J.M. Le Clézio, ZL7Africain, Mercure de France, Paris, 2004. Né a Nice en 1940, Le Clé- Zi0, écrivain franco~ mauricien, devient célébre a vingt-trois ans avec la paru~- tion du Procés verbal, récit influencé par V’esthétique du Nouveau Roman et pour le- quel il obtient le prix Renau-~ dot. Auteur dune quaran- taine d’ouvrages, il écrit de- puis le milieu des années 1980 des livres 4 dominante personnelle, familiale et au~- tobiographique dans _ la- quelle s’inscrit ce court récit L’Africain ot il évoque son enfance, ses parents et sur~ tout son pére. Ce dernier, originaire de Vile Maurice, aprés des études de médecine en Angleterre, passe toute sa vie profession~’ nelle en Afrique équatoriale anglaise, d’abord au Came- roun puis au Nigeria. Il dé- teste attitude arrogante des colonisateurs, bien installés et servis dans les villes cdtié- res. Lui travaille dans la brousse au plus prés des in- digénes, Dans une premiére 16 période heureuse, il par- court le pays a cheval en compagnie de sa femme, menant une vie simple, pro- che de la nature sauvage et des gens qu’il soigne avec ses moyens limités. Sa femme, rentrée en France pour la naissance de ses deux garcons dont celle de Vauteur, se voit prise au piége de la deuxiéme guerre mondiale. Elle doit se cacher de Yoccupant allemand a cause de son mari anglais. Celui-ci, qui ne peut la re~ joindre, reste seul en Afri- que, complétement coupé des siens. Les années de bon~ heur sont terminées. Quand, a huit ans, le jeune Le Clézio fait connaissance de son pére au Nigeria, il découvre un homme dur, un étranger qui ne comprend pas les en~ fants, qui impose des régles de conduite trés strictes. L’auteur fait ici le point avec une certaine tristesse sur ses relations avec son pére. II n’a pas connu de liens affec- tifs avec lui, et dans son en~ fance l’a plutdt considéré comme un ennemi. D’autre Depuis 1941... part, il reconnait qu’il doit a son pére la découverte de VAfrique, de la brousse, es-~ pace de liberté, de lumiére, et d’une vie en symbiose avec les éléments naturels © qui continue de Vhabiter. Ila été concu au temps ol ses parents étaient amoureux et amoureux de l’Afrique. Pour cette raison, il pense qu'il porte toujours en lui ce continent noir. A la recherche de lui-méme, Le Clézio nous touche par son style poétique, par des accents justes, authentiques. Cette année 2008, il vient de publier un ouvrage consacré a sa mére et d’obtenir le prix Nobel de littérature pour ensemble de son ceu- vre. Monique Genuist