CARNET d'un PROMENEUR par Roger Dufrane- L' Automobile et Nous Des autos dans la Galerie d'Art! Voil& ce que je me ré- pétais au long de l'avenue i- nondée, en ce dimanche récent ot d'autres autos, plus actu- elles, trempaient dans l'eau le reflet rapide de lsurs pha-= rese Les conservateurs de musée ou de galerie, traditionnalis- tes par définition, n'accep- tent qu'avec retenue les nou- veautés. Crest , pourquoi je ne puis croire qu'une telle expo- sition réponde A leurs gofitse Ne serait-ce pas plutot qu'ils élargissent le domaine des arts pour plaire aux jeunes? Les éducateurs d'‘aujourd ‘hui sacrifient aux tendances nou- velles. Hélas, leurs conces= sions se font parfpis au dé= triment de la Connaisssance et de 1'Esthétique! Peut-on les blaémer de s'a- dapter & notre temps? La vie artistique est en perpétuel devenir, avec des éclairs et des ombres. Il serait vain de lutter contre le courant et de regretter des périodes plus ‘brillentes. Mais il est permis de se tenir sur ses gardes de- vant certaines audaces. Dans ‘une odeur de caout- chouc, une quinzaine de voitu- res étincellent de couleurs et de chromes. Les gardiens tra quent les garnements qui s'a= platissent sous les chassis}; tandis que les parents, penchés sous les capots, diuscutent pistons et culbuteurs. Un garage ou une station- service?Non!La Galerie d'Art de notre bonne ville de Vancouver! ‘L'auto gouverne notre langage et nos moeurs. C'est elle qui nous a suggéré des expressions telles que" Elle m'a laissé en panne et je L'aurai au tournant!" Crest en son honneur que des tunnels s'étirent sous les. grandes vil- les et que des parcs de béton remplacent les pares de verte, Le but de cette exposition, c'est de présenter 1' automobi- le comme objet d'art. Des ama- teurs s'emusent A reconstituer d*anciennes autos. Ils fouil- lent dans les ferrailles, ré- novent moteurs et carrosseries, et recréent des coupés 1925.0u des cabriolets 1930. Le bulletin de la Galerie nous assure qu'il y faut de l'imagination. Je ne le pense pas. L'art méprise la copie. Artiste, A la rigueur, celui Le Soleil de Yancouver,page 5,le 13 decembre 3968 qui fagonnerait un engin de forme inconnue évocateur de L'automobile. Et encore! Peut— on qualifier d'artiste celui qui assemble une machine avec des outils? Il est bon de donner des coups de sonde dans 1'inconnu. Cela fouette ceux qui s'endor- ment dans l'académisme. Mais c'est un jeu dangereux et qui risque de dégrader le domaine des arts. Nous savons que l'art mo- cderne aime s'aventurer dans la technique et nous le regret- tons. L'artiste s'évertue & traduire le monde du métal et l'art y perd le privilége d'of- frir un refuge hors du prosais- me -quotidien. Ces automobiles sont des malheureuses exilées. Si nous admirons la patience et l'in- géniosité de ceux qui les ont assemblées, nous leur repro- chons leur intrusion dans une salle ot se montrait naguére les. joyaux des pyramides d'E- gypte et les portraits des rois d'Angleterre. Ces autos qui ne roulent pas sont comme les personnages d'un musée de cire: Elles ont une valeur évocatrice. A voir ces guimbardes aux lanternes de cuivre, aux claxons 4 poi- re de caoutchouc, ‘on cepense & Henry Ford, qui construisit seul sa premiére voiture; On évoque le Paris:.de 1925, la plaque tournante de 1'Etoile, la Tour Hiffel illuminée par l'enseigne Citroen, et les vitrines de la rue de 1'Ope- ra, ou s'arretent les jolies femmes. Cette jeune fille lacére les pneus d'une belle voiture avec un couteau et elle raye ensuite la carroserie sur laquelle elle jette de l'encre, Un policier l'arréte et demande: ~Enfin, voyons vous n'y pensez pas? Elle hausse les @paules et explique: Cette voiture appartient a mon fian ce avec lequel j'ai rompu.Si je Las vais aimé, lui,le l'aurais vitriolé, Mais comme je: *nlaimais que sa voite ure,il est normal que ce soit: elle Gie-ie Massacre, Les "ITRREDUCTIBLES GAULOIS". yous invitent a: %"Souper uu féves"; pour ‘samedi pry \cein, uk décembre, de 5h. a The PM mas lp sale parroiasiale; & a) 3146 xx7 Heapher Vancouver. ultg¢s $1.25,enfants $0.75 Au restaurant,un client est mie con= tent: -Dites-moi,garcon,vous appellez cela du bouillon de poulet,vous vous fichez de la tete du monde?, Alors,le garcon, surpris: -C'est-a-dire, monsieur,que c'est du bouillon de jeune poulet} ? a realité,monsieur,c'est lteau dans laquelle nous avons fait bouil- lir les oeufs durs! LE RESQUILLEUR | 15 Tl etait noir et blane et to mouille? Noir et blanc 1a nature ltavait fait telj tout mouillé, c'etait tres simple, Ce vendredi matin il pleu- vait a" boire debout ", D1 y avait pourtant des habita tions tout le long du Broadway ou il aurait pu se refugier, Non, c'est le 14 qu'il a choisi.,Anour du" transport en commun, promenade gratuite, de toute fagon, pour un chat,originali- te certaine, Et le 14, de sept heures du ma= tin fut accueillant, I a commence par flairer les peu nombreux voyageurs comme lui mcudlles, puis tranquiliement est ale lé s'asseoir sur la banquette en ar- riére du chauffeur, D. a entrepris une méticuleuse toilette, sa séréni- te de petit félin troubldée en aucu- ne maniére par les voyageurs, Comme l'autorité se trouve par= tout, méme sur les lignes d'autobus carrefour Broadway-Granville,un ins~ pecteur.....Qrdre est donnée au chauf feur de descendre au prochain arrét le passager clandestin. Las} me gis- je, il va se faire écraser}Mais qua tre pattes sont plus rapides que deux jambes | et notre resquilleur é-— tait remonté avant que le conducteur ne se soit retourne, Et le voyage au long cours se poursuivit. Une banquette, c'est bien joli, mais par temps Ae pluie, apres avoir sessuye impermeables et pes c'est humide! Des genoux, c ‘est bien confortablejles miens ont du lui pa= raitre "ad hoc ", Un coup de langue affectueux sur ma joue lui a semblé subeieant pour payer son passage. ii. faut tout essayer dans la vie che ai dans une vie de chat. Un garcon qui liseit un roman attire son: ate| tention. Hop! .Sur les genoux,un coup de téte dans le livre, Mais & la ré= flexion et surtout a l'usage rien ne vaut une jupe. Apres une promenade dans la voiture, une visite aux bot- tes et chaussures humides, retour a ses premieres amours, Le terminus approchait, l'auto bus se vidait peu a peu, De retour sur mes genoux,il s'y blottit comme pour jusquta la fin des temps quand le chauffeur, se sou= venant .de son voyageur qu'il cher= chait a repérer dans la glace lta enfin trouve, Alors mon mauvais ane glais s'est fait compréhensible:"No non, je ne le garde pas, je ne peux pas, j'ai déja un chet; ramenez-le sur Broadway! Descendue is derniere et mon autobus n'étant pas encore 1a, ‘jai pu voir notre conducteur porter ayec des gestes attentifs de jeune mere son resquilleur sur la banquette ar- riere, Peut-étre un matin clair ou mouillé retrouverai-je dans le 14°le passager clandestin amoureux des voyages, M.L. CHEZ VIGOR XS POUR GROUPES DE 12 Chez Victor 618 rue Davie CUISINE FRANCAISE Reservations: 688-1822