Tenge a By 6 oo HAR L-“ LE SOLEIL POMS ae Courrier de 2éme classe Second class mail N° 0046 VOL 18 Sa2 VENDREDI 10 JANVIER 1986 Le seul journal de langue frangaise de la Colombie britannique. 30 cents F.F.C. Par Francois Bourboulon Le Centre francais de l’Okanagan, inauguré en février dernier, a beaucoup fait parler de lui depuis sa naissance en raison des difficultés que rencontre sa gestion (voir le Soleil du 22 novembre 1985). Mais a _présent, les dégats ne sont plus limités a Kelowna puisque la FFC elle-méme est touchée. Le 20 décembre dernier, la direc- tion de la Fédération annoncait a ses employés que ses bureaux fermaient pour une période de deux mois, c'est a dire jusqu’en mars, a la suite d’un manque de liquidité. Seuls le direc- teur, Marc Roy,la responsable du secteur €ducation, Marléne Gauthier (jusqu’a la tenue, le 17 janvier, d’une table de consultation bilingue por- tant sur l’enseignement post-secon- daire en francais en Colombie- Britannique) et Marthe Cormier, secrétaire-réceptionniste, restent en poste pour le moment. _La nouvelle a pris presque tout le ~ monde par surprise et le moins que l'on puisse dire est que cette crise est “de Ja Fédération, de son bureau de direction et de son président comme le reconnait lui-méme Pierre Lapointe. Il est sans doute utile de retracer cette histoire dont les conséquences Cinéma ils faisaient face a un La crise L’origine de tous les problémes. sont d'une telle gravité. Lorsque les francophones de Kelowna ont pré- senté leur projet de Centre culturel, ou dle 20 avaient alors Renence une avance a la FFC dans l’attente d’un certain nombre de subventions qui devaient arriver rapidement. Le bureau de direction approuvait ce prét de 20,000$. Quelques semaines aprés |’ouver- ture, la situation n’était pas des meilleures: les fameuses subventions ne venaient pas, les dépenses de rénovation de l’ancienne église qui avait été rachetée pour installer le centre grimpaient de facon verti- gineuse (l’inspecteur municipal se montrant parait-il tatillon et méme trés dur). Enfin, selon Pierre Lapointe, une mauvaise gestion et un manque de documentation de la part de l’équipe de direction (remplacée cet été), ne contribuaient pas a arranger les choses. Le Centre francais de l’Okanagan risquait une mise en faillite pure et simple. Le 29 mars, le bureau de direction de la FFC garantissait une hypothe- que de 70,000$ sur $8 mois. Mais la Fédération s’apercevait bientét qu’el- le devait renouveler cette garantie et le bureau (1) décidait le 4 juillet d’en porter le montant a 80,000$ pour une période de 90 jours. Mais la situation ne s’améliorait pas pour autant et au contraire empirait fe he Coe eee agi aity : direction prenait les rénes en mains, deux experts envoyés par la FFC rédigeaient un rapport estimant que le Centre pouvait s’autofinancer et préconisaient certaines mesures. Ces Suite en derniére page. Du Matou a Elvis Par Francois Bourboulon Diversité. C’est le mot qui vient immédiatement a l’esprit aprés l’a- percu du cinéma québécois qui a été offert au public de Vancouver. Cet apercu était donné au cours de la projection au Robson Square Media Centre des films sélectionnés pour les Génie de 1986. Dix-huit films au total, dont 5 venus du Québec étaient présentés pendant 3 pour un voyage 4 travers le cinéma canadien contemporain (Le Soleil avait malheureusement été prévenu trop tard pour annoncer ce pro- gramme dans son édition de Noél) . Le premier des cinq films venus du Québec était signé Claude Gagnon. Visage pale raconte la difficile coexistence des Québécois et des Indiens dans les foréts. L’heure de jours, - projection et les horaires de travail au Soleil ne concordant pas, je n'ai malheureusement pu voir Visage Pale. Je me rattrapais le soir-méme avec La dame en couleur de Claude Jutra. Un hépital psychiatrique opéré par le clergé est le dernier refuge des orphelins sans foyer dans le Québec des années 40. Les enfants “payent leur loyer” en faisant le ménage et en lavant les malades. Mais l'un d’eux découvre un réseau de tunnels sous l’hdpital et avec sa “gang” tentent d’y créer une vie nouvelle et plus créative. Ils sont aidés dans leur entreprise par un peintre fou qui les amuse et les effraye a la fois. Pour un temps, tout va bien, et le tunnel est un havre de pays et de Champagne!!! L’Hétel Méridien de Vancouver a été ioaugurs ‘le 2 Senvieks a1) sonnalités ont fait sauter les bouchons de champagne pour féter per’ révénement. bonheur ow les enfants passent de plus en plus de temps, au risque de déclencher la suspicion par leurs longues absences. Et quand l'un d’eux meurt, les murs commencent a se refermer et les autres resteront - a jamais? - dans l’hédpital. Sujet difficile que Claude Jutra a su traiter avec sensibilité et humour, aidé il est vrai par ses acteurs et surtout un groupe d’enfants extraor- dinaires au sein duquel chacun se dispute la palme du naturel. Malgré une derniére scéne superflue - parce qu'elle montre ce que les scénes précédentes avaient si bien suggéré - La dame en couleur est une remar- quable étude de caractéres. Le méme soir était présenté un autre film difficile, Jacques et Novembre, réalisé par Jean Beaudry et Francois Bouvier. Jacques souffre -d’un mal incurable. I] décide de passer ses derniers jours a filmer un journal de sa vie en vidéo, aidé par son meilleur ami Denis qui tient la caméra. Entre ces images vidéos viennent s'intercaler des scénes ot Jacques est avec sa famille, ses amis. Une certaine nostalgie vient assom- brir ces événements ou ces souvenirs pourtant souvent comiques, les pro- jets réalisés et les espoirs décus. Malheureusement, Jacques et Novembre n’est jamais a la hauteur de ses ambitions et on s’ennuie autant ala regarder que ses acteurs semblent s’ennuyer a y jouer. Jen’ai rien contre la vidéo, mais quand elle est mal réalisée et floue, elle a le défaut de faire mal aux yeux, ce qui n’est pas ce qu’on attend en priorité d’un film. La meilleure scéne de celui-ci est celle ou le pauvre Jacques vend tout ce qu’il posséde méme son vélo (65$ - Suite page 5 Portrait Par Annie Granger “Je ne suis pas bilingue”, car pour Caroline Adderson, le bilin- guisme c’est un peu plus que de baragouiner dans l'autre langue; le bilinguisme c'est s’exprimer parfaitement dans les deux lan- gues. “J'ai bien du mal a trouver mes mots francais lorsque je parle, par manque de pratique, et mes constructions de phrase sur papier sont bancales”. Et pour- tant Caroline Adderson, née il y a vingt-deux ans en Alberta, s'est particuliérement illustrée le mois dernier en remportant parmi vingt autres jeunes Canadiens le concours organisé par le Commis- Sariat aux Langues Officielles pour l’année internationale de la jeunesse. Elle avait été sélec- tionnée avec sa nouvelle en anglais “Waiting for Claudine” (En attendant Claudine) qui illustrait admirablement le con- Caroline Adderson Lisez la différence cours intitulé “L’art de vivre dans un pays bilingue”. Son récit de pure fiction (“Non, dit-elle en pouffant de rire, Claudine, Judy tout comme Solange n’existent pas”), raconte dans un style pétillant la rencon- tre d'une anglophone renfermée de 16 ans, Judy, et d'une Québécoise du méme Age, exubé- rante qui fume des Gitanes et qui porte des robes de gitane. Diffé- rence de culture, différence de langue certes, mais surtout passa- ge difficile, ]’adolescence. Pour la rédaction de son texte, Caroline a particuliérement été influencée par ses rencontres avec l’autre culture canadienne qu'elle découvre il y a quelques années en faisant partie du groupe Kati- mavik. “J'ai tout de suite remar- qué la différence; il y avait quelques francophones - des ereisee en dernitre page Québec Quand Montréal s’anglicise Par Annie Granger Retrouver le Québec pour quelques jours, méme par vingt-cing en dessous de zéro, a toujours été une bouffée d’air frais pour les franco- phones et les francophiles de ce cété-ci des Rocheuses: Entendre parler francais dans la rue, pouvoir trouver a volonté des journaux et des magazines en frangais, avoir le choix des films en francais, et des chaines de télévision... Tout ¢a pour vous dire que je viens de passer mes vacances de Noél dans la Belle Province. Jai malheureusement éprouvé une grandedécepticn et je ne suis pas la seule a faire cette malheureuse constatation: Montréal s’anglicise de plus en plus; j'ai avec horreur retrouvé un peu le Montréal des années 70, quand on s’adressait a vous en anglais sachant trés bien que Suite en derniére page Littérature Les champions" de la traduction Quels sont les livres les plus populaires au monde? Sil’on en croit les chiffres établis par ! UNESCO sur les traductions, il s’agit de théorie marxiste, de la Bible et de Science- fiction francaise. L'Index Translationum 1979 de T'UNESCO - bibliographie des tra- ductions dans 55 pays - établit en effet que Vladimir [lich Lénine est l’auteur le plus traduit au monde. Ses ouvrages - il y a 56 volumes au total - ont connu 406 traductions en 1979. La Bible reste le livre le plus traduit avec 244 versions. Par contraste, le livre saint Hindou, le Bhagavadgita, n’en a eu que 10. Loin derriére les oeuvres de Jean-Paul II (73 traduc- tions) . Jules Verne a,quant a lui,été traduit 229 fois dans des langues aussi variées que le japonais | le tchéque, l’indo- nésien, le turque et le russe. Vingt Suite en derniére page yi