4 Le vendredi 6 juin 1997 *) était le jour du «Welfare», journée d’enfer, la seule ot: les pauvres me donnent lair de mener une vie normale. Mener une vie normale: croire au bonheur et dépenser beaucoup d’argent pour des choses qui ne sont pas toujours essentielles (mais bon, l’erreur est humaine, nous répéte-t-on souvent). C’était le jour du« Welfare» et moins de gens qu’a Paccoutumée avaient l’air de se demander quoi faire. L’argent donne peut-étre des idées. Ce jour-la, j’ai travaillé de la téte toute la journée, comme d’autres travaillent toute une vie d’une autre partie. A 20h, j’ai quitté le boulot, un peu plié, vidé par la vie de bureau. Aprés avoir souffert Vascenseur, j’avais envie de marcher prés de l’eau et je l’ai fait. Trés vite, parce que c’est trés proche, je me suis retrouvé prés du __ port. De* 1A, s North Vanco er , entre la-has et Canada ressource €épuisable que l’on Place, des stations services (Pétro-Canada, Esso, etc.) flottant sur Peau, permettant aux bateaux vides de faire le plein de carburant. En voyant cela, mon coeur a fait de trés gros efforts pour se passer de mes commentaires... et j'ai repris ma rue en sifflottant des airs plus ou moins connus. Au bout de plusieurs panneaux publicitaires, mes yeux ont apergu une annonce 4 hauteur de ciel: GATEWAY LO as EAE HISTORIC GASTOWN. Le Gastown, cité historique, nommé ainsi a la mémoire de Gassy Jack, un tenancier et un pionner des bars dont on retrouve le buste angle Water et Carrall. Vers 21 h, je suis entré au Talking Stick (baton que s’échangeaient les Indiens pour se préter la parole) et me suis commandé du vin rouge. Le serveur, originaire d’Ottawa et bredouillant quelques mots d’un frangais qu'il a désappris, s’est informé sur ce que j’étais en train d’écrire. Je lui ai dit: & propos du Gastown, quartier hysté- rique sis entre la pauvreté et la misére, des voitures et des passants, debouts, assis, cou- chés, amochés. Le titre de ma chronique va s’appeler: Gastown: entre le pétrole et I’Essence. Il a écarquillé les yeux comme s’il ne comprenait pas tout. J’ai mélangé tout ce que je savais des deux langues officielles pour continuer de lui parler. Laisse-moi t’expliquer, lui ai - je traduit. Le pétrole: matiére continue de gaspiller sans trop s’en soucier. Essence: ce qui est essentiel, fondamental, qui constitue la nature d’un étre, d’un quarter. Il s'est risqué a me demander quelle était & mes yeux la nature du Gastown. Je lui ai répondu: un quartier rempli de richesses et de pauvretés, quartier baignant entre Ie pétrole et I’Essence. Le serveur ne m’a pas semblé davantage comprendre, alors je lui ai servi quelques exemples. Le pétrole: Vart indien vendu & gros prix par des Blancs, dans des _ belles boutiques rue Water. L’Essence: Indien déraciné qui léche les vitrines sales rue Hastings. Le pétrole: le touriste dépaysé laissant en surplus de gros pourboires dans les grands restaurants. L’Essence: le malfamé perdu qui se gruge le dessous des ongles afin d’y trouver les restes d’un repas commu- nautaire. Le pétrole: de jolies filles raffinées 4 qui le soleil a raccourci les robes et embruni les jambes. L’Essence: des jambes maigries et salies par des trottoirs qu’elles longent et sur lesquels elles tombent. Le pétrole: des beaux toutous en peluche a vendre, toutous & l’effigie de la Police Montée. L’Essence: \es policiers de la Ville de Vancouver qui en ont plein les bras des quéteux et des revendeurs de drogues. Le pétrole: se faire installer 150 systémes d’alarme (pour Pauto, le condo et la libido) 9 tre paranoia L’Essence: les cris silencieux de la misére, 24 heures par jour, 7 jours sur 7, des cris que Pon peut ouir dans tous les accents du monde. Avant qu’il en ait assez de m’en entendre parler, je me suis moi-méme essouflé. I] m’a offert une ou deux coupes de vin puis on a épuisé la nuit en compagnie de ses deux belles amies. A 2h pile, j’ai quitté le bar et marché par les rues du Gastown, cité historique, Phistoire devenue... Denis GILBERT Monsieur le directeur, ous apprenons par les médias, que selon ’Entente Canada-communauté signée avec les représentants des regu, ou vont recevoir, 25, 40, 50, 75 ou 100 000 $ et savoir s’ils ont plus de 126 membres. Associations francophones et Patrimoine Canada, qu’il a Le montant du projet que nous avions demandé était pour la location, et non pour la construction, d’un local, ce qui nous aurait permis d’avoir pignon sur ruc. ree t= Tul omen ee été octroyé une subyention de 3 000 $ sur les 9 000 $ que nous avions demandés, selon notre projet. Je constate que pour toutes les sommes qui ont été attribuées, nous sommes pour la deuxiéme année consécutive les parents pauvres avec nos 3 000 $, Pan passé nous étions bon dernier également avec 2 100 $. Nous sommes une association qui compte 126 membres payant et qui va féter en novembre 1997 son 10e anniversaire de fondation, pas une association fant6me ou, bidon... Je voudrais bien connaitre les associations qui ont Maleré le fait que nous soyons considérés comme des sans-abri, nous remercions les représentants des associations francophones, en majorité des représentants de la Fédération (3 sur 5), d’avoir pensé a nous dans leurs pritres et soyez assuré que notre Culture, notre Fierté et notre Sentiment @appartenance sont et seront toujours notre but en Colombie-Britannique et ce d ciel ouvert... Marcet BERNARD PRESIDENT ASSOCIATION DES FRANCOPHONES DE SURREY 7