2, Le Soleil de Colombie, Vendredi 8 Avril 1977 PUBLIE PAR Téléphone: 879-6924 LE SOREIL ve conomm LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Conseil d’administration A. Piolat J. Baillaut N. Therrien HE a a a a a DIRECTEUR: André Piolat ASS.-DIRECTEUR: Marc Béliveau REDACTEUR: Jean-Claude Arluison MISE EN PAGE: Danielle Leclaire LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213 rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe sous le numéro d’enregistrement 0046 LES HEBDOS a | DU CANADA La présence du francais: au Canada Voici un résumé des droits légaux accordés par les provin- ces 4 la langue francaise: Colombie Britannique — I! n’y a pas de réglements provincial concernant l’usage du frangais dans les départements gouver- nementaux ou dans |’entreprise privée. Les provinces atlantiques -T n’existe pas de législation a Terre-Neuve exigeant que le francais soit utilisé dans quelque but que ce soit. Le fran¢gis n'est pas une matiére obligatoire bien qu'il soit enseigné dans la plu- part des écoles. Dans I'fle du Prince Edouard, lenseignement de la langue est obligatoire dans les années 7, 8 et 9, toute autre régle étant laissée 4 la discrétion - des commissions scolaires loca- En Nouvelle-Ecosse, il n’exis- te pas de cours de frangais obligatoires dans les écoles pri- maires ou secondaires, bien que le ministre de l'éducation ait déclaré récemment qu'il aime- rait introduire le frangais si les fonds nécessaires étaient rendus disponibles. Il n’existe pas de lois en Nouvelle-Ecosse exigeant l’utili- sation du francais dans les services gouvernementaux ou dans le. monde des affaires. Les derniéres sections de ]’Ac- te sur les Lois Officielles du Nouveau-Brunswick, voté en 1968, entrera en vigueur le ler Juillet et exigera de tous les départements gouvernementaux qu ils fournissent des services au public dans les deux langues officielles. L’éducation dans la langue: maternelle d’un enfant est disponible pour tous et dans les cas ot il n’y a pas assez d’étudiants pour justifier une classe, les enfants sont conduits en autobus ou mis en pension, | aux frais du gouvernement, dans des régions ov des classes sont — disponibles. J] n’existe pas de lois gouvernant l’usage du fran- cais dans les entreprises privées. Ontario — Le gouvernement de l'Ontario a J'intention d’amé- liorer ses services aux franco- phones dans leur langue. Le francais n’est obligatoire dans aucune école anglophone, mais la province encourage les commis- sions scolaires a enseigner le francais grace a un systéme de subventions soutenu en partie par le gouvernement fédéral. La langue officielle dans le systéme judiciaire de l'Ontario est l'anglais bien que des démar- ches soient effectuées afin d’of- frir des services judiciaires en francais. Il n’existe pas de réglements dans la province qui.exigent des entreprises commerciales pri- vées d’offrir en francais quelque service que ce soit: Les Prairies —L’enseigne- ment de la langue francaise au Manitoba n’est obligatoire dans aucune année bien que certaines commissions scolaires offrent des cours de francais. Les procé- dures judiciaires, les documents légaux et les rapports d’affaires privés s’effectuent en anglais. Dans la Saskatchewan, une seconde langue est exigée dans les années 7, 8 et 9, mais il n’est pas obligatoire que ce soit le francais. Une fois de plus, il n’existe pas de réglements gou- vernant l’usage du francais dans _Jes services gouvernementaux ou dans les transactions d’affai- res privées. . En Alberta, Je francais n'est pas obligatoire dans les écoles et il n’existe pas de réglements rendant nécessaire l’usage du © francais dans les départements gouvernementaux ou dans le secteur privé. | Fédération des F ranco-Colombiens Soyez présents au Congrés annuel les 21-22-23 Mai 1977 a Photel Royal Towers. de New Westminster. Editorial Le francais au Québec La présentation du Livre Blanc sur la langue francaise au Québec constitue sirement l'un des premiers pas majeurs posés par le Parti Québecois depuis son élection du 15 Novembre dernier. Comme premiéres réactions, il semble que ce projet de loi contient des objectifs clairs,élaborés a la satisfaction de la majorité des groupes et organismes du Québec. En ce qui touche les résidents anglophones de la province de Québec, leurs droits ont été préservés en substance. Toutefois, la progression de l’envahissement de la langue anglaise au Québec a été contrecarée. Malgré les affirmations de certains anglophones étroits d’esprits qui disent que le bilinguisme a été chassé du Québec, on sait que depuis des années les politiques de — bilinguisme n’ont jamais pu pénétrer dans aucune autre province que de Québec. Par ailleurs, le bilinguisme au Canada continuera a se porter mieux au Québec que partout ailleurs au Canada. Aussi, aucune autre province canadienne n’a le droit d’interpréter le projet de loi québecois sur la langue francaise comme un dénigrement des droits (si peu nombreux) déja accordés A ses minorités francophones. Au contraire, les provinces anglophones du Canada doivent redoubler leurs efforts pour rattraper le temps perdu 4 s’identifier comme province unilingue, perdant du méme coup toute imagination pour définir ce qu’est un pays bilingue. Le taux d’ assirnilation des Anglophones du Québec est dérisoire comparativement au sort accordé aux minorités francophones des autres provinces. Désormais, les effectifs qui venaient 4 la rescousse de Ja minorité anglophone seront invitées a apprendre le frangais. Les immigrants seront les bienvenus au Québec, sachant que le frangais est la langue clairement définie par la _collectivité majoritaire de cette province. Le gouvernement fédéral devrait se réjouir de ce projet de loi car jamais le fait de parler les deux langues officielles du Canada n’aura pris une importance aussi réelle. Le Québec devient ~ donc le premier champ d’observation ot le bilinguisme sera rentable et considéré.comme un atout pour la personne maitrisant ces deux langues. Ainsi le Québec pourra servir d’exemple aux autres provinces, leur montrant comment il est possible d’avoir des écoles francaises et anglaises et de proniouvoir un programme généralisé d’enseignement d’une langue seconde dans toutes les écoles de cette province. Cet exemple a lui seul devrait faire rougir certaines provinces canadiennes qui considérent que leurs citoyens sont soit incapables ou trop paresseux pour apprendre une langue seconde. Un autre volet de ce projet de loi devrait éclairer Ja lanterne du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux: Outre l’aspect de la connaissance des deux langues Officielles du Canada, le Québec a pris les devants en voulant rafermir ses programmes d’enseignements du. francais. Ia qualité de la langue parlée et écrite constitue un aspect linguistique et culturel certain pour une collectivité. Conscient de la réalité qu’une langue peut se détériorer au contact d'une autre et s’amoindrir’si elle est laissée a elle-méme, le nouveau gouvernement du Québec _réactivera son Office de la langu® francaise et établira des directives sévéres dans les - programmes d’enseignement du frangais. Aucune province canadienne ne peut plus douter de la ~ maturité du Québec en matiére de langue. Si les provinces canadiennes ne portent pas leur attention sur ces initiatives québecoises, !’Anglophone canadien en sera-t-il encore soumis a mesurer la qualité de sa langue a celle que !’on parle aux Etats-Unis? Mare BELIVEAU @ @ ®@ Question d’éducation ? .. Parlons d’abord de ce mouvement de “retour a I’essentiel” qui s’amorce déja au moins en bas et en Colombie-Britannique et dont on semble pouvoir attendre, pour peu que l’opinion publique continue de faire pression en ce sens, l’'inclusion de l’enseignement obligatoire de la seconde langue officielle dans tous les curricula...” écrit M. Keith Spicer, Commissaire aux langues officielles. dans son sixiéme rapport annuel, 1976 [p. 22-23). Si l’enseignement du francais devient un beau jour obligatoire dans les écoles de la Colombie-Britannique, ce ne sera certainement pas grace a notre Ministre de I’Education,. l'Honorable Patrick McGeer, plus connu sous le surnom de “la Marie-Antoinette de la C.-B.” surnom gue lui avait valu sa déclaration célébre: “Si les automobilistes ne peuvent pas payer leur assurance, qu’ils vendent leurs voitures!”. Quelle... éducation! Qu’est-il permis d’espérer d’un tel ministre de I’éducation, qui estime que la langue francaise n'est pas parlée en Colombie-Britannique (ce qui se passe de commentaires) et qui déclare que ' Penseignement de la langue frangaise sera introduit dans le core curriculum yeeeaue la population en exprimera le désir? Voila une déclaration bien vague. D’une part, de quelle maniére la population devrait-elle exprimer ce désir: en écrivant au Ministére, ou aux commissions scolaires? Les francophones et les francophiles devront-ils lancer des pétitions? Ecrire des lettres aux rédacteurs des divers journaux? Organiser des marches? Brandir des pancartes? Crier des ee Be) coucher en travers de la porte du bureau du Ministre? Faire la gréve de la faim? ... © D’autre part. quel devrait étre (par rapport 4 la population setlaire) le pourcentage setitaal de demandes qui serait requis pour rendre obligatoire l’enseignement du francais? Qui établirait ce pourcentage?\Le Ministére, seul? Ou bien un sondage serait-il effectué a travers la _ province? Ou peut-étre des audiences publiques? Voila bien des points d’interrogation ‘En attendant. pourquoi ne pas rendre obligatoire un cours d'histoire du Canada, sérieux et objectif, qui accorderait aux crop Sue srancals la place qu’ils méritent. Qu’en pensez-vous, M. McGeer? : 4 Jean-Claude ARLUISON