Casanova au Pilori Camille, un don juan qui collectionne les filles. Les aventures se suivent et se ressemblent. Il en est bien fier. Les ren- contres sont bréves, la durée d’un bal, d'une soirée, de quelques jours au maximum. Il en garde des souvenirs heureux, sans jamais se demander si son bonheur a lui est innocent ou s’il s’acquiert au dépens d’autrui, par la souffrance générée chez les filles qui l’aimaient et qu’il avait délaissées. ll a fallu larrivée de Claire, une jeune femme mince, d’aspect fragile qui semble 'aimer d’un véritable amour qui dépasserait les conventions sociales et les préjugés. D’abord réservé, voire méfiant, Camille se laisse peu a peu persuader et accepte la fatalité de son amour. Une fatalité qui fera du bourreau une victime et qui lui fera gotiter les affres de la souffrance et de l’'abandon qu'il avait imposés a Maire, laquelle s’est donnée la mort et a entrainé la mort de son futur bébé. Le roman d’Alain Gagnol est écrit en deux parties. La premiére, c’est la description d'un gargon sadique dans ses relations amoureuses, Sans respect pour les filles quill séduit et délaisse. Un garcon qui n’écoute que son égo, qui ne voit que son intérét et qui ne regarde que son nombril. L’auteur réussit si bien a peindre ce spécimen par des répliques courtes, _un dialogue de sourds qu’il mene avec une pleine satisfaction de soi. Alain Gagnol excelle dans le genre série noire. Ce roman n’est pas son premier livre, ni son premier documentaire ou _ court métrage d’animation. Dans la seconde partie, on découvre un héros transformé. Un personnage plus humain, plus sensible. Apres avoir affiché tant de cruauté a ’égard de Claire, il fait preuve de comprehension et d’attachement méme, a elle et a son enfant Quentin, qui naitra plus tard. Le despote devient esclave, c’est Camille. Mais l’esclave reste en apparence esclave, c’est Claire, jusqu’au jour ot elle fera ses valises et le quittera, sans mot dire alors qu’il dormait encore. La femme patiente, Claire, n’est point la jeune fille fréle et soumise, ni la folle que dénigrent ses rivales jalouses et améres devant ses succés a séduire et a garder son homme. La_femme_patiente est un roman qui provoque lindignation d’abord et nourrit la compassion ensuite. L’indignation dans attitude cavaliere du héros et la compassion a Ilégard de la _ fragilité apparente d’une héroine qui est en fait beaucoup plus forte, et dirai-je, beaucoup plus futée. Alain Gagnol, La femme patiente Paris, Le Cherche-midi, 2002 Critique de Simon Henchiri