11°" édition | Novembre 1999 Le Moustique Volume 2 - Monoloque. C'était un Age difficile. Un parmi d'autres ! Une de ces périodes ou il m'était impératif de tout savoir, de tout comprendre. Ou j'assassinais de questions quiconque avait la faiblesse de me préter une parcelle de son attention ! Ou mes parents mémes fuyaient devant mon impatience ! Un épisode aussi, ot je m'absentais toutes les nuits et rentrais a la maison, tard, épuisé, juste avant le lever du soleil. Dans un premier temps, mes parents ne s'en étaient pas rendus compte. Mais le teint grisatre, le visage défait et ce regard abattu que je ne pouvais plus dissimuler avaient eu raison de leur confiance et leurs soucis concernant ma santé avaient tari le flot de mes propres questions. Ayant involontairement attiré leur attention, mes escapades ne pouvaient plus rester inapergues. C'est ainsi qu'un jour, aprés avoir trouvé mon lit vide, a peine défait, ils m'avaient attendu toute la nuit. Au petit matin, il m'avait fallu expliquer les raisons de cette absence. J'avais di répondre, moi qui ne savais qu'interroger. Je ne sais toujours pas ce qu'ils ont pu penser alors ou, plutét, je n'ose I'imaginer. Ce que j'avais fait n'était certes pas innocent. Pour ma part, au contraire, cela m'apparaissait alors fondamental. Je le crois d'ailleurs toujours, mais a présent, tout cela n'a plus la méme importance. J'ai donc parlé. Alors que passionnément, je m’étais tenu éveillé une autre de ses nuits entiéres, cette fois la, c'était en plus une journée complete qui m'avait été nécessaire pour leur expliquer, les convaincre, surtout leur faire comprendre. Les aider a accepter l'idée que je cherchais simplement les réponses a des questions difficiles. De ces questions qui n’en ont pas, auxquelles on ne répond pas ou seulement pour s'entendre dire : plus tard, tu comprendras. Or je le pense encore : plus tard, c'est toujours nécessairement trop tard. Je leur ai dit toute la vérité. Je n'ai rien voulu leur cacher. Je leur ai expliqué ce besoin irrésistible, physique et impérieux qui me poussait, chaque soir, a fuir le confort du foyer pour des expériences nocturnes audacieuses, mais aussi décevantes sans que pour autant je ne perde espoir. La, devant le regard effaré de mes parents, j'étais prét a tenir bon, a continuer les recherches jusqu’a obtenir toutes les réponses et ce, quel que soit le prix que j'eusse a en payer. Et je l'ai emporté sur eux, sur leur volonté de me voir devenir plus raisonnable. Je le pouvais donc, a la seule concession de réduire le nombre de mes escapades et ce, pour de simples raisons de santé. Ils me laissaient libre de poursuivre ma quéte, mais avec quelle appréhension ? Ce méme soir, je ne me suis pas couché. Je me savais épié. Il était donc inutile de marcher pieds nus sur le carrelage qui avait conservé la chaleur de cette journée de saison séche. Superflu également de perdre ce temps précieux a la porte des chambres et tenter de percevoir le souffle régulier et rassurant des sommeils profonds. Cette fois, la porte d'entrée fut franchie sans ces interminables minutes consacrées a éviter le moindre grincement, a retenir le brutal retour du péne dans sa gache. Tout allait plus vite a présent, je ne pouvais les manquer. Car, sans doute, si j'avais échoué si souvent, c’était 4 cause de mon retard. Ce retard