| t , . PS aT we A ew 8 we en La stratégie a Victoria A la faveur des indiscrétions qui ont fil- tré ces derniers jours dans divers jour- naux, on connait mieux, a quarante-huit heures de la conférence qui doit s'ouvrir lundi, les grands themes des délibérations de Victoria. D’Ottawa, les participants a la conférence ont recu une série de textes constitutionnels portant non seulement sur la méthode d’a- mendement, mais aussi sur la Cour supre- me, les droits politiques, les droits linguis- tiques, les relations internationales, les dis- parites régionales, et le mécanisme des ren- contres federales-provinciales. De Québec, ils ont regu, entre autres, un projet tres important d’amendement 4 I’article 94-A de l’AABN. (on en trouvera le texte en page huit). Parmi les textes en provenance d’Ottawa, aucun n’offre, un interét passionnant pour le Québec. Les sujets dont ils traitent in- téressent plus, a l'heure actuelle, le nationalisme anglo-canadien, et le Québec a plutot tendance a les aborder sous l’angle des dangers qu’ils peuvent présenter pour l'avenir. Quant au texte en provenance de Québec, il est deja entre les mains des autres gou- vernements depuis plus de deux mois, decla- rait l'autre jour M. Trudeau aux Commu- nes. Le silence froid dans lequel on l'a laissé dormir indique les réticences qu'il suscite au Canada anglais. Dans ce contexte, les deux acteurs prin- cipaux de Victoria seront MM. Trudeau et Bourassa. Essayons de voir la marge de manoeuvre dont chacun peut disposer. e Consultes par M. Bourassa au sujet de la rencontre de Victoria, les députés li- béraux a l’Assemblée nationale ont été una- nimes, raconte-t-on, a souligner que le Quebec doit rapporter de Victoria des gains concrets et substantiels. Les dépu- tes liberaux sentent dans leurs circonscrip- tions la montée du PQ. Ils veulent pouvoir prouver a leurs électeurs que la méthode de M. Bourassa est efficace. Ce que ces députes ressentent, des milliers de Québé- cois l’eprouvent aussi. Pour que le Québec ne soit pas décu de Victoria, M. Bourassa doit exclure au dé- part toute attitude qui l'inciterait 4 donner son acquiescement a la formule Turner- Trudeau et a certains textes connexes, sans obtenir en retour des concessions substan- tielles Meme si, objectivement, elle est meil- leure que la formule Fulton-Favreau, la formule Turner-Trudeau n’apporte au Quebec aucun gain important. Elle compor- te en retour on pourra le constater en lisant l'article de Jean-Claude Leclere — des risques qu'on ne saurait minimuser Sevigitoh | | | Si cette formule devait étre le seul enjeu des pourparlers de Victoria, le Québec de- vrait refuser d’y acquiescer. Un acquiesce- ment trop facile a la problématique des au- tres partenaires serait une concession stu- ide a leur vanité. Le chef québécois qui se aisserait prendre a ce jeu encourrait avec raison la réprobation de ses concitoyens. Si par contre, un déblocage majeur sur- venait autour de l’article 94-A, la situation pourrait s’en trouver modifiée. Cela ne ré- glerait pas tout le litige constitutionnel, et le Québec ne devrait pas hésiter 4 le rappe- ler avec force. On aurait néanmoins, sur une question majeure, l’indice d’une volonté réelle de changement de la part des au- tres partenaires. Pourvu que ceux-ci soient disposés 4 donner a leur consentement la meme force qu’ils exigeront du consente- ment attendu de Québec au sujet de la formule Turner-Trudeau, le Québec au- rait interét a examiner, de tres pres la possibiliteé d'un honnéte troc qui _per- mettrait de relancer la révision consti- tutionnelle sur une piste créatrice. Notre position a ce sujet eit été plus rigide il y a cing mois. I] était impossible a cette époque, avec les minces rensei- gnements dont on disposait, de saisir la portee exacte des revendications québécoi- ses en matiere de politique sociale. Celles- ci sont désormais mieux connues. Elles sont de grande envergure. Si le Québec gagne son point la-dessus, ce sera le prée sage d'autres gains importants dans les mois a venir: le Québec sera alors justifié de faire lui aussi un pas important dans la vole des concessions. S'il faut en croire des sources proches de M. Trudeau, le gouvernement central serait plus disposé aujourd’hui a neégocier au sujet de la politique sociale quill ne l’etait il y a quelque temps. Pendant toute la semaine, M. Trudeau s'est borne a ré peter aux Communes qu’Ottawa maintien- drait la ligne (inacceptable pour le Quebec) definie dans le document de travail de 1969 sur la sécurité du revenu. Il a cependant évite de dire qu’a Victoria, il s’en tien- drait rigidement a la lettre de ce document. Ottawa sait maintenant que Quebec ne se satisfera pas de trucs administratifs, d’har- monisations légales qui regleraient des problemes immediats mais laisseraient pour l'avenir la porte ouverte a tous les abus qu’on a connus dans le passé. II sait aussi que Quebec ne troquera pas ses revendica- tions fondamentales pour un plat de len- tilles. Quant a M. Trudeau, il est passable- ment prisonnier de ses deéclarations pas- sees. Il s'est fait accepter du Canada an- glais grace en bonne partie a son opposi- | | tion au particularist ébé pa il pourrait ace versaires politiques au Canada anglais. M. Trudeau a eT a ntéret asseoir |'unité du pays sur bases pli solides. Pour y parvenir, il doit d bord légitimer davantage sa position au Qu ébec. Ce résultat e nécessairement par lac ceptation B québécoises. -M. itive des aspirations urassa exprime ces as- -_ pirations sous l'une des formes les plus modérées qu'on puisse concevoir. M. T deau pourrait le briser en exigeant de lui des concessions impardonnables et en ne lui faisant en retour aucune concession majeure. Une fois brisé M. Bourassa, avec qui M. Trudeau bor ge envisager de traiter ensuite 4 Quebec? Fa M. Trudeau vient de se faire rappeler par plusieurs provinces anglophones que son reve d'un bilinguisme generalement accepté a travers le pays demeure pour |’instant une chimere genéreuse. Aussi les textes auxquels il tenait peut-€tre le plus — ceux qui portent sur les droits linguistiques — ne figureront-ils a l’ordre du jour de Vic- toria que sous une forme diluée qui en ré duit bee au seul gouvernement fé déral. Cet échec devrait aider M. Trudeau a comprendre pourquoi les Québécois esti- ment que leur seule base solide et durable, leur premier point d’appui, reste lEtat quebécois. Si M. Trudeau décide d’ouvrir son jeu’ autour de 94-A, de nombreuses voix anglo- phones crieront a l’abandon d’une prépon- dérance inalienable du gouvernement cen- tral. Mais il se trouvera des premiers mi-} nistres provinciaux pour suivre le ministre canadien dans la voie du reéalisme. Déja, MM. Schreyer, Bennett et Robarts avaient indiquée, a une conférence antérieu- re, qu’ils seraient disposés a étudier de fa- con spéciale certaines revendications que} le Québec est seul a formuler. Victoria} serait un bon endroit pour le leur rappeler. ° La conférence de Victoria — qui de] vait a l’origine etre centrée sur la formule} Turner-Trudeau — s’annoncait de ce fait} | comme une vaste mise en scene concue pour} — satisfaire l’ego national un peu fatigue du Canada anglais. Avec l’importance quy] tiendront les débats sur la politique socia-} le, elle redevient ce qu’elle ne peut s’em-} c’est-a-dire une nouvelle} — pecher d’étre, étape dans la recherche d’un modus vivendi acceptable entre le Québec et le reste du Canada. On saura mieux, apres cette con- ference, jusqu’a quel point M. Trudeau est capable de comprendre le Québec, et} jusqu’a quel point M. Bourassa est capable de le défendre. Claude RYAN . Suite premier ministre du Canada, pen- dant que M. Lester B. Pearson prend sa retraite. @ Juin 1968 — Le parti liberal du Ca- nada remporte la victoire et une majorité des siéges & la Chambre des communes. @ Septembre 1968 — Le déces de M. Daniel Johnson, premier ministre du Quebec. M. Jean-Jacques Bertrand assume interim. ® Feéevrier 1969 — La deuxieme réu- nion constitutionnelle décide, entre autres, de procéder a un rythme acceléré a Ja révision de l’Acte de ~ YAmeérique du Nord britannique. ® Juin 1969 — Nouvelle rencontre des premiers ministres pour discuter de la competence et des attribu- tions de chaque gouvernement. Quelques jours plus tard, M. Jean- Jacques Bertrand est élu a la di- rection de l'Union Nationale. @ Décembre 1969 — Les premiers mi- nistres se rencontrent a Ottawa pour poursuivre l’examen de la re- partition des pouvoirs dans le, do- maine de la Santé et du Bien-etre social en particulier. M. Jean Lesage quitte la direction du parti liberal. @ Janvier 1970 — M. Robert Bou- rassa est elu a la direction du parti libéral du Québec. @ Février 1970 — Les premiers mi-| nistres se réunissent 4 Ottawa pour} discuter de différents problémes| non constitutionnels dont la pollu-{ tion, Ja fiscalité et l’inflation. ® Avril 1970 — Le parti libéral rem- porte la victoire lors des élections générales québécoises. @ Septembre 1970 — La conférence) 7 i constitutionnelle décide d’accorder} — la priorité 4 l’élaboration d’une for-]| mule d’amendement et au rapatrie- “ment de la lAANB. © Février 1971 — Les premiers mi- nistres se rencontrent une sixiéme fois au centre des conférences & Ottawa pour étudier une formule] — d’amendement. Le Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé e 1968 et L’Appel, fondé en 1965, est un journal indépendant lpublié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltée, Vancouver 14, _ C.=-B,_ Myriam Bennett - Robert Bennett ‘Jean-Claude Arluison Daniel Case Postale 8190, Bureau 13 Directeur-Rédacteur en chef : Directeur administratif : Rédacteurs : Avec la collaboration de : Gilles Aerts . Jacques Baillaut Alain Clerc Brigitte Clerc Gerry Decario Roger Dufrane Edmond Girault A.A. Hards Ladislas Kardos Jennifer Lulham Carmen Primeau Jean Riou Le Soleil Abonnement ontroty cee ADRESSE : VILLE :; Coupon d abonnement a ‘Réabonnement OQ) eee5eee er ecccccccccccccccesccccceds eee @ PF @ eCeeeeee PROVINCE :..cccccces DATE) s oicias cco cca .Boite Postale 8190 | Station L Mancouver, 14, B.C. Il, bE SOLEIL, 18 JUIN 1971