de jeu: information précise - bon contenu - ne pgs erain- dre de dénoncer dés injus- tices évidentes - l’intégrité de notre message - de la suite dans nos idées - éviter les distorsions des faits et de la réalité - ne pas penser qu'ils doivent faire de la propagande pour nous. En- fin, dans la mesure od nous pouvons “mobiliser” les mé- dia, nous utilisons un des outils politiques les plus puissants a notre disposi- tion. z 10. Liidéologie politique: le simple fait d'invoquer conti- nuellement notre statut de peuple fondateur et de batir notre propre vision du pays sert de point de repére a Lous ceux qui cherchent a nous situer dans un débat qui est passablement ambi- gu, 11. Politique active: nous ne faisons que débuter a faire Vexpérience d'outils _ pure- ment politiques. Nous de- vons accélérer le mouve- ment en ce sens. II faut a mon avis, intervenir énergi- _ quement dans les débats qui ‘nous sont offerts. Par exem- ple, nous savons trés bien quil est difficile d'influencer le vote général dans une cir- conscription donnée. Par ail- leurs, il y a les organisa- ‘tions de comté, de divers partis, des assemblées de ~ nomination, etc. Travail déli- ~ cat, bien sir, mais nous ne Serons pris au sérieux que lorsque nous “causerons des remous” a des endroits poli- tiquement sensibles pour les représentants élus. ‘12. La preuve de la repré- sentativité: élément non- négligeable, car nous devons continuellement démontrer notreee représentativité. Il v va de notre erédibilité. Nos associations doivent €étre ca- ractérisées par d’importants contingents de membres of- _ticiels, par des regroupe- ments de population, assem- blées annuelles, colloques, démonstrations, ete. LE JEU POLITIQUE J’ai fait 1l’énumération - d'un certain nombre de mo- yens qui sont a notre dis- position. Méme si nous . connaissons tous ces mo- _ yens, tout réside dans l’uti- lisation que l’on doit en faire. Je tiens donc a vous pré- senter les principes fonda- mentaux qui sous-entendent Vutilisation des moyens pré- cités. 1. La politique n’est qu’un rapport de force: sans vou- loir trop simplifier le débat, nous devons réaliser (l’ex- _ périence de nos revendica- tions depuis 7-8 ans nous le démontre) que les proble- mes de nos communautés ne seront pas réglés grace 4 la simple bonne volonté, ou par conviction de la part des politiciens. Nous avons une force poli- tique a exploiter a plusieurs niveaux. Nous venons tout : “Ny a évidemment des régles juste de commencer a Yuti- liser. Il s'agit d’exercer no- tre mince pouvoir plutét que de recourir aux bonnes vieil- les tactiques basées sur le “bon ententisme”. : 2. Le mythe de la bonne entente et de la négocia- ‘tion: la politique étant ce qu'elle est, il faut faire le poids, jouer du coude pour que l’autre camp bouge. Les résultats ne sont jamais atteints en fonction de la bonne entente, mais a la suite de pressions énergi- ques appuyées par tout no- tre arsenal politique. I] faut réaliser que nos intéréts coincident rarement avec ceux de nos représentants élus. Il s’agit done de moti- ver les politiciens a tenir compte de nos besoins. Pour se faire, nous serons tou- jours obligés d’exercer des pressions au niveau électo- ral, ou au niveau de I’opi- nion publique. Nous avons plusieurs exemples qui dé- montrent les résultats des deux approches. a) Sur le plan national, tant que nous n’avions pas dé- noncé les erreurs adminis- tratives et la mauvaise -vo- lonté du Secrétariat d’Etat, nous n’avons rien obtenu. b) Dans le domaine de 1I’édu- cation, tant que nous ne sommes pas intervenus, le C.M.E.C. disait ce qu'il vou- lait bien. c) A la Société Saint Tho- mas d’Aquin, si le président n’avait pas critiqué ouver- tement l'attitude du gouver- nement, suite a leur premié- re rencontre, elle n’aurait jamais obtenu le comité aca- dien au sein du gouverne- ment de l’Ile - du - Prince - Edouard. d) Enfin, tant que nous sommes plus préoccupés par la bonne entente que par les résultats, nous serons tou- jours relégués aux oubliet- tes. Le résultat final est la perte de notre force de frappe et de notre crédibi- lité. 3. L’offensive plutét que la défensive: c’est 4 nous de mener le bal, de définir les enjeux, d’obliger les autres a discuter de nos problémes plutdt que de se laisser em- barquer dans les rengaines des gouvernements. Il faut qu’ils répondent a . nos questions, il faut qu’ils justifient leur position, H faut qu'ils agissent. Pour nous, il est impératif de ne pas tomber dans le panneau de la “réaction”. C'est d’ailleurs pourquoi la F.F.H.Q. doit toujours évi- ter des réactions trop rapi- des sur les propositions des autres. I] faut plutot ra- mener la discussion autour de nos propositions. 4. Une stratégie: tous nos interlocuteurs doivent com- prendre que la stratégie offi- cielle est belle et bien la vraie. Trop souvent, certai- nes associations tombent dans le piége de la double approche stratégique. D'une part, elles véhicu- lent le message officiel, mais d’autre part, elles utilisent V'approche officieuse, soit celle du jeu de coulisses ot la véritable portée de l’objec- tif officiel est atténuée. Cet- te derniére approche doit étre bannie de notre livre de recettes stratégiques, car elle mine notre crédibilité et le respect que l’on peut commander. 5. Les compromis: ils nous font perdre des guerres avant méme de nous étre engagés dans la bataille. Depuis des décennies, nos solutions ont toujours été ju- gées trop exigeantes, puis- que les gouvernements n'ont pas la volonté d’agir. Le jeu des gouvernements consiste a nous faire recu- ler avant méme qu’ils aient pris connaissance de nos besoins. Or, pluté6t que de démon- trer la “normalité” de nos besoins, nous avons tendan- ce a reculer, changer les demandes, changer les mots, bref, tomber dans leur jeu plutét que de les obliger a venir sur notre terrain. S'il doit y avoir “compro- mis”, ce doit étre du cdté des gouvernements. Pour nous, un compromis est synonyme d'assimilation. 6. Notre assimilation psycho- logique: plusieurs fois, j'ai parlé de l’assimilation psy- chologique. Je crois profon- dément qu’a différents de- grés, nous en sommes tous victimes. Ce phénomeéne qui nous fait penser, agir comme des “Anglais”, sert toujours mal notre cause car il nous oblige a renier plusieurs de nos réalités. . Plutét que d’accepter de se mettre dans la peau d’un majoritaire anglophone, il faut exiger que ce dernier ouvre son esprit et surtout son coeur et tente de se mettre a notre place pour un peu de temps. Accepter de s'intégrer a leur facon de voir les choses, est aussi synonyme d'assi- milation. : 7. En politique, il y a des alliés et des adversaires: Trop souvent, on se ferme les yeux sur cette réalité en imaginant des montagnes de bonne volonté. En termes de moyens, il faut qu'une Fédé- ration telle que la nétre réussisse a garder ses dis- tances et ne pas tomber dans les panneaux faciles de nos adversaires en les mépre- nant pour des alliés. Par exemple, les administra- teurs publics ont d’autres intéréts personnels, profes- sionnels (promotion, batir un empire, etc.) Des politiciens servent toujours leurs inté- réts électoraux. Les anglo- phones majoritaires com- prennent difficilement les francophones minoritaires. 8. Le virage a “droite”: au: pays actuellement, on res- sent un léger virage vers le statu quo. Cet état de choses Rapport final d’Hubert Gauthier risque de ralentir notre mar- che a moins que nous en soyions bien conscients. Cha- que geste, chaque parole, chaque démarche entrepris pour nos communautés, si- gnifie qu'il faudra changer des choses - ce qui signifie aussi qu'il faut, encore une fois, agir contre le courant. 9. Diviser pour mieux ré- gner: cette approche sera toujours la plus souvent utilisée pour tenter de briser notre solidarité. Il est impor- tant de reconnaitre ce jeu pour pouvoir y pallier. Des exemples: a) Les fonctionnaires, sup- posément amis, qui suggé- rent des stratégies de divi- sion-au Secrétariat d’Etat. b) Des députés qui véri- fient des projets et jouent sur. des ambiguités. c) Des campagnes de salis- sage. d) Des députés qui con- naissent toujours des com- mettants qui ne pensent pas comme nous. e) Le pays est tellement vaste et les régions telle- ment différentes, qu'il n’est pas possible d’établir des objectifs nationaux. f) La F.F.H.Q., ce n'est qu'une poignée d'individus. Afin de maintenir notre unité, il faut répondre effi- cacement et sans hésitation ices rengaines. I] ne faut absolument pas laisser pla- ner de doute concernant nos positions, nos projets, nos collégues, car ils seront tou- jours interprétés négative- ment. Si nous avons des problémes internes a régler, régions les a l'intérieur; nous avons des mécanismes efficaces pour le faire.. Trop souvent, j'ai vu des cas “d'infidélité” par rapport a nos associations et nos chefs. 10. On est redevable a notre population: i] est bien évi- dent que notre crédibilité doit étre batie sur une action énergique menée pour notre population. Cette population veut une action bien articu- \ée et trés cohérente. Cette population est parfois trés assimilée psychologique- ment et ne comprend pas toujours ce qui lui est arrivé et ce qu'elle subit toujours. C'est notre réle de lui expli- quer et de lui démontrer les voies a emprunter. Enfin notre population s’attend toujours de nous voir aller au fond des choses plutdét que de planer au-dessus des problemes. 11. Des députés qui ne nous représentent pas: a plu- sieurs reprises, il est devenu évident que notre type d’ac- tion ne plaisait pas a nos représentants politiques parce que tres souvent leur role de représentant était remis en question. Il est important de ¢comprendre que leurs intéréts - sont souvent trés différents des nétres. (e.g. allégeance “au parti - aux autres députés - leur réélection - leur presti- ge et leur pouvoir aupreés de la majorité, etc.) Tant que nous n’aurons pas de change- Le Soleil de Colombie, Vendredi 25 aoat 1978 11 ments fondamentaux a ce niveau, i] faudra donc ris- quer de s’en faire des adver- saires et dans certains cas, des ennemis temporaires, ear nos allégeances doivent toujours @tre du cdté de notre population. W. Des rengaines devenues machiavéliques: le cété hu- moristique des rengaines qui nous ont été servies depuis quelques années, nous font souvent oublier le caractére fondamentalement _incons- cient et-ou malhonnéte d'une argumentation fondée sur le dos de l’'assimilation psycho- logique de nos communau- tés. Plutét que de compren- dre le dommage causé par des décennies d’inégalité, on préfére dévier le probléme et dire que les gens sont bien comme ¢a ou encore qu’ils ne veulent pas de certains ser- vices, ete. 13. La poudre aux yeux: ici, je veux simplement rappeler certaines techniques qui ont été souvent utilisées pour tenter de nous ramollir. I faut bien les reconnaitre et étre conscient de leur utilisa- tion: la flatterie, la familiari- té, l’aura de prestige, les cocktails, les gros diners, le lobbying traditionnel, les ap- proches de relations publi- ques, la camaraderie, le fré- lage du pouvoir sont tous les moyens que nous avons vus depuis deux ans.Ces moyens se situent au niveau de la forme. Par ailleurs, on re- trouve le méme probléme au niveau du contenu. C'est plus subtil, car il s’agit de langage, de connaissance du contenu et de la présenta- tion générale. Voici quelques exemples: - Les amendements consti- tutionnels de Pierre Elliott Trudeau... - Le “choix national”... - Les “mesures” annon- cées par le Secrétaire d’E- tat, John Roberts. - Les discours de Pierre Juneau. - Les deux derniers dis- cours du Tréne. - Les grandes promesses: elettre du 31 mars 1976 (H. Faulkner) ©1972, la décen- tralisation du Secrétariat d’Etat ©1976, la restructura- tion du Secrétariat d’Etat ele plan quinquennal. C’est l’'assimilation, notre probléme! 14. La continuité: notre argumentation a beaucoup plus de force lorsqu’elle est appuyée par les faits passés (positifs ou négatifs). Il ne faut pas oublier que les jeux de l’éternel recommence- ment entravent sérieuse- ment notre momentum. Le coup de la brouette a Win- nipeg est probablement ce qu'il y a de plus symboli- que pour bien illustrer ce point. 15. Nous n’avons que 100% d’énergie: i] faut étre aux aguets de tout mouvement qui sape cette énergie pré- cieuse qui doit étre utilisée pour atteindre nos objectifs fondamentaux. Depuis quel- (suite) ques temps, nous sommes appelés a participer aux mouvements des autres (e.i. mouvements d’unité natio- nale - multiculturalisme - anglophones au Québec, etc.). Il est temps d’obliger toutes ces “troupes” de ve- nir voir ce qui se passe chez- nous afin qu’ils comprennent nos besoins et cessent de nous utiliser gratuitement a leurs fins. J'ai tenté dans cette sec- tion d'illustrer les principes fondamentaux qui ont guidé nos stratégies et qui, 4 mon avis, doivent étre mainte- nus. La situation est trés claire et j'y crois toujours! Il est indispensable que la F.F.H.Q. maintienne un sty- le d’action qui repose sur des principes de fermeté, d’arti- culation professionnelle de nos messages, et du respect qu'on nous doit. Cette action doit nous mener a des résul- tats concrets par rapport a nos objectifs fondamentaux qui ne doivent étre sacrifiés 4 aucun prix. Notre énergie, notre intégrité et notre luci- dité doivent devenir nos marques de commerce. LA F.F.H.Q. ET DEMAIN Je tiens a vous faire connaitre certains aspects que j'ai considéré impor- tants dans le développement de notre Fédération et qui_, méritent d’étre soulignés. 1, L’information: i] est impé- ratif de roder nos mécanis- mes d'information. interne. Les directeurs généraux ont une responsabilité primor- diale dans ce domaine. L’in- formation étant sans doute une de nos plus grandes bases de pouvoir, il est indis- pensable de transmettre le plus grand nombre de ren- seignements a nos bureaux de direction, 4 nos conseils d’administration et a cer- tains de nos membres les plus intéressés. Le blocage d'information (conscient ou inconscient) devient inévita- blement une source de con- flits. C’est aussi une respon- sabilité qui va dans les deux sens. 2. Des alliés a garder: nous ‘avons des alliés naturels; il faut s’en servir. I] s’agit de notre population, des média et des Québécois (y inclus le gouvernement). I] faut a tout prix batir des liens solides entre nous, franco- phones hors Québec, et cela, a tous les niveaux - il faut continuer notre travail avec les média, voire méme les utiliser comme baréme ou ~ comme critique constructi- ve. Il faut aussi repousser Vidéologie d’un grand nom- bre de Canadiens qui veu- lent que les Québécois soient les ennemis de nous tous. Rappelons-nous simplement que ce ne sont pas les Québécois qui nous assimi- lent. Pour ce qui est du gouvernement du Québec, il faut agir avec la méme précaution qu’avec tous les autres gouvernements. [suite page 12]