6 Le Soleil de Colombie, vendredi 26 janvier 1979 Statistiques fumantes! On fume la cigarette pres- que partout dans le monde, mais il existe des différen- ces sensibles dans la consom- mation par habitant. En Suéde, le taux de fu- meurs est la moitié de ce qu'il est aux Etats-Unis. Le Canada est, de tous les pays développés, sauf les Etats- Unis, celui ot l’on fume le plus. C’est au Québec que !’on trouve le pourcentage le plus élevé de fumeurs mas- culins: 50,4%. Dans 1’Onta- rio, 40,6%, dans les Prai- ries, 39,5%, en Colombie- Britannique: 39,2% seule- ment. On constate une augmen- tation de l'usage du tabac en Colombie-Britannique chez Les En % de la population dans la population canadienne oom Hommes ——— Femmes fumeurs 20 ans et plus eee 15-19 ans : 20 ans et plus/ —se 15-19 ans 20 | / — ) 1965 Le gouvernement cana- dien estime qu'une politique efficace contre l’abus du tabac est une nécessité. Cet- te politique a déja porté des fruits puisque l'on constate une baisse de l’usage régu- lier du tabac chez les Cana- diens. 1970 1974 1975 les femmes de 20 a 24 ans. Le niveau d’instruction semble avoir une influence: chez les hommes au moins, plus on est instruit, moins on fume. En 1975: 48,5% parmi les Canadiens ayant une ins- truction primaire, 45,,,4% parmi ceux qui ont fait des études secondaires, 30,7% parmi ceux de niveau uni- versitaire. Par contre, c’est parmi les femmes ayant un niveau d'instruction secondaire que l’on trouvait le plus de fu- meuses, et, en Colombie- Britannique, c’est parmi les femmes ayant regu une ins- truction secondaire que l’on en trouvait le moins. Au point de vue des pro- fessions, c’est dans le sec- teur des transports, des mines et des services que l'on a le plus de fumeurs au Canada, dans les professions libérales et agricoles que l’on en a le moins. seengeasaneneencnenccrerenne Photo sans légende tirée du Gulf Islands Driftwood. BR Saee esse eeseae eee seeseateceestecaeetecetetetatecets, Le livre die Autour des ‘“‘Belles-Soeurs’’ Le nouveau-ne e M.Tremblay ar par Jacques Ferron Le 2 mai 1942 tombait un samedi; il faisait un temps si doux que |’ouverture de la saison s’en trouve avancée; dans la rue Fabre, on put s’asseoir sur les balcons, aux loges de cette journée rare. Comme on n’en avait pas vu depuis la naissance d’Edouard, bon gros gargon affectueux, gentil, pas porté sur les femmes, qui doit a- voir trente-cing ans et de- meure chez sa mére Victoi- re avec son frére Gabriel, sa soeur Albertine, ses trois neveux et sa niéce Thérése. Ce sont les trois soeurs tri- coteuses, assises sur le bal- con d’a cdété, au rez-de- chaussée, en qui on recon- naitra plus tard les trois Par- ques adaptées ala mode du pays, qui noteront dés les premiéres pages du roman, La grosse femme d’a cété est enceinte, publié chez Leméac, ce temps excep- tionnel, cette journée théa- trale. Aux derniéres pages, ..tous les services REGIME DE PENSIONS DU CANADA Un seul arrét suffit! Le carrefour des services est maintenant ouvert aux résidants de COLOMBIE-BRITANNIQUE ~ qui recoivent ou qui désirent demander des prestations du Régime de pensions du Canada, des Allocations familiales ou de la Sécurité de la vieillesse. On peut : également obtenir des informations sur le nouveau Crédit d’impot-enfant, sur I’état de ses cotisations au Régime de pensions du Canada, de méme que des réponses a toute question en matiére de sécurité du ALLOCATIONS FAMILIALES revenu. On trouvera désormais tout sous ‘ un méme toit. On peut se renseigner au CREDIT D’IMPOT-ENFANT sujet de chaque programme et demander l'aide dont on a besoin aux endroits SECURITE DE LA VIEILLESSE indiqués ci-dessous. VANCOUVER 1525 ouest, 8e avenue Piéce 107 NEW WESTMINSTER Vancouver, C.B. V6J 1T5 Edifice fédéral . (604) 732-4181 Piéce 307 549 rue Columbia New Westminster, C.B. BURNABY V3L 1B3 5021 Kingsway Tél. (604) 524-7211 Burnaby, C.B. V5H 4A5 Tél. (604) 485-4141 | id Santé et Bien-é6tre social _ Health and Welfare Canada Canada Monique Bégin, Ministre Recutecnesne OW WR WHS ee ee \ heneyrereterceconeeenrerecvesers: mnivtenical la femme de Gabriel, qui é- tait alitée depuis deux mois, viendra s’asseoir a son tou au balcon. On ne connaitra’ ni son nom, ni son prénom. C’est elle, ‘la grosse femme d’a coté qui est en enceinte” ainsi désignée par les trois tricoteuses dont elle est quelque |’auto- goniste. Autour d’elle dans la nuit tombante, se réuniront six jeunes femmes de la rue et des alentours, ‘‘enceintes jusqu’aux yeux”, qui accou- cheront le mois prochain, en méme temps que cette grosse femme qui fait pen- ser au Bouddha nourrissier. Sa mére d’ailleurs a été éle- vée par les Cris, en Saskat- chewan. Et les Cris sont d'origine asiatique comme les Parques sont d’origine européenne. C’est la ren- contre des divinités contrai- res sur le Plateau Mont- Royal. Le roman de Michel Tremblay se termine donc sur une célébration printa- niere de la_ fécondité, laquelle semble contredire le discours de |’auteur qui,:, tout au long du livre, aura dénoncé la dureté d’une é- ‘poque ot les moyens de contraception n’étaient pas autorisés ou n’existaient guere. Auparavant, dans un dé- cor bien planté (et les bons romans sont toujours bien situés), le Plateau Mont- Royal entre le boulevard Saint-Joseph et le parc La- fontaine, décor heureux en ce sens qu’il a tenu et n’a guére changé depuis 1942, on se sera familiarisé avec une vingtaine de personna- ges divisés en deux catégo- ries, les seconds réles qui portent nom et prénom, les premiers roles dont on ne saura que le prénom. Trem- blay ne fait pas concurren- ce a l'état civil. Son monde est affectueux. Plus on y pénétre, moins |’état civil compte; d’otl cette perte de nom. Quand on en arrive au prénom, l’age ne compte plus et le petit Marcel, qui a quatre ans et n’en parait que deux ou trois, est pro- bablement un des person- nages les plus importants du livre, car c’est par ses yeux qu’on apercoit l’incon- gru et le merveilleux. Ainsi voit-il les Parques sur un balcon désert pour les. au- tres. Tremblay est si peu ra- ciste que, dans son livre, un chat, nommé Duplessis, et un chien, nommé Godbout, sont traités comme s'il é- taient du monde. Enfin, au coeur du livre, il y a cette grosse femme aui n’a ni de nom, ni de prénom. Dans cette conjoncture, il va presque de soi que le joual, familier et affectteux, qui é- Efe Sa AS Caricature de Serge Chapleau chappe au surmoi, soit pri- vilégié comme langue par- — lée Le 2 mai 1942 verra la 3 mort de Ti-Lou, la touve — d’Ottawa, qui a eu des mi- — nistres et des prélats dans ses draps et qui finit empu- — tée apres avoir fort travail- lé des cuisses. Son moi- gnon, ‘‘l’horreur parfaite, rond lisse comme un oeuf | qui était l’'aboutissement de — sa vie’. Violette, une des — Parques, au “patte”’ de bébé, a tricoté — une boule parfaite. Ainsi est | annoncée la mort de Ti-Lou = que, le soir méme, sa niéce © Béatrice, Betty Bred, rem- placera,..entreprenant une carriere de gloire et de puis- sance. Auparavant, elle et= son amie Mercedes seront — invitées a souper par la vieil- 3 le Victoire, dite Tit-Moteur, P| terreur des commis de la rue Mont-Royal, en terme — d'une parade assez extraor- dinaire, au bras de son fils Edouard. A eux se joindront — Gabriel, le mari de la grosse | femme, de retour de la ta- verne ou il est grand ora- teur, et les enfants qui ont passé la journée a jouer au — parc Lafontaine. Tous en- semble, ils vont en cortege | vers la rue Fabre. Béatrice et Mercedes qui jusque-la avait fait bande a part, gra- vitant autour de Ti-Lou, se trouvent réunies aux autres personnages du roman, comme seront rassembiées aprés le souper, autour de : la grosse femme, les six p’tites dames, jusque-la dis- persées, qui n’ont de com- mune que leur grossesse. Tremblay dans ce roman © reste un homme de théatre. Il posséde I’art de la parade et des morceaux de bravou- res; il regle-parfaitement sa mise en scéne, grace a quoi le lecteur ne se perd pas dans ce monde de la rue Fa- © bre qu’il décrit lui-méme a- vec justesse comme un ~ “maelstrom de passions, de) ~ joies, de cris, de farces, de’ tragédies, d’amours, de pleurs et de rires”’. et at a metre | a lieu. d’une —