VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 29 juin 1990 - 17 Montpellier Train de nuit Paris-Toulouse (sud dela France), 16 novembre 1984. Réveil a l’aube, allongé sur une banquette de velours. Je suis étonné d’avoir si bien dor- mi, aussi bien, peut-étre , que dans une chambre d’hétel a 100$ la nuit. (Eurailpass de premiére classe: facon confor- table et bon marché de voyager qui me convient parfaitement.) Sur l'autre banquette, de nouveaux passagers. Echange de simples bonjours. Nous arrivons bient6t a Toulouse, ville riche en monuments d'art ou je n’ai passé que quelques heures en 1979. Le temps de descendre, de consigner mon sac a dos, de dévorer un sandwich, de monter dans le train pour Montpellier, et me voila reparti. Cette fois, je suis accompa- gnéd’unedame de 86 ans (on lui en donnerait a peine 70) et de son petit-fils, de Carcassonne, lacité forteresse. Nous causons familiérement. Je leur chante «De Strasbourg a Carcassonne, jour et nuit les heures sonnent, ding, dang, dong...», vieille chanson apprise au collége. Ils ne la connaissent pas! J’en- chaine avec ce petit souvenir de leur ville, visitée il y a cing ans: en prenant une photo a la dérobée d’une grand-mére, de sa fille et sa _ petite-ille déambulant le long d'un vieux monument de pierre, j’entendis lajeuneméres’écrier: «Mais il a pristamémeé! Le mec, il apris la mémeé!» C’est-curieux comme je me rappelle souvent de petits détails alors que j‘oublie parfois des faits d’une certaine impor- tance. Parvenus a destination, la «mémé» et son petit-fils se disent enchantés d’avoir ren- contré un «Canadien globe-trot- ter. Plus tard, dans la gare de Montpellier, je téléphone a Mile Nadia Bousquet, quej’ai promis de saluer pour une amie de Vancouver. On m’apprend que «Mme Ginestet» est en congé de maternité a Bordeaux. Je vais ensuite m/’installer dans un restaurant «Quick» pour em- baller en cing petits colis (frais postaux moins élevés) films et nombreuses cartes postales -, souvenirs accumulées au cours des derniéres semaines. A la table voisine, jeune homme au visage disgracieux, défait, ténébreux. Je jette sur lui des coups dioeil discrets. Nos regards se croisent. Je l’invite a causer. Il éclate en sanglots. Confidences pathétiques: an- goisse, solitude, culpabilité, pensées suicidaires. Je le- comprend sdrement beaucoup plus qu'il nele croit. N’avoir que legodt demourira18ans. Quoi dire? Mieux vaut se taire et écouter. En le quittant, je lui fais promettre de prendre rendez-vous dés cet apres-midi. avec un psychologue; je n’ose dire psychiatre. A lextérieur. du «Quick», J'apergois un gros Pére Noél accompagné d'un photographe, la boucle dorée de sa large ceinture brillant au _ soleil. (Mais oU sont les enfants?) J’y pense, le 25 décembre je serai a, Bethléem. Expédition des petits colis. Il est grand temps de partir €& la découverte de Montpellier, la capitale du Languedoc méditerranéen. (Ce passage de mon journal, griffonné dans un désordre inhabituel, je le retracerai briévement sans me préoccuper des séquences, pour employer un terme de cinéma, telles que je les ai vécues.) D’abord, un peu d'histoire. Il y a plus de mille ans, des importateurs d’épices se fixérent prés de la céte, sur une colline qui prit le nom de «Monspistillarius» ou montagne des épiciers; c’est l’amorce de la ville actuelle. Montpellier est un petit port actif en relation avec |’Orient. Ses marchands d’épices con- naissent les vertus thérapeuti- ques des produits quis vendent et certains, plus curieux et pius instruits, lisent des traductions d’Hippocrate et initient a la science médicale des éléves attirés par leur savoir. Ainsi se créent, a Montpellier, les premiéres «écoles» de médecine auxquelles viendront s’ajouter une école de droit et une €cole des arts. L’Université de Montpellier est fondée (1289). Sa faculté de médecine, ou Rabelais obtient son doctorat (XVle s.), est la premiére d’Europe. Mentionnons ici un fait peu banal - j’en suis friand - relaté dans le guide Michelin: éprouvée par plusieurs calami- tés (fin du XIVe s.) que priéres, processions et méme auto-fla- gellations publiques ne parvien- nent pas a écarter, la ville finit par allumer un cierge monstre de la longueur de son enceinte fortifiée: 3,888m! (Digne du LIVRE DES RECORDS GUIN— NESS.) La mauvaise passe prend fin, le commerce rede- vient florissant. Voila un dernier recours pourle moins bizarroide Située sur l’ancienne voie romaine allant di'ltalie en Espagne, et reliée a la mer, Montpellier joue, au Moyen Age, un réle de premier plan dans le commerce méditerra- néen, devenant méme la rivale de Marseille. Aux XVIle et XVIII siécles, grace a sa position au coeur d’une région d’industrie drapiére dont elle ordonne les activités, lavilles’enrichit et fait éclater ses murailles; le probleme de |’alimentation en eau est résolu par la construc- tion del’aqueduc Saint-Clément aboutissant au chateau d’eau installé dans le parc du Peyrou. Jemerends ace parc d’un bon pas, sous un ciel d’une extraordinaire pureté. Fort impressionnant, cet aqueduc de 880m de long et de 22m de haut avec ses deux étages d'arcades. Escaliers monumentaux. Ma- jestueuse promenade a deux étages de terrasses. Délicieux chateau d’eau, de forme hexagonale. Statue équestre de Louis XIV. Arc de Triomphe, en l’honneur du grand monarque. Je prolonge un regard circulai- re. Mon ami Brian, de Vancouver, a dd venir ici souvent lorsqu’il étudiait le francais. a l'Université. Trés belle vue qui ne ressemble en rien aux villes canadiennes. Promenade, ensuite, le long de |’aqueduc rehaussé d’arbres en abondance. Des myriades de fleurs me sourient au passage. Un marché aux puces bat son plein. Quel bric-a-brac! Lampes démodées, statues, dame-jean- ne enveloppée d’osier au milieu de cruches et de cruchons, poule couveuse en porcelaine, anciens fauteuils fleuris, colley assis en platre, crédence a décaper, prie-dieu... Paradis des amateurs de vieilleries disparates! Je me perds maintenant dans le vieux noyau urbain ow sont groupés les prestigieux hétels édifiés aux XVile et XVille siécles. Un nouveau centre administratif a permis, dit-on, de rendre a la ville historique (entre la place de la Comédie et la promenade du Peyrou), en partie libérée de la circulation automobile, sa fonction de ville- musée. Ces ruelles pittores- ques semblent conserver intact le cadre de la vie médiévale. Néologisme sur la devanture d’une boutique: «La changerie: vétements féminins d’occa- sion». Magnifiques hétels parti- culiers, témoins du golt raffiné des architectes et fonctionnai- res royaux du grand siécle. Tiens, |’hétel Montcalm. Plaque commemorative: «C’est ici que partit le 6 février 1756 le marquis de Montcalm pour défendre avec gloire le Canada et trouver une mort héroique sous les murs de Québec le 14 septembre 1759.» J’observe cent détails: cour dorée de palmiers, gracieuses fontaines, tétes de taureau sculptées, jolies enseignes en fer forgé, mosaique, linteau porté par des colonnes, statue «nichée»... Noms de rue plaisants: de |’Argenterie, des Trésoriers-de-France, de la Loge, Embouque-d’Or, de |’Ai- guillerie, Carbonnerie, du Can- nau.. Tourdu Xllesiécle dite «de la Babote». En voila une autre, | la Tour des Pins qui. faisait partie de l’enceinte médiévale de la ville. Dans la rue piétonne Jean- Moulin, je léve les yeux sur une forét de plantes vertes dans des paniers suspendus. Et je me retrouve sur la grande place de la Comédie, aussi appelée l'Oeuf (terre-plein de forme ovale), Montpellier. Ravissante fontai- ne des Trois-Graces. Passants et gens attablés aux terrasses des cafés font bonne figure. C'est devant la Préfecture que je m’assois enfin pour mordre a belles dents dans une baguette, du fromage et une pomme, le tout simplement arrosé d’eau claire. Je scrute des yeux les sculptures entourant l’horloge du grand batiment public. Au-dessus de |’entrée principa- le, le tricolore presque immobi- le; de chaque cété, d’élégants — “palmiers, mes arbres favoris. Des jets d’eau, juste devant moi, ajoutent a ce décor paisible une touche de fraicheur le centre animé de - Puis, je me remets a marcher. Je marche, marche, marche. Au loin, des édifices modernes me rappellent I’Habitat 67 de l’Exposition universelle de Montréal. Des pigeons roucou- lent sur la téte et les ailes déployées d’un chérubin de pierre, perché a son tour sur un lion musclé; scéne étonnante de vie. Esplanade plantée de superbes platanes. La fatigue commence a me gagner. Tant pis. Rue de l’Université. Ancien Collége Royal de Chirurgie. A entrée de la _ faculté de médecine, deux personnages de bronze assis séculairement. La cathédrale Saint-Pierre, seule église de Montpellier qui n'ait pas été complétement détruite pendant les guerres de Religion. Porche formé de deux tourelles du XIVe siécle. La fatigue m’ordonne maintenant de retourner a la gare. Le soleil aussi tirera bient6t sa révéren- ce. Fort heureux néanmoins de ma visite. Montpellier: vieille ville al’aspect gai, accueillant et largement décoratif, combien plus attrayante, par exemple, que Le Havre. Terminons ce... reportage sur unenote «superla- tive»: Montpellier possédait, au cours des années 60, le taux de croissance de la population le plus élevé en France, expansion en partie liée a l’arrivée des rapatriés d’Algérie. Bien installé dans le train de Toulouse, vanné, je me laisse vite sombrer dans le sommeil. Réveil en sursaut. J’apergois Carcassonne la _ magnifique toute illuminée. Splendide! et jabandonne a nouveau ma «carcasse» aux bons soins de Morphée. Jean-Claude Boyer BRICOLEURS Matériaux pour jardins «Livraison gratuite» 10375, 133e Rue, Surrey, C.-B. 581-5457 GARY POCHA LANDSCAPING KARTAGE Sable et Gravier Terre végétale Paillis d’6corce POM tiotorcars Le seul représentant Peugeot a Vancouver VENTES, PIECES & SERVICE 8850 Osler, Vancouver, C.B. Canada V6P 4G2 Tél. (604) 266-6088 Fax (604) 266-6086 MARC'S AUTO REPAIR -Spécialiste en réparations de Citroén- | Peugeot - Renault ettoutes voitures importées Service autos complet Réglage électronique Freins - Soupapes Mécaniciens certifiés Prét de voitures 432-6636 5348 Rue Lane V5H 2H5