pr f; } 4. sa sean dsssb pene een Grammaire classique ou grammaire de classe ? Le sire de Joinville, compa- gnon d’armes et. historiographe de Saint Louis, rapporte ainsi un _ €pisode sanglant des Croisades: “Tl y avoit gens sarrasins appa- reillés, les espées toutes nues, QUE ceux qui cheoient ils les - occioient et getoient touz ou flum.” C’est-a-dire: “Ceux des croisés qui tombaient, les Sarra- sins les tuaient et les jetaient dans le fleuve.” Deux siécles plus tard, Philippe de Comines écrit, avant I.a Fontaine: “Quant ilz furent joinctz. celluy qui -estoit dessus l’arbre demanda a son compaignon par serment ce que l’ours luy avoit dict en -Yoreille, QUE si longtemps lui avoit tenu le museau contre - Yoreille.” Un peu plus tard encore, le sieur de Monluc. autre pourfen- - deur d’infidéles: “La compagnie du comte de Tende estoit ce _ jour-la de garde. QUE le cappi- - taine Taurines en estoit lieute- nant.” Un siécle encore (toujours - environ), et voici Moliére: “J’ai une tendresse pour mes che- - vaux, QU’il me semble que c’est moi-méme”, déclare maitre Jac- ques dans ses fonctions de cocher. Et, pour clore provisoirement le panorama, Louis-Ferdinand Céline: “Vous n’avez pas a4 étre surpris, lecteur. Au moment de cet attentat, les faits incidents quiproquos s’entremélérent, QUE maintenant encore vous vous retrouvez souvent en mé- sententes paralléles...” (Nord, éd : - hale, p. 32.) On pourrait multiplier de tel- les citations; qu’ont-elles de com- mun? D’abord, d’étre parfaite- ment grammaticales au sens chomskyen: c’est-a-dire d’étre immédiatement comprises, et comprises de la méme fagon par -n'importe quel “parlant - fran- cais” d'origine: mais non par un étranger, 4 moins qu’il ne maftri- _se parfaitement notre langue. Ensuite, d’étre toujours ser- ties et jugées par les mémes parlant-francais comme du “mauvais” francais: y compris par ceux qui. spontanément, _ parleraient comme Joinville ou Céline, et ils sont nombreux. Un effet de ce jugement collectif _ défavorable est que de telles phrases ne sont jamais écrites, sinon (c’est le cas de Céline) par une transgression voulue des -régles du “bien-écrire”. Conséquences de cette inter- diction tacite: ce genre de construction est ignoré de nos grammaires. Ni M. Maurice Gre- visse ni M. Robert-Léon Wag- ner, qui savent.]’un et l’autre du francais tout ce qu'il est possible d’en savoir, et ne sont ni l’un ni l'autre, il s’en faut. des puristes racornis, n’en font aucune men- tion. C’est que les meilleures des grammaires ne sont encore que des grammaires d’écrivains. LANGUE DU ROI ET LANGUE DU PEUPLE Jean de Joinville, Philippe de Comines, Blaise de Monluc, sont de grands seigneurs. Ils écrivent cependant non en aris- tocrates, mais comme tout le monde s’exprime et écrit alors, le roi compris. Ne révons pas trop d’une longue époque fran- caise de “communisme linguisti- que”: le noble et le manant ne parlaient sans doute pas exacte- ment la méme langue. Il est du moins permis de penser que, jusqu’a J’offensive victorieuse des bas-bleus du début du dix- septiéme siécle. l’écart social entre les “parlures” était infini- ment moins grand qu’aujourd’ d’hui. Déja, Moliére ne fait plus guére parler, comme _ nous l'avons dit, que les domestiques de farce. Ce n’est pas tout d'interdire, il faut remplacer. Avons-nous ga- gné au change? Dans le cas de Joinville et de Céline, nous emploierions: de telle sorte que ceux qui tombaient. les Sarra- sins, etc. Ou: si bien que mainte- nant encore vous vous retrou- vez, etc. C’est pataud, long, lourd, sans-vie. Pour Monluc, un simple point-virgule (la compa- gnie était de garde: le capitaine Taurines, etc.). Mais nous y perdrions cette nuance sensible de preuve, de précision militaire, qu’a voulue le narrateur. Pour le récit de Philippe de Comines, on he voit pas bien quoi substituer au QUE; il semble qu’il faudrait reconstruire la phrase, au détri- ment de son naturel. Pour Moliére enfin, nous écririons: une telle tendresse pour mes chevaux, au’'il me semble, etc. Une fois encore. nous sommes perdants: “telle” n’ajoute rien a la compréhension. mais l’expres- sion est moins vive. Nous le vovons bien par une autre citation de Céline, cette fois dans Guignol’s band (éd. Poche, p. 55): “Cascade, on I’a trouvé chez lui dans un état d’énervement QUE personne osait plus l’ouvrir. [len tenait aprés tout le monde.” Si l’on convient de nommer “résuuultatives” ces proposi- tions (pluté6t que “consécutives” “La Francophonie and You” Le magazine | des Franco-Colombiens Le mercredi a 22h au canal 10 POUR LES AUTRES REGIONS, __ VERIFIEZ DANS LE_TV GUIDE . . — —— comme le fait la grammaire traditionnelle; mais la place nous manque pour développer ce point de terminologie), on voit que Il’articulation entre un état des choses a) et. un résultat b) peut se faire A trois degrés: au degré zéro, elle n’est marquée que par une pause (en langue parlée), un point-virgule (((en langue écrite): au degré moyen (langue parlée seulement), par QUE seul; au degré plein, elle est sur-marquée par un détermi- natif: tel... que. si bien que, de telle sorte que, ete. Aux lecteurs qui se deman- dent ce que peut bien étre un fait de “sociolinguistique” on est tenté de répondre: en voila un, dans le domaine de la syntaxe. Une construction simple, vigou- reuse, fonctionnelle, qui non seulement ne présente aucune ambiguité mais permet de ren- dre a l’occasion une nuance particuliére au récit. est aujourd’ hui pratiauement interdite de séjour en francais. alors que son caractére “national” ne fait au- cun doute. Interdit sans effet en linguisti- que pure: née avec la langue, une tournure aussi pratique résiste 4 tout. Une phrase com- me: “Il tousse la nuit QUE personne ne peut dormir” est aussi vivante aujourd’hui qu’a l’époque de la Chanson de Ro- land. Mais, interdit terriblement efficace dans les rapports de société: l’'ahsence du détermina- tif (tel, tellement. etc.) est l'un des traits qui marquent a coup sfr la langue des dominés, de la. classe ouvriére. Jacques CELLARD. [Le Monde, 133-14 Mars 1977] A kok kkk ak L’article de M. Cellard (Gram- maire classique ou grammaire de classe?) m’a un peu surpris, surtout quand il dit que les expressions qu'il a citées se- raient “immédiatement compri- ses de la méme fagon par n'importe quel “parlant - fran- ¢ais” d'origine; mais non par un étranger, 4 moins qu'il ne maf trise parfaitement notre lan- gue.” Le mot-clé est “que”, qui, dans les cas en question, remon- te tantét 4 quod. tantét 4 quam, deux mots latins qui sont, a leur origine, des accusatifs du singu- lier, celui-ci féminin, celui-la neutre, les deux fonctionnant en tant qu’adverhes. phénoméne latin trés fréquent. En fait, ce phénomeéne dépasse de loin le cadre du latin, car c’est le bien commun des langues firyennes. Un anglophone ou un germano- phone ne doit nullement maitri- ser parfaitement la langue fran- ¢aise pour comprendre cet em- ploi du mot “que’’. puisque le mot anglais that et le mot allemand daS peuvent remplir la méme fonction. Prenez, par exemple, la phrase anglaise “What have J ever done, that this should happen to me?” Tout cela s’explique facile- ment pour peu que l’on rencoure au latin, plutét au latin vulgaire qu’au classique. M. Cellard, auto- rité qu’il est de I’histoire de la langue francaise. sait trés bien le latin vulgaire, trop bien, il me semble, pour parler de “gram- maire classique ou grammaire de classe”. Ie prohléme qu'il pose n'est pas de probléme. _. j TASKS GO tnd BABSevloms? Fike -GGORIT WA Le Soleil de Colombie, Vendredi ler Avril 1977, 11 - 38 ‘ MANILLE — La police de Manille est 4 la recherche de cambrioleurs quine manquent pas d’imagination. Au lieu de s’introduire par effraction dans les maisons, ils envoient une complice, fort bien tournée d’ailleurs. frapper a la porte en disant que sou soutien-gorge a cédé... et prennent d’assaut la maison pendant les réparations! FRANCE — Celle-ci s’adresse strictement aux amateurs d’humour noir. Prés d’Auch. en France, un employé de pompes funébres est mort d’une hémorragie cérébrale, dans un cimetiére, alors qu'il soulevait le cercueil d’un défunt pour le mettre en terre. BOSTON — On sait que plusieurs autoroutes américaines ont une voie spéciale pour banlieusards, réservée aux automobiles qui transportent trois personnes ou plus. Or, l’agent de circulation Frank p. baran voyait tous les matins depuis un mois sur la route 93, prés de Boston, la méme femme, toujours impassible, toujours habillée de la méme facon, toujours accompagnée de deux hommes. Jamais un geste, jamais un sourire. Ce qui surtout intriguait le policier, c'est qu'elle portait toujours les mémes vétements. Avez-vous déja connu une femme qui portait le méme linge jour aprés jour? Un bon matin, l’agent fit done stopper la voiture. Vous l’avez deviné: les deux hommes voyageaient avec un mannequin de plaatre pour jouir du privilége de circuler dans la voie rapide... ANGLETERRE — Un pilote de ligne a cru réver en apercevant dans le ciel, dans le sud de l’Angleterre, un énorme cochon rose. Non, il ne révait pas et n’avait pas bu. C’était tout simplement un gigantesque ballon publicitaire. en forme de cochon, qui avait rompu ses amarres... ILLINOIS, — Le juge Samuel G. Harrold, d’Eureka, en IIl., abhorrait les prévenus qui se présentaient devant lui les cheveux longs, en particulier lorsqu’ils avaient lair “barbeux”; souvent il les obligeait a se faire couper les cheveux et, comme punition supplémentaire, il suspendait leur permis de conduire. La Commission juridique de I'Tllinois vient de décider que le vénérable juge outrepassait ses droits; il est suspendu pour un mois sans traitement... NEW YORK — Ed Lennon, portier, a trouvé dans le métro, un matin, une petite serviette de cuir bleu dans laquelle se trouvait (lisez bien!) un chéque de $4,189.769.95. Il a retourné le chéque a son propriétaire, une compagnie d’importation-exportation, et a recu en retour... des remerciements. soutien. Un coup doel suffi! ! Devant la hausse du coat de la vie, le Soleil a besoin de votre Ne tardez pas a vous réabonner. Veuillez vérifier la date d’expiration de votre abonnement qui est indiquée au-dessous de votre adresse. ~— Un simple coup d’oeil suffit pour nous aider! COUPON DE REABONNEMENT Envoyez a: Le Soleil de Colombie 3213 rue Cambie Vancouver C.-B. - -V5Z 2W3 N’avez-vous jamais pensé a recevoir votre Soleil toutes les semaines? I] vous suffit d'inclure $10.00 et de nous envoyer le coupon ci-dessous. COUPON D’ABONNEMENT nal