nels ane Société Historique | Franco-Colombienne La Société Historique Franco-Colombienne est heureuse de vous annoncer qu’une personne vient de prendre en main le projet “collection photos”. Il s’agit de Mme Anita Charland que vous pouvez appeler au 266-4824, aprés 20h00. Anita _ira inspecter vos trésors photographiques et se chargera de la reproduction des photos qu'elle choisira. CONTRAT POUR LA «MAIL» AVEC LA HUDSON’S BAY POUR LE LAC DES ESCLAVES PREMIER VOYAGE [suite] Le soir, aprés ma longue journée, je retrouvais Jean au «Cécil». Il se plaisait dans sa place, étant bien considé- ré, car, par son frére d’Atha- ‘basca, P.E. Lessard savait qui il était, qui nous étions, et je fus moi-méme trés bien recu quand, en quelques oc- casions, j'accompagnai Jean chez lui. Marius Clément était un bon camarade. Son pére était chef de musique 4 Mar- - seille; son prénom reflétait bien ses origines, et son caractére s’était épanoui au soleil de Provence et le long de la Canebiére aux senteurs . d’anisette. D’un naturel trés gai et expansif, il n’engen- drait pas la mélancolie. Ce- pendant, il semblait se re- plier sur lui-méme quand, _ involontairement ou non, les raisons de sa présence sur ce sol lointain semblaient de- voir faire l'objet de la con- _ versation; il avait pris, qua- tre ou cing ans auparavant, une terre vers Buck Lake et, comme nous et beaucoup d'autres, faisait six mois de travaux extérieurs pour de- meurer ensuite les six mois suivants sur la propriété a _ investir l'argent gagné. Car il y avait longtemps qu'il avait épuisé le pécule appor- té de France et était «cassé comme un clou» selon l|’ex- pression bien imagée du pays. Mais vint le temps ot il fallut reprendre !a direction d’Athabasca, pour faire hon- neur aux termes de notre contrat avec la Hudson’s Bay. Nous avions, tous frais déduits, dans les cent vingt dollars disponibles pour un bon appoint pour l’achat du second team que nous avions retenu a Fitzgibon. Dés notre arrivée & Atha- basca, nous allimes donc le voir pour conclure définiti- vement cette transaction. C’était un attelage plus lé- ger que celui que nous possédions déja, mais suffi- sant pour trainer sur la glace - un traineau chargé de sacs postaux, et qui pouvait, en outre, nous servir & T’occa- sion pour la selle ou la voiture légére. Ils étaient tous deux blancs, truités de marron, et . s'appelaient «Tom» et «Chief», plus - puissants, avaient été jugés préféra- bles. Nous piimes les avoir, harnais compris, sans nous endetter. Mais en ce qui concernait le traineau sup- plémentaire qui eit fait dou- ble emploi en temps normal avec celui que nous avions déja, il fut convenu avec Fitz que nous lui achetions une voiture légére pour la belle saison, payable a la fin de notre contrat, et qu’il nous Tout étant ainsi arrangé, nous allames passer deux jours sur la terre, pour re- prendre Tom et Chief chez le pére Menut et voir si tout était en ordre. Les chevaux n’avaient pas pati; et quand nous efimes-attaché nos deux attelages dans leurs stalles, nous étions déja fiers de notre beau cheptel. L’écu- rie était chaude, |’intervalle des logs bien calfeutré, le grenier empli de bon fourra- ge, tout étant donc pour le mieux, et nous pouvions envisager lhivernage avec confiance. : Quand nous redescendi- mes 4 Athabasca avec une grosse charge de bois pour Margot, le temps était déja trés foid; pendant la nuit, le thermométre devait glisser a ving-cing ou trente au- dessous de zéro. Mais la neige était bonne, bien lisse, et le temps clair dans la journée n’était pas pour nous déplaire. LE DEPART Les préparatifs de départ ne furent pas longs: nous avions déja tout notre atti- rail de campement et il ne manquait plus que la nour- riture (la «grub», comme disaient les Canadiens). Cel- le-ci, aux termes du con- trat, était fournie par la Hudson's Bay et, réellement, Le Soleil de Colombie, vendredi 2 mars 1979 17 Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4,090 membre individuel $10.00 membre groupe A/S MME Catherine Lévesque, 211, 46@me avenue ouest Vancouver, C.B. V5Y 2X2 | Saviez-vous qu'il existait un journal en francais au début de la colonie? ROR -LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE a/s Mme Catherine Lévesque, 211, 46éme avenue ouest, Vancouver, C.B. V5Y 2X2 PRIX: $1.00 + $0.25 pour la poste : entre autres, une grande plaque de bacon, des con- serves de corned beef, pork and beans, poisson, confitu- re, un sac de sucre en poudre- de vingt livres, farine, sirop d’érable, baking powder, beurre salé, thé, café, tabac, etc., bref, une véritable épicerie et cent livres d’avoine pour les che- vaux, le foin devant étre acheté dans les stopping- places of nous devions cam- per. Nous avions la large- ment pour le voyage et ensuite vivre, au retour, au moins une dizaine de jours sur la terre, sans rien ache- ter. Nous emportions environ quatre-vingt 4 quatre-vingt- dix sacs de courrier, divers, lettres ou paquets qui, ré- partis sur les deux trai- neaux, ne faisaient pas une charge excessive, surtout sur la glace de la rivitre que nous.allions suivre sur pres- que tout le parcours. Nous n‘avions que les sorties des berges qui pouvaient étre rudes pour atteindre le re- lais et, au pis-aller, dans ce cas, il était toujours loisi- ble de doubler l’attelage pour quelques dizaines de métres. Aux termes du contrat, nous avions huit cents dol- lars assurés pour le trans-' port de ce courrier, jus- qu’au ler avril, et, en princi- pe, un voyage par mois. mail du petit lac des Escla- ves, s'il y en avait, et nous étions libres de transporter, pour notre propre compte, des marchandises ou voya- geurs vers Athabasca ou Edmonton. La veille du départ, nous allames coucher sur le ranch et partimes de la le matin suivant, avant méme le jour, rejoignant la riviére par la piste qui descendait de notre plateau al’embouchure du Baptiste Creek. Nous écono- misions ainsi six 4 huit miles dans cette étape. Nous avions l’esprit bien tran- quille, ce voyage nous sem- blant maintenant, avec notre expérience déja un peu mf- rie du pays et des chevaux, assez facile dans l’ensem- ble, la rigueur de la tem- pérature mise a part. Nous ne pensions pas que, quel- ques heures plus _ tard, s’abattrait sur nous une terrible épreuve qui anéan- tirait, en quelques minutes le fruit de longs mois de travail. La route sur la riviére était, a cette époque de Yannée, une piste bien tra- cée, car le charroi commen- cait a se faire vers le Petit lac des Esclaves et toutes les régions situées vers la rivié- re de la Paix, a l’ouest, et la grande Prairie. Les attela- ges allaient d'un bon pas, sous un ciel clair et un soleil de glace mais tel quel bien prétait, pour 'hiver;un trai- s'cettdiderniére faisait-bien© Pout le retour; nous dévions ' agréable néanmoins. De les choses. Nous elimes, prendreles quelques sacsde temps a autres, nous pou- neau supplémentaire. vions marcher devant eux pour nous réchauffer car, avec des températures de —25, il faut entretenir une circulation normale et tou- jours se méfier des gelures insidieuses. Parfois, on res- sent comme un simple coup d’aiguille sur la joue ou le nez, et c’est tout. Ensuite, la gelure s’accen- tue et dégénére en suppura- ion. Ce sont la atteintes superficielles qui ne tirent pas a conséquence, sauf d’a- bimer votre beauté. Mais quand, par exemple, se gé- lent doigts ou surtout or- teils, c’est une tout autre affaire, et si le mal s’est trop ancré, il faut recourir a l’am- putation pour éviter la gan- gréne. Nous avions eu plusieurs fois le bout du nez gelé, et aussi avions-nous eu recours au vieux et toujours efficace systéme D. Nous avions dé- — coupé dans un vieux mor- ceau de couverture de laine un petit carré cousu en étui que nous placions, maintenu par un élastique derriére la téte, sur notre appendice nasal. Or il se trouvait que cette couverture était rou- ge..., ce qui nous avait valu, de la part des métis ou Indiens des environs, le sur- nom de «nikookook», ce qui signifiait, en cree ou en montagnais, les «nez rou- ges». (A SUIVRE) sf >