“10 Le Soleil de Colombie, Vendredi 24 Février 1978 Promouvoir la culture francophone Le Centre Culturel Colom- bien de Vancouver a pris depuis deux ans un essor appréciable. Il rayonne a présent sur toute la Colom- bie-Britannique et méme au- dela, puisque récemment des demandes lui sont parve- nues du Yukon-et des Ter- ritoires du Nord-Ouest. Il s’adresse 4 la fois aux francophones et aux anglo- phones et le soutien de ces ‘derniers est loin d’étre négli- geable. A Vancouver, le Centre a mis sur pied un programme de cours dans les écoles. Cinq animateurs sont chargés d’assurer son application et de répondre a des demandes de plus en plus nombreuses. En offrant ce programme, le Centre Culturel oeuvre efficacement pour |’Unité Canadienne en permettant aux éléves des niveaux pri- maire et secondaire de mieux connaitre divers as- pects du Canada francais, par exemple, pour ne citer que quelques titres de cours offerts cette année: “Légen- des, coutumes, traditions canadiennes-francaises; lan- gage de chez nous”. D’autre part, le Centre Culturel Colombien se char- programme de cours. Le Centre posséde une impor- tante collection de diaposi- tives qui sont reproduites et expédiées aux intéressés. - Il organise des ateliers, des fins de semaine arti- sanales, des cours de fran- cais, des expositions, certai- nes itinérantes, des confé- rences. L’année derniére, le Cen- tre a organisé au théatre Métro de Vancouver divers spectacles — films pour en- fants, pour adultes, concerts — contribuant ainsi 4 faire de cette salle un atout de plus pour le biculturalisme dans notre province. On estime que plus de 11,000 éleves bénéficieront des cours durant l’année scolaire 1977-78, et cela avec des moyens financiers trés limités. En effet, ce pro-- gramme dans les écoles doit s’auto-financer, car aucune subvention n’existe actuelle- ment pour cela. Il est bien évident qu'une augmentation substantielle de la subvention accordée au Centre par le Secrétariat d’Etat permettrait l’exten- sion de ses diverses activi- tés. “aide financiére plus impor- tante non seulement au Cen- tre Culturel Colombien, mais également aux autres cen- tres culturels et clubs fran- cophones de Victoria, Nana- imo, Port Alberni, Kelowna, Vernon, Terrace, Prince George, Dawson Creek, Po- well River... Les préjugés anti-Cana- diens-francais ont bien sou- vent pour origine l’ignorance beaucoup plus qu’une aver- sion innée. Pour détruire ces préjugés, il est indispensa- ble d’encourager les deux communautés linguistiques 4 mieux se connaitre et a se respecter. Dans ce but, des mesures d’urgence s’impo- sent. Le gouvernement fédéral devrait tenter, une fois de plus, de faire comprendre aux Canadiens anglophones que sa politique du bilinguis- me et du biculturalisme n’a jamais eu pour objectif de “nousser le francais dans leur gorge”. Le gouvernement fédéral devrait tracer une frontiére plus nette entre ses politi- ques de biculturalisme et de multiculturalisme. Une confusion est née dans les. esprits et le résultat est que Les media, la presse écrite aussi bien que la presse siectronique, devraient faire mieux connaitre la culture des minorités francophones et ne=pas “mettre —en manchette tout ce qui est défavorable. Bien que |’éducation releé- ve de la responsabilité des gouvernements provinciaux et non pas de celle d’Ottawa, le gouvernement fédéral pourrait et devrait s’efforcer de convaincre les gouverne- ments provinciaux de déve- lopper l’enseignement en francais et d’améliorer celui du frangais comme langue seconde. Les livres de textes de francais devraient avoir un - sntenu, sinon totalement : aadien, du moins dans une gcaportion raisonnable. Mentionnons un cas extré- ‘me: “Parler et lire” tel est le titre d’un livre encore uti- lisé en 1liéme et 12iéme an- nées et qui traite exclusi- vement de la France, et ce dés la couverture ou flotte le drapeau tricolore. Et le comble, c’est que cet ouvra- ge avait été publié 4 To- ronto. Plus généralement, il est Bien des préjugés décou- lent d’une mauvaise connais- sance de l’histoire canadien- ne, et surtout du role joué par les Canadiens-frangais. Ona pu lire dans un quoti- dien de Colombie-Britanni- que que |’explorateur Mac- Kenzie avait été le premier homme blanc a s’aventurer dans notre province; or, il était accompagné de six Canadiens-frangais, Pour- quoi les avoir ainsi ignorés? L’enseignement de l’his- toire canadienne est sans doute trés insuffisant et le gouvernement fédéral doit tenter de convaincre les ministres provinciaux de l'éducation qu’ils feraient bien d’agir sans plus tarder. Les échanges de profes- seurs et d’étudiants entre provinces devraient étre en- couragés, et la formation des professeurs de francais de- vrait étre améliorée. Ottawa devrait encoura- ger financiérement la créa- tion ou le développement des festivals, expositions iti- nérantes et autres manifes- tations culturelles. L’enseignement de la se- conde langue officielle ne tains Canadiens, ce serait une odieuse atteinte a la liberté individuelle. _Dans bien des pays uni- lingues, l’enseignement d’une ou deux langues étrar.- géres est obligatoire et l’on estime qu’a notre époque de rapports internationaux sans cesse accrus, il est non seulement souhaitable mais indispensable de connaitre plusieurs langues. Cet ensei- gnement fait partie des ma- tiéres de base. Le drame est qu’au Canada dit anglais, le fran- gais est trop souvent consi- déré comme une matiére Jimportance secondaire, une option au méme rang que la poterie, ie dessin et 12 dactylograpme. le francais, je le parle .par ge de former 4a travers la province des animateurs qui 4 leur tour présentent ce Recommandation: il est souhaitable que le gouverne- ment fédéral accorde une souvent mis au rang des urgent d’augmenter le contenu canadien des ouvra- ges scolaires. les francophones sont trop groupes ethniques. devrait-il pas étre obligatoi- re a travers toute la sco- larité? Non, s’écrient cer- 30 P’TITES MINUTES ... SUITE DE LA PAGE 8 Pour essayer d’éliminer la discrimination? C’est ca. Lorsqu’un concours était ouvert et que l’Ordre savait que tel ou tel francophone avait de fortes chances d’obtenir le poste, on faisait front commun derriére cette personne. Ce genre d’action était menée chaque fois que nos membres en place dans la fonction publique nous indi- quaient que les qualifications et les affiliations politiques ainsi que les amis d’un candidat constituaient deja des facteurs de succés. L’Ordre ne favorisait pas les individus; il voulait que la minorité francophone en arrive a quelque chose. Dans la pratique, il fallait agir de cette fagon. L’Ordre était-il différent de la franc-maconnerie a ce point de vue-la? Non. Quand la franc-maconnerie trouvait qu’un homme avait une certaine valeur, elle favorisait elle aussi sa can- didature. Méme si on voulait que les francophones occupent le plus grand nombre de postes possible chez les cadres du gouvernement fédéral, c’était assez irrealiste de croire qu’ils pouvaient répondre aux exigences de tous. L’Ordre, d’ailleurs, ne se contentait pas seulement d’amener des gens a occuper des emplois intéressants; il préparait égale- ment certains individus a entrer dans des fonctions déter- minées, en faisant en sorte que ceux-ci occupent graduelle- ment des postes qui les conduisaient aux niveaux vises. Rien a cacher Si le mouvement avait pignon sur rue a Ottawa, c’est dire qu’il était connu du grand public... Evidemment. Nous avions une charte fédérale qui nous obligeait, a cette époque, a soumettre un rapport a chaque année au Secretariat d’Etat. L’Ordre n’a jamais été une organisation subversive, ou quoi que ce soit de ce genre. La société anglophone s’opposait-elle a vos activités; le fait que la franc-maconnerie savait que des individus étaient fa- vorisés par “la Patente”’, créait-il des conflits ouverts? Attention. Certains anglophones acceptaient le jeu mais ¢a ne veut pas dire qu’ils laissaient passer nos can- didats facilement. I] ne faut pas oublier le fait que les anglophones n’ont jamais été vraiment au courant de l’Or- dre et de ses activités; ils pouvaient en avoir une vague idée, sauf durant les derniéres années. Par contre, certains anglophones, faisant partie des Chevaliers de Colomb, savaient que l’Ordre existait, en ce sens qu’ils savaient que les francophones avaient une quelconque organisation. Leur tolérance ne découlait pas seulement de 1’existen- ce des Franc-macons et de l’Ordre de Jacques Cartier. Elle provenait de ce que plusieurs groupes avaient tendance a se former, ne fiit-ce que sous la banniére de telle ou telle maison d’enseignement, ou de telle université. C’est ainsi qu’a une certaine époque, ce sont les universités McGill et Dalhousie qui prévalaient lorsqu’il s’agissait de combler des postes supérieurs exigeant des diplomes en droit; en in- dustrie forestiére, c’était l’université du Nouveau- Brunswick. Vu le pouvoir paralléle que pouvait constituer a un certain niveau de décision l’existence de “la Patente”’ et de la franc-maconnerie, le gouvernement n’en est-il pas arrivé a croire que des choses peu orthodoxes pouvaient se passer? N’y a-t-il pas eu des enquétes policiéres portant sur vos ac- tivités? Oui. Durant la derniére guerre, a l’occasion du plebiscite, il y a certains sénateurs,. méme des députés francophones, tel Teddie Bouchard, et certains anglo- phones qui se sont élevés contre l’Ordre de Jacques Cartier. Le gouvernement a donc décidé de faire mener une en- quéte par trois représentants de la Gendarmerie royale. L’enquéte s’est avérée en faveur de l'Ordre. Faut-il croire qu’au moins deux de ces policiers en question étaient mem- bres de l’Ordre? Est-ce qu’ils auraient été assignes a cette enquéte pour cette raison? Ca c’est une autre affaire. En fait, on ne cachait rien. On publiait un bulletin large- ment diffusé a nos membres, et qui s’appelait L’Emeérillon. D’autres publications étaient également a l’usage du public en général. Comme tous les paliers de gouvernement étaient déja bien renseignés sur les activités de l’Ordre, on se demande pourquoi il y a eu une enquéte, si ce n’est tout simplement pour satisfaire a la demande de ceux qui s’inquiétaient des activités de ‘‘la Patente’’. Pourquoi a-t-on appelé l’Ordre “la Patente”? Je ne le sais pas. Personne ne le sait, mais probable- ment que les gens, pour ne pas dévoiler l’existence de VOr- dre, l’ont désigné sous ce nom. II ne faut pas oublier que la discrétion frisait parfois le secret. Dans le langage des Canadiens francais, méme avant la fondation de ‘“‘la Patente’’, une patente était considérée comme une espéce de machin, d’affaire, d’invention quel- conque qu’on ne connaissait pas trop, qu’on avait peine a décrire. On a done fini par appliquer cette expression a l’Ordre, et les membres l’ont eux-mémes adoptée. N’y avait-il pas une attitude contradictoire en ce que “la Patente’”’, bien que tenue sous le couvert de la discrétion, avait des publications et méme un journal largement distri- bué, qui s’appelait L'Emérillon? Les articles de L’Emérillon ne donnaient pas un comp- te rendu des assemblées des hauts dignitaires de “la Patente’’. Il s’agissait d’articles d’orientation, concernant le nationalisme. } Ily avait des articles de fond sur la situation des Cana- diens francais a travers le pays, ou sur celle des fran- cophones au sein de la fonction publique fédérale et dans les grandes compagnies. La situation économique était aussi mise en évidence. Certains articles, aussi, indiquaient clairement lorienta- tion de ‘‘la Patente’’. Y SUITE A LA PAGE 15 (Ces textes sont fournis par le Secrétariahd Etat)