Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 25 awil 1997 7 Une réalisation de Bruce Beresford Paradise Road PAR CHAKER AYADI Durant la Seconde GALerT € mondiale, dans le Sud- Est asiati- que, un groupe de femmes est fait prisonnier parl’ Armée japonaise. Parce que les journées sont dures et monotones, les prisonniéres déci- dent de former une chorale, mais elles se heurtent a de pénibles dif- ficultés. Au début, le film donne impression qu’on est entrain de rajouteral’ histoire, celle des fem- mes qui elles aussi ont tant souffert pendant la guerre. Bien sir, |’his- toire mentionne que les femmes ont été elles aussi victimes, mais ce film permet de découvrir qu’ elles n’étaient, comme on aurait pu le croire, ni dociles, ni passives. Dans ce film, dés le début, on assiste 4 un conflit ouvert et inégal entre d’une part la révolte des prisonniéres et d’ autre part la réplique punitive des gedliers ja- ponais. Le film parle avec nuance dela vie déconcertante de ces fem- mes, et ne laisse aucun doute du comportement des soldats. On est complétement décontenancé par l attitude sadique des militaires qui courent vraiment partout, encriant dans une langue incompréhensible (intentionnelle-ment non sous-ti- trée dans le film). Mais, ces femmes connais- sent leurs droits et réclament la justification du traitement qu’on _leur porte. De plus, elles s’expli- quent trés bien. Mais, devant les réclamations des prisonniéres, les soldats restent médusés. Cependant, le personnagede Snake est le plus incompréhensi- ble, le plus irrationnel et le plus sadique. Pourtant, il posséde un certain raffinement, il parle trés bien!’ Anglais (signe par excellen- ce de civilité), A vrai dire, I’ éduca- tion occidentale de ce caractére n’est perceptible que dans son ap- parence: bien habillé; bien coiffé et doté de traits fins et gracieux. Malgré les apparences, son esprit demeure profondément oriental, c’est-a-dire hors de ce qui consti- tue la civilisation. D’ailleurs, c’est lui qui se moque des droits des prisonniers tel que mentionnés dans la Conventionde Genéve. Dans Paradise Road, hor- mis 1’ Occident civilisé et peuplé, le reste du monde apparait vide et vierge, attendant la conquéte etsa propre intégration dans la civilisa- tion occidentale. Rien ne souligne autant cette idée que les prises pa- noramiques de paysages sauvages ainsi que les vers suivants: «How SilentIs This Place», «