Arts et Spectacles Par Ladislas Kardos Gastown Tout Vancouver parle au- jourd’hui de Gastown et dé- couvre son pittoresque. Il y a deux ans seulement, trés peu de personnes portaient de l’intérét A ce témoignage d’un passé assez récent, mais hélas, le seul que pos- séde notre ville. Le site fut préservé grace & la ténacité opiniatre de quelques hommes d’affaires, tels que Hank Van der Horst, Kego et autres, qui s’ins- tallérent dans Gastown, et 4 l’intérét que le Commu- nity Arts Council porta A la sauvegarde de ce quar- tier. Ces hommes avaient besoin d’un certain courage pour braver l’indifférence quasi générale, celle du conseil minicipal inclue, ainsi que les moqueries des partisans de la destruction totale en faveur d’autoroutes et de modernisme 4 outrance. Il est faux de croire que la sauvegarde des témoigna-- ges du passé soit la préoccu- pation d’esprits sclérosés et ‘retardaires. J’estime, au _ | contraire, que c’est un acte de confiance dans l’avenir, car le passé influence, que nous ie voulions ou non, notre vie quotidienne. La ville dans laquelle nous vivons, les murs qui nous protégent, l’alignement de nos rues, la circulation et le bruit, influencent notre fagon de penser, notre fa- ¢on d’agir et notre habilité 4 vivre dans cette société complexe qui nous entoure. La beaute de Vancouver et sa poésie, telles que nous les ressentons, ne sont pas uniquement conditionnées par les montagnes qui nous entourent et les vagues qui se brisent sur nos plages. ' Nous devons notre ville, en grande partie, au courage de ceux qui sont venus, il y a cent-vingt ans, comme les trois Greenhorns ou comme Sewell Prescott qui cons- truisit la premiére scierie sur Burrard Inlet ou comme un Jack Deighton qu’on appe- lait Gassy Jack, parce que ses réveries sur l’avenir de la ville paraissaient ‘‘ga- zeuses’”?’ comme de lair chaud. Le souvenir de ces hommes est préservé dans le nom de quelques rues de Gastown, comme Abbott, qui fut le premier. surveillant géné- ral de la C.P.R. ou le capi- taine Daniel Pender qui, de 1863 A 1870, fit les rele- vés et surveilla les rives de la .Colombie-Britannique ou un brave bavarois, Oppen- heimer, qui n’a pas de rue 4 son nom, mais une statue a Stanley Park et qui fut le deuxiéme maire de Van- couver, et beaucoup d’autres hommes robustes, barbus et visionnaires. Bien sdr, ils ont commis des erreurs. Ils ne s’occu- paient pas de beauté et leurs constructions n’étaient pas’ inspirées par des considé- rations esthétiques. Mais n’est-il pas raisonna- ble de ressentir A leur égard une certaine fierté et, par conséquent de faire uneffort pour la transmettre A ceux qui nous suivront Gastown est justement un’ témoignage particuliére- ment intéressant du Vancou- ver d’autrefois, tel que les pionniers l’ont concu, a une €poque fort attachante parce qu’elle est si proche de nous et que c’est une des rares valeurs historiques et tra- ditionnelles que nous possé- dions, afin de créer cette unité indispensable pour faire d’un groupe d’immi- grants une nation. Aujourd’hui, Gastown est encore un mélange amusant et pittoresque d’hommes d’affaires sérieux, de spécu- lateurs, de jeunes A cheveux courts et 4 cheveux longs, de clochards, d’ivrognes et de curieux. Le tout est sanc- tionné par le gros capital, qui construit le projet 200. Cela représente donc un mélange fort intéressant, mais qui ne durera pas trés longtemps. Il est A prévoir que dans un avenir assez proche, les valeurs immo- biliéres monteront A: un tel point que les hdtels borgnes et habitations A trés bon marché od logent aujourd’hui les clochards, disparaftront et seront remplacés par des appartements et des studios pour artistes arrivés, pour vrais intellectuels ou ceux qui voudront le paraftre et les snobs de tendances libé- rales. Le phénoméne de la réha- bilitation de vieux quartiers n’est pas unique 4 Gastown. Un peu partout dans le monde, on peut observer qu’ avec l’avance technologique vers un avenir inconnu, 1’ homme a.l’air de vouloir s’ancrer dans le passé. Afin de réussir 4 progres- ser dans l’univers et dé- barquer sur la lune, notre subconscient cherche un point stable de départ. Est- ce-qu’on ne dit pas : Donne- moi un point fixe et je sou- léverai le monde > L’intérét que notre société porte aux choses du passé se manifeste par 1’impor- tance de l’archéologie, la collection d’objets anciens, le développement de 1’an- thropologie et la préserva- tion des vieilles pierres. On le met en pratique un peu partout, comme 4 Paris, dans le Marais, of tout un quartier du dix-septi¢éme siécle est en train de renaf- tre, 4 Williamsbourg aux -moitié du vieux Paris. © : Etats-Unis, dans certains quartiers de San Francisco et dans Bastionsquare 4 Vic- toria. Ceci prouve que le modernisme exagéré de cer- tains artistes, écrivains et philosophes provoque ce re- tour sur des valeurs du passé. Ge phénoméne est trés inté- ressant, car il représente un certain réveil, une prise de conscience, aprés l’effer- vescence de la fantaisie et les é€volutions qu’on cro- yait réalisables 4 la fin du dix-neuviéme siécle, aprés la révolution industriel- le.. L’homme pensait que, parce qu’il avait inventé la vapeur et l’électricité, tout lui serait possible. On n’avait plus besoin de Dieu. L’homme se croyait maftre de la nature et maf- tre de son destin. On n’avait plus besoin des valeurs tra- ditionnelles, ni des ~ vieux murs, qui, pendant des sié- cles nous avaient protégés. C’est alors qu’un Hauss- mann, préfet de Paris sous Napoléon III, détruisit 1 Pourtant, il paraft que plus nous apprenons, moins nous savons, plus nous avancons dans l’univers, plus les étoi- les s’éloignent. Au fond, qu’. est-ce que cela nous rap- porte de découvrir une nou- velle planéte, si nous som- mes incapables de nous dé- couvrir nous-mémes‘Et quel est l’avantage de faire fonc- tionner et penser comme un ordinateur, si nous sommes incapables de penser nous- mémes et ge faire penser nos enfants $ Je suis peut-étre un peu présomptueux de comparer les valeurs qui se manifes- tent dans la réhabilitation du Marais et de Gastown, avec les résultats obtenus Isabelle Par Jacques Baillaut Si le matin est clair et le ciel tout bleu, Isabelie ‘est ravie, quand elle ouvre les yeux, de découvrir, au saut du lit sa mére, laterre, flottant dans un azur si pur qu’elle apergoit tout 1a-bas, de l%autre cdté de l'eau, les maisons de Nanaimo qui, de leurs carreaux, font de | l’oeil au soleil. Clapoti-clapota, bleu et blanc sur 1’océan, untraver- sier s’en va, sans se pres- ser, vers Victoria, suivi de mouettes blanches qui, dans l’écume, péchent leur petit dé jeuner. Une bande de moineaux pressés traverse le ciel 4 tire d’aile, 4 la recherche d’un coin tranquille od se poser. ey . La terre a des crocus et des tulipes 4 fleur de peau. L’hirondelle prépare ses ba- gages, bient6t elle rentrera de ses quartiers d’hiver, pour venir en chantant faire le ménage du nid accroché sous le toit d’Isabelle. _ L’ours, dans sa caverne, s’impatiente etlabiche s’ap- | préte 4 remonter les pentes dés l’arrivée du premier bourgeon. Le printemps n’est pas loin. par l’avance de notre civi- lisation technologique, mais je voudrais que vous y pen- siez. La vérité n’existe pas, mais il y a des grains de vérité et c’est avec beaucoup de ces grains que 1’on peut | obtenir un quelque chose, qui, s’il n’est pas la vérité, peut, du moins, en avoir le goat. : ISABELLE peut-@tre entendue a. 1émission “*Du vent dans les Voiles™® présentée par Serge Ar- senault du lundi au vendredi a) th. sur les ondes de CBUF FM 97.7 Vancouver. ISABE LLE c%est pour vous, (Tous droits de reproduction et d*’adaptation réservés). La Caisse Populaire de Maillardville Tél. 526 - 3774 Epargnes et préts assurés. Patronisez vos institutions. Pour un meilleur service. y | y | | ( 1013 Brunette Cog. | | | | Faites-nous confiance. ie y J | | ' y J | ' \ J y | J y b 26 FEVRIER 1971, IX.