— Trio de ch Ray Brown ancouver n’est pas, par tradition ou W0-C.a-t 12O-n: : considérée comme La Mecque des Amérique du Nord. A juste titre parfois, d’aucuns se plaignent spectacles dont la ville souffre, arts en du manque de du détournement culturel causé par Seattle, ot: beaucoup d’artistes vont se produire en dans laissant Vancouver Pombre. Toutefois, qui garde un pro- grammes de spectacles est oeil attentif sur les parfois le témoin de petits miracles : un artiste de renom est de passage 4 Vancouver a pas feutrés, se produit dans une salle aux dimensions réduites, et disparait. Pour beaucoup, il ne s’est rien passé, et la traversée du _ désert _\ culturel se poursuit. Pour “quelques autres, ce sont des occasions uniques d’approcher LES a 27e édition des Junos Awards aura été décisive pour les mélomanes de Van- couver. Comme il fallait s’y attendre, le sacre est revenu une fois de plus & la musique {éminine. C’est Sara McLachlan qui a raflé la palme d’honneur. L’événement a eu lieu le week- end dernier & la place General Motors de Vancouver. Avec son 4e album Surfacing, la fille terrible de Vancouver vient Wentrer dans la légende des Junos Awards en renvoyant au second plan ses rivales de taille, asavoir, Shania Twain, meilleu- re voix féminine pour Pannée 1997 et Our Lady Peace de Toronto. pour VPalbum de ip a année. Née a Ilalifax, Sara McLachlan a fait des études classiques de piano, de guitare. Au cours de sa formation, elle ma cessé d’apprendre com- ment améliorer sa voix. Elle des stars qui, ailleurs ou avec un peu de publicité, déclen- cheraient des émeutes. Les lundi et mardi 16 et 17 mars, Ray Brown jouait sur la petite scéne du restaurant Rossini’s a Kitsilino. Lors- qu’on sait que Brown est considéré comme le _ plus talentueux contrebassiste de jazz, et qu'il demeure le oc musicien le plus prolifique de la jeune histoire du jazz - il a participé a l’enregistrement de prés de 2 000 albums -, on peut s’interroger sur ce qui a bien pu Vattirer dans ce lieu qui aurait pu étre celui de ses débuts. « J’aime les petites salles autant que les grandes >», se confie celui qui épousera Ella Fitzgerald a la fin des années 40. « J’apprécie l’en- OS Sara McLachlan doit son succés en partie ad Pierre Marchand son colla- borateur qui, au cours de la méme soirée, devenait le meilleur producteur de l’an- née. S’adressant aux médias, Sara McLachlan a affirmé que cette consécration était le fruit de plusieurs années de travail. La tournée nord-américaine effectuée en été dernier avec Surfacing, lui a permis de réaliser plus de 5 millions de dollars pour la vente du seul album dont la popularité n’est plus a McLachlan vient d’enregistrer démontrer. Sara a son actif 4 Junos et pas les moindres : meilleure chan- teuse de l’année, meilleure star avec Building a Mystery, meilleur album de l’année, et enfin meilleure compositrice de l’année. Pour sa_ part, Shania Twain s’est contentée d’un seul Juno, la meilleure voix fémi- nine du pays en prenant le dessus sur une autre favorite, Terri Clark. Quant 4 Our Lady Peace, c’est le prix du meilleur groupe de l’année qui lui a été réservé. Dans la catégorie masculine, la palme_ est revenue au natif de Calgary, Paul Brandt. remporté les Junos du meilleur Ce dernier a chanteur de Vannée et du Canada. La chanson franco- phone n’a eu droit qu’é un seul Juno, celui du meilleur album Marie Michéle Desrosiers dans les classiques vendu avec Le vendredi 27 mars 1998 15 thousiasme d’un public res- treint, la proximité qu’offre le Rossini’s. » L’ancien bassiste d’Oscar Peterson - ou était-ce Peterson qui accompagnait Ray Brown au piano ? - a joué et enregistré avec la plupart des figures importantes du jazz. Ado- lescent, il fait ’expérience de jam sessions Dizzy Gillespie et Charles Parker. Son 20e naissance est marqué par un avec anniversaire de premier enregistrement & New York, début d’un longue carritére qui s’étend jusqu’a nos jours. A 72 ans, Brown a la jeu exceptionnel d’un musicien qui n’a jamais quitté le firmament. Celui que le guide Penguin du jazz cite 4 75 pages différentes - contre 20 pour Miles Davis - aura offert une prestation sans faute, exhal- tante et variée au public. de Noél. Pourtant, il y a beaucoup de talents au sein de la communauté francophone du Canada. Ce constat amer ne fait que relancer le débat sur la place de la chanson francophone dans ce genre de compétition. Par ailleurs, d’autres lau- réats se sont distingués dans les volets suivants meilleure danse enregistrée, Euphoria (Delerium), meilleur album pour la musique destinée aux enfants, Judy et David dans Livin in a Shoe, meilleure musique aborigéne du Canada avec Mishi Donovan dans The Spirit Within, meilleure composition classique avec Malcolm Forsyth, album de jazz contemporain meilleur avec Metalwood. Les Junos du meilleur rap de année et du meilleur reggae enregistré ont été attribués successivement A Rascalz avec la chanson Catch Crop et & Messenjah. Pincées, trappées, caressées par larchet, les cordes de la contrebasse donnaient un son rond, exact et puissant. Interrogé sur son instru- ment, Ray Brown s’excuse presque : basse de tournée. Ce n’est pas « C’est ma contre- le meilleur instrument dispo- nible ! De surcroit, elle a ses humeurs. Elle n’a pas les mémes sonorités d’un soir a Pautre. » Un clin d’oeil malice, et il ajoute : « En sorte, comme une femme! » Le regard vif et plein d’esprit, M. Fitzgerald fait partie de comme Stéphane Grappelli, ces musiciens, sur qui l’A4ge ne semble encore avoir aucune prise. La nouvelle génération n’a qu’& bien se tenir. BERTRAND PICHENE Le choix des gagnants s’opérait soit par le vote du public, soit par la vente de Yalbum, ou soit encore par le vote des membres de jury de Académie canadienne des arts et sciences. Parmi les candidats mal- heureux de cette édition, il y a notament, Diana Krall, Jann Arden et Amanda Marshall. Ces trois artistes n’ont pas cru & leur propre déconfiture. Pour une fois, les pronostics ont trompé. Mais, ces Junos ont connu aussi des absents. I] s’agit pour la plupart, des habitués de la compétition comme Céline Dion qui a réussi aussi & inscrire son nom dans les annales des Junos Awards l’année derniére. JEAN-PIERRE MULEBA