page 8 L’APPEL Septembre 1967 Sur une résolution de la Parent - Teacher Federation Dans son mémoire au ministre de 1’Educa- tion, M. Leslie Peterson, la Parent-Teacher Federation de la Colombie Britannique propo- sait, le 15 septembre, d’étendre l’enseignement du francais graduellement jusqu’a la premiere année du cours primaire. Les journaux rapportérent que la résolution était a Veffet de rendre le frangais, langue seconde, obligatoire dés la premiére année, dés qu’un nombre suffisant de professeurs pouvait étre mis sur pied. Sur ce, le ministre de l’édu- cation aurait opposé l’argument que le fran- cais était déja matiére d’option et qu il n’était pas question de le rendre obligatoire dans toutes les écoles. La résolution elle-méme, dont j'ai regu depuis le texte, ne parle pas d’impo- sition quoiqu’elle parle d’étendre le présent programme déja en vigueur. Tout ceci est apte 4 jeter la confusion. On sait déja que la Fédération Canadienne fran- eaise a déja proposé 1’établissement d’écoles ou la langue d’enseignement serait le frangais. Telle école serait 4 la disposition des parents dont le désir est que leurs enfants puissent a- voir une chance de maitriser, soit leur langue maternelle s’ils sont de langue frangaise, soit la langue frangaise, langue seconde, si les pa- rents sont de langue anglaise. Comme d’habitude, les journalistes n’ont pas tardé 4 faire sonner mon téléphone et a me demander ce que je pensais de la réponse du ministre. Avoir répondu que je désapprou- vais la réponse de M. Peterson aurait équivalu & une approbation sans restriction 4 la propo- sition de la Parent-Teacher Federation. Adop- ter sans réserve l’idée de 1’extension obligatoi- re du francais 4 la premiére année dans toutes les écoles équivalait 4 saborder le projet beau coup plus réaliste de reconnaitre le droit de chaque groupe linguistique 4 l’école de son choix. Done, je pris la chance, en explicitant ma déclaration, de dire que j’endossais la décision du ministre, 4 condition que celle-ci répondit aux motifs dont voici la teneur: Rendre-le fran- eais obligatoire dés la premiére année risquerait de soulever l’ire de tous ceux qui prétendent que la minorité de langue frangaise veut im- poser sa langue & la majorité. De plus, sans préjuger des bonnes intentions de la B.C. Pa- rent-Teacher Federation, sa résolution ne pré- sume pas du droit des francophones 4 une école de leur choix, mais, suggére, en fait, que tous les habitants de la Colombie sont de langue anglaise, doivent recevoir leur éducation en anglais, tout en s’assurant de mieux connaitre Vautre langue officielle du Canada dont les seuls tenants seraient les Québecois. Or, en tant qu’officier de la Fédération Ca- nadienne francaise de la Colombie, mon devoir consiste 4 appuyer et a défendre l’esprit et la lettre de la politique adoptée par l’associa- tion que je représente. Cette politique est la suivante. Lors du congrés général de 1965, la résolu- tion que voici-a été adoptée par la majorité des voix: “Que le bureau de direction soit au- torisé 4 approcher les autorités du Ministére de V’Edueation aussitét que possible en vue d’ob- tenir des écoles frangaises dirigées et adminis- trées par des commissaires de langue francaise élus par les contribuables concernés.”’ Le 29 novembre de la méme année, le pré- sident, M. Gérald Moreau, et moi-méme, pré- sentions un mémoire au Ministre. Ce mémoire décrivait la situation du francais et l’obligation dans laquelle se trouvaient les enfants de lan- gue francaise a ne jouir que d’un programme marginal de francais dans trois écoles parois- siales, done privées aux yeux de la loi, et dont les frais étaient totalement assumés par les pa- rents en plus d’avoir a défrayer le cotit de l’instruction publique comme tous les autres contribuables. Invoquant le bien-fondé d’éta- blir une régle de justice par laquelle, afin d’as- surer l’unité du pays, des droits équivalents a ceux dont jouissent les anglophones du Qué- bee devrait aussi exister pour la minorité francaise dans les provinces 4 majorité anglo- phones nous avons présenté la demande d’un programme et d’écoles dont la langue d’ensei- enement serait surtout frangaise. Quelques mois plus tard, soit en mai 1966, le Ministre nous accordait de nouveau audien- ce et nous fit la contre - proposition suivante: “Attendu que, dans l’ensemble, les propositions de Ja Fédération Canadienne-frangaise nous apparaissent raisonnables; attendu que, en général, il se manifeste un désir réel, de la part du public, de jouir d’une meilleure connaissan- ce du francais; nous serions favorables a l’établissement d’écoles ot le frangais serait la langue principale d’enseignement et qui pour- raient étre mises a la disposition de tous ceux qui voudraient en prendre avantage. Toute- fois, nous ne serions pas favorables a la création de commissions scolaires paralléles, c’est-a-dire dun corps administratif séparé. Le budget de ses écoles tomberait plutot dans l’assiette eénérale des dépenses scolaires des districts concernés.” Cette citation est un résumé, aussi fidéle que possible, des paroles du Ministre, devant nous et devant le sous-ministre de 1’éducation et le surintendant de l’éducation de la provin- ce de Colombie Britannique. Comme les lecteurs de L’Appel en ont déja été informés, (Editorial d’avril 1967) au lieu d’insérer le principe d’écoles frangaises dans la loi scolaire et de créer un Conseil d’aviseurs en la matiére tel qu’il en avait aussi été ques- tion au cours de l’entrevue de mai 1966, le gou- vernement, apparemment soucieux de l’opinion publique, préférait nous laisser savoir, indi- rectement, que la loi scolaire ne mentionnant pas la langue d’instruction, il n’était pas né- cessaire de l’amender. Toutefois, le gouverne- ment n’avait pas lintention de prendre V’initi- ative. Celle-ci devait venir des Districts Sco- laires. Si tel ou tel district scolaire décidait d’établir une école, ou un réseau d’écoles dont (suite 4 la page 10)