NT 14 » Le Soleil de Colombie, vendredi 14 mai 1982 Petite histoire du Frere André Par Alden Hatch Alfred Bessette est né le fc vivait dans une cabane de bois d’une seule piéce. Dans|’espoir de trouver un meilleur gagne- ap pour sa nombreuse famil- , Isaac Bessette déménagea & Farnham alors que le gar- gonnet n’avait que 4 ans. Le village était plus grand et le pére Bessette eut plus d’occa- sions pour exercer son métier de menuisier auquel il ajouta celui de charron. Pour arrondir le budget familial, de temps en temps, il allait au chantier comme biicheron. C’est 1a qu'il fut tué accidentellement par la chute d’un arbre qu'il avait lui-méme abattu. Pour les quatre années sui-. vantes, bien que malade elle- méme, la de, avec l'aide d’amis et pa- rents, réussit 4 garder sa mai- sonnée sous le toit familial. Mais la tache était trop lourde. Elle confia ses enfants aux oncles et -tantes. Elle-méme s‘installa chez sa soeur a St- Césaire, la isse voisine, amenant avec elle son chétif petit n. Deux ans plus tard, la tuberculose l’emporta. - Alfred a douze ans, il est or- phelin, complétement illettré et en mauvaise santé. Son oncle tente de lui faire appren- dre le métier de cordonnier & l’échoppe du vi . Ce ne fut pas un succés; l’affection de sa mére lui manquait énormé- ment, il n’avait pas le coeur & Youvrage bien ae essaya courageusement. En plus, sa santé se détériora au point ou son estomac rejetait toute nourriture. Bientét Alfred trouva un emploi plus léger ala boulangerie. [1 aima beaucoup ce travail, c’était chaud et la bonne senteur des miches chaudes et des p&tisseries de toutes sortes sortant du large four le réjouissait. Cet heu- -reux temps ne dura qu'une ‘année. En 1860, l’oncle ins- _talla sa famille 4 Farnham et ; it pour la Californie, mor- u par la fiévre de l’or, comme ae de ses contempo- ‘rains. Plus que jamais, Alfred _ doit subvenir a ses besoins. Il ‘ devient garcon de ferme dans _les environs. Il semble cepen- ‘dant qu'il travaillait pour le ‘ gite et le couvert seulement. ‘Tout son temps libre, il le ‘consacrait a la priére et a la eméditation. Alfred n’était pas Ye type de l’austére puritain “qui marche dans la crainte de “Dieu. Tout au contraire, il se “remettait entre les mains du ‘bon Dieu avec amour et “tonfiance. Les longs moments -de priére étaient une joyeuse “eommunion avec son teur. © Lecuré de St-Césaire, l’abbé André Provengal fut un guide spirituel trés précieux pour le une Alfred. Cet homme dé- mnaire aimé de tous ses paroissiens fut un de ces a hommes qui servirent idélement le Seigneur dans leurs humbles vies quotidien- nes. Le curé Provengal était Article envoyé par Le Réveil de Kamloops eee Ee dévét a St- Joseph et il communiqua sa dévotion & son jeune émule. Aprés un séjour aux Etats- ‘Unis ov il alterna le travail dans les filatures avec le travail sur la ferme A cause de sa santé, il revint au Canada. C’est a ce moment, que le bon curé l'orienta vers la commu- nauté des Péres de Ste Croix. les uels dirigeaie nt le nouveau colloge issial de St Césai- re. eut _ plusieurs contacts avec eux. Le 27 décembre 1870, sa décision est prise; il veut servir dans la vie religieuse. Avec en main une lettre de son curé, il se pré- sente au monastére des Péres de Ste Croix 4 Montréal. Le prétre le recommande en ces termes: “Je vous envoie un saint pour votre communau- té”. A l'fge de 25 ans, bien _ qu’en mauvaise santé et illet- tré, il est accepté comme ulant puis novice dans ‘ordre religieux. Le jeune homme est assigné aux tra- vaux les _ humbles. II s’en acquitte de son mieux et plus que jamais, il consacre de longues heures a la priére devant le St Sacrement. De poet apprend a lire et écrire. ‘out au long de son noviciat, sa santé lui joue de vilains tours et son supérieur décide de retarder la prononciation de ses premiers voeux. Ce fut une dure épreuve pour lui, mais il se remit avec confiance entre les mains de Dieu. Finalement le 22 aofit 1872, Alfred Bessette est recu dans la communauté des Péres de Ste-Croix sous le nom de frére André, nom qu'il choisit en hoi son guide spirituel, le curé André Provengal. Le 21 février 1874, il prononce ses uels devant le aceag a tt péri L vre, son su eur provincial Aprés sa prononciation des voeux perpétuels, le frére malade”, répond le garcon. “Léve-toi”, répond le reli- re “Le docteur me l’inter- it”. “Tu n’es plus malade, va jouer dehors avec tes copains”, dit enfin le frére André. Le gen nese le fit pas dire deux ois. Quel remue-ménage cet événement créa. Le fedeen Charette accusa le frére André d'interférence dans les soins de la santé auxquels il ne connait rien et de trés grave imprudence dans le cas de cet enfant. Mais il n’est pas malade insista le frére, examinez-le. Le médecin devint furieux et appela l'enfant immédiate- ment pour prouver son point. Il examina son patient au moins trois fois durant cet aprés-midi et finalement trés perplexe, signa son congé, le gamin étant complétement re- mis. : Plus tard, une épidémie de petite vérole se déclara au collége St-Laurent. Plusieurs religieux et étudiants furent trés malades. Bientét, l’infir- merie fut remplie a pleine capacité et plusieurs mouru- rent. Le supérieur demanda _Yaide du personnel du collége ' Notre-Dame ur le soin des malades, car la situation était trés critique. En dépit de son état de santé, le frére André offrit ses services; ses supé- ‘rieurs acceptérent malgré leur crainte. Le petit frére partit joyeusement pour le collé -Laurent. La premiére tache qu'il accomplit fut une visite & la chapelle ov il pria St-Joseph d’enrayer la maladie. En fait, il n'y eut aucun autre décés et I'épidémie régressa_rapide- ment. Bientét tous furent a. leur tache de professeurs’ ou d’étudiants. Un autre jour, une femme ~ incapable de marcher & cause de rhumatismes fut amenée au bon frére alors qu'il était au travail, c’est-d-dire 4 genoux a laver les corridors. “Laissez-la ‘réunissent et use Clothil-— ‘André est assigné au collége ‘Notre-Dame du Sacré-Coeur & ‘Céte-des-Neiges, comme por- ‘tier. Il restera & ce e pour les quarante prochaines an- nées. Son travail, en plus d’ac- cueillir les visiteurs, consiste dans |’entretien de l'immense arloir et trois larges corri- lors. C'est lui aussi qui a 5 heures du matin arapre a chaque porte pour réveiller tout le monde. C’est encore lui _ qui fait les inévitables courses en ville et au bureau de poste. En plus de cela, il est le barbier attitré du collége. De son vivant, sans fla-fla, tout discrétement, le frére ‘André of culeuses qu'il attribue tou- jours a l'intervention de. St- oe Un de ses confréres souffrait beaucoup d'une plaie purulente a la jambe. Faisons une neuvaine & St-Joseph conseilla le petit frére. matin du 19 mars, féte de St-Joseph et dernier jour de la neuvaine, le religieux est com- aig guéri. Une autre ois, un étudiant fut alité lusieurs poe avec une forte évre. A l'heure de la récréa- tion, le frére André visita le garcon a I'infirmerie. “Com- ment se fait-il que tu fais de la paresse au lit?”, “Je suis péra des cures mira- © marcher” dit-il sans quitter son travail. Quand ses visi- _teurs insistérent qu'il préte une pur grande attention, il dit “Vous n’étes plus malade, retournez a la maison”. Cette dame retourna chez-elle en parfaite santé. A I'été, alors u'il visitait sa famille & St- ésaire, un petit garcon se déplacant avec une béquille lui demanda candidement: “Frére André pouvez-vous me gué- rir”. Malicieusement, le reli- ae dit: “Tl faut aller lemander la permission a ta maman”. Oubliant sa béquille, Yenfant courut a la maison pour obtenir la permission de sa mére. Le nombre de visi- teurs pour le frére André grandit au point ot cela déran- gea l’ordre au collége. Les parents craignaient la conta- gion pour leurs enfants. Les autorités craignaient que son action n’attire le discrédit sur le collége, les médecins par- lent de charlatanisme. D’au- tres sont de son cété et disent qu’iln’y aaucun mal a ce que le religieux encourage les mala- des et étende la dévotion a St-Joseph. Il vaut mieux atten- dre encore avant de faire des interdictions. Imperturbable, le bon frére continue ce qu'il croit 6tre de son devoir. Rien n’altére sa sérénité. Il croit que ces guérisons miraculeuses viennent de Dieu par l'inter- cession de St-Joseph. Il de- vient trés furieux si on essaie de les lui attribuer. Dans sa dévotion, il réve de bftir une immense basilique dédiée a St-Joseph sur le pro- montoire du Mont-Royal. En 1896, la communauté acquiert 25 acres du fermier Guérin. En 1904, la ee chapelle 16X12 fut bftie par le frére Abundius dans ses temps libres. “La construction prit8a § 9 pars de mon temps libre”, déclare-t-il, et jiétais déja convaincu qu’ faudrait l'agrandir”. La chapelle était si tite que seul le célébrant personnes, la crypte servira d'église jusqu’en fo20, année ov l'on commence la construc- tion de la basilique elle-méme. Le 31 aofit 1924, 300iéme anniversaire ot St-Joseph fut nommé patron du Canada; 25,000 pélerins accourent sur la montagne pour une grandio- se célébration: la pose de la pierre angulaire par le délé- gué apostolique en personne. En 1930, les travaux furent ralentis puis arrétés quelaue temps a cause de la dépres- sion. Le frére André reste opti- miste: St-Joseph aura son t a fintérieur. A l'arriére deux larges portes de bois s’ouvraient a pleine grandeur et les fidéles assemblés sui- vaient l’office divin de l’exté- . rieur. Le 19 octobre, la petite chapelle est dédiée officiel- lement a St-Joseph. réve est réalisée, St-Joseph a sa chapelle sur la montagne ou chacun peut venir l’honorer. La statue du grand Saint est transportée triomphalement au petit monastére. Plusieurs pélerinages s'organisent sur la montagne, mais les facilités ne sont pas adéquates. En 1907, - un groupe de commergants se commencent spontanément l’oeuvre de loratoire. L’Archevéque de Montréal accepte les projets d’agrandissement a& condition que les fonds nécessaires soient recueillis en premier. En 1908, on bftit une sorte de canapé au toit a l’'arriére de la chapelle et durant I’été des murs de bois seront érigés et recouverts de papier. . Avec l’automne, on installe un poéle a charbon et voila, le sanctuaire est ouvert aux péle- rins en permanence. La nou- velle addition est bénie le 22 mai 1908. Le projet du petit frére prend forme, mais il est encore loin le jour de l'immen- se oratoire surmonté d'un déme majestueux comme celui de St-Pierre de Rome. _. Entre-temps, le frére André vaquait humblement a ses tra- vaux, recevait les malades dans ses moments de repos, et le soir conduit par un ami, il visitait les hépitaux et récon- fortait les malades. Au milieu de 1909, il fut nommé gardien de l’Oratoire et aprés plus de trente ans, il quitta la petite cellule de portier et emmé- nagea dans le petit kiosque adjacent au sanctuaire. Sa démarche suivante sera d’ob- tenir un prétre pour célébrer la messe quotidienne & l’oratoi- e. ; Levant les bras au ciel son supérieur lui dit: “Je n’ai personne de disponible, tous es prétres sont surchargés de travail, vous le savez bien”. “Que pensez-vous du Pére Clé- ment?” riposte l’opiniatre petit frére”. “Il est aveugle, 1 ne peut lire nila messe, ni son bré- viaire, vous le savez cela aussi”. “Envoyez-le quand mé- me”. Le jour. suivant le Pére avenge est conduit au kiosque du frére André qui lui dit: “Ce soir vous lirez votre bré- viaire et demain vous célé- brerez la messe”. En fait, le Pére Clément recouvra la vue et n’eut besoin de lunettes que la derniére année de sa longue vie. Il mourut a1’Age de 92 ans. Les pélerins. accourent de toutes parts et de plus en plus nombreux. Beaucoup de mala- des repartent guéris et lais- sent leurs prothéses en té- aogier e a l’oratoire. ai 1915, c’est la guerre. - Alors que tout au long des 500 milles de tranchées de la Manche aux frontiéres de la . Suisse, les explosions déchi- rent le ciel, ici 4 Montréal, les booms dela dynamite secouent le Mont-Royal alors que de ave morceaux de roche. se étachent de la falaise. Durant pusieurs mois, on déblaie ébrilement, on prépare enfin les assises de l’Oratoire actuel. La construction proprement dite de la crypte commence en 1916. Pouvant accueillir 2,000 ~ Quel fier ues grand jour pour l’humble fré- re. La premiére étape de son § la chapelle en 1904 . grandiose sanctuaire sur la montagne; la troisiéme étape. est déja en bonne voie de réali-_ sation. L’humble religieux ne verra pas cependant le déme majestueux couronner la vaste cathédrale avant sa mort. — La veille de Noél 1936, le frére André fit sa ronde habi- tuelle dans les hépitaux de la ville. De retour 4 la commu- nauté, il assista 4 la messe de minuit avec ses confréres. Des priéres spéciales furent dites pour sa Sainteté Pie XI, gra- vement malade. Les dernieres nouvelles étaient que le pape était al’agonie. Au milieu de la troisiéme messe, le petit frére envahi par la fiévre, trés faible et tout étourdi, demanda l'aide d'un confrére pour regagner sa cellule. Aprés la messe, le Pére Clément alla le visiter et le malade déclara vivre son der- da guérison ‘repartirez réconforté spiri-- nier Nod! ici-bas, mais que par contre Pie XI recouvrerait la. santé bientét. Le docteur Lamy diagnostiqua une petite gripe; pourtant, l'état du malade s'aggrava au point qu'il fut hospitalisé a l’hépital de St-Laurent airige par les Soeurs de l'Espérance. Quand le frére André entra dans le coma, les visiteurs vinrent & son chevet. Un grand nombre d’entre eux voulurent le tou- cher, ou ses vétements ou oe objet lui appartenant. es milliers de visiteurs défilé- rent jour et nuit dans la chambre du malade. II s’étei- gnit un peu aprés minuit trente dans la nuit du 5 janvier 1937, entouré de ses confréres ee entamérent le chant du Te um aprés le De Profundis. Peu avant, durant la veillée de priére prés du malade, une grande sérénité emplit la chambre et le chant du Magni- ficat s’éleva vers le ciel. Ren- dons grace & Dieu pour nous avoir donné le frére André. Par respect pour le frére #4] André, son corps ne fut Hos : t embaumé, mais il ne se d riora pas et garda sa souplesse toute la semaine ot il fut <2 exposé, Le service funébre fut ar Mgr. Limoges, chanté Evéque de Mont Laurier. 4 la tombe fut scellée dans la erypte de l’Oratoire en présen- Bi ce des dignitaires et des confréres du défunt. La mort du frére André fut déplorée & foes publiérent des articles, reconnaissant — les andes vertus du Serviteur e Dieu, surtout sa grande charité envers les malheureux et les déshérités de toutes sortes. L’Oratoire du Mont-Royal est aujourd’hui un des grands sanctuaires religieux du mon- de. La croix au sommet du déme qui a 400 pieds de circon- férence, est & 361 pieds au- dessus du plancher de la basilique et a cause de la hauteur du Mont-Royal, elle est 500 pieds au-dessus du chemin de la Reine Marie. Ceci se conifers avec la Cathédrale St-Paul de Londres, 365 pieds d’élévation, mais seulement 830 pieds de circonférence. om la gaa du monde. Plus de a 37 ‘Encore aujourd'hui de pac pélerinages sont faits régulié- rement 5 LOratoire; le frére André & est toujours au travail. Si vous ne trouvez pas Ihysique, vous tuellement et at & accepter la volonté de Dieu. PEINDRE, c'est l'art de protéger des intempéries une surface plane, et de l’exposer ensuite aux critiques. durant... COMMISSION SCOLAIRE DE VANCOUVER | VENEZ VISITER! Nous sommes fiers de nos écoles de Vancouver et vous invitons a les visiter - LA SEMAINE L'EDUCATION. 17-21 MAI Les écoles de Vancouver seront ouvertes aux visiteurs toute la journée au cours des heures scolaires normales, du 17 au 21 mai, avec l'exception suivante. Les écoles secondaires ne seront pas ouvertes aux visiteurs le mercredi 19 mai, car c’est ce jour-la que se dérouleront au stade Swangard les Jeux des écoles secondaires. Pour obtenir des renseignements sur les écoles de votre quartier, appelez le 731-1181, local 246, ou consultez votre annuaire téléphonique a la page 1046.