A NEL TAPE SPP I PERC EFENDONS E LANGUE par Roger Dutrane Monsieur Frédéric Grover, Professeur au Département - de Frangais de l’Université de la Colombie Britannique, m’a fort intéressé le 10 mai au soir & l’Alliance Fran- gaise de Vancouver. Il avait choisi pour sujet : ‘‘Homme nouveau, Nouveau roman au Québec.’’ Conférence sibien informée qu’un jeune Cana- dien-Francais ne put se dé- fendre de remercier. le conférencier, non. Québé- cois, de savoir si bien dé-: peindre le nouveau Québec. Pour illustrery son propos, Monsieur Groyer s’est dé- lecté A nous Jire des ex- traits en ‘‘joual’’ des ro- mans d’avant-garde du Qué- bec. Le joual, comme on sait, est un francais tissu de pro- vincialismes et d’américa- ‘nismes, que des romanciers © progressistes voudraient promouvoir au rang d’une langue littéraire. Avant d’entrer, je jugeais la littérature canadienne- frangaise A travers Louis Hémon, Marie Le Franc et Gabrielle Roy. Or, le nou- veau roman au Québec ren- verse l’échelle des valeurs. On prise désormais dans les oeuvres moins une expres- sion artistique qu’une affir- mation collective. Autrefois, on chantait la tradition ; aujourd’hui la révolution. On ne sonne plus les cloches, mais le tocsin. Les mutins s’expriment dans un jargon agressif, coloré de vulga- rité, afin d’agripper la mas- se. Monsieur Frédéric Gro- ver, nourri de Rabelais et de Céline, savoure la verdeur du ‘‘joual’’ tel que 1’éructe Jacques Godbout, qui d’ail- leurs, quand il y condescend, manie un excellent fran¢ais. L’*humour du conférencier, sa diplomatie 4 évoquer l’es- prit nouveau, ne doivent pas cacher le feu qui couve et parfois lance une flamme. Violent, le Québécois nou- veau rejette toutes les tu- telles : la cléricale, la ca- nadienne, l’anglaise, l’amé- ricaine, la frangaise. Souf- frant de cé que son parler populaire, coincé entre les forces économiques anglo- saxonnes, se soit corrompu d’anglicismes, il veut, Aa l’exemple des Américains, se fagonner un complexe de supériorité. Et il brandit le **joual’? comme un reflet de sa culture propre. Er- reur nuisible, et ou, heu- reusement, nombre d’intel- lectuels se gardent de le suivre. Quant 4 moi, je ré- prouve absolument le renie- .mMent par certains roman- ciers québécois du frangais authentique. J’admire le Québec d’avoir maintenu, contre la volonté d’assimilation d’un groupe tenace, la langue francaise. Qu’un habitant de Lorette- ville ou de Maillardville me: dise : ‘‘Mes ancétres ve- naient de la Normandie, ou du Hainaut’’, je m’apparente A lui par un cousinage mysté- rieux et immémorial. Je re- vois les pommiers fleuris du Calvados, les riviéres bordées de saules du pays montois ; et je m’exalte. En revanche, quand de jeu- nes Québécois sans barbe au menton prétendent jeter par- dessus bord l’héritage sa- cré, je m’irrite. Parler de colonialisme culturel A pro- pos de la France désintéres- sée et lointaine ; et brandir un dialecte hétéroclite pour contre-balancer son influ- ence, quel non-sens ! Quel porte-étendard d’of- ficine électorale a lancé 17i- dée que le frangais he convient pas 4 l’expression du Québec / Voyons, Mes- sieurs !| Une langue siriche, si souple, si imagée ! Oui, imagée | Car ceux qui la prétendent desséchée ne sa- vent pas s’en servir. Un -écrivain, Belge, Suisse ou Canadien, peut toujours, s’il bénéficie de quelque talent, traduire avec force et en bon frangais l’€4me de son peuple et la sienne. En Bel- gique, Emile Verhaeren a bien exprimé en vers fran- ¢gais et vigoureux la sensibi- lité flamande. Toute langue in’est jamais qu’un outillage ; et dans la main d’un bon ar- 'tisan elle peut. des merveilles. J’aime, chez Jacques God- | bout, les saines expressions | du terroir : ‘‘Toute la jour- née elles piaillaient comme des grives sur un cerisier. ‘*J’abhorre ses américanis- mes et ses comparaisons saugrenues : ‘‘J’ai la téte vide comme une bouteille de ketchup aprés trois jours de comptoir.’’ : L’écrivain Québécois qui écrit dans une langue soignée sert mieux l’avenir de sa province. Il y a un art de doser les provincialismes dans notre langue, un art de s’affirmer Québécois en parlant frangais. D’ailleurs | un Frangais comprend mal la hantise, au Québec, de l’appartenance au groupe. En France, un Mauriac, un Ca- mus, étaient avant tout, sans souci de se pyouver Fran- gais, Mayridc et Camus. ‘*Oui !| M’a répondu en sub- stance Monsieur Grover & Vheure du café. Mais ils n’ont pas besoin de chanter la France. Elle rayonne der- riére eux de tout son pres- Bao rexewes LEE television CANAL 2 television re Oe ne i ms one ‘EMISSIONS SPECIALES — Deux émissions spéciales, réalisées dans 1l’ouest canadien, seront présentées au cours des programmes de télévision du samedi matin, au canal 2 de CBUT. LE SAMEDI 27 MAI, de midi 4 13 h. La presse dans l’ouest, avec interview de différentes personnalités de Vancouver et des environs. | LE SAMEDI 3 JUIN, de midi 4 13 h 30. La radio dans l’ouest, avec enquéte sur le fonctionnement et les buts de CBUF-FM 4 Vancouver. CBUT lelévision television aw AC) TOUIOURS Aggh PRETE Volontaires par EMINI PHOTC 1363 $S.W. Marine Drive Van.,B.C, Ces personnes de différents ages et de différents milieux accomplissent des ~ taches importantes et essentielles pour la Croix-Rouge. VOUS AUSSI POUYEZ AIDER, -63-4851 XII, LE SOLEIL, 26 MAI 1972