12, Le Soleil de Colombie, 27 Aoadt 1976

Architecture

par Yannie France MENCIER

Le Corbusier a bien rai-
son de parler des ‘‘gratte-
ciel de Dieu’’. La verti-
calité est la dimension
fondamentale des cathé-
drales gothiques de la
France. L’éslise domine
ja cité comme le Christia-
nisme domine les esprits-
Nulle <rainte au Moyen-A-
ge de construire en hau~
teur ni de rompre I’har-
monie du paysage»
Quand ies architectes oat
implanté Notre-Dame, ils
ont bouché carrément «Is
vue des gens. Si une com-
mission des sites et 4°
Venviroanement avait
existé au X!IIé. Siécle, el-
le aurait refuséla Cathe-
draie d2 Reims. Avec
Cnartres, ils loattouché,
le paysaze! Seize mites a
la ronde, ga casse toutes
les lignes. Miis, juste-
ja meauté est dans
cette audace. Laverticali-
té gothique avait ui $27.
Elle portait bien image de
Dieu: les cloch2s ryh-
maieat ue existence quo-
tidienne baignée de reli-
giosité. Le contraste, le
signal, se justifiaient par
Vimmortance du spiriruel,
par la ; psy.chologie du
Moyen-Age.

Les cathédrales s’elé-
vent au XIlIé. et XIlleé.
Siécles, au terme dune
interminable récession, en
pieine renaissance éconn-
migue at démoasraphique,
dans l’élan op:imiste qui
succéde aux terreurs de - --
Yvan mille. L’ampleur des
nefs correspond au besoin
fonctionnel de l’église: le
role croissant de la prédi-
cation exige devastes es-
paces of se concentrent les
fidéles.

Sur le plan politique, le
style gothique correspond
4 la montée du nationalis-
me frangais. La cathédra-
le a unrdle idéologique-
Les. rois capétiens sont
couronnés A Reims, enter-
rés dans l’Abbatiale de St-
Denis. Ils se posent ainsi
en héritiers des rois de
l’Ancien Testament, pré-
décesseurs du Christ.

Telle est la toile de fond

VA.C.E.LLE.

m2it,

Gs- Bet 16 docteur
Bouton, en tant que vi-
ce-président de la Fé-

dération des Franco-Co-
lombiens, y donnait un
rapport sur la premiére
rencontre d’un représen-
tant de la FFC avec le
ministre de 1l’éducation du
nouveau régime Bennett.
La rencontre a été de-
mandée_ afin de sonder la
réaction du ministre, le
docteur Pat McGeer, 41’é-
tude préparée par M. Ro-
ger Rioux, du secrétariat
de VACELF, intitule ‘*Es-
qtisse J-an plan de  déve-
loppement de: l’éducation
francaise en Colombie -
Britannique’’. Cette étude,
qui a paru derniérement,
par tranches, dans  ‘‘Le
Soleil de Colombie’’, a é-
té livrée auparavant au

Se , "es

nn sst Suc.

LES GRATTE-CIEL DE DIEU

historique sur laquelle se
déploie ‘‘l’épopée des ca-
thédrales’’. Mais le gothi-
que est aussi une techni-
que, un style, une maniére
de batir dont la legonest
toujours vivante. Explorer
une cathédrale est fasci-
nant, c’est pour moi tou-
jours un véritable physi-
que.

La vofite gothique est le
méme type du probléme é-
légamment résolu par des

~ hommes quiallaient 4l’ex-

tréme pointe des possibili-
tés de leur époque. Inven-
teurs prodigieux, ils ne co-
piaient pas sur le passé. Au
lieu de reprendre les for-
mules statiques des Grecs

ce n’est jamais de la mé-
me fagon. Voyez Chartres,
Rouen, Reims, Strasbourg,
Paris: chaque cathédralea
son ambiance, sa beauté
propre.”

Nous qui disposons de la
technique de la machine
multipliatrice par défini-
tion, nous ne savons plus
créer aussi bien qu’eux.
Nous reproduisons partout
les mémes fastidieux mo-
déles, sans variété, sans
liberté, mous secrétons
Vennui des grands ensem-
bles et des banlieues.
“Les cathédrales 4 nous
ne sont pas encore dres-
sées’’, écrit Le Corbusier.
J’ai trés souvent pensé,

La ‘Croix Creuse” de Notre-dame-de-Paris

et des Romains, les Go-.

thiques congoivent une ar-
chitecture de lignes de
force, un systéme de
structures, qui rejoint les
solutions constructives les
plus élaborées de notre é-
poque. De méme qu’au-
jourd’hui l’ossature mé-
tallique, le squelette en
béton armé soutiennent le
poids de l’édifice etenlé-
vent aux murs toute fonc-
tion portante, deméme la

- croisée d’ogives’’ ré-

partit sur quelques points
déterminés la poussés de
la vofite et facilite la per-
cée d’immenses ouvertu-
res par ot s’engouffre la
lumiére.

Ces hommes ont unsysté-
me, ils l’appliquent, mais

Suite de la p.1

ministre.
Le docteur Bouton a dé-
crit le ministre etquel-

ques-uns. de ses fonction-
naires comme trés polis
et attentifs. Au lieu d’un
quart d’heure attendu pour
la rencontre, ils ont ac-

cordé une heure et demie.

Résultat concret. Le doc-
teur Bouton était optimis-
te, surtout parce que le
ministre a désigné son ad-
joint, le docteur Walter
Hardwick, comme interlo-
cuteur particulier . pour
les Franco-Colombiens.
Un rapport sur la méme
rencontre, décrit par M.
Roger Rioux comme plus
pessimiste que celui du
docteur Bouton, a été fait
ar M. Roger Blais, de
rval, Québec, et de 1’Of-
fice National du Film du

Live ne | ne feds AES AS ‘

linea

en visitant Notre-Dame-
de-Paris que, si ces ba-
tisseurs d’une hardiesse
incomparable, pouvaient
juger les oeuvres - que
nous. produisons aujourd’
hui, ils nous traiteraient
de petits enfants. Pour-
tant, la technique est 1a
pour nous aider aujourd’
hui. Si l’on voulait l’utili-
ser avec 1l’enthousiasme
des Gothiques, si l’on fai-
gait avec l’acier, le béton,
le verre, la préfabrication
industrielle, ce qu’ils ont
obtenu avec un matériau
aussi peu maniable que la
pierre, alors nous donne-
rions ~- aA notre Société
un visage encore plus beau

que celui qu’ont créé les
patisseurs du Moyen-A-
ge. -

rreteeeerreebssterretts
+ Le Coin du Traducteur 4

EEEEELELERELELELERETTES

SAUTER AUX CONCLUSIONS -

1 - Cette expression a été longtemps suspecte d’an-
glicisme . Toutefois, on a relevé un exemple de l’ex-
pression, avec un sens légérement différent, dans M.
Yourcenar:

‘¢Avant de mourir, il avait essayé d’enseigner son art.
Sans succés: ma‘curiosité actuelle sautait d’emblée aux
conclusions sans s’encombrer des détails compliqués,
et un peu répugnante de sa science’’.
Mémoires d’Hadrien, Paris, Plon, 1961, p.33 -

2 - L’expression retrouve ici un sens littéral, perdu
par l’expression anglaise (to jump to conclusions), qui .
signifie plutét ‘‘conclure 4 la légére’’ et est légérement
péjorative.

3 _ Dans Vétat.actuel de la langue, ilne semble pas
qu’on puisse dire ‘‘sauter aux conclusions’’ pour ‘*con-
clure 4 la légére’’.

(A DECONSEILLER) Sur la foi de ce témoignage,
sautez aux conclusions en disant que c’est un ©

vous
héros.

(MIEUX) Sur la foi de ce temoignage, vous CONCLUEZ A
LA LEGERE qu’il est un héros -

. CIRCULAR (publicité)

Définition: Feuille imprimée servant 4 faire la réclame
des grands magasins 41’occasiondes soldes ou de vente.
Traductions: CAHIER PUBLICITAIRE, CAHIER-RECLA-
ME, PROSPECTUS -

Observation: Le mot CAHIER sous-entend qu’ilya
plusieurs pages. Si la ‘‘circular’’ ne comprend qu’une
page, on peut dire prospectus OU feuille-reclame -

SMOG (météorologie) -

Définition; Mélange de fumée et de brouillard qui pol-
lue l’atmosphére des grandes villes.

Traduction: BRUME

FUMARD (proposé par M. Etiemble) --

COUNT-DOWN -

Définition: Décompte négatif qui précéde un signal de dé-
part.

Traduction: COMPTE A REBOURS s3See
Observation: Il ne faut. pas confondre compte 4 REBOURS
et CHRONOLOGIE. ‘*La chronologie comporte un dé-
compte négatif, aussi appelé ‘*compte A rebours’’, qui
précéde la mise 4 feu de la fusee et un décompte posi-
tif commencant 4 l’instant zéro de la mise a feu’’.
{Larousse encyclopédique) -

RATIONAISER (psychol.) -

1 - En psychologie, RATIONALISER, c’est ‘* justifier (une
conduite) par des motifs rationnels. - -alors qte son ori-
gine, sa motivation, relévent d’éléments non rationnels
(affectivité, instincts) et souvent inconscients’’. (Robert).
Exemple: Le renard de la fable, en affirmant que les
raisins sont trop verts, rationalise.

2 - Le sens technique, venudel’anglais, ne semble pas
indispensable dans la langue courante, ou il pourrait
suffire d’employer des expressiow comme SE DON-
NER BONNE CONSCIENCE, SE JUSTIFIER, etc. . -

Canada, n’a pas encore vu
le jour. Le conseil de la
FFC a_attendu les résul-
tats dela rencontre avec
le ministre, avant de for-
muler une nouvelle politi-
que d’éducation.

Quoi faire maintenant. Le
docteur Bouton préconise
des efforts pour convain-
cre les autorités que 1’é-
panouissement dufrangais
servirait l’intérét de tous,
anglophones aussi bien que
francophones,

M. Rioux, décu par l’absen-

ce du gouvernement co-

lombien 4 l’assemblée, a
suggéeré que lechemin qui
reste ouvert étaitlasensi-
bilisation des francopho-
nes de la C.-B. 4 leur si-
tuation. I] a aussi- men-
tionné lapossibilité deles
encourager 4 envoyer
leurs enfants aux écoles ot
léducation est donnée en

comme mettant en péril
les droits du Québec.
Voila comment la jalou-
sie du Québec pour son
role de gardien du _ fran-
gais au Canada pourrait
entraver l’épanouissement
de cette langue A travers
le pays. :
L’assemblée ‘a renvoyé
cette résolution 4 son con-
seil d’administration pour
une rédaction bien soigneu-
se. La francophonie cana-
_dienne vit une situation
précaire, comme l’a dit
M. Brosseau dans un au-
tions pour cette éducation, tre contexte, mais elle ma-
de fagon que cesfondssoi- _nifeste de la difficulté en
ent dépensés comme pré-_  posant la langue avecpré-
vu. cision . pour défendre sa
M. Brosseau, de Sher-  survivance.
brooke, a vigoureusement P.S. - Le bilandesrevenus
protesté contre une telle de l’ACELF pour 1975-76
possibilité d’ingérence du révéle des subventions de
gouvernement fédéraldans $110.853 du Québecet $980
une affaire des provinces, de la Colombie-Britanni-
Véducation. Il l’a vu que. -

francais.

C’était le président sor-
tant de ?ACELF quia fait
osciller le volet québécois
du’ probléme _ canadien.
Discutée vivement, une
résolution présentée 4 la
derniére session pléniére
de VACELF, aurait de-
mandé aux provinces de
bien consacret et de bien
-contrdéler les fonds pour
l’éducation en langue of-
ficielle minoritaire et, en
méme temps, de deman-
der au secrétariat d’état
de maintenir ses subven-