tt Rass _ an a a ac a a a _ ee Un idéal a féter Nous nous apprétons une fois de plus a féter le Canada et ce qu ‘il représente pour chacun de nous. Je n’apprendrai a personne que les derniers mois ont été passablement mouvementés. La période économique difficile que nous venons de franchir et un certain nombre de conflits mettant en cause les droits fondamentaux ° des minorités linguistiques ont véritablement mis a |’épreuve la trempe des Canadiens. Je n'ai plus a vous rappeler ma foi dans le Canada, et je crois tout aussi fermement que chaque Canadien. dans son for intérieur et dans ses actes, partage le méme enthousiasme a |’endroit de notre pays. Mais il faut parfois dire son acte de foi, dans les moments difficiles. C’est ce que jai fait lorsque je suis devenu, il y a maintenant prés de deux ans, ministre de l’Energie, des Mines et des Ressources. Les tiraillements inévitables qui ont marqué le cheminement des relations entre les gouvernements sur les questions énergétiques semblaient indiquer parfois des positions [ irréconciliables. Je n’ai jamais douté cependant que méme les plus ardents défenseurs de la cause des provinces et des régions se sentaient tout autant que moi, sinon plus, responsables envers le ’ Canada. A l’intérieur de cette vision commune, bien que partois Peres inavouée, nous avons négocié durement. mais dans un ésprit de” tolérance et de respect mutuel. Méme pendant les négociations les plus ardues, nous avons persévéré, au nom dun pays. dans la recherche 'd’un compromis honorable et équitable. Dans le dossier de énergie, des adversaires d*hier sont devenus les partenaires d’aujourd’hui dans la mise en valeur des ressources, pour le plus grand bien des provinces productrices et de tous les Canadiens. J’estime qu'il existe un paralléle entre le dossier énergétique et l'avenir des collectivités francophones établies 4 l’extérieur du Québec. Les derniers mois ont été marqués par des luttes difficiles et certains excés que nous avons tous déplorés. Le ton envenimé qu’a pris le débat linguistique au Manitoba n’a laissé aucun Canadien indifférent. La passion qui entoure fréquemment la question de la langue a donné lieu a des prises de position malheureuses. Cet extrémisme, je crois, ne caractérise pas la grande majorité des Canadiens. A mon avis, le ton excessif de ce débat n’était pas étranger aux frustrations qu’éprouvaient alors nombre de Canadiens face a la situation économique difficile. Le partage. l’équité et l’esprit de tolérance sont toujours plus faciles en période de prospérité. D’autres minorités francophones ailleurs au pays ont aussi eu a subir les contrecoups de ce ralentissement économique qui a obligé certains gouvernements a réduire leur aide aux collectivités de langue francaise. Pour certains, la situation peut paraitre désespérée. Je vous ferai remarquer que le défi d’en arriver a une. entente avec le gouvernement de |’Alberta sur le partage des richesses énergétiques paraissait, 4 un moment donné. tout aussi insurmontable. CANADA Au moment ou je prépare ce message. Ia Cour supreme du Canada a été saisie de la question manitobaine. Ayant participé de prés a la préparation de la Constitution et de la Charte des droits et libertés, je tiens 4 vous assurer que votre cause est aussi la mienne. Il ne faudrait cependant pas s’attendre a ce que cette décision, quelle qu'elle soit, fasse disparaitre d’un seul coup tous les problémes des Franco-Manitobains et des autres minorités francophones hors Québec. La décision juridique claritiera sirement certains aspects touchant les droits des francophones, mais c'est dans un dialogue franc que se trouve la véritable solution. Je ne vous exhorterai pas a poursuivre votre lutte: votre existence méme témoigne de votre volonté de vivre votre langue et votre culture, et personne, je crois, n'a de legon a vous donner a cet égard. Vous avez choisi de vivre en frangais en __ Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Nouveau-Brunswick en Nouvelle-Ecosse, a I’ {le-du-Prince-Edouard ou a Terre-Neuve. Vous avez aussi choisi le Canada. Tous les Canadiens, qu’ils soient anglophones ou francophones, partagent cette méme vision. Dans un pays aussi vaste et diversifié que le Canada, les différends entré régions et groupes culturels ou linguistiques existeront toujours dans une certaine mesure; c’est la la réalité canadienne. En ne perdant pas de vue notre idéal commun, celui de vivre comme Canadiens, nous arriverons toujours, j’en suis convaincu, a relever ces défis qui peuvent, a certains moments, paraitre insurmontables. _ L’existence des collectivités francophones a I’extérieur du Québec et leur vitalité demeurent pour moi une preuve que ma foi dans le Canada est fondée. Le Canada est plus qu’une entité géographique; c’est un idéal qui mérite d’étre fété. Ottawa 1984 St ae, BA ain GR tte