VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 16 février 1990 - 11 trecht et Alkmaar Par Jean-Claude Boyer Soir du 7 octobre 1984. Retour en Hollande (d’Allemagne) accompagné, dans un compar- timent de premiére classe, d’un Frangais qui revient d’un long. séjour aux Antilles. Il se dit profondément bouleversé par l’extréme pauvreté du peuple haitien. Grand amateur de vin, il me conseille fortement d’aller visiter des caves a Bordeaux et en Champagne. Il me décon- seille, par ailleurs, d’aller a Rotterdam: «Va plutdt visiter Alkmaar et Delft». Un Allemand entre pour tenter de changer des marks en florins. Peine perdue. En dépliant la carte de Dusseldorf, visité sommaire- ment cet aprés-midi, pour la mettre sous mes pieds avant de les poser sur la banquette en vis-a-vis, je remarque, au verso, de la publicité pour boites de nuit gaies. Les poules auront des dents le jour ou Montréal en fera autant. Arrive a Amsterdam, point de départ, en aodt, de ce deuxiéme grand tour d’Europe, je suis assailli par une meute de marchands d’«accomodations». Fichez-moi la paix! Je retourne- rai Ala«Christian Youth Hostel - the Sheltem, prés du quartier réservé a la prostitution. Une chanson enfantine sur «un hamster, un tram et Amster- dam», apprise autrefois a mes petits éleves, me trotte par la téte; la musique d’orgue de Barbarie ne parvient pas a m’en débarasser. Vente libre de la drogue sur la grande place. Dans le célébre quartier: publicité tagageuse pour chas- seurs de plaisirs nocturnes. Je dépose enfin mes sac a dos et en bandouliére ala réception de l’auberge. Bon accueil. J’apprends le mot «dortoir» au jeune préposé hollandais qui -s’en montre exagérément —_ reconnaissant. Bavardage, dans le dortoir, avec deux Québécois arrivés en Europe aujourd’hui pour la premieére fois. Ils ont du mal a croire quejesois parti seul, a 40 ans, pour un tour du monde de plus d’un an. «Faut | faire!» répete le plus agé. Sacs sous le lit, je ne tarde pas a m’allonger pour la nuit, la téte «coincée» entre un mur et une haute armoire métallique. J’observe le va-et-vient continuel. La beauté de plusieurs jeunes gens me frappe; elle rappelle la chanson de Dalida: «// était beau comme un enfant, fort comme un homme». A moitié endormi, le coeur me bondit soudain dans la poitrine: «bing, bang, bang» prés demon oreille. Je tournela téte, prét a hurler «Au voleur!», vers un Arabe en train de ranger ses effets avec une délicatesse de charretier. Vivent les joies de \’hébergement bon marché! Je - plonge bientdt dans un sommeil al’épreuve des tremblements de terre. Le lendemain, lundi, routine matinale. Puis je reprends le train, cette fois pour Utrecht («gué»), nom évocateur des fameux traités qui mirent fin ala guerre de Succession d’Espa- gne(1713-1715), Départ tous les quarts d’heure! Premiére classe chic. Les passagers sont tous endimanchés, sauf moi. Sitét parti, sit6t arrivé, me semble-t- il. Voici en vrac ce que je retiens de ma promenade au_ hasard dans les vieilles rues pavées d’Utrecht et le long de ses canaux ombragés. Ceux-ci ont pour particularité d’étre bordés par des quais trés inférieurs au niveau de la rue. Nombreux ateliers, boutiques, cafés. Le «vieux Canal», étroit, emjambé par de multiples ponts, traverse lavillede part en part. D’ici, jolie vue sur le haut clocher de la cathédrale (112 m). _ Fort élégant, ce campanile gothi- que: trois étages en retrait, les deux premiers carrés eét en brique, le dernier octogonal, en pierre. Je marche, marche longuement. Feux de circula- tion pour bicyclettes (trés nombreuses), belles maisons anciennes, splendides étalages d'objets variés en céramique, statue d’une «Utrechtoise» qui s’est distinguée contre’ les Espagnols, église Saint-Pierre de style roman... Temps de repos. » Et je reprends ma promenade, d’abord sur la vaste place Vredenburg qui fait la liaison entre la vieille ville et les nouveaux quartiers, puis, au hasard, ou-me.ménent mes pas. Statue d’Anne Franck, rencon- tre avec un bambin inconsola- ble, grappes de sabots fleuris, porte baroque du palais de justice, cathédrale (en restaura- tion) et cloitre gothiques, peloton de personnes agées prises d’un fou rire inexplica- ble... Dans une boutique d’animaux, je fixedes yeux deux gros perroquets turquoises au poitrail jaune criard. L’un saute tout a coup sur |’épaule d’un client amusé tandis que son compére se met a jacasser sur sabranche! Ailleurs, j’apprends que les «spritsen», sortes de petits gateaux secs a pate friable, figurent parmi les spécialités de la ville. C’est justement I’heure de ma pause pain-fromage-pomme. Suit unecourte sieste, allongé surun banc public, aprés quoi je poursuis allégrement ma pro- menade solitaire. Passons sous silence mes trop nombreuses observations pour ne mention- ner que deux attractions peu banales: Musée national «de \’horlogerie musicale a l’orgue de Barbarie» et Musée des Pipes et Cabinets de café et de thé! (OU setrouve celui des bénitiers atravers les Ages?) Visite, enfin, du grand centre commercial Hoog Cathrijne, que mon LET’S GO .TO EUROPE _ qualifie d’«ugly» (laid). Beaux palmiers, a l’intérieur. Voici maintenant «dans une coquille de noix», comme disent les anglophones, un peu d'histoire. Important noeuds de voies de communication, Utrecht est une métropole religieuse (le primat catholique des Pays-Bas y réside), intellec- tuelle, par son Université, et commerciale, grace au renom de sa foire internationale. C’est ici que naquit Adrien VI, le seul pape néerlandais. Le guide Michelin - décrit briévement I'Union d’Utrecht, le schisme des Vieux-Catholiques (|’Eglise du méme nom subsiste encore de nos jours), l’école de peinture d’Utrecht... Chaque été se tient un festival de musique ancienne. Je monte bientdt dans le train pour Alkmaar. Le temps d’entrevoir quelques moulins a vent... Niéme descente de train. «Bang!» Un voyageur pressé a heurté une porte vitrée. J’éclate de rire... en le voyant sourire. Salle des pas perdus animée. En sortant de la gare, j’apercois une quantité étonnante de bicyclettes, puis un grand blond tenant en laisse un énorme chien noir aux longs poils. Un peu plus loin, une jeune femme tient en laisse, elle, deux superbes lévriers. Je m’appro- che, appareil-photo en main, et lui fais un signe. «Neen!», me répond-elle d’un air hautain, agacé. Trop aimable! Début d’une longue prome- nade a pied, comme il se doit pour bien observer. Moult vieilles fagades séduisantes. Alkmaar fut fondée au Xe siécle au milieu de marais et de lacs, d’ou son nom, qui signifierait «tout lac» ou «lac des ‘alk’» (oiseaux ayant vécu sur les marais). Cette ville ancienne a conservé a peu prés_ intact, parait-il, son plan du XVlle siécle. Sa réputation actuelle est due a son _ pittoresque marché au fromage hebdoma- daire - mi-avril 4 mi-septembre. Elle fut lapremiére ville ane pas succomber devant les Espa- gnols, delale dicton séculaire: «C'est a Alkmaar que commen- ce /a victoire». Curieuses, ces doubles voyel- les que l'on voit partout: AlkmAAr, kanAAl NOOrd- Holland, strAAt (rue), kAAs- market (marché au fromage), WAAgplein (Poids public, qui abrite le musée du fromage hollandais), etc. SpéciAAl! Je marche, marche. Une facade en encorbellement, au-dessus du canal, porte en son pignon un boulet espagnol de 1573 - également spéciAAl! Langes- traat: rue piétonne, principale artére commerganie de la ville. Batiment Renaissance a pignon ouvragé orné d'un _ tableau. Marché au poisson. Charmante fagade gothique de I’hdtel de ville (début du XVles.), Aperron, flanquée d’une élégante tour octogonale striée de calcaire blanc. Eglise Saint-Laurent (fin du XVe_ s.)..... Promenade agréable, méme seul, sans soleil ni musique d’orgue de Barbarie. Mais, j’ai maintenant les jambes qui deviennent vite comme du cotton. Retour a la gare, puisqu’il faut ménager sa monture pour aller loin. En quittant Alkmaar, un mot - tiré du guide vert - au sujet de ce marché traditionnel sur la place du Poids public. «Dés le matin arrivent sur la_ place les chargements de _ fromages d'Edam ou de Gouda qui sont empilés avec soin. A partir de 10h00, les acheteurs commen- cent a gouter et a comparer les différents fromages, marchan- dent, puis ils ‘topent’, d'un geste vigoureux de /a main, pour sceller leur accord avec le vendeur. Aussit6t arrivent les célébres porteurs de fromages ’, vétus comme jadis, de blanc, et coiffés d'un chapeau de paille.» Je retourne a l’auberge, ce soir-la, a travers les rues pas trés catholiques du «Red Light District». Surprise! Religieuse en costume traditionnel, regard et pas furtifs. Me vient a |’esprit l'histoire scabreuse racontée par une «Belle-soeur» de Michel Tremblay : une religieuse violée dans une ruelle répéte devant la police accourue sur les lieux du crime: «Encore! Encore!» A l’6poque, c’était en 1968, j’en iw Pontbriand, Directeur 666-0778. Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes Canadian Radio-television and Telecommunications Commission Projet de politique du CRTC sur la radiotélédiffusion autochtone Le CRTC a proposé une nouvelle politique a I’égard de la radiotélédiffusion autochtone (Avis public CRTC 1990-12). Ce projet est le fruit d'une longue instance publique qui a commencé au printemps dernier, lorsque le Conseil a lancé un appel d’observations sur l’examen de sa politique actuelle élaborée en 1985. La politique de 1985 sur la radiotélédiffusion autochtone ne s‘appliquait qu'au Nord, alors que la proposition d‘aujourd ‘hui vise tous les radiotélédiffuseurs autochtones du Canada. Elle traite de sujets tels les définitions de station, d’émission et de musique autochtones. Elle couvre également |’établissement de classes de licences de radiotélédiffusion autochtone, la nécessité ou non d’exiger une promesse de réalisation et dans quels cas, la place de la publicité, le réglement des conflits avec les radiodiffuseurs privés, l’essor de la musique autochtone et la distribution des émissions autochtones. Les parties intéressées a formuler des observations au sujet de ces propositions doivent les faire parvenir au Conseil avant le 2 i 1990. Renseignements: général d'information, Services dinformation du CRTC, Ottawa (Ont.) K1A ON2, (819) 997-0313, ATS (819) 994-0423 ou a l'un de nos bureaux régionaux: 1809, rue Barrington, Piéce 1007, Halifax (N.-E.) B3J 3K8, (902) 426-7997, ATS (902) 426-7268; 275, avenue Portage, Suite 1810, Winnipeg (Man.) R3B 2B3, (204) 983-6306, ATS (204) 983-8374; Complexe Guy Favreau, Tour Est, 200 ouest, boul. René-Lévesque, Piéce 602, Montréal (Qué.) H2Z 1X4, (514) 283-6607, ATS (514) 283-8316; 800 rue Burrard, Suite 1500, Boite postale 1580, Vancouver (C.-B.) V6Z 2G7, (604) 666-2111, ATS (604) Canada CKIC Pierre ou Lise Plouffe, Agent avais été scandalisé autant que les grenouilles de bénitier de la piéce. Des males de toutes races s’attardent devant des vitrines. Un rideau se ferme. Ala «Christian Youth Hostel», un Américain raconte qu'il vient d’aller voir un film porno dans lequel on fait participer un enfant. Est-ce possible? Je m’allonge pour la nuit sans plus tarder, la téte «coincée» entre le mur et la haute armoire métallique. La fatigue me terrasse. Lumiéres fortes, ba- vardages, bruits, peu importe, je mrendors _ sur-le-champ, heureux de cette autre journée passée a observer, aadmireret a apprendre. a & Pad 3 x 17.90 ANNEE INTERNATIONALE pe UALRHABET SATION (7) BOURSES DU CONSEIL DES ARTS DU CANADA AUX ARTISTES PROFESSIONNELS Bourses “A” pour artistes Destinées aux artistes dontla contribution a leur discipline est reconnue sur le pian national ou international depuis plusieurs années et qui sont toujours actifs. Dates limites: ter avril, 1er ou 15 octobre, selon les formes d'art. Bourses “B” pour artistes Destinées aux artistes qui ont terminé leur formation de base et sont reconnus comme professionnels. Dates limites: ter avril, 1er ou 15 octobre, ter décembre, selon les formes d'art. 1er mai, programme pour artistes 4 mi-carriére en musique classique. Bourses pour ouvrages de non-fiction Destinées aux auteurs qui ont publié au moins un livre de non-fiction (biographie, étude, essai et critique). Les livres savants ne sont pas acceptés. Dates limites: 15 mai, 15 novembre. Pour obtenir la brochure Subventions aux artistes, s'adresser au Service des bourses Conseil des Arts du Canada C.P. 1047 Ottawa (Ontario) KiP 5V8 Cette brochure offre aussi des renseignements sur les Bourses de projet et les Bourses de voyage.