Le Moustique Volume3 - 5‘ édition Mai 2000 ...suite des Chroniques de Victoria La part de vérité réside dans ce que le Canada est effectivement un trés beau pays, mais il faut pouvoir le visiter au bon moment. Sur le bouclier canadien, les hivers sont effroyables. Ils peuvent durer cinq mois avec des températures a décourager les glacons de mon whisky. Son effet sur le plan physique et moral est terrible. La seule maniére de le supporter est d'y étre né et n'avoir jamais connu d'autres climats. Cette saison est si féroce que le printemps n’existe pas. La terre est noire et brilée par le froid ; le dégel est toujours un spectacle de désolation. Et presque aussitdt, c'est l'été, avec sa chaleur lourde et humide, ses myriades d'insectes sanguinaires et goulus. J'adore le bouclier canadien en automne alors que I'air, d'une merveilleuse transparence, laisse apercevoir un ciel d'un bleu inimitable, a la fois profond et lumineux, que n'aurait aucunement dédaigné Vermeer. Il fait juste assez froid pour chasser les maringouins et mouches noires sans devoir regretter la chaude humidité des mois précédents. Enfin, comme pris de folie, les feuilles des arbres éclatent en mille couleurs, formant avec les résineux vert sombre, un kaléidoscope mouvant qui réveille les émerveillements de l'enfance. Je suis amoureux du bouclier canadien quinze jours par an. Mais Victoria, c'est autre chose. L'hiver est doux, humide a souhait pour le bonheur de la végétation, l'automne chaudement coloré, l'été resplendissant et le printemps... ! Le printemps a Victoria est un enchantement. Je ne connais pas de plus belle saison que le printemps. C'est le temps du renouveau ou dame nature, toute juvénile, renoue son flirt avec l'éphebe Phébus ; c'est le temps de la force et de l'espoir. C'est le régne du présent gourmand, précurseur du futur prometteur. C'est la vie dans ce qu'elle a de plus vigoureux, l'énergie dans ce qu'elle offre de plus fécond. A Victoria, le printemps c'est tout cela mais avec, en plus, la grace policée d'un ordonnancement deélié. Je pensais a tout cela, ne parvenant pas 4 me concentrer sur ce qui se passait autour de moi. J'avais été invité 4 un événement national faisant partie de l'inauguration du Sentier transcanadien. Un sentier qui relie les trois océans cernant le Canada. L'inauguration consistait a recueillir un peu d'eau dans ces océans de bout de sentier et de la ramener 4 Ottawa. Pourquoi pas ! On ne me demandait pas de marcher, tout au plus d'assister au prélévement dans l'Océan Pacifique, la, a Victoria, ou la rue Douglas s'arréte en bord de falaise surplombant I'océan. Je n'avais méme pas a prendre l'eau, juste a regarder. Suc le page rhe)