«~dLe Soleil. de Colombie, vendredi 15 février 1980 Lettres arts et spectacles GRACE A ANTONINE MAILLET, PRIX GONCOURT, L’ACADIE EST AU MONDE (S.O.P.) - En.1977, Antoni- ne Maillet manque le Prix Goncourt d’un cheveu pour son roman ‘‘Les cordes de bois’’. Deux ans plus tard, c’est la victoire! Son ‘‘Péla- gie-la-Charette’’ obtient la majorité absolue dés le pre- mier tour: six voix, dont celles de Francoise Mallet- Joris, Armand Lanoux et Michel Tournier. Pour Antonine Mail- let, avoir obtenu le Prix Le moment de mon départ approchait et je voyais arri- ver avec une certaine nostal- gie le jour ot je quitterais pour une si longue absence tous ces lieux qui m’étaient | déja si chers. Ainsi, a la fin de la deuxiéme quinzaine de jan- vier, le jour du départ se leva, et ce fut de la maison, face au plateau et a la su- perbe vue des banks des- cendant paresseusement vers l’Athabasca, que je jetai un dernier regard a tout ce qui représentait pour moi le but final des années a venir. John, le vieux métis, était 14, tenant le cheval de selle que j'avais emprunté a Fitz pour remonter coucher sur ma terre la veille au soir. J’avais voulu, en effet, partir vers la France, de ces lieux mémes qui étaient en jeu dans la partie que j’al- lais engager pour eux... Je recommandai a ce brave métis de veiller, de son mieux, ala garde des bAti- _ ments et de la maison, et, -aprés lui avoir serré la main en y glissant un beau billet Goncourt, qui est la consé- cration littéraire supréme, procure un plaisir qui est double: son obtention cor- respond au 375é€me anni- versaire de la fondation de l‘Acadie et c’est la premié- re fois, depuis 75 ans, que ce prix sort de France. L‘Acadie et la dépor- tation de ses habitants est, on le sait, le sujet de son li- vre. Le Goncourt, pour An- tonine, est une revanche: neuf de 5 dollars, que j’avais retiré de la banque, la veille, a son intention, je sautai en selle et partis vers un retour qui me semblait maintenant aussi plein d’inconnu et d’aléas que notre arrivée en ce pays du «bout du monde». J’emportai done assez d’argent pour ce «voyage sans histoire», et pour le séjour de cing mois que je devais faire dans notre France qui me_ semblait maintenant si petite 4 coté de mon immense Canada. Toutes choses ainsi ré- glées et le «coup de I’étrier» bu avec les amis, les Menut, Jo Tobaty — qui avaient tenu a me faire la surprise de leur présence — et tous ceux d’Athabasca méme, Fitz, Servestre, le vieux «papa Goyet», Lessard, le docteur Olivier, major de la cité, Fraser et Mac Phee de la R.M.P., Grimshaw de la Royal Bank, Isaie Gagnon, le richard de la ville, je rejoi- gnis mon wagon, l’unique d’ailleurs, car notre ligne, a part quelques représen- tants, colons ou autres, pros- ‘c'est comme si mon pére et ma meére 6taient ven- gés’’, a-t-elle déclaré a la télévision frangaise. C’est donc un cadeau qu'elle of- fre figrement a son pays na- tal, la plus ancienne colonie européenne au Canada. Ajouté au bonheur de voir enfin le frangais d’i- ci reconnu officiellement ‘aussi frangais que le fran- cais de France’’, le Gon- court assure a sa récipien- daire un tirage trés honora- ble: l’éditeur Grasset est assuré de vendre 200,000 exemplaires et, encore mieux, 500,000 exemplai- res. Sachant que les au- tres prix littéraires attirent environ 50,000 lecteurs, on. saisira mieux l’importance du Goncourt. Parmi ceux- ci, citons le prix Fémina, que Gabrielle Roy obtint en 1947 pour son ‘’Bonheur d’occasion’’, le Prix Médi- cis et le Prix des Libraires, décrochés au milieu des an- nées 60 par deux Québécoi- ses exilées, la premiére aux Etats-Unis (Marie-Claire Blais) et la seconde a Paris (Anne Hébert). Le Prix Goncourt est donc, & tous points de vues, une consécration pour Antonine Maillet, une Acadienne qui savoure son succés a juste titre (si j’ose dire)... Pour la lére fois d Vancouver L'Engoulevent Le groupe musical québécois 4 voir! 28 - 29 février 1980, a 20h30 au Théatre Métro, 1370 S.W. Marine Dr. Billets: $5 - $3 [étudiants, Age d’Or et membres du Centre Culture! Colombien]. pecteurs et trappeurs, n’avait pas encore, surtout a cette époque, affluence de voyageurs. Et le train s’ébranla, avec le tintement de la petite cloche, signe distinctif des trains de l’époque, qui vou- lait de la sorte rappeler les premiéres machines qui avaient vaincu la prairie au temps des Indiens révoltés, de Riel, chef des métis, et du pére Lacombe dont le coura- ge et l’'ascendant qu'il possé- dait sur ces tribus turbulen- tes, mais cependant loyales lorsque les promesses en- vers elles étaient tenues et les traités respectés, avaient souvent évité des carnages. Et tout a coup, quelles ne furent pas ma surprise et mon émotion quand, le train déja lancé (autant qu'il le pouvait) je vis apparaitre ce cher et brave Perry, escorté de ses trois cow-boys, au galop de leurs chevaux, re- joignant sans peine notre convoi poussif et avec de grands gestes des bras et leurs cris, me souhaitant ainsi un bon et fructueux voyage, le tout ponctué de salves de leurs carabines ou de leurs gros colts. Et maintenant, désormais seul, j’allais livrer un dernier baroud pour que puisse s’achever, en un épanouisse- ment complet, le réve de mes vingt ans... LE RETOUR ARRIVEE EN FRANCE ENFIN BRIVE ET LE RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE AU NID FAMILIAL Un voyage tel que celui-ci ne présentait rien de spécial et je n’ai donc rien a en rapporter. Ce furent les mémes journées, avec le panorama continuel des im- menses étendues que nous traversions, mais déja plus monotone, car, pour moi, il ne présentait plus ce piment d’inconnu et de neuf. Les cabanes de logs des colons, leurs défrichements, et les sombres foréts, les innombrables lacs enchas- sés, en été, dans leur écrin de verdure, ou dormant comme en la ‘saison, sous EXPOSITIONS Musée du Centenaire (pare Vanier). L’archéologie dans le passé, présent et futur. Ouvert chaque jour, de 10h 4 2th. Fiige gratuite le mardi pour |’'Age r. Musée maritime: exposition de modéles réduits de yachts de course. Ouvert chaque jour, de 10h a 17h. Entrée gratuite le mardi pour l’Age d'Or. Musée du Centenaire: |'exposition consaerée au chapeaux féminins se poursuit. De 10h a 2th. Gratuit le mardi par l'Age d’Or. Musée Maritime: ouvert chaque jour de 10h a 17h. Gratuit le mardi pour Age d'Or. Exposition Willy de Roos. Visites guidées du St. Roch de 10h a 16h. Tél. 732-4362. Le nouveau musée d’archéologie et @ethnologie de |'université Simon Fra- ser est maintenant ouvert. Des objets d’artisanat de la céte Nord-Ouest, rapatriés au Canada, y sont exposés, ainsi que des articles venant du musée national de l'homme 4a Ottawa et du musée provincial a Victoria. L’entrée est gratuite. Heures d’ou- verture: de 10h a 16h30, du lundi au vendredi et de 12h30 a 16h30 le samedi et le dimanche. Léo Labelle, peintures. Jusqu'au 3 mars, galerie Move, 3198 Londsdale, North Vancouver. Grupo Piru, exposition de colliers et d'oeuvres murales de |'Equateur, jus- qu'au 22 février, ala galerie d’art de l'Université Simon Fraser. SPECTACLES California Suite, comédie de Neil Simon, du lundi au jeudi 4 20h, vendredi et samedi 4 19h et 22h; jusqu’au 16 février, a Stage 33, 1133 Ouest Has- tings. Love for Love, comédie, jusqu’au 23 février, au Queen Elizabeth Playhouse; du lundi au samedi a 20h, matinée le samedi a 14h30. Du mardi au samedi 9h00 — 18h00 Tél. 325-7315 FAYE DILLEY leur couverture blanche, la -Grande Praire qui semblait encore plus infinie sous la neige qui rejoignait le ciel gris, tout cela n’était déja pour moi que réminiscences de mes derniéres années et de tout ce que j'avais vu ou fait moi-méme. Mais l’approche et larri- vée des cétes du pays natal que l’on voit poindre a l’hori- zon et grandir peu a peu, contiennent toujours une grande part d’émotion avec les souvenirs d’enfance qui remontent, et les retrouvail- les prochaines avec les chers parents, et certaines visions qui, la-bas, dans la maison solitaire, paraissaient loin- taines comme celles que nous laissent les r¥Ves de la nuit et prenaient tout 4 coup .formes et consistance dans le coeur qui les avait si longtemps retenues. Mais pour moi, il y avait une ombre: le rappel de ce que je laissais sur la nouvelle terre 4 laquelle j'avais volon- tairement accroché ma vie: toute cette petite création, sortie peu 4 peu d’un sol qui EN VILLE... “International Hair Stylists” 681, 49eme avenue Est 2 “block” & l'Ouest de Fraser Pour votre prochain rendez-vous CONCERTS Birdflight, piéce basée sur la vie du musicien de jazz Charlie “Bird” Par- ker, du mardi au samedi a 20h30; matinées 4 14h80, les - 16 et 23 fé- vrier; jusqu’au 23 février, au Vancou- ver East Cultural Centre, 1895 Vena- bles. The Maids: drame, du lundi au samedi, 4 21h, jusqu’au 8 mars, au Janus Thea- tre, 2611 Ouest 4iéme. Le Ballet d’Houston présentera Giselle les 20, 21 et 22 février, 4 20h00, au Théatre de la Reine Elizabeth. Billets: $6.50 - $11.00 (plus le cofit de réser- vation) en vente aux guichets du Vancouver Ticket Centre et dans les magasins Eaton. Tél. 687-4444. Matinée spéciale pour les étudiants et l’Age d'Or, le 22 février, 4 13h30. Tél. 688-0256. Vancouver Folk Music Festival présen- te une série de trois concerts, les 4, 11 et 25 février,-a 20h00, au Vancouver East Cultural Centre. 4 février: Tony Bird, 11 février: Elizabeth Cotten et Mike Seeger, 25 février: Claudia Schmidt. Les billets sont en vente a Black Swan Records, 2936, Ouest 4iéme avenue et au Vancouver East Cultural Centre, 254-9578. $5.50 par concert; $13.50 pour la série. Café-concerts du dimancte, a 11h, au Q.E. Playhouse, 630 rue Hamilton, a Vancouver. $1.00. Garderie d’enfants (25 cents par enfant). Cette série de 33 spectacles est organisée par Festival Concert Society. COURS “The People’s Law School” offre un cours gratuit: La loi pour les artis- tes et les inventeurs, les 18 et 19 février, a I’école Kitsilano, 2550 Ouest 10iéme avenue. Et un autre cours sur les adoptions par les beaux-parents, le 21 février, au Mount Pleasant Neigh- bourhood House, 535 Est Broadway. Les deux cours débutent a 19h30. PLAYBOY HAIRSTYLING se défendait mais n’était pas ingrat, et qui s’offrait ensui- te, comme un jeune cheval se donne au cavalier qui vient de le mater; et mes sueurs, et mes fatigues et mes peines et les déboires, mais aussi et surtout les joies et les satisfactions du travail réussi, l’apaisement du soir au seuil de la maison, et l’'appel impérieux des matins. : Mon séjour a Paris fut bref: aprés avoir retrouvé, au Quartier Latin, mon cher et bon ami Max Gaspéri qui faisait des études d’archi- tecture aux Beaux-Arts, je reprenais le train vers Brive pour me retremper dans la douce tiédeur du logis fami- lial, et aussi pour cherche réponse a certain point d’in- terrogation... Qu’était devenue l'enfant blonde que j’avais connue écoliére, quand usant d’un subterfuge, je l’accompa- gnais trés dignement dans Vomnibus de l’hétel de Tou- louse qui, venant de la gare, la conduisait 4 son cours Jeanne-d’Arc. (A suivre)