ee ee ™ - pelle Jack; en ee ee ee ee era wee Dome | S8QE ctiGiol¥ilb shbnGoleitibieip Vela Gnési oi juin 1980 @ Linguistique Tu parles d'une langue! par Claude Falardeau * ‘On reste stupéfait de découvrir a quel point les choses changent'en passant d’une lan- gue a l'autre, soit du francais a l'anglais. ll est tout d’abord curieux de voir tous les personnages bien typés — Dieu y com- pris — que |’Anglophone, avec son sens aigu du concret, compte pa ses _inti- mes. Pour sa part, l'Americain, de son: vi- vant, a la chance unique d’habiter le «God's own country», soit les Etats-Unis. A sa mort, il s’en va au «God’s acre», c’est-a-dire au cimetiére; probablement pas pour manger du pissenlit par la racine comme chacun de nous, mais pour y ren- contrer l'un de ses proches, Old Harry, qui n’est nul autre que le diable lui-meme. Le Saxon est d’ailleurs un familier de Bel-_ _ zébuth qu’il nomme encore amicalement «The Old Gentleman». Il connait méme son heure de sortie: en effet, c’est a minuit — the devil’s dancing hour — que rdde le fourchu. Par contre, si Lucifer y a perdu son nom, c'est l’allumette qui a attrapé le nom anglais de Lucifer: sans doute pour lui permettre de faire long feu. Des noms propres pour les choses les plus communes En anglais, on retrouve des noms propres un peu pour tout. L’eau devient la biére d’'Adam (Adam’‘s ale), le whisky se sur- nomme John Barleycorn et Mickey Finn cache une boisson droguée. Le fric s’ap- le négre, Jim-crow; les_ toi- lettes empruntent le prénom de Johnny. Notre Roger Bontemps se prénomme l|a- bas Fabian et le quidam est décrit comme «a passing Joe». Black Maria identifie le _ panier a salade; nous jadis, nous avons bien eu la grosse Bertha. Le Bonhomme Hiver a été baptisé Jack Frost et Jos Bleau lui-méme est connu comme «every- man Jack». Les amants. du revolver, nom- -. breux outre quarante-cinquiéme,” ont’ at- tribué a leur joujou le nom affectueux d‘Oscar. Chez les Anglos, le Kid Kodak ré- pond aussi a l’appellation de Smart Alec. Si vous entendez parler du «real McCoy», sachez qu’il s’agit du nec plus ultra, c’est- a-dire du fin du fin. Tartuffe, lui, est tra- duit Pecksniff; tout curieux se reconnait en Paul Pry. Celui qui veut jouer au pro- phéte héritera du titre de Sir Oracle. Les femmes ont aussi droit a quelques surnoms. Une blonde décolorée se voit at- tribuer le sobriquet de Miss Peroxide tan- dis qu’un laideron devient «a plain Jane». Vous ne connaissez pas Mrs. Grundy? A- lors vous la reconnaitrez vite car elle est collet monté. Au chapitre de la joie de vi- vre, Si vous voyez passer un joyeux luron, c’est «goodtime Charlie» qui fuit comme la peste ce «dismal Jimmy» qui, lui, voit tout en noir. (elie vraie €ommunication n’est possible — qu’entre gens de méme langue». Giboulée de mars — April shower Paradoxalement, en terre saxonne, mé- me les couleurs ne sont pas toujours les mémes. que chez nous. Tandis que nous broyons du noir — sans sous-entendu ra- ciste — les Saxons «feel blue». Ce qui est chauffé a. blanc au Québec est «red hot» en Ontario. Et combien de choses changent ainsi en allant de nous a eux. En physique, par exemple, la loi de la compressibilité est connue comme «loi de Mariotte» par les francophones et «Boyle’s law» par les an- glophones. Une réponse de Normand se mute, dans les iles britanniques, en ré- ponse d’Ecossais (Scot's answer). En An- gleterre, les chateaux en Espagne sont des «castles in the air» tandis que le latin de cuisine, descendant encore plus bas, dégénére en «dog latin». Ce qui est du Chinois pour nous est du «Dutch» ou du «Greek» pour les sujets de |’Empire. Le papier du Japon, en Grande-Bretagne, af- fiche une autre provenance: c’est de l’-«lndia paper». Bizarrement, quand les Francais de France parlent de giboulée de mars, les Anglais d’Angleterre, en retard, s’entretiennent de «April shower». Si ces ' cocasseries vous donnent le godt de filer . a l'anglaise,-soyez avertis que le Cana- dien hors Québec, lui, «takes a French lea- ve», «goes in a French way». Certes, il est normal que les choses et leurs appellations varient lorsqu’on chan- ge de pays, mais il est intéressant de voir la fagon dont elles le font. Ailleurs qu’au Québec, en Amérique, le léche-bottes se métamorphose en «apple polisher» et le «suiveux» est décrit d’une facon imagée comme «yesman». Un roman a treize sous coiite moins cher outre-Manche ou il de- vient «dime novel». Un rond-de-cuir s‘a- vere plus actif chez les anglophones puis- qu ct est «pen driver». Un rabat-joie est totalement déconsidéré aux Etats-Unis, alors qu’on le qualifie de «flat tire». Chez nous, Latins, la parlotte débouche sur le bla bla bla; pour les saxo... phones, plus expéditifs, tout ¢a n’est que «blah»: une fois suffit. On a déja dit que les conseils faisaient partie de ces rares choses qu’on aime mieux donner que recevoir. Aussi, chez nos voisins, ne donne-t-on qu’une «piece of advice» a la fois. Vaut mieux! Pendant que «nous nous démenons ici comme des diables dans l’eau bénite» pour sauve- garder notre langue, les parlant anglais «dansent comme des chats sur des bri- ques chaudes» pour faire abolir la loi 101. Tandis que nous avons d’autres chats a fouetter que de nous initier au boulingrin (Bowling green), les Anglais, eux, ont «d'autres poissons a faire frire» que d‘ap- prendre la pétanque. Aux jeux du Com- 200 oeumes venant ce la plus grande collection dart CONTRO canada ele: Consel des Arts du Canada Du 18 au 28 juin Robson Square Exhibition Area 800 rue Robson, Vancouver - Du lundi au samedi, de 14h @ 16h 4 monwealth, un Britannique était d’ailleurs exaspéré qu’on fasse un paralléle entre boulingrin et pétanque: pourtant ces deux jeux de boules se ressemblent comme des jumeaux. . Autres pays, autres mots. Ceux qui ont la danse de Saint-Guy a Trois-Riviéres auraient la «St. Vitus’s dance» a Sarnia. Les musiciens qui torturent leur violon pour en extraire des triples croches a |’Or- chestre symphonique de Québec, ne souti- reraient que des «demi-semi-quavers» de leur instrument a Toronto; faut croire que les Anglais sont moins «croches» que nous. ll est naturel que ceux-ci, ayant vécu dans les brumes de la Grande-Bretagne pendant des siécles, aient eu une autre vision des choses que nos ancétres grisés de pinard. A notre égard, les anglophones d’A- - mérique ont quelques sobriquets: ils nous surnomment «frogs», «habitants» ou enco- re «pea soups». Moqueries d’ordre alimen- taire qui s’expliquent peut-étre par |’envie. Comme nous, les anglophones ne sont pas toujours d’accord entre eux Sur la signifi- cation de leurs mots. Des centaines de ter- mes divergent’selon que l’on vit a l’est ou a |l’ouest de |’Atlantique. Mais ma plus grosse surprise fut d’apprendre que quin- tillion signifiait 10'® aux Etats-Unis et 10° en Angleterre. Il y a une maudite différen- ce entre les deux. En passant, notre «mau- dit» québécois équivaut a «bloody» en an- lais. Sauf que «bloody» est correct aux tats-Unis et tout a fait impoli en Gran- de-Bretagne. Le joual: une langue fringante Le joual, avec son habitude de la traduction littérale de style «hot dog -- chien chaud», a pris énormément.a l'anglais. Quand nous parlons d’ «horloge grand-pére», nous tra- duisons mot a mot «grandfather clock». Quand nous disons «poche d’air», nous... volons... aux Anglais leur «air pocket». Et nos «quéteux montés a cheval» ne sont que des «beggars on horseback» venus ici a3 Ancien enseignant, agent d'information, traducteur et humoriste a la pige, M. Falardeau a commis plusieurs ouvrages sur les cocasseries résultant de l’ambiguité des rap- ports linguistiques entre Québécois et Cana- diens de langue anglaise. au galop tout droit sortis du tolklore wes- tern américain. Nous employons aussi une foule de mots américains, commerciaux, sans en connaitre le sens. Quel Québécois, adepte des Craven, sait que «craven» signifie «poltron»? Par ailleurs, «Rambler» et «Ro- ver» sont. des vagabonds, «Gremlin» tra- duit. mauvais génie, «Peg Top» est une toupie, «Spic and Span» veut dire «tiré a quatre épingles»; mais nous |’ignorons la plupart du temps. Dans cette ligne de pen- sée, une Québécoise trouvait ridicule qu’on francise le nom de son club de «Red Skin» en «Peau-Rouge»: Red Skin faisait chic, Peau-Rouge apparaissait inconvenant, vul- gaire sinon «quétaine». Pauvre Charles Quint! L’anglais et le francais ont beaucoup em- prunté l'un a l'autre et si jadis le francais préta presque tous ses mots a |’anglais, au- jourd‘hui l'anglais le rembourse largement et rapidement. A ce sujet, évoquons une petite anecdote: un linguiste racontait un -jour avec fierté a son auditoire que 40% - des mots anglais provenaient du francais. Peu aprés, dans son discours, il affirmait sans broncher que l'anglais comptait un ‘million de mots et le francais, 250 000. Comme quoi, i] ne faut pas trop... compter sur les linguistes. Nous nous demandons souvent aussi si l'anglais est supérieur au francais ou vice-versa. Question insoluble, s‘il en est! Charles Quint, quant a lui, avait une facon bien originale d’évaluer les langues euro- péennes. Il disait: «Je parle italien avec les femmes, francais avec les hommes, es- ‘pagnol avec Dieu et allemand avec mon cheval». Le célébre empereur ne sentit jamais le besoin d’apprendre l'anglais. Cependant, s’il revenait de nos jours et immigrait au. Canada, il serait probable- | -ment considéré comme unilingue... fran- cophone. _«Antennes, revue du ministére des Communications du Québec». Les parents demandent des précisions [suite de la page 1] Selon le surinten- dant “les responsables scolai- res devraient adopter |l’ap- proche pédagogique”. . En fait, selon la politique du ministére de l'éducation, une classe peut €tre établie dans. tout district scolaire ot se Travaux publics Canada APPEL D‘OFFRES | trouvent 10 éléves ou plus et dont les parents ou les tuteurs demandent leurs ins- criptions. Si linscription est minima- le, tous les niveaux sont regroupés en une seule clas- se; si le nombre d’éléves Public Works Canada LES SOUMISSIONS CACHETEES, ‘visant les entre-' prises ou services énuinérés ci-aprés, adressées au. Chef, Soumissions et contrats de la Région du Hondo punt, Ferone ef deeon sr verooment sept exigible. — PROJET PR 035887 - Accés pour handicapés - Hope, B.C. Edifice fédéral, PR 035889 - Accés pour les handicapés - Poste - Pitt _ Meadows, B.C. PR 035890 - Accés pour les handicapés - Edifice fédéral - - Lillooet, BC . PR 085891 - Accés pour les handicapés - Edifice fédéral - Maple Ridge, B.C. Date limite: 11h00 am (Heure du Sago 9 juillet 1980 LLe dépét afférent aux plans et devis doit atre établi a lordre Receveur général du Canada. Il sera rem- _ _ Boursé sur retour des documents en bon état dans le : *” mois qui suivra le jour de l'ouverture des soumissions. . le Mintaboce as:s'engaged seceptet atte pine boven soumissions. aucune des dépasse 25, deux groupes peuvent étre composés: classe “primaire” et classe -“secondaire”. Les parents de Vernon et Penticton devront donc faire appel au ministére de l'éducation pour demander une clarification sur les réglemennts concer- nant le programme-cadre de francais et le cours d’immer- sion, ceci dans le plus bref délai possible. Sinon, les enfants de francophones et francophiles, se verront en __ septembre prochain obligés de retourner dans des classes anglophones, et une autre année sera perdue! Vernon et Penti -cton ne - sont pas des cas isolés dans ce domaine. A Kelowna, le nombre d‘inscriptions a été multipliée par trois. Mais 1a encore, les anglophones rep- résentent 50% a 60% des intéressés. A Terrace, Delta, Power River, Prince George, la également on retrouve beau- coup d’anglophones parmi les inscrits. Il ne faut pas oublier que le programme < cadre de francais n’enest qu’ Ases premiers balbutiements. Chaque année, l’enseignement est amélioré et il est prévu pour avril’80 une seconde circulai- re sur la politique et la gestion de ce type d’éduca- tion. : Avant d’en arriver a cette date, ily aurala rentrée 80 qui laisse présager encore Noaieouy de pleurs et de _-grincements. de dents. .