VOYAGES. Le Soleil de Colombie, vendredi 23 février 1990 - 13 Delft, La Haye et Rotterdam Par Jean-Claude Boyer Amsterdam, 9 octobre 1984. Deuxiéme nuit dans un dortoir du «Christian Youth Hostel - the Shelter, prés du quartier réservé a la prostitution. Avant de sauter du lit, je revois le réve qu'un voisin bruyant vient d’interrompre. Je suis en Inde, le pays ol je devais vivre, quelques mois plus tard, le plus grand choc culturel de mon tour du monde. Les missionnaires de Sainte-Croix (mon ancienne communauté) —_m’accueillent comme ‘si j’étais encore des leurs. lls vivent dans |’opulence entourés d’une miseére_ indes- criptible. Mes deux serviteurs (salaire annuel: 3$) m’aménent visiter un hdpital: lits rouillés alignés au soleil brdlant dans une vaste cour intérieure. J’apercois une énorme paire de ciseaux accrochée au pied du lit d’un patient qui doit se faire emputer une jambe. Une dame riche circule entre les rangées, l’aiy détaché, tenant en laisse - grosse chaine en or - un bébé |éopard. Réve ala Salvador Dali. Hop!, debout. Aprés le petit déjeuner, je me rends ala poste «m’envoyer», au Québec, deux petits colis (moins cher) que je -peése moi-méme sur une balance mise ala disposition du public. Delft Train, ensuite, pour («fossé»), fondée plus de 800: ans avant Mont-Laurier, ma ville natale! Le temps d’entrevoir un moulin a vent et quelques vaches hollandaises... Descen- tedetrain, une fois deplus. Sac. a dos a la consigne. Devant la gare, d'innombrables bicyclet- tes: contre murs, arbres, poteaux, barres de métal, cabines téléphoniques. Sac en bandouliére, j’entreprends une autre de ces promenades solitaires qui permettent de multiplier les surprises agréa- bles et d’observer a loisir les monuments, témoins de la splendeur du passé. J’aime les quais ombragés de ce Vieux Canal - rappel de Venise la jolie. Deux cygnes rivalisent de grace sous un saule pleureur. Coccinelle d’un blanc immaculé — stationnée derriére une ambulance. Pitto- resques vieux ponts en dos Vue de Delft. d’ane, arcades élégantes. Je m’appuie contre un garde-fou, les yeux baissés sur les eaux sombres réfléchissant d’ancien- nes facades, ou levées sur un noble clocher pointant vers le ciel nuageux. Dommage que ni soleil ni musique d’orgue de Barbarie ne viennent rehausser ces décors romantiques. Une AIR ATLANTIC LTD. No. 90111 groupe D. étre envoyée a | Office. au 819-953-9875. AVIS DE DEMANDE DE SERVICE AERIEN Aux termes de la licence no. 882109, Air Atlantic Ltd. est autorisée a exploiter un service international a la demande (affrétement) de la classe 9-4 par aéronefs a voilure fixe du Air Atlantic Ltd.a demandé a! Office national des transports du Canada l’autorisation d’utiliser également des aéronefs du groupe F aux termes de la licence no. 882109. Une collectivité, une personne ou tout autre organisme peut intervenir pour appuyer ladite demande, s’'y opposer ou en réclamer la modification en conformité avec les Régles générales de |'0ffice national des transports. L intervention doit 6tre déposée au Secrétaire de |’Office au plus tard le 30 mars 1990. Copie de | intervention doit é&tre déposée en méme temps ala demanderesse et une preuve de la signification doit Le dépét del intervention auprés du Secrétaire peut se faire en mains propres, par courrier recommandé ou par messager, a |’0 ffice national des transports du Canada, 15, rue Eddy, Hull (Québec), Ki1A ON9, ou encore par telex (053-4254 ou - 053-3615), ou par télécopieur (819-953-5562 ou 819-953-9798). L’0 ffice fournira sur demande les détails de la demande et les instructions pour le dépét d'une intervention. Pour de plus ampies renseignements, téléphonez a Chantal Beauparlant horloge rappelle la fuite du temps. Et voila la grande place. A une extrémité, bel hétel de ville (XVIle s.) aux volets rouges. A autre, l’église gothique du XIVe_ siécle qui renferme le mausolée de Guillaume le Taciturne; elle est précédée d’un clocher de brique couronné d'une magnifique fléche de pierre. Hélas! les portes sont . toutes verrouillées. Je traverse a nouveau la place. Un traine- misére vide un sac de pain sec autour du haut socle d’une statue, haranguant les pigeons CARE AT OEUVRE aye d'une voix désagréable, rugueu- se comme ses mains et son néerlandais. Plus loin, une femme attablée seule a la terrasse d’un café; on dirait Maria Callas, la grande cantatri- cegrecque. J’entredans une rue étroite couverte de pavés usés, et poursuis ma promenade au gré de ma fantaisie. Maison Renaissance a médail- lons. «Halle aux viandes»; sa fagade arbore deux tétes de boeufs. Je miarréte sous une fenétre pour écouter un air de piano, sans doute du Debussy. Girouette en forme de_navire. Vieille église flanquée de quatre clochetons. Soudain: éclats de voix, force coups de glottes. Querelle de ménage entre tempéraments fougueux? Ail- leurs, _demeure _ patricienne somptueuse: tympans sculp- tés,~blasons polychromes. Une chaloupe au rouge a demi écaillé glisse paisiblement entre deux rangs de tilleuls. Maisons en_ encorbellement. Cette autre église abrite, parait-il, un bourdon de 9 tonnes! Et c’est un autre canal ombragé, d’autres petits ponts, statues, horloges, pignons pittoresques... Beaucoup de raffinement et de caractére dans cette ville de Delft. Pénétrons maintenant dans un des nombreux magasins de faiencerie (bleu de_ Delft), mondialement connue, puis dans un deuxiéme, un troisié- me. Faiences polychromes, camaieux bleus, motifs et tons variant a l’infini: orgies d’orne- mentations sur vases, assiet- tes, tasses, bibelots. Innombra- bles petits souvenirs peints ala main. Splendide et... cher! Accrochés ou péle-méle, les inévitables sabots de bois décorés de motifs fleuris. En sortant d’une de ces boutiques, je demande a une passante de bien vouloir me prendre en photo avec mon appareil. Le temps de glisser les pieds dans des sabots jaunes démesurés, devant des aquarelles de | moulins a vent. Sourire, clic! «Thank you!» Je dois terminer ma visite tout de suite, car j’aimerais aussi garder en mémoire, en quittant la Hollande (ce soir) pour la Belgique, des impressions personnelles de La _ Haye l’aristocratique et de Rotter- dam, le plus grand port du monde. Ajoutons un mot, cependant, sur les fils les plus célébres de Delft. C’est ici que naquit et mourut le peintre Vermeer (XVile_s.), grand virtuose de la mise en scéne de la lumiére. Son nom évoque dans mon esprit la subtilité technique de «la_ laitiére» versant du lait dans un bol devant une fenétre. («Cest incroyable!» s’est exclamé Van Gogh devant sa «Vue de Delft», que Proust considérait comme le plus beau tableau du monde. Sa «Denteliére», aux yeux de Claudel, semble avoir été dessinée par un rayon de soleil.) Delft est également la patrie du juriste Grotius, surnommée le «pére du droit des gens», et du naturaliste Leeuwenhoek qui, grace aux microscopes ~qu’il construisit lui-méme, découvrit les bactéries et put étudier les spermatozoides. Adieu, char- mante Delft. J’espére te revoir un jour. (En achevant de réécrire ces lignes de mon journal, j’ap- prends que «Ho//ande» est une «désignation impropre donnée aux Pays-Bas, la Hollande étant — laprovince qui tint le réle le plus important lors de I'unification politique du pays». || ne faut tout de méme pas étrea ce point a cheval sur les principes. Je persiste a dire indifféremment Hollande ou Pays-Bas, comme tout le monde.) Nouveau départ. Systeme de transport efficace. Vive |’Eurail- pass! Un rare moulin -a vent, canaux bleus s’entrecroisant, paturages verdoyants parsemés de vaches, moutons, chevaux... Durée du trajet jusqu’a La Haye: le temps de prendre trois bouchées de fromage! COURRIER Régler |’affichage au Canada Monsieur le Rédacteur, Faut bien se le. dire: ceux d’entre nous qui tenons a coeur au bilinguisme déplorons |’état lamentable de l’affichage au Canada. Il y a beaucoup trop d’affiches unilingues chez nos commergants. Une _ affiche bilingue, respectueuse de nos deux communautés _linguisti- sles est toujours bien appré- ciée. Cet état de fait n’est pas nouveau et ne dépend pas d’abord dela Loi 178 au Québec. ll est bien connu que, laissés a eux-mémes, les commergants anglophones hors Québec ont tendance a afficher exclusive- ment en anglais et cela méme dans des communautés a forte concentration de francophones. Bien sdrqu’il y ades exceptions et nous nous en réjouissons mais il demeure que nous sommes bien en dega de ce qu’on pourrait appeler respect et justice a la minorité. Quelle est la solution a ce probléme? Comment faire res- pecter les droits de tous? ‘Comment inciter l’entreprise privée a offrir un visage et un service bilingue; car si le commergant a le droit de s’exprimer dans sa langue, toi, tu as le droit de recevoir le message dans la tienne. Au droit d’expression correspond ledroit al'information. Afin que justice se fasse, réglementer obligation pour tous les commergants d’afficher dans les deux langues officielles avec priorité au francais dans certaines parties du Canada et a l'anglais dans d’autres? Con- fronter nos commergants aux mémes obligations, aux mémes réglements, voila bien qui devrait attirer leur coopération, eux qui aiment bien «jouer sur un méme parcours...» Gilles Marleau Orléans, Ontario