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1145, GEORGIA OUEST, VANCOUVER

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“Le Soleil de Colombie, Vendredi 2 Décembre 1977 7

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DART

‘TEL. 682-5621

Premiere exposition Borduas dans Ouest canadien

La premiére exposition
majeure dans l’ouest cana-
dien d’oeuvres de Paul Emi-
le Borduas, artiste et profes-

. seur québecois, ouvrira le 9

décembre a la Galerie d’Art
de. Vancouver. Borduas, qui
a fondé et dirigé une groupe
de peintres non-figuratifs de
Montréal, connu sous le nom
d’Automatistes, est mort il y
a dix-sept ans.

Il continue pourtant a
exercer une profonde in-
fluence sur le développe-
ment de la peinture contem-
poraine au Canada. Son
manifeste, “Refus Global”,
qu'il écrivit en 1948, créa
une fureur sociale et poli-
tique parce qu’il attaquait
l'élite dirigeante québecoise
pour son échec a favoriser
un milieu pour l’expression
et l’examen de nouvelles
idées sociales et esthétiques.
Bien que Borduas ait épou-
-sée une foi continue dans la
viabilité de l’'union canadien-
ne, il est considéré par
certains intellectuels québe-
cois comme l’un des pre-
miers proposeurs du sépara-
tisme québecois.

Les 40 peintures et aqua-
relles, qui composent l’expo-
sition, ont été réalisées pour
la plupart, durant la “visite
prolongée’”’ de Borduas a
New York (1953-55). A la lu-
miére des années précéden-
tes au Québec, il était iné-
vitable que le peintre agé de
48 ans aurait expérimenté
une liberté nouvelle et vivi-
fiante dans l'environnement

_de New York, alors dominée

par l’école des peintres de
New York. Sa peinture subit
des changements importants
sur les plans de la taille, de
“image” et de l’application
de la peinture.

Borduas avait 48 ans lors-
qu'il partit pour New York.
Trente-deux ans avaient
passé depuis qu'il avait été
Vapprenti du grand décora-
teur d’églises, Ozias Leduc.
Leduc l’avait encouragé a

poursuivre ses études a
’ TEcole des Beaux Arts, dont

il sorti diplémé en 1927, et
plus tard 4 1’Atelier d’Art
Sacré de Paris. Leur asso-
ciation continua jusqu’en
1931 lorsque Borduas décida
de suivre son propre chemin.

Dans les années qui suivi-
rent, il accepta des travaux
commandés par des églises
et enseigna dans le systéme
scolaire catholique de Mont-

~ réal.

Durant le cours de son

“développement artistique,

Borduas de plus en plus
attiré vers les peintres sur-
réalistes qui, corroborant sa
propre expérience dans |’en-
seignement, lui apportérent
la confirmation que le puits
de la eréativité repose dans
Vineonscient. En 1942, il
avait suffisamment formulé
sa technique personnelle de
peinture automatique pour
mettre sur. pied une exposi-
tion de ses oeuvres, qu'il
intitula “Peintures Surréa-
listes”. Ce fut un succés écla-
tant, et trente-sept des qua-
rante-cing tableaux furent
vendus. L’année suivante,
un bref voyage 4 New York
lui permit de prendre une
connaissance directe des
oeuvres surréalistes.

Alors qu’il enseignait a
!'Ecole du Meuble au début
des années quarante, Bor-

‘duas est devenu le centre

d'un groupe de jeunes artis-
tes, la plupart ses éléves, qui
exprimaient la prise de
conscience et le méme inté-
rét grandissants pour les
nouvelles théories sociales,
la psychoanalyse et le surré-
alisme. C’était 1a un sujet qui
avait été condamné sans
équivoque par |’Eglise. En
1948, ils avaient formulé un
manifeste, “Refus Global”.
Borduas écrivit l’essai. Le
livre miméographié, assem-

blé a la main, enveloppé
d'une reproduction d’un. des-

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sin de Jean-Paul Riopelle,
atterrit comme une bombe
incendiaire a la fois sur les
politiciens et sur le clergé.

Moins d’un mois aprés la
publication, le ministre du
bien-étre social, Paul Sauvé,
avait ordonné le renvoi im-
médiat de Borduas de son
poste de professeur a l’Ecole
du Meuble.

Une poignée seulement de
ses étudiants soutenaient le
point de vue de Borduas.
Gérard Pelletier, dans un
éditorial du prestigieux quo-
tidien Le Devoir, rejeta
purement et simplement la
prise de position de Borduas.
Les intellectuels de pointe
ont maintenu un silence
froid, tandis que le reste de
la société québecoise le trai-
tait comme un fou, méme
comme un criminel. Quel-
ques amis ont offert un
soutien moral.

Un an plus tard, Borduas a
publié un texte véhément
intitulé “Projections Libé-
rantes”, ot il décrit com-
ment le traitement brutal de
“establishment” a _— seule-
ment servi a la propulser
plus vigoureusement vers
sa recherche de liberté per-
sonnelle.

Bien que Borduas ait
continué a exposer, les ven-
tes étaient rares et sa situa-
tion financiére est demeurée
désespérée. Il a finalement
été contraint de vendre la
maison qu'il avait batie lui-
méme et de vivre temporai-
rement avec son frére. En
mars 1953, il partit pour
New York. Ce devait étre
son dernier contact direct
avec sa terre natale.

Bien que Borduas ait réus-
si a se faire reconnaitre par
la critique pour son oeuvre
durant les deux années qui
suivirent 4 New York, le
public américain n’a pas été
intéressé a le soutenir finan-
ciérement. I] décida de se
rendre a Paris ot il espé-
rait trouver un auditoire
plus réceptif.

Borduas passa en France

les cing derniéres années de

sa vie, travaillant 4 un

rythme fiévreux a des oeu-’

vres qui sont considérées
comme étant ses meilleures
réalisations. Le rythme qu’il
s'était imposé I’épuisa et il
mourut d’une crise cardia-
que en février 1960. En

_ décembre de la méme année,
le eélébre Musée Stedelijk

d’Amsterdam lui consacra
une exposition rétrospective
de mi-carriére.

ee

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