Dossiers Parenthése La francité familioscolaire Par Rodrigue Landry, Directeur de I'Institut canadien de recherche sur les minorifés linguistiques Qu’est-ce que la francité familioscolaire? La francité familioscolaire est un terme qui désigne la pré- sence et |’usage du francais dans la famille et a |'école. Chez les francophones vivant en milieu minoritaire, un degré élevé de francité familioscolaire est nécessaire pour favoriser chez les enfants un bilinguisme de type additif. Il y a bilinguisme additif lorsque |’apprentissage d'une langue ne menace pas le maintien ou l’acquisition d'une autre langue. En contexte minoritaire, la dominance de la langue majoritai- re a souvent pour effet de favoriser un bilinguisme soustractif. Le contact avec la langue majoritaire est d'une telle intensité que la langue minoritaire s'y trouve négligée, étouffée. L'ap- prentissage de la langue majoritaire se fait alors au détriment de la langue de la minorité. Chez les membres d'une minorité, le bilinguisme soustractif mene graduellement 4 |’assimilation linguistique et a la perte de l'identité culturelle. Comment la francité familioscolaire peut-elle favoriser le bilinguisme additif? Pour qu’un enfant devienne francophone, il ne suffit pas qu’il ait un parent ou des parents francophones. || importe qu’il soit socialisé dans la langue et dans la culture fran¢aises. Pour qu’il puisse bien apprendre l'anglais et devenir bilingue, il doit aussi 6tre en contact avec la langue et la culture anglaises. Comment alors équilibrer les contacts entre les deux langues? Le modéle des balanciers compensateurs (figure 1) illustre les conditions gagnantes qui favorisent le bilinguisme additif. Ce modeéle regroupe en trois milieux de vie toutes les instances de socialisation langagiére ou de vécu langagier d'un jeune : le milieu familial, le milieu scolaire et le milieu socio-institution- nel. En d'autres termes, l'enfant sera en contact avec une ou plusieurs langues dans sa famille, a l'école et dans de nom- breux contextes que lui offre la société. La partie supérieure du modéle montre les conditions du bi- linguisme additif lorsque L’enfant est membre d'un groupe minoritaire ou de faible vitalité. La partie inférieure montre comment le bilinguisme additif est favorisé lorsque |’enfant est membre d'un groupe majoritaire de forte vitalité. On peut imaginer une troisieme possibilité, celle de l'enfant dont un des parents est membre du groupe majoritaire et l'autre, membre du groupe minoritaire. || s'agit alors d'un mariage interlinguistique, d'une situation d’exogamie. Le couple fran- cophone-anglophone est dit exogame et les couples dont les deux parents sont issus du méme groupe linguistique sont dits endogames. Comme le montre la figure 1, pour les membres d’un groupe Figure | Modéle des balanciers compensateurs minoritaire ou de faible vitalité, les contacts avec la langue seconde (L2) sont largement dominants dans le milieu so- cioinstitutionnel. La langue majoritaire domine pratiquement toutes les activités de la société. Pour promouvoir le déve- loppement de Ia langue minoritaire (L1), deux actions sont possibles : favoriser le développement de la langue minori- taire dans la famille et a |’école (voir fleche descendante) et assurer l'enfant d'autres contacts avec la L1 dans le milieu socioinstitutionnel qui viennent aider la famille et I'école a contrebalancer les effets dominants de la L2 (fleche ascen-