4 Le Soleil de Colombie, vendredi le 6 mars 1981 Carnet d'un voyageur Roger DUFRANE Nous avons déniché un modeste hétel, géré par un Marocain barbu, non loin de la Gare du Nord. Ce n’est pas le Claridge, mais peu importe ce nous sera un gite pour la nuit, et, pour le jour, un point de ralliement non loin d’un des hauts-lieux de Paris: Montmartre. Montmartre! Le mont des martyrs, ot, sous l’Empire romain fut sacrifié Saint- Denis. Montmartre, au sommet duquel se dresse la byzantine basilique du Sacré- Coeur, lieu de pélerinage ot se vendent médailles et ima- ges pieuses. Montmartre, d’ailleurs fort profane, avec ses artistes peintres, ses touristes et ses marlous. Nous y montons cet aprés- midi, par la Rue de Dunker- que et la Place d’Anvers. Les marchands de draps et de vétements alternent avec les marchands de souvenirs. La Place Saint-Pierre, le funicu- laire, la Butte. Sous les ombrelles bleues et rouges de la Place du Tertre, on regarde les touristes au flot continuel, les peintres de- vant leurs chevalets, les chanteurs de rues. Un artiste 4 bérét et barbiche, la blouse flottante, peint de mémoire un site des campa- gnes de I'Ile-de-France, en- touré de badauds a la bouche bée. Rien de bien original dans ces élucubrations, exer- cices de vacances pour éléves del’Ecole des Beaux Arts, ou création de mystificateurs. Un accordéoniste nous joue “Sous les ponts de Paris”. Musique bercante et nostalgique, qui évoque la Belle époque des promena- des sur l'eau et des samedis soirs dans les guinguettes: Pour aller 4 Suresnes, ou bien 4 Charenton... Tout au long de la soirée, méme au Restaurant de la Ville de Dunkerque, ov je dihe pourtant bien, l’air me trottera dans la téte. Je n’ai pas connu, loin de la l’époque 1900. Mais je me rappelle volontiers une autre Belle époque, celle de ma premiére enfance( nous en avons tous plusieurs), dans l’entre-deux- guerres. Paris était riche. Paris était belle. A la Noel, des trains en miniature pas- saient dans les vitrines des Galeries La Fayette. Les Magasins de jouets abon- daient en soldats de plomb, carceaux, et répliques en celluloid des globe-trotters 4 la mode, Zig et Puce et leur Pingouin Alfred. L’été, de Suresnes ot nous logions, on s’embarquait sur quelque bateau-mouche pour se ren- dre 4 Paris. Déja de jeunes baigneurs se voyaient sur les plages, un clochard débou- chait une bouteille de pinard, une nurse flirtait avec un soldat. Ici et la, on se rapprochait de la rive, pour embarquer un travailleur 4 blouse bleue ou a cravate et mallette de cuir. Survient la guerre. Le canon tonne. De lours Teutons aux uniformes verts s’attablent aux quelques cafés réouverts des Champs- Elysées. On n’ose y croire. Ils détonnent dans ce fin décor. Pas possible quils se . fixent ici pour toujours. Ils sont repartis aprés quatre ans, emportant 4 la semmelle de leurs bottes une époque a jamais révolue. Entretemps, les derniers bateaux-mou- ches étaient allés s’échouer _au cimetiére des péniches, a Conflans-Sainte-Honorine. En 1953, il n’en demeurait qu'un au nom léger comme Yair du temps: !’Hirondelle! Un illustre inconnu, futur amiral de la flotte parisienne, allait le racheter, le rafistoler et faire fortune par le moyen d’un audacieux canular. Un peintre en letres avait ortho- graphié Mouche avec une majuscule pour l’enseigne que Bruel lui avait comman- dée. “Tiens, tiens! se dit Bruel, Mouche, ce pourrait étre quelqu’un, l’inventeur méme de ces petits bateaux”. Un vieux buste en platre déniché au Marché-aux- Puces, une biographie imagi- naire, quelques reporters complices, le Tout Paris sur les quais, l’Académie frangai- se représentée, tout cela a _alimenté la chronique pari- sienne. Beaucoup ont donné dans le panneau. Puis, la supercherie enfin dévoilée, tout s'est terminé par des rires et des chansons, et aussi par un début de fortune pour Bruel: une flotte de nouveaux bateaux-mouches, peu a peu rassemblée, allait enrichir notre bonhomme. Aujourd’hui, les vedettes de la Tour Eiffel, et autres embarcations, certaines avec promenades aux lumiéres et repas de haute cuisine, emmeénent les touristes au long de la Seine: . Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit... N’empéche, j’aimais mieux les matins de naguére, . les bateaux-mouches dans l’'aube, les vrais, qui ratta- chaient la proche banlieue a un Paris plus parisien que de nos jours. -A SUIVRE Aux Caraibes, influence Yankee | et le développement par Roméo Paquette (Voici un quatriéme article 4 la suite d’un voyage en Haiti st en République Dominicai- . ne, organisée par le Conseil Canadien de la Coopération, an vertu du programme de participation du public de (Agence Canadienne de Dé- veloppement International (ACDI). L’auteur faisait par- tie d'une mission de neuf Canadiens qui ont visité les coopératives des deux pays du 10 au 24 janvier derniers.) ‘Au cours de notre séjour a Santo Domingo, j’ai eu I’occa- Sion d’ouvrir l'appareil de télévision qu'il y. avait dans notre chambre. Je me suis rendu compte qu'il y a, en République Dominicaine, juatre chaines de télévision, t l'une nationale, comme notre réseau de Radio-Cana- da, et trois privées. Comme au Canada, les quatres chai- nes font de la réclame com- merciale. Comme au Canada, les quatre chaines font de la réclame commerciale. Com- me au Canada, la formule est inspirée par le modéle Holly- wood. L’image projetée en est une de société aisée, capable de se procurer tous les biens de luxe qu’offre la Pig tion de la consomma- Ce qui frappe, toutefois, le télespectateur étranger, c'est que cette image de la société de re est présentée par des “figurants” blancs a une population 4 99% noire. Ce sont, en effet, des com- Merciaux fabriqués aux Etats-Unis, pour le compte des multinationales qui dé- versent ‘leur marchandise> sur les marchés du pays, et qui se contentent de produire des exemplaires doublés en espagnol. Mais il y a un autre aspect qui, celui-la ne nous surprend guére, c’est que, comme au Canada, les canaux de télévi- sion présentent surtout les programmes et les films produits chez l’Oncle Sam, avec doublure, bien entendu. Et ce n’est pas tout. En République Dominicaine, il n’y a évidemment pas de loi qui force les importateurs a exiger un étiquetage dans la langue du pays. Done, les produits en boites, laits en poudre ou condensés, céréa- les, savons et articles de toilette de provenance étran- gére sont présentés dans la langue du pays d'origine; la plupart du temps en anglais. J'ai des produits qui, au Canada, sont présentés dans les deux langues du pays. mais qui, en R.D., sont présentés uniquement en anglais. Pourtant, rares sont les Dominicains qui parlent autre chose que I’Espagnol. Pablo Steele écrit dans sont _ livre “Quienes son los duenos de America Latina?” (Qui — sont les propriétaires de Amérique Latine?) des cho- ses révélatrices quant a Yeffet psychologique ressen- ti par les autochtones, face au modéle “blanc” qui est synonyme de “Yankee”. C’est a la fois une admiration évidente, une fascination et une accusation. C’est le culte du tout-puissant, méme si ce “tout puissant” est vu comme Yennemi. nol du _progrés social. Pourtant, il en est le modéle. Ce que nous avons observé c’est que le Domini- cain qui parvient a un niveau de revenu relatif adoptera les habitudes qui sont “char- riées” par le petit écran. Il abandonnera le mulet pour la motocyclette et sautera vite dans le derniére modéle -de voiture japonaise (air- climatisé, stéréo-cassette en plus), dés que son erédit le lui permettra. ’ Autrement dit, alors qu’il saute aux yeux que le déve- loppement, au moins en Ré- publique Dominicaine, ne peut pas passer par l’aspira- tion 4 posséder des biens personnels, sans risquer d’élargir le gouffre entre les dépossédés et les possé- dants, il est évident que la télévision et les réves qu’elle suscite ne sont pas dans le sens d’une émancipation po- pulaire. Alors que les leaders du mouvement coopératif parlent d'une conscience col- lective, d’une mise en com- mun des ressources humai- nes du milieu, d’une meilleu- re condition pour le “campe- sino”, le “transistor” et la télévision font l’hommage de Vindividualisme, de la dis- tinction, du statut social qu’assure la consommation de telle ou telle boisson gazeuse; la possession de tel ou tel appareil ménager, d’une marque particuliére de détersif, de vétement, quand ce n’est pas d’automobile ou de yacht. Cette contradiction se ré- fléte chez l’individu, méme La Langue francaise Le plus grand des trois Etats enclavés d’Afrique occidentale, la République du Niger, dont l’indépendan- ce fut proclamée en 1960, est limitéé au nord par |’Algérie et la Lybie, a l’est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, a l’ouest par la Haute-Volta et le Mali. Sa capitale est Niamey. Pays en grande partie sahé- lien et désertique, son écono- mie est essentiellement rura- le. Les richesses du sous-sol pourront permettre au Niger d’accéder au développement,. puisque ce pays est devenu le cinquiéme producteur mon- dial d’uranium. Le Niger est aussi exportateur de coton, d’arachide et de tabac. La population formée de groupes variés (Haoussas, Peuls, Songhais, Touaregs), se concentre dans le Sud. La population s’accroit aujour- dhui a un rythme trés rapide. La pénétration frangaise dans ce territoire commenca vers 1890. Colonie en 1922, membre de la Communauté en 1958 le Niger devint une république indépendante en 1960. Le régime du président Hamani Diori s’appuya sur un parti unique, le Parti progressiste nigérien. Mais L’enfant Comme il est doux de regarder L’enfant qui vient de naftre Chef-d’oeuvre de l'amour Cadeau de la nature’ dans le NIGER ’ le président Diori fut renver- sé en 1974 par un coup d’Etat militaire. Le Niger est membre du Conseil de |’En- tente. Aprés la France, les prin- cipaux bailleurs de fonds sont le Canada, |’Allemagne fédérale, les Etats-Unis, le Royaume-Uniet le Japon. Le gouvernement du Niger poursuit son plan “d’unifica- tion du pays” en mettant en oeuvre des projets dans plusieurs régions: 1l’opéra- tion de productivité Maradi (10,7 millions de dollars) financée par la Banque mon- diale, Dosso (1,3 million par la FAO) Zinder (2,3 millions par les Fonds européens de développement (FED) le dé- veloppement de la vallée de Badeguicheri (1,4 million par le FED) l’opération de déve- loppement céréalier (6 mil- lions par l’US-Aid). En 1976 on a assisté au Niger a la fin de la premiére génération de projets. Aprs les deux derniéres réunions annuelles sur la coopération Canada-Niger, on a commen- cé a voir apparaitre une nouvelle génération de pro- jets dans les secteurs d’inter- vention retenus au titre des objectifs du programme Sahel. En ce qui concerne le Niger, la proteetion des vé- gétaux vise a accroitre la monde production en céréales. Avec des projets routiers, l’Agence canadienne de dé- veloppement international entend aussi favoriser le désenclavement du pays. En agriculture, un impor- tant projet de protection des végétaux par lequel on cher- che a fournir au Niger les moyens de lutte contre les ennemis des cultures. Les composantes de ce projet consistent en assistance technique, formation, équi- pement, insecticides, cons- truction de hangars et de bureaux. Commencé en1977 ce projet doit se terminer en 1982 au cofit de dix millions: de dollars. En éducation, une assis- tance technique-bourses a été entreprise en 1974 pour s'achever en 1982 au cofit de quatre millions de dollars. I] s’agit de bourses de forma- tion allouées a des Nigériens au Canada comme au Niger, dans des disciplines scienti- fiques et techniques. La superficie du Niger est de 1,267,000km carrés. La population est approximati- _ vement de 4,6 millions d’ha- bitants et la langue officielle est le francais. Notons qu'il y a actuellement ni partis ni élections au Niger. 2 Rien n’existe plus... Que |’étre qui s’endort Sous nos yeux, dans nos coeurs ‘Confiant, prét 4 aimer la vie: et le bonheur. Pour lui nous donneront tout, Jusqu’a la derniére heure... Nathalie Roger ; La Frette-sur-seine, _ Val d’Oise, France. chez celui qui vous assure que les ressources du pays sont suffisantes pour assurer le bien-étre de toute la population. L’on se demande, par exemple, comment on peut avoir vraiment foi en un systéme d’auto-développe- ment des masses paysannes quand ceux qui le préchent adoptent eux-mémes des at- titudes de petits bourgeois. Je me suis méme complu a établir un certain paralléle entre certains membres de l’élite missionnaire que nous - avons rencontrée, (celle-ci n’avait déja plus la sveltesse caractéristique du paysan, mais le tour de taille typique du sédentaire occidental) et notre propre petite élite franco-colombienne. Nous voudrions bien, nous aussi, établir la société juste; la communauté francophone libre de promouvoir sa pro- pre culture, ses propres institutions. Nous savons bien le tour est impossi- ble si certaines régles du jeu ne sont pas adoptées par ‘tous. Mais, nous accepterions mal de payer le prix indivi- duel et personnel qui est exigé. Nous vivons, nous aussi, sous la domination d’un sys- téme qui fait appel 4 d’autres instincts... peu compatibles avec lé développement d’une communauté intégrée. II faudrait y revenir. A SUIVRE Création _d’un_comité Le P.C. s organise Le chef du Parti progressis- te conservateur, M. Joe Clark, a annoncé i la création d’un Comité des priorités chargé de planifier et de coordonner le program- me qui permettra de rempor- ter la prochaine élection générale. : Le comité, qui compte 23 membres, est présidé par M. Terry Yates de Hamilton, qui a été le président du Fonds P.C. du Canada au cours des trois derniéres années. Les autres membres sont Mme Ginette Asselin de La Malbaie (Québec), MM. Au- brey Browne de Dalhousie (N.B.), Marcel Danis (de Montréal, Mme Lois De Groot de Toronto, MM. Roy Deyell de Calgary, le séna- teur William Doody de St- John’s (T.N.) Claude Dupras de Montréal, Don Hamilton de Vancouver, hon. Bill ‘Darvis, député de Perth (ont.), Vhon. Flora Mace- Donald, député de Kingston et les Iles (Ont.), Marcel Masse de Montréal, l’hon. Don Mazankowski, député de Vegreville (Alberta), Michael Meighen de Toronto, Mme Annis Shaddy de Win- nipeg, MM. Rick Swenson de Moose Jaw (Sask.), Ralph Sykes de Halifax et I’hon. Michael Wilson, député d’Etobicoke-Centre (Ont.) Les présidents de ]’Associa- tion du PC du Canada, de Association des dames PC, et de la Fédération des jeunes PC, soit actuellement le député Robert Coates, Mme Elizabeth Willcock de Winnipeg et M. David Small d’Ottawa, sont également membres du Comité. MM. Dupras, Hamilton, MacDonald et McDougall se- ront respectivement chargés de coordonner le programme ~ du Parti dans les domaines des politiques, des communi- cations, des finances et de l'administration. M. Clark a dit que le Comité jouerait, en fait, le rdle d’un comité national permanent ‘de la campagne. Il a le mandat assez vaste d’élabo- rer une statégie politique qui permettra au Parti de rem- porter la prochaine élection, d’amener tous les éléments du Partia participer ala mise en oeuvre de cette statégie et de veiller ala gestidn etticace * des ressources du Parti. _M. Clark a signalé que la création de ce Comité fait suite 4 une recommandation d'un comité qu'il avait mis sur pied I’été dernier pour revoir l’organisation du Par- ti. Ce comité interne, présidé par M. Sykes, a également proposé des changements dans l’organisation du Cabi- net du chef et du Bureau national qui-sont en train d’étre mis en oeuvre, a dit M. Clark.