, il découvre le sens profond de la vie dans les moindres gestes de ces personnages qui vivent comme des om- bres. 25