Victoria: 3 ee 3 “Chilliwack: VOL.6 No.28 VENDREDI 21 JANVIER 1983 Les beaux dimanches Une fiction bien réaliste Les Beaux Dimanches présen- tent, le 23 janvier 4 22h30, un film de Brigitte Sauriol intitulé Bleue Brume. Quoique fondé sur la réalité quoti- dienne des années 80, le film de Bri- gitte Sauriol en est un de pure fic- tion. C’est un domaine ot la cinéaste excelle. A preuve: trois de ses réali- Sations ont été inspirées par «la folle du logis». Il s‘agit du Loup blanc, produit en 1972; de ‘Absence, une realisation de 1976, et de Bleue Brume, sa derniére création. Elle a aussi réalisé pour la RTB (Radio- télévision beige) en 1981 un docu- mentaire intitulé Une ville que jaime. Le dimanche 23 janvier, les télés- pectateurs de Radio-Canada feront connaissance avec Bleue Brume. Curieux prénom pour une femme. Il faut dire que la jeune femme en question est plut6t étrange égale- ment, au moins autant que son pré- que: dans |’absolu, Bleue Brume Passe ses nuits entiéres sur les pavés de la ville. Au petit matin, elle rentre chez elle pour dormir quel- ques heures et casser la croiite. Quand elle se réveille, comme elle n’a strictement rien & faire, elle re- garde la télévision et elle écoute de fa musique rock jusqu’a l'abrutisse- ment. Comme son appartement dé- te: ‘ ate passe a peine les dimensions d'une garde-robe, Bleue Brume n‘a prati- quement pas a se déplacer pour en faire le ménage et pas davantage pour tourner les boutons de la radio, de la télé et le commutateur. Si elle sort beaucoup la nuit, le jour Bleue Brume. ne semble pas avoir d’autre objectif que le bureau d’assurance-chémage. II appert ce- pendant que I’action du film ne se déroule pas au Canada mais dans un pays fictif, une sorte de contrée ap- parentée aux pays derriére le Rideau de fer. En effet, Bleue Brume, dé- sespérée de ne pouvoir réintégrer le marché du travail, apprend que, a son insu, lEtat la surveille et que. pour avoir droit 4 sa pitance quoti- dienne, elle devra procréer pour le Régime. Un coup de dés envoie Bleue Brume a la clinique de mater- nité nationale. ~ Championnat mondial de patinage Les Beaux Dimanches presen- tent, le 23 janvier 4 19h30, un spec- tacle de Patinage artistique. |! s‘agit des épreuves du 3e Cham- pionnat mondial de patinage artisti- que professionne! qui ont eu lieu 2 Washington le 17 décembre dernier: Les téléspectateurs de Radio- Canada retrouveront avec plaisir sur laglace certaines des vedettes qu’ils ont applaudies lors du merveilleux show de Toller Cranston présente le 19 décembre aux Beaux Diman- ches. En effet, le champion cana- dien fait partie de la distribution avec tréme: parce qu’on exige de lui des efforts quotidiens et constants: parce qu'il lui faut donner de lui- méme une image de beauté et d’harmonie inscrite dans un specta-’ cle, comme un personnage dans ur tableau de maitre. Pour patiner au rythme de la musique; pour évoluer . a toute vitesse et tourbillonner sur lz glace, le patineur artistique doit ré- unir en lui tes dons de I’athléte et ceux de lartiste. C'est une perfor- mance qui n’est pas a la portée de tout le monde. Ceux qui y réussis- sent méritent nos applaudisse- ments. PROT . nberernt 70 18..nki x Gai aux Beaux Dimanches 14 Kelowna: 21 oleae 50 Prince a soci 4 MTenaces 11 Programme de la télévision ee de Radio-Canada Le mari de la Sagouine Dans un phare, symbole effectif de la lumiére entre mer, ciel et terre, vit un vieil homme simple appelé Gapi. C’est le mari de la Sagouine, morte aprés nous avoir tous plus Ou moins imprégnés de sa profonde sagesse. Et tout comme son épouse, Gapi vient nous prouver 4 son tour I'aphorisme de Montaigne: «Chaque homme porte la forme en- tiére de "humaine condition.» Sur un fond de nature d'une splendeur et d'une immensité cos- mique, debout au faite de son phare, Gapi vient crier au ciel, 4 la mer, a la dune, aux mouettes et a nos Ainsi, aprés nous étre ennchis de tout ce que recélait la grande ame de la Sagouine, nous voudrons savoir ce que Gapi, qu'elle a imprégné de son influence, pourra nous dire a son tour. Les téléspectateurs de Radio- Canada ne manqueront donc pas Gapi dans une version filmée pour la " télévision par Paul Blouin, d’aprés Gapi et Sullivan d’Antonine Maillet, proposée aux Beaux Dimanches, le 23 janvier a 20h50. Petites gens, comme on dit, fa Sagouine et Gapi n’en sont pas moins des 6tres de réflecon hantés sans cesse 4 leur maniére par les questions primordiales. Obligés presque d’interroger Dieu et le monde sur le pourquoi de leur mi- sére. Mainternant seul et gardien de solitude méme et par limmensité de espace, 4 dire ses questions eta vivre sa sagesse. Lors du premier acte, en un long monologue d'un humour et d‘une intensité dramatique remarquable, il se compare a son ami Sullivan, celui qui n’a pas craint de céder a |'appel du large, aux de fail- leurs, au prestige de.!’aventure. Mélancolique, ne croyant plus au retour de Sullivan, il se remémore sa vie passée auprés de la Sagouine- Celle-ci, comme savent le faire ins- tinctivement toutes les femmes, entreprenait d’«affiner» son homme et savait lui rappeler a loisir que l'étemité existe et que Dieu connait son affaire... Raisonneur, Gapi aquiesgait tout d’abord, mais opposait aussit6t ces arguments que’ sont Iinjustice de vivre et de mounr, le mal, la souffrance, ce mystére qu’est l’existence de l'homme. Certes, il n‘a peut étre rien fait de sa propre vie; mais du moins n’‘a-t-il point fait de tort 4 personne. Et de rappeler les discours critiques de Sullivan contre le monde d'ici qui - manque de talent et de débrouillar- dise, alors que les gens d’ailleurs sont niches de toute surabondance. Mais Gapi sait combien ces comparaisons sont fallacieuses et qu'il faut savoir trouver ici et mainte- nant des richesses qu’on ne sait voir. Nos choses, belles a leur fagon, peuvent combler ceux et celles qui savent les déenicher. Comme il faut savoir cueillir la jeunesse en son temps et apprendre a bien vivre les rapports mari-épouse. Sachant dis- tinguer !a parole pleine de sens du parler pour ne rien dire, Gapi a su, tout au long de sa vie, contrer les mirages de Sullivan... jusqu’a ce que tout 4 coup (dans le deuxiéme acte) comme apparaisse subrepticement, - il avait dit, ce Sullivan toujours ten- tateur. Et il raconte, plus enflammeé que jamais, sa belle vie autour du monde, vilipende la grisaille d'ici, sa mesquinerie primitive comparée aux splendeurs des villes civilisées. A la grande surprise de Sullivan, Gapi se laisse d‘abord convaincre et prétend suivre son ami. Il se laisse appater par toute cette féerie de mouvement, de couleur, d’excentri- cité, de sensualité, de «civilisation». Mais bientét se reprenant, Gapi, qui a tant vécu en «affinité» avec la Sa- gouine, sait bien au fond de tui- méme qu'une vie au loin n‘est pas différente en son essence d'une vie sur la dune acadienne. Plein d'ironie, il sait attraper au passage les contra- dictions du beau discours de Sullivan etil lui deémontre combien le monde, partout et toujours, est dur et combien la supposée civilisation re- céle d’améres souffrances... Lhistoire de la longue marche des prisonniéres en Malaisie Le vendredi 28 janvier 4 21h00 la télévision de Radio-Canada mettra laffiche de Hors série le premier d'une série de six épisodes d'une production australienne inspirée d'un roman & succés du romancier Nevil Shute, le Testament (A Town Like Alice). lors de la deuxiéme guerre mon- _ diale. Ce roman est I’oeuvre la plus po- pulaire du romancier Nevil Shute dont |éditeur a vendu plus de deux millions d’exemplaires en 14: lan- gues. Le Testament raconte la fas- cinante histoire d°ume jeune: An- giaise, Jeanne Paget qui, avec d’au- tres femmes, fut faite prisonmrére par I'armée japonaise en Malaisie, un peu avant la chute de Singapour, Ourant la marche de la mort de ces temmes sur les routes de Malai- sie, Jeanne rencontre non seule- ment le premier de deux messieurs qui deviendront ses bienfaiteurs, mais surtout le seul homme avec lequel elle vivra un véritable amour. Aprés la guerre, Jeanne retournera en Grande-Bretagne oui elle rencon- trera un avocat qui lui apprendra qu’elle est I'héritiére de la fortune d'un vieil Ecossais. Et pour I’avocat Noél Stracham, Jeanne Paget sera le seul grand amour de sa vie... En bref, ce roman raconte l'histoire de cette guerre pour fes Anglais en poste en Malaisie, histoire de leur survivance et celle de leurs amours. «L’inattendu» L‘Inattendu, c'est le titre de la nouvelle de Jack London tirée de son recueil /‘Amour de la vie, qui sera 2 l'affiche de emission Klon- dike, le mercredi 26 janvier 4 21h00 a la télévision de Radio-Canada. Cette réalisation de Peter Pearson met en vedette John Condy et Cheri Lunghi. C’est une nouvelle qui ra- conte l'histoire suivante: un Irlan- dais s’améne dans une cabane iso- lée au coeur de la forét. I! tire et tue deux occupants. Les survivants lui font un proces et le condamnenta la pendaison. L‘Inattendu est une autre histoire * de Jack London tirée de ses nom breux romans et nouvelles de \'Alaska ou de la mer, qui furent son. Capital le plus fructueux. Dans son explication de ‘oeuvre du grand ro- mancier américain, |'Encyclopédie Universalis écrit: «Autour du theme central de fa lutte pour la vie s‘orga- nise un univers primitif et baroque. ou s’enchevétrent contes et légen- des darwiniens, fables nietzschéen- nes et paraboles marxistes, ou il finit par identifier le révolutionnaire au surhomme et le socialisme &@ une doctrine visant 4 assurer la domina- tion des races supérieures.»