8 Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 Mars 1977 Mercredi 9 février. 10 heures du soir. Dans le studio du canal 10, sur la rue Cambie, il fait déja une chaleur étouffante. Sur le plateau, au lieu des 4 ou 5 personnes habituellement présentes, nous sommes une vingtaine: dix invités avec ’animatrice, trois enfants accompagnés de leur mére qui doivent monter sur lestrade vers la fin de I’émission, trois cameramen, un régisseur (ou plutét, pour l'occasion, “une régisseuse”) et deux ou trois autres techniciens qui s'affairent aux préparatifs de derniére minute pour le son. Son qui, malgré tout, créera des problémes durant toute la durée de l’émission. I] faut dire que le canal communautaire 10 n’est pas équipé pour ce genre d’émission a grand déploiement. Mais qui risque rien n’a rien, et, aprés tout, on verra bien! 10-9-8-7-6-5-4-3-2-1 Go! “Bonsoir, mesdames et messieurs. Nous vous en parlions depuis longtemps de cette table ronde sur l'éducation et bien 1a voici...” L’animatrice est. un peu nerveuse, en arriére d’elle les invités se regardent et n’osent plus respirer. C’est parti pour la prochaine heure. 10-9-8-7-6-5-4-3-2-1- Cue ... En ondes! C’est parti, pour le meilleur ou le pire! Le début de la discussion est plutét long et ardu. La question d’introduction est : ‘vaste: Quelle est votre position face a l'éducation en francais en Colombie-Britan- nique?” Théoriquement,-chacun des invités étant impliqué a un niveau différent de la question, on s’attendait 4 un étalage étendu de points de vues. Il y avait, en effet, sur l’estrade: Thérése Godall: coordonnatrice des programmes de frangais du district scolaire de Coquitlam; Jean Riou, directeur général de la FFC, Pierre-Louis Vaillancourt, responsable du comité d’éducation de la FFC, Cyrille Fournier, coordonnateur des programmes de frangais pour le ministére provincial de I’éducation. Hilaire Lemoine, agent au Secrétariat d’Etat chargé du programme aux groupes minoritaires de langues officielles, Jean-Claude Arluison, rédacteur au journal Le Soleil et ancien assistant auprés des professeurs de francais d’une école secondaire de Burnaby, Doug Cambridge, parent anglophone qui envoie ses trois enfants 4 l’école bilingue de Vancouver, John Condit, membre du comité d’éducation de la FFC et ancien journaliste au Sun, Bill Hay, directeur de I’école bilingue de VAncouver. 10.15 — Peut-@tre 4 cause de l’imprécision de la question, ou de son champ trop vaste, plus de dix minutes s’écoulent 4 répondre a cette question qui se voulait un démarrage a la discussion. Mais cette premiére prise de position des invités a mis immédiatement.]’un en face de l'autre Jean Riou et Cyrille Fournier qui expriment des opinions radicalement opposées sur le sujet. Affrontement qui ira grandissant Sie Les paroles du représentant du Secrétariat d’Etat, monsieur Hilaire Lemoine, sont trop importantes pour qu’on ne prenne pas toutes les précautions pour bien les entendre! 10 invités, trois enfants, trois cameramen et un régisseur dans un studio de 20 X 20. ca fait une foule! Moi, je vous le dis! Les écoles francaises en Colombie-Britannique, c'est pas pour demain! “La Francophonie Débat sur l’éducation La Francophonie ... and You au fur et A mesure de I’émission qui, A un certain moment, prend I’allure d’un duel entre les deux. Les autres invités ont peine 4 prendre la parole. L’animatrice essaie de couper Ja parole 4 monsieur Fournier mais il est trop occupé a réfuter les derniéres “inexactitudes” de Jean Riou. 10.45 — La discussion bat son plein. Les esprits sont échauffés. Tout le monde veut parler. Plus que quinze minutes avant la fin! Et tant de choses a dire encore. Le réalisateur et. l’animatrice avaient convenu de faire appel au public par le biais d'une ligne téléphonique ouverte dans le cas ov la discussion aurait faibli mais il est bien évident. qu’il vaut mieux laisser tomber l’idée. Les enfants de monsieur Cambridge ainsi que sa femme suivent les débats sagement prés des cameras. Les trois fillettes doivent se tenir prétes 4 monter sur l’estrade 4 tout moment afin de démontrer I’efficacité des classes d'immersion pour anglophones. Leur pére qui est un des invités a quelquefois l’air bien dépaysé au milieu de la discussion; il est évident qu'il en manque “des bouts”. 10.52 — Plus que 3 minutes avant la fin. Le signal est donné a l’animatrice qui doit maintenant mettre un frein aux réparties, inviter les fillettes 4 monter prés d’elle, leur faire dire quelques mots en francais avec l’aide de Thérése Godall, les remercier, remercier tout le monde, conclure la table ronde (table ronde qui a brillé par son absence, puisqu’on ne disposait finalement que de petites tables carrées), saluer les téléspectateurs, les remercier eux aussi, remercier les invités, etc., etc. 11.00 — Terminé. On se précipite hors du studio ot la chaleur est étouffante. On continue dans le petit salon attenant la discussion qu’on a commencé devant les cameras. Cette fois. on ne se mache plus les mots. Jean Riou et Cyrille Fournier s’expliquent une bonne fois pour toutes. Une heure aprés la fin de |’émission, ils sont toujours sur l’estrade, 4 discuter. En bons gentlemen, ils se serrent la main en se séparant, en sachant fort bien que tout sera 4 recommencer a leur prochaine rencontre. Ie restant des autres invités font mieux connaissance les uns avec les autres. On est. bien content de l’expérience, un peu frustré cependant de n’avoir pas eu le temps de dire tout ce qu’on voulait. Le réalisateur Jacques Demers essaie toujours avec les techniciens de voir ce qui n’a pas marché du cété des micros. I,’animatrice ramasse ses papiers, s'affale dans un divan, trop épuisée pour socialiser. En fin de compte. une émission comme les autres! Le journaliste John Condit (deuxiéme a droite) semblait, 4 certains moments, fasciné par ce qui se passait a I’étage inférieur! Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 Mars 1977 9 C’est pas une helle photo de famille ¢a? SA Je voudrais dire bonjour a mon papa, 4 ma maman, a mes fréres et soeurs et 4 tous mes amis qui m’écoutent!... Trois preuves vivantes que les classes d’immersion sont une alternative valable: les trois filles de m. Doug Cambridge, qui fréquentent I’école bbilingue de Vancouver, sont déja capables de _ s’exprimer aisément en francais. “La Francophonie and You” Les deux meilleurs amis du monde... quand il n’est pas question de l'éducation francaise en Colombie-Britannique: Jean Riou, directeur- général FFC, Cyrille Fournier, fesponsable des programmes francais du ministére provincial de l'éducation. and You” “La Francophonie ; and You” Le magazine S. : | : des Franco-Colombiens C’est bient6t a nous. maman? a 22h00 au canal 1 Oh mon Dieu! un autre micro qui vient de lacher!: Le seul représentant anglophone de la soirée, m. Doug Hay, avait quelquefois bien de la peine a comprendre ce qui se passait autour de lui. Mais gu’est-ce quils ont tous 4 discuter comme gar. Quoi? dire quoi A qui? Allo! Allo! ... ~cirt Qi Ss rote