4. Le Soleil de Colombie, vendredi 2 novembre 1979. Un des nétres sous la loupe: Roméo Paquette par Alexandre J. Spagnolo Aprés les célébrations, les discours, les hommages ren- dus récemment 4 Roméo Paquettenous croyons de- voir nous pencher sur Sa vie, qui suscite, en fin de compte, le sentiment de reconnais- sance qui lui a été témoigné. M. ROMEO PAQUETTE Il est né en 1918 a Glen- Suton (Québec), le fief des Loyelistes, ces citoyens des Treize Colonies qui émigré- rent au nord de l’Amérique Britannique pendant et a - prés la Révolution Améri- caine (1775-1783). Ceux ar- rivés en 1783 étaient appelés les Loyalistes de l'Empire-_ Uni et ceux q plus tard, jes "Loyalistes™ mdactrine de Louis Joseph Pa- Wie plus dugeccencame tet Tardifs”. Environ 60.000 s’établi- rent, a l’époque, au Canada, déséquilibrant le taux de Canadiens-frangais. Roméo Paquette est d’ori- gine beauceronne assez loin- taine, puisque dés 1735, on comptait des Lapointe, Po- merleau, Pelletier, auxquels s’ajouta un irlandans McKe- ney. Ses études primaires eu- rent lieu dans la région rurale de Cook Shire, prés de Sherbrooke; il s’intéressa a la littérature francaise. Visionnaire sur les bords, il se rendit compte, dés sa prime jeunesse, du futur du bilinguisme: par nécessité, par opportunisme plutét que par attrait, il se plongea dans les rudiments de la langue de Shakespeare; la réussite fut totale. Nous pouvons avancer que Roméo Paquette est un autodidacte dans la plus large acceptation du mot, d’ot une volonté de fer pour s'imbiber de savoir; la gran- de crise de 1929, lorsqu'’il n’avait que douze ans, tou- cha durement sa famille; pas moyen, ni de moyens d’envi- sager les études supérieu- res. Qu’a cela ne tienne, le jéune Roméo poursuivit sont chemin. En 1940, on le voit en fonction auprés d’une station privée de Radio, 4 Sherbroo- ke, affiliée au. quotidien “La Tribune” auquel il don- nera certaines de ses heures, tandis qu’a la suite d'études d’électronique-acoustique, il devint chef du département technique de cette station. Il y demeura seize ans. A cette station, il connut une jeune femme de Sher- brooke, douée pour le chant et la musique, animatrice a cette station. Le dieu Eros, des Grecs ou le Cupidon des Romains, au carquois plein de fléches, fit son oeuvre. Il unissait son destin, en 1942, a celui de Jacqueline (Pierrette) Bourbeau. Cing enfants illuminent ce foyer. Micheline, docteur en litté- rature francaise, d’abord a l'Université McMaster, fon- dée a Toronto, en 1887, grace a une donation du Sénateur William McMas- ter, comme un institut de théologie de la secte baptis- te, puis transféré en 1930 a Hamilton (Ontario). Actuellement, Micheline Paquette professe a l’Uni- versité de la Saskatchewan a Regina.Jean-Pierre est éta- bli 4 Saint-Bruno, Diane Raymond Lebrun et Nicole André Goulet a Maillardvil- le, et enfin Thérése Jean- Marc Audet, a Pitt Mea- dowa. L’esprit militant hanta Ro- méo Paquette qui devint membre de la Société Saint- . Jean-Baptiste, la Société Na- tionale des Canadiens-fran- gais de Sherbrooke, fondée en 1860 par Lud: SAAS pineau (1786-1871), le fa- meux rebelle de la Rébellion de 1837 du Bas-Canada, en méme temps hostile a l’Acte d’Union. Orateur chevronné, Pa- pineau attira des apdtres, appelés les “Patriotes”. Roméo Paquette devint en quelque sorte un néo-patri- ote; depuis lors, il a toujours eu une ligne rectiligne qui le mena et qui le méne encore au sein de la lutte de sensibilisation des Cana- diens d’origine francaise a mieux s'‘identifier au grand jour, pour réclamer des droits et non des priviléges ou des concessions, dans ce vaste territoire dont ils fu- rent les premiers, les tous premiers fondateurs. Depuis, ce fut pour le jeune Paquette une sorte de sacerdoce, qu'il pratiqua jusqu’a ce jour. Ce mouvement St-Jean Baptiste, latent. d’abord, de- puis 1860 fit du beau chemin, méme du trés beau chemin, puisqu’il débouche sur la _situation actuelle du Québec. Il inspira le journaliste Desjardins a créer le réseau des Caisses Populaires, avec Je suecés connu, grace a sa base du coopératisme. Aprés 1920, les écono mistes Québécois Edouard Montpetit, Esdras Mainville, développérent les théories du systéme coopératif. A 82 ans, l’esprit de Roméo Paquette bouillon- nait, la soupape de sfreté fonctionna en le projetant, pendant une période de 7 4 8 ans, au sein d’un groupe de militants d’émergence pro- canadienne frangaise, des fervents de la séparation atteignant méme le paro- xysme de cette séparation préconisant |’établissement d'une “République de Lau- rentie” sur les bords du Saint-Laurent dont Ray- mond Barbeau fut le Messie salvateur, et “Les Cahiers de Nouvelle-France” le mé- dia de propagande. Ceci se passa entre 1950 et 1955. Malheureusement, dans tous les groupements d’activistes qui n’aiment pas piétiner sur place, deux cou- rants de pensées se dessiné- rent, les uns pour un fédéra- lisme poussé, les autres pour une promotion lente. Le mouvement s’étiola. Dans toutes ses partici- pations politiques, Roméo se cuirassa; sans étre un dur-a- cuire, il sentit en lui-méme un besoin de s’affirmer, d’é- tre utile 4 son ethnie, 4 sa communauté, a ses fréres. Laissant des collégues chevronnés, une voix lui disait d’aller voir dans |’ou- est, au-dela des Montagnes Rocheuses, cette population, franco-colombienne, sa situ- ation, son adaptation, en somme vivre leur vie dans un milieu écrasant d’anglo- phones. Il avait été mis au courant de l’existence d'un site, Mail- bficherons francais recrutés a l’est canadien, par des prélats soucieux de créer un embryon de résidents francais et catholiques. En outre, il avait entendu parler de la fameuse gréve des écoles publiques de Co- quitlam. Résultat: le gouver- nement de Victoria s’obsti- na: pas de fonds aux écoles indépendantes... Premiére étape, la Colom- bie britannique, une provin- ce jamais vue. Quatre an- nées durant, il tate le com- merce des articles basés sur l’électronique-acoustique, sa profession réelle. Ce travail routinier ne peut stisfaire un esprit bouil- lonnant d’idées, ses ambi- tions et l’exercice de son “Sacerdoce”. Il s'installe 4 Maillardville, afin d’étre 4 pied-d’oeuvre. La pertinence de son choix devait lui ouvrir bien de grandes portes. Aprés la fondation de l'Union Canadienne-Frangai- se (1930), celle du “Club Montcalm” (1935), du “Club Canadien-Frangais” de Vic- toria, de “l’Association des Canadiens-Frangais du Qué- bec” a Vancouver et de vl Association Canadienne- Francaise” de Vancouver, ces trois organismes, en 1941; voila qu’en 1945, la Fédération Canadienne- Francaise de la Colombie Britannique, voit le jour: en méme temps les divers or- ganismes francophones, une dizaine environ, deviennent des Cercles F.C.F. Cette Fédération, en quel- ques étapes, passe de Victo- ria 4 Maillardville et enfin 4 Vancouver. Roméo Paquette trouve que dans cette Fédération, il y a place pour une activité militante, a laquelle il s’était dédié depuis déjalongtemps: en somme, un tremplin. Nous le trouvons attaché secrétaire a la F.F.C. puis son premier directeur géné- ral.Jusqu’en 1964, la F.F.C. vivotait uniquement avec les cotisations de ses 3000 mem- bres. Un don de $25.000 étalé sur trois années, df a la généro- sité du Conseil de la Vie Francaise en Amérique, sou- lage les finances obérées de la F.F.C. Cette somme a permis la création d'un se- crétariat bien structuré. Disons, en passant, que depuis aoit 1979, Roméo Paquette est membre du dit Conseil. Le but de ce secrétariat _ était de catalyser les bonnes volontés et de voir comment les insérer dans le contexte anglophone prédominant, d’avoir de ce fait, un grou- pement valable pour traiter avec les gouvernements fédéral et provincial. On connait l’attachement des Canadiens frangais a leur clocher. A cdté des fidéles, il doit y avoir des citoyens conscients. La pa- roisse ne suffit pas, il faut la tribune. Dans le temps, la F.F.C. et les Cercles satellites avaient un chapelet de manifesta- tions sociales relevant du folklore, peu compatibles avec la lutte qui consistait a s'identifier pleinement sur une trés large échelle. ig ADE® s plus de 18 mois, ‘Paquette se trouve en porte-afaux dans ce mi- lieu. Il change son fusil d’épaule. ; Ayant flirté avec le sys- téme coopératif au sein de la Société Saint-Jean Baptiste (systéme qui a pris naissan- ce en Allemagne, au début de 1800, et s'est propagé, en 1834, al’ Angleterre, et au Québec, en 1860) il se lance a bride abattue dans ce mou- vement du coopératisme, auquel il porte a son crédit, sa nature plus humaine que celle du capitalisme, qui ne crée que des besoins sou- vent artificiels provoquant n “marketing” a outrance. Il reconnait certaines de ses faiblesses: son avenir dépend de la volonté des hommes de coopérer; en période de crise, il fleurit, en période de richesse, il s’étio- le. En cela, une co-op d’ali- mentation vient d’avoir des membres enthousiastes dans le périmétre du Quartier St-Sacrement, sous les aus- - pices du Conseil de la Coopé- ration de la Colombie Britan- nique, dont Roméo Paquette est l’actuel directeur géné-. ral. En 1977, Roméo Paquette pensait plier bagages et se retirer 4 Sherbrooke: il se trouvait dans une situation floue, ot i] ne trouvait pas un écho suffisant a ses activités, son zéle, son esprit de com- battant. C’est alors que |’ad- ministration de la Caisse Populaire de Maillardville lui propose d’oeuvrer plei- nement au développement du coopératisme, son “dada” favori, lui fournissant les moyens ad hoc. Roméo remet ses valises dans l’hebdomadaire “Le So- leil de Colombie”. . Publiciste, il le fut puisque si nous revenons en arriére d’une quinzaine d’années, avec M. André Piolat, tous deux fondent un périodique, “Y Appel”, avec des moyens de fortune: un appareil Gestetner, l’hospitalité d’une-salle de la paroisse de N.D. de Fatima, le dévou- ement d’une vingtaine de volontaires. C’est le début, a Maillardville, d’un média d'information. André Piolat oeuvre 4 Vancouver, Roméo Paquette, a Maillardville. A la suite d’un certain succés, le périodique est imprimé sur les presses de la Revue “La Survivance” des Péres Oblats d‘Edmonton. . Ce dévouement des deux hommes dure de 1965 4 1971, © lorsque se produisent des difficultés inhérentes 4 cer- tains périodiques privés de subventions - rien que $800 de la F.F.C. durant son existence éphémére. “l’Ap- pel” rend son dernier soupir. André Piolat voyait grand et ala mesure de Vancouver, a “métropolis”, et de toute la province, dont les franco- phones devaient avoir, sinon un quotidien, du moins un hebdomadaire. Il parut le 28 avril 1968 sous le nom du “Le Soleil de Vancouver’, plus tard “Le Soleil de Colombie”, qui se maintient grace a Yopiniatreté, l’esprit de continuité de son propié- taire-fondateur. Lors de son passage a laF.F.C., Roméo Paquette trouva qu'il y avait, en Colombie-britannique, une étape a fraueni? p pour étre entendu en haut lieu... et ce, par le truchement de la Commission Royale Lauren- _ d’Action deau-Dunton sur le bilinguis- me et le biculturalisme. Il a donc fallu a la F.F.C. produi- re un document probant a la Commission Royale. Roméo Paquette rédigea ce mémoi- re afin de sensibiliser cet aréopage. Sur sa lancée patriotique, Roméo Paquette adressa, au nom dela F.F.C., un autre mémoire a Leslie Peterson, Ministre de l’Education a Victoria. La réponse fut évasive et, pour comble, cette déclaration du Premier W.C. Bennett: “on ne recon- naitra jamais les écoles sé- parées”, sous-entendu catho- liques. Ceci exacerba et don- na plus de vigueur 4 la lutte. lutte. Ces mémoires ne s’arrété- rent pas 1a, puisqu’il fallut se joindre au tollé général pour obtenir la télévision frangai- se contre les détracteurs anglophones; Roméo Pa- quette fut sur la bréche a ce sujet, dés 1973. On connait le succés de cette lutte. Nous arrivons au point de connaitre les options politi- ques de Roméo Paquette. En principe, il n’en avoue au- cune: s'il a adhéré au parti N.P.D., c’est uniquement . parce que ce parti, dans une certaine mesure, donne sa- tisfaction 4 ses propres aspi- rations, soit l’émergence du fait francais en Colombie britannique. En cela, le N.P.D. au cours de son Congrés du ler septembre 1979, décida la création d’un ces Officiel francaise. Cette entrée ¢ le N.P.D. est plutdt un mariage de raison, ajoute (Suite p.5) La peinture naive sur verre La nouvelle galerie du Centre Culturel Colombien a Yhonneur d’acceuillir le jeu- ne peintre d’origine roumai- ne Ionel Cherciu, qui travail- le la peinture sur verre. Ce mode de peinture s’ef- fectue rapidement mais sans exclure la difficulté de l’oeu- vre. Il n’y a pratiquemment pas de possibilité de pers- pective, du fait que les couleurs ne peuvent se su- perposer sur le verre. L’artiste dessine d’abord son motif a l’encre de chine et ensuite applique les dif- férentes couleurs qui don- nent a ses oeuvres une particularité qui retient no- tre attention. Cherciu utilise également lor tiré en feuilles pour Abas la grippe! Le ministére de la santé de la Colombie britannique refera sa campagne annuelle . destinée a vacciner contre la grippe toutes les personnes agées de plus de 65 ans et celles souffrant de maladies _chroniques. Les quantités de vaccin nécessaires sont maintenant prétes dans les districts sanitaires, y compris les départements de la santé du Vancouver et du Victoria métropolitains et la vaccina- tion est en cours dans la plupart des régions. — certains pourtours de ses personnages. Les motifs sont principa- lement religieux, trés pro- che des icones traditionnel- les. Le peintre laisse ressortir sa sensibilité au travers de son style naif. _ Les couleurs s’harmoni- sent trés bien et l’on peut ressentir une profondeur d’esprit derriére ces ta- bleaux, qu’on a du plaisir a regarder et... laisser vaga- bonder l’imagination au pays des contes naifs. Une intéressante exposi- tion, qui continuera jusqu’au ler décembre, a4 ne pas manquer. Jean-Claude PORCHET Le vaccin, offert gratuite- ment cet automne est ana- logue a celui des années pré- cédentes, sauf que le type russe a été remplacé par un type brésilien du virus de la grippe. Les parents ayant des en- fants atteints de maladies chroniques tels que la fibro- se cystique et d’autres pro- blémes du systéme respira- toire sont priés de contac- | ter d’urgence leur bureau local de la santé. ea So Le ka aay tyes: