critique d'art, en musique et en littérature (7). Et, il cite en fin les pa- roles d'un maitre: « Le peintre voit... ce que tout autre sent seule- ment ou entrevoit, mais ne voit pas » (37). Dans un chapitre intitulé Le beau et le laid, l'auteur cite d'amblée Kant « la beauté, en art, n'est pas une chose belle, mais la belle re- présentation d'une chose »(132). Il affirme avec force et conviction que « la beauté naturelle est un fait physique » et peut différer de « la beauté de l'art qui est un fait de l'esprit » (132). Il explique que la beauté physique généralement admise répond a des criteres com- muns de régulation comme étant des conditions de beauté, tandis que dans art, il en est tout autrement. Chez l'artiste intervient la no- tion d'harmonie, d'expressivité indépendante des critéres reconnus dans la vie courante. II cite comme exemple, avec photos a l'appui, Le boeuf a |'étal de Rembrandt (Paris, Louvre), Le capitaine Alessan- dro Del Borro de Velasquez (Berlin, Pinacothéque) et l’ceuvre plus recente, la Vénus de Manet appelée Olympia (Paris, Louvre) qui sur- passe, pense-t-il, toutes les vénus de l'histoire de l'art, comme celles de Titien (Florence, Offices), de Giorgione (Galerie de Dresde), de Cranach (Rome, Villa Borghése), de Lorenzo Di Credi (Florence, Of- fices). Attire davantage par la forme plastique, l'auteur passe rapidement sur ce quill appelle « l'effet coloristique de lumiére et d'ombre » (228). Il considére Gauguin « un grand coloriste moderne » en lui fai- sant dire que « la couleur étant énigmatique dans les sensations qu'elle nous donne, on ne peut logiquement l'employer qu'énigmati- quement » (227). Sans trop de conviction, il citera aussi Delacroix « Donne moi de la boue et j'en ferai la plus belle chair de femme ». II ne voit dans la couleur qu'évolution ou révolution conforme a la défi- nition donnée par le poéte Gabriel d"Annunzio « la couleur est l'effort de la matiére pour devenir lumiére » (227). Matteo Marangoni est un critique d'art italien du milieu du XX° siécle. Son livre Saper vedere publié chez Garganti a Milan a été reédite une dizaine de fois en italien. La traduction frangaise de Denise Lom- bard date de 1947. Simon Henchiri Matteo Marangoni, Apprendre a voir, Neuchatel, Editions du Griffon, 1947, 288 pages. 23