VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 10 juin 1988 - 13 | Suite de la semaine derniére : Par Jean-Claude Boyer Le lendemain, encore et toujours un soleil éblouissant. Mon ami missionnaire m’améne visiter un superbe domaine appartenant aux fréeres de St-Gabriel (domaine qui com- prend, dans un de ses grands jardins de fleurs et d’arbustes, un petit zoo coquet ou un 6énorme porc-épic se _ met soudain a avancer pénible- ment), des églises, des ruelles tres pauvres mais pittores- ques... Je godte pour la premiére fois au fruit compose, ovoide et volumineux produit par le jaquier, arbre lactescent des régions tropicales. Nous retournons au belvédére... La journée s’écoule comme une eau paisible. En soirée, rassemblement de la communauté, avec. les i novices, pour une bonne partie de rigolade inspirée des manies de certains prétres originaux, pour ne pas dire détraqués. Brian raconte, par exemple, qu’au cours d’une cérémonie pascale, l’officiant, en décou- -_-yrant les statues de leurs voiles © violets a l'aide d’une perche, en laisse tomber un par mégarde qui transforme son assistant en __. statue voilée. Il tente aussit6t -\ de l’en délivrer, aprés avoir \ reculé rapidement, avec la f ~~ longue tige de métal! Pour ma : part, j'imite, entre autres, ce brave curé, d’un tout petit villagedu nord de Montréal, que j'ai tant de fois entendu chanter d’une voix suraigué, et forte, la formule latine qui introduisait le «Paster noster»: «Oremus pre- ceptis salutaribus moniti et divina trrrrreereeeeeeeeerer...» Le pauvre, il pouvait «dire» mais non. pas «chanter» «institu- s tione» qu'il . remplacait, en - rougissant, le cou étiré, par un long roulement de «rm a faire dresser la créte d’un coq. Son — «égosillement dominical» ne 3 manquait jamais de secouer de leur torpeur plus d’un fidéle. La soirée se termine dans un feu -. roulant d’anecdotes désopilan- =. -1es% Le lendemain, ter mars, 200e jour de mon tour du monde. Je quitte Yercaud en bus avec Brian au moment ot le soleil lance ses premiers rayons. Des campagnards dévalent déja, pieds nus avec tas. de branchettes sur la téte, le long du chemin extrémement si- nueux. En rentrant dans Salem, je remarque un monument hideux (monstre multicolore) chargé, m’assure-t-on, de pré- server la ville des mauvais ~-esprits. De magnifiques des- sins a la chaux sur la terre battue, devant des dizaines de petites maisons, souhaitent la bienvenue aux visiteurs de la journée. Dans un terrain vacant, un char de carnaval aux fleurs a moitié fanées. Brian me conte une niéme anecdote:.lors d'une grosse noce dans |’Etat du -Kérala, quelque 180 invités sont morts empoisonnés par de l'alcool frelaté. En descendant du bus, un peu avant qu’il ne _ s’arréte, mon ami s’étale de tout son long, s’éraflant mains et genoux. Comble de malheur, il nnn a UM aN Soa Récit d’un tour du monde Salem, Yercaud... s’est mis le pied dans un trou d’eau assaisonné de produits humains tres naturels! Nous sommes bient6t de retour au campus. Apres le petit déjeuner, je m’adresse aux grands éléves de 11e année de Brian puis, a 13 heures, &@ un autre groupe du secondaire qui me mitraille a son tour de questions les plus diverses sur mes voyages. La sieste qui suit ce dernier «cours» est troublée par une musique indienne. trop forte provenant d’un champ voisin: une caste hindoue dite «infé- rieure» y célébre une féte annuelle, en dépit du 38e celcius, autour d’une_ idole géante couchée par terre et partiellement recouverte d’un drap. J’ai manqué le clou des festivités, m’apprend un frére, ~ alors que j’étais moi-méme couché: |’égorgement d’un cochon et d’un mouton dont on s'est partagé le sang pour le boire, et la décapitation d’une poule vivante par une Indienne (une sorciére de Salem!) avec ses... dents. Je grimace. Le frére rencherit: «En apprenant que le premier ministre de | Etat du Tamil Nadu (ot se trouve Salem) a été victime d'une thrombose cérébrale, des In- diens se sont transformés en torches humaines ; une dizaine dautres se sont immolés de la méme maniére au cours des semaines critiques... (Aujour- d’hui, il se porte bien, dit-on.) Lorsque Mme Gandhi s est faite assassiner (il y a quatre mois), six personnes se sont brulées vives dans le Tamil Nadu seulement...» Je vais assister a un match de basket-ball (a l’intérieur, bien entendu) pour me changer les idées. Les joueurs ont du talent a revendre. Le supérieur des Ste-Croix en Inde, le frére Fernand (un costaud), fait partie d'une équipe et V.-J. de l'autre. L’action bat son plein. Soudain, crac! V.-J. se brise une jambe, victime des passions «ludi- ques» de son supérieur lui- méme. Aprés le souper, je suis invité a assister & un concours de pantomime exécuté en solo par les juvénistes. L’«artiste» ga- gnant incarnait quelques Indiens connus de tous, dont Rajiv Gandhi (le premier ministre) et Amitabh Bachchan. — (la vedette de cinéma), en train d'extérioriser leur profonde douleur devant la dépouille d'Indira Gandhi. Que de talents chez ces jeunes! (Les mission- naires québécois sont portés a qualifier les Indiens de «talen- tés», de l’anglais «talented», pour «talentueux».) Suit l’audi- . tion d’un disque des «Cyniques» (fantaisistes montréalais des années soixante, célébres pour leur humour mordant), un concert de sarangi (prononcé «sarangui») a la télé, puis une promenade rafraichissante avec mon ami Brian surlelong toit de la residence. : Au cours de la matinée du lendemain, c’est au tour de la vingtaine de juvénistes de me poser mille questions. L’un d’eux, un. Mizo (de |’Etat du Mizoram, au nord de |’Inde) d'origine birmane, sans doute plus passionné que les autres “par mes propos, vient ensuite moffriren souvenir un «nuncha- ku», arme japonaise composée de deux courts batons liés bout a bout par une chaine. «Je do/s refuser, |ui dis-je, a cause de /a douane.» : En début d’aprés-midi, les juvénistes participent a un second concours, celui d’art oratoire. Brian me fait tirer au sort les noms des concurrents pour déterminer l’ordre de participation. Le gagnant avait choisi comme theme: «Today's youth, tomorrow’s leaders» («La jeunesse d’aujourd’hui, c’est |'élite de demain»). Sieste, puis gotiter. Le frére Fernand, avec qui j'ai vécu dans les mémes maisons religieuses pendant 10 ans et que je n’ai pas revu depuis une quinzaine d’années, se met a _ ressusciter des souvenirs d’avant et d’aprés notre prise d’habit. Nous en faisons revivre pendant deux bonnes heures, nous donnant parfois l’impression de remon- ter au moyen. age (soutane noire, grand silence, vépres en latin, chapitre des coulpes). Nous nous plaisons a rechanter des mélodies, canons, rengai- nes, cantiques qui débordent d’ardeur juvénile, de fantaisie, exaltent les vertus, incitent ala ferveur, Ou versent carrément dans le miévre («Divin objet de ma tendresse, je meurs de ne pouvoir mourir») ou le ridicule («Engrangez vos célestes mois- sons»). Fernand va _- ensuite saluer son ami le «singe enchainé» qui arrache avec la rapidité de |’éclair la petite croix de bois qui pend ason cou pour la mordre a belles dents. C'est bientét l'heure des agapes fraternelles qui souli- gnent par anticipation le 40e anniversaire de naissance de Brian. La célébration se poursuit dans la salle de communauté ou chacun y va de ses plaisanteries pleines de sel. Jeme retrouve finalement sur le toit, entre Brian et Fernand, a me promener dans la fraicheur de la nuit. [Suite la semaine prochaine] ae ainé(e)s’. I contient toute Pinformation relative aux presta- tions et services disponibles. Le Gouvernement du Canada offre en effet aux ainé(e)s des douzaines de pro- rammes créés spéci- touchant une multi- tude d’activités et de Cette publication s'intitule: “Guide des programmes et services fédéraux pour les iquement pour eux et besoins. Aucun effort n’a été éparené pour les inclure tous en détail dans cet ouvrage. Soyez aux aguets pour le Guide qui sera disponible en commande ci-dessous et en le postant dans une enveloppe a l’'adresse indiquée. juin dans les Info- centres de divers _ supermarchés du Canada. Vous y trou- verez également d'autres publications qui pourraient vous étre utiles. Vous pouvez aussi vous procurer gratuite- ment un exem-— plaire du Guide en remplissant le bon de Nom (EN LETTRES MOULEES) Rue Ville Province. COdeposia 8 te English O Frangais 0 _ Lhon. George Hees hg | Gouvernement du Canada Government of Canada Ministre d'Etat pour le Troisieme Age _— Minister of State for Seniors Hon. George Hees Canada { 4 | { ;