Janvier 1967

vant, elles vont hardiment vers le Pacifique, .

on entre en Colombie Britannique. Les portes
pour y entrer sont rares. Le fait est que La
Vérendrye avait atteint le pied des Rocheuses
beaucoup plus au sud, soit 4 Fort Pierre, dans
le Dakota du Sud. Ceci se passait en 1741 et ce
ne fut que cinquante ans plus tard, en 1793,
que le réve de Pierre de la Vérendrye, d’attein-
dre la mer l’Ouest par terre, fut réalisé.

Les seules voies possibles laissées 4 Vhomme
pour pénétrer chateau-fort des Rocheuses é-
taient celles qu’utilisaient les riviéres pour en
sortir. Elles sont encore les mémes deux siécles
plus tard. Elles sont au nombre de quatre: le
Crowsnest, au sud, 4 une quarantaine de milles
de la frontiére américaine; la faille du pare na-
tional, Yoho, emprunté par la ligne transcon-
tinentale du Pacifique Canadien, longeant, sur
le versant est, la riviére Bow et sur le versant
ouest, la riviére Kicking Horse qui a donné son
nom 4 la passe du Cheval qui Rue; cette der-
niére se trouve 4 mi-chemin entre le Crowsnest
et la passe de la Téte Jaune, empruntée par
le Canadien National; plus au nord, il y a mo-
yen d’entrer en Colombie Britannique par la
vallée de la Riviére 4 la Paix. Sur une chaine
sans fin d’environ mille milles, la nature n’a
done permis V’invasion de Vhomme qu’a quatre
endroits bien déterminés.

Grace a cette baricade de 11,000 pieds de
hauteurs et de deux autres chaines principales
qui rivalisent avec la premiére, sinon en hau-
teur, en escarpement, la nature a réussi a se
protéger assez bien contre l’insatiabilité de
Vhomme. Il est encore possible, sans trop d’ef-
fort, de retrouver la forét telle qu’elle était
avant les explorations des blanes. Les cours
d’eau ott on peut boire sans hésitation, sans
se demander ce quwils ont baigné en amont,
peuvent encore vous consoler aprés la lecture de
“Silent Spring” de Rachel Carson.

Deux fleuves principaux drainent l’épais
chapeau de neige qui s’accroche aux massifs
alpins durant Vhiver; car, été, les précipita-
tions atmosphériques sont rares. Par contre, la
rencontre des vents chauds et humides du Pa-
cifique avec le débordement de la masse d’air
glacial de l’Arctique se transforme en conden-
sations volumineuses qui n’ont pas trop de l’été
suivant pour retrouver leur chemin vers la
mer.

Ces deux fleuves sont le Columbia et le Fra-
ser. Tous les deux vont chercher leurs eaux
jusqu’au nord de la province. Tous les deux
gardent une direction sud sur la majeure par-
tie de leurs parcours pour tourner, tout 4 coup,
vers l’ouest dans leur randonnée finale. La
frontiére des Etats Unis les divisent alors, et
le premier sépare les Etats du Washington et
de l’Orégon, tandis que l’autre, le Fraser, bai-
ene le riche delta qui porte son nom, au sud de
Vancouver, avant de se perdre dans le détroit
de Georgie.

L’histoire de la Colombie Britannique, ¢’est
Vhistoire de la victoire de Vhomme sur eapri-
cieux méandres de ces deux fleuves. Le mois
prochain, nous parlerons du “Voyageur” et de
son indomptable associé, l’explorateur Ecos-
sais. (a suivre)

L’APPEL

page 9

OTAN...

(suite de page 7)
libérer les peuples que jadis pour les subju-
guer.

Toute la sympathie que nous pouvons é-
prouver pour les buts honnétes poursuivis par
les Etats-Unis, aussi bien en regard de leur in-
tervention au Viet Nam que de leur désir de
tenir sous tutelle Alliance Atlantique, ne doit
pas empécher de nous inquiéter devant la force
de persuasion unilatérale qui augmente en
proportion. L’analogie qui vient a l’esprit est
la suivante que Lafontaine aurait pu transfor-
mer en fable.

Il était une fois un éléphant bien nourri,
heureux, traité avec respect par toutes les créa-
tures de son entourage. Voulant rendre un peu
de ce bonheur qui le comblait, il décida de se
faire protecteur des tout petits de la gent ani-
male de la région. Il choisit, particuliérement,
la souris toujours menacée par le chat. Si bien
qu’un jour, surprenant le chat qui venait de
bondir il ’écrasa de sa patte. Mais, comble de
frustration, quand vint le temps d’annoncer 4
la souris que le chat ne la menagait plus, plus
de souris; la pauvre, déja prisonniére des dents
du chat avait été écrasée en méme temps que
lui.

La France ressuscitée, forte de sa propre li-
quidation d’un empire sous le théme de I|’auto-
détermination de ses anciennes colonies, est le
rayon d’espoir qui nous permet de présumer de
la survie du chat et de la souris dang un juste
équilibre.

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