par Keith SPICER Courtoisie du Vancouver Sun VANCOUVER. Le maréchal Sir Douglas Haig, comman- dant supréme des forces britanniques durant la Pre- miére guerre mondiale, est passé dans l’histoire pour avoir sacrifié inutilement le sang d'un million de soldats dans les tranchées de Pas- schendaele. Ces temps-ci, les responsables des syndicats de fonctionnaires jouent les picadors sur le dos du gou- vernement et l’on se deman- de s’ils ne sont pas eux aussi sur le point d’envoyer leurs 250,000 poilus au massacre. Pourquoi? Le terrain et les combattants. Le terrain? Glissant com- me chaque fois que l’on évoque le fonctionnariat, ses salaires et ses priviléges. Il faut étre atteint de folie suicidaire pour foncer téte la premiére sur des contribua- bles outragés par les larges- ses du gouvernement, et cela au moment ot les re- tranchements du style Pro- position 13 sont a l’ordre du jour. Les combattants appar- tiennent aux trois. grands partis politiques. Les néo- démocrates d’Ed Broadbent sont des idéalistes réalistes. Ces jours-ci, ils entonnent tout bas leurs chants de solidarité avec les travail: leurs de l’Etat, ce qui en tactique militaire pourrait s’appeler éviter les balles sans éviter trop visiblement le combat. : Les libéraux et les con- servateurs? Des rivaux en- RaADIO- DE “CANAD 4 Le Soleil de Colombie, Vendredi 22 septembre 1978 génocide bureaucratique. Chaque jour que Dieu fait, leurs porte-parole nous pro- mettent des hécatombes de gratte-papier aux mains cris- pées sur leur tampon de caoutchouc. Les libéraux ju- rent de trucider 5,000 em- ployés et les tories, plus royalistes que le roi (Hérode enloccurence) veulent en liquider 60,000 sur trois ans. Lair est donc a la bouche- rie: le NPD (allié des syn- dicats) est discret (mais pas ’ dingue), les partis qui ne pensent qu’a “ca” (le pou- voir) réclament la curée. Pensez-vous qu’avec tout ¢a les chefs syndicaux vont se faire tout petits? Vous n'y étes pas. Ils menacent de battre le gou- vernement lors des élections du printemps prochain. IIs menacent - sans rire - de proclamer la gréve générale. Il n’y a au Canada que huit siéges susceptibles d’étre influencés par le vote en bloc des employés fédéraux, et ils sont tous 4 Ottawa ou a Hull. Les dirigeants syndicaux ont donc autant de chances de terrasser le gouvernement que Pierre Trudeau ou Joe Clark l'inflation. Une gréve générale? La plupart des citoyens a l’extérieur du gouvernement demande- raient seulement que, quel- ques services essentiels mis a part, la gréve dure trés longtemps, ce qui ferait des Tout ceci est fort triste, pour plusieurs raisons. Tout d’abord l'administra- tion fédérale est, toutes pauses-café bien considé- rées, relativement bonne. Aux niveaux intermédiai- re et supérieur, ses em- ployés sont peut-étre les mieux payés du monde. Mais si l'on compare avec, disons ‘les bureaucrates européens, notre rond-de-cuir moyen donne un assez bon rende- ment, que ce soit par l'effi- cacité, le dévouement, ou la courtoisie. Tl est également affligeant d’assister a 1’effondrement d’une décennie de progrés Oh, que la guerre est jolie! dans les rapports entre gou- vernement et employés a Ottawa. Depuis 1967, le gouverne- ment et les syndicats a- vaient mis au point un systéme de consultations et de négociations collectives d'une remarquable souples- se, reposant sur deux piliers législatifs érigés la méme année: la Loi sur l’emploi dans la fonction publique (pour la question du “méri- te”) et la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique (pour les conditions de travail, les procédures de négociations et de doléan- ces). C'est le style conciliateur du premier ministre Lester Pearson qui langa le systé- me; il se développa grace a la sagesse et a l’habileté de quelques hommes clé, no- tamment Jacob Finkelman, président de la Commission des relations de travail dans la fonction publique, John Carson, président de la Com- mission de la foncti on publi- que, Al Johnson, secrétaire du Conseil du trésor et Claude Edwards, président de |’Alliance de la fonction publique du Canada. Lorsqu’a l’été 1976 Finkel- man, Carson et Edwards prirent leur retraite 4 quel- ques jours d’intervalle, la tfche de révision des textes législatifs était déja bien avancée: on codifiait et on mettait a jour les dix années de progres. Ces derniers mois les pourparlers au jour le jour syndicats-gouvernement ex- pédient les affaires couran- tes. Mais:sur quelques ques- tions vitales (négociations salariales, exclusion syndica- le des cadres supérieurs, prime au bilinguisme), la vieille confiance des deux partenaires s'est graduelle- ment dégradée en chatouil- leuse confrontation. Selon les syndicats, la confiance s'est dissipée pré- cisément lorsque le prési- dent du Conseil du trésor Robert Andras a déposé la Loi C-28 (sur les salaires et les négociations) sans, di- sent-ils, “un atome de négo- ciations”. Ce que le gouvernement nie avec véhémence. II accu- se les syndicats d’avoir a plusieurs reprises refusé de négocier, une premiére fois par une lettre officielle en mai 1977 et 4 nouveau il n’y a pas plus d’un mois. Un membre du gouvernement admet que, pour économiser $35 millions, Ottawa a agi unilatéralement en aofit en abjurant la prime au bilin- guisme promise un an plus tot. Mais il ajoute: “Le gouvernement a donné aux syndicats des tas d’occasions. et de préavis sur la compa- rabilité totale des récompen- ses de travail”. Ce jargon signifie en clair que le gouvernement garan- tit de payer des salaires de méme niveau que ceux du secteur privé. Ottawa sou- tient aujourd’hui qu’en plus des salaires les comparai- sons avec le secteur privé devraient inclure les petites douceurs dont les employés du secteur privé ne jouissent généralement pas: sécurité de l'emploi -(a toutes fins utiles, il faut un baton de dynamite pour réussir a _déloger un fonctionnaire ti- tulaire 4 vie), congés co- pieux, et de douillettes pen- sions indexées. Avec la levée des contré- les anti-inflationnistes, le gouvernement dit qu'il doit mettre en pratique la pro-- messe faite aux provinces par le premier ministre et ne pas laisser les salaires et les priviléges du secteur public devancer le secteur privé et donc attiser inflation. Les syndicats rétorquent qu'ils n'ont pas peur de la “comparabilité totale des ré- compenses de travail”. Ils veulent simplement que le gouvernement continue, comme il le fait actuelle- ment,-a se baser sur les “bons employeurs” du sec- teur privé (c’est-a-dire les employeurs généreux) au lieu de faire la moyenne des “bons” et des “mauvais”. En ce qui concerne les “exclusions de cadres” (pas de droits syndicaux pour les salariés gagnant plus de $33,500), les syndicats affir- ment que de nombreux em- ployés ne faisant pas partie des cadres sont ainsi privés de leurs droits normaux aux négociations collectives et (sous-entendu) que l’initiati- ve affaiblit la position des syndicats dans les négocia- tions. La direction réplique que les ‘salaires des trés hauts fonctionnaires font dé- ja hurler le public, et qu'elle ne va pas permettre a des jeunes cadres syndiqués d’é- tre mieux payés que leurs supérieurs. Allez done savoir qui a raison dans ces fascinantes questions... Toujours est-il que le vieil esprit de réforme concertée semble bel et bien K.0. Un sympatisant bien in- formé du gouvernement qualifie la Loi C-28 de “pro- vocation sournoise”. Selon lui, “le gouvernement pense pouvoir gagner 4 bon comp- te quelques siéges sur le dos de l’'administration”. ; Sile gouvernement a en effet installé le piége, les syndicats semblent briler d’y sauter a pieds joints. “Je suis bien certain que nous n’avons aucune chance de gagner” admet Bill Doherty, premier vice-président de l’Alliance de la fonction pu- blique du Canada, forte de 180,000 membres, ‘mais nous agissons tout a fait comme une bande typique de syndicalistes aux réflexes pavloviens”. Le syndicat des fonction- naires se rapproche du mou- vement syndical global et Doherty - réputé “dur” dans le passé pourtant - craint qu’en conséquence les sala- -riés d’'Ottawa soient poussés a utiliser des méthodes radi- cales - comme une gréve générale, qu'il qualifie d’“‘im- prudente” - incompatibles avec la position vulnérable des syndicats gouvernemen- taux. : Le président Andy Ste- wart, patron de Doherty,. passe pour un modéré. Mais comme il doit lui-méme aller ala bagarre en juillet pro- chain pour sa réélection, on a l'impression qu’il se fait un devoir de soutenir la ligne dure des militants. Le résultat des hostilités gouvernement - syndicats? La fonction publique - ses salaires, ses pensions, ses vacances, ses droits - est en train de devenir une ques- tion électorale aussi enveni- mée que celle des dépenses gouvernementales. Libé- raux et conservateurs font déja de la surenchére pour nettoyer les écuries d’Au- gias. Mais ce qui ni bleus ni rouges ne semblent réaliser - la pensée n'a méme pas l'air de les tracasser - c’est que le pronostic de défaite annoncé par M. Doherty s’applique a eux aussi a la longue. Aujourd’hui, libéraux et conservateurs peuvent peut- étre intimider les syndicats en les utilisant comme boucs émissaires électoraux. Mais lorsque l'un des deux partis aura la victoire aux urnes, le nouveau gouvernement, fouet en main, devra affron- administration moro- ter une se, échaudée par la démago- gie et avide de sabotages en — bonne et due forme. Alors, peut-on éviter le pire? Seulement si quelques sentinelles, dans chaque camp, se mettent a voir plus loin que Passchendaele. Le coin du lecteur Cher M. Piolat, Je voudrais maintenant vous remercier de la géné- rosité que vous avez mon- trée en m’accordant le prix de francais du “Soleil de Colombie.” Je sais gré aussi a tous les membres du journal qui m’ont fait le bienvenu durant ma visite & votre bureau. Je serai tou- jours reconnaissant 4 vous tous, c’est un honneur que je n’oublierai jamais. Je compte utiliser le prix pour payer les frais d’ins- cription a l'Université de Colombie-Britannique du semestre prochain. Veuillez agréer mes sen- timents distingués et mes remerciements sincéres. Je souhaite aussi une continua- tion prospére au “Soleil de Colombie.” Glenn SAMPSON Vancouver Bravo pour tous vos édito- riaux que je lis toujours avec beaucoup d'intérét. Le der- nier surtout m’a fait faire un petit examen de conscience et j'ai regardé la date prés de mon nom et j’y ai lu juillet 78; cela voulait donc dire que moi aussi je recevais mon journal gratuitement!!! Je m’empresse de corriger le tout et de vous dire que je. Boston Bar, C.-B. toe — lis votre journal et que plusieurs articles m’intéres- sent beaucoup, surtout ceux sur la francophonie en Co- lombie. Bonne chance dans votre travail. Je vous bénis. André Mercure 0.M.1. Cochin, Saskatchewan. ~ Tly a trois ans, j'ai lu dans le journal comment M. Di- caire était arrivé 4 Mail- lardville avec le cureé... Ceci m'avait intéressé et j'avais gardé la page du journal, avec l'idée de ren- dre visite un jour a cette bonne famille frangaise. Car je suis frangaise aussi; mais de St-Honoré prés de Riviére du Loup. J'ai quitté Québec il y a longtemps, mais je n’ai ja- mais oublié ma langue fran- ¢aise. Pour revenir 4 mon sujet, ce matin, en recevant mon journal, j'ai reconnu M. Di- caire avant méme de lire. J'ai été peiné d’apprendre son décés avant d’avoir pu faire sa connaissance. Puisqu’il en est ainsi, je viens offrir 4 la famille, par l’entremise du journal Le Soleil, mes sincéres condo- léances. Mme Roméo EMOND C446 we HH « se wees ves et che Ade de [Mouterde] Médisance —Les esprits médiocres condamnent d’ordinaire tout ce qui passe a leur portée. — {La Rochefoucauld] —«On dit» et «Peut-étre» sont les huissiers de la médi- sance. [H. de Balzac —On répéte les médisances . en citant leur auteur pour s’en donner le plaisir sans danger. [Mme de Puisieux] » —Quelque mal que le médi- sant puisse dire de toi, Dieu en sait bien plus sur ton compte. [Proverbe arabe} —La chose la plus difficile, e’est de nous connaitre nous- | mémes, et la plus facile, c’est de médire des autres. [Thales] —Quand tu es seul, songe a tes défauts; quand tu es en compagnie, oublie ceux des autres. [Maxime chinoise] ‘_Sil’on dit du mal de toi et qu'il soit véritable, corrige- toi; si ce sont des men- songes, ris-en. [Epictéte] —Le courant des fleuves est formé de gouttes d'eau; le courant de l’opinion est for- mé de coups de langue. irk ht oh ES - or