6— Le Soleil de Colombie, vendredi 16 aoft 1985 Le Sahel en danger (II) Suite de la page 1 culture. En 1983, la popula- tion malienne était estimée a plus de 7 millions d’habitants, soit une densité moyenne de 5 hab-km2. Cette donnée refléte mal cependant l’occupation de lespace, la population étant surtout concentrée dans le sud du pays. Le secteur agricole - agriculture et élevage - consti- tue Tessentiel de l’activité économique, employant prés de 85 p. 100 de la population active. Les exploitations tradi- tionnelles (cultures de subsis- tance) occupent la majeure partie des terres en culture. Le mil, le sorgho, le mais et le riz constituent la production vi- vriére de base des populations. Handicapé par une sécheresse quasi permanente depuis plus de 10 ans, le Mali doit affronter un déficit chronique et permanent de sa production agricole. Aussi la situation nutritionnelle y est-elle pré- caire, particuliérement dans les régions ot la production vivriére est déficitaire. Dans son ensemble, la population a une consommation calorique inférieure aux normes établies par l‘OMS-FAO, soit 2,200 calories par jour. Plus de la moitié des enfants en bas age souffrent de malnutrition chronique: 40 p. 100 d’entre eux meurent avant l’age de 5 ans; 70 p. 100 avant l’age de 10 ans. Malgré cet état de fait et avec une espérance de vie a la naissance de 45 ans, plus de la moitié de la population a moins de 20 ans. Les neuf dixiémes de la population adulte est analphabéte alors que 27 p. 100 des enfants en age scolaire fréquentent |’éco- le. Ce pourcentage est encore plus faible dans les régions rurales - autour de 10 p. 100 - en raison notamment des habitudes de nomadisme de certaines populations. Le Mali Sur le plan économique, le Mali se classe au 5e rang des pays les plus pauvres du monde. Son PNB par habitant est de 190$ EU avec une croissance annuelle de 1 p. 100 et un taux d'inflation de 7,8 p. 100. Dans son ensemble, l’éco- nomie malienne est caractéri- sée par un déséquilibre pro- fond entre les secteurs d’activi- tés: ® au cours de la derniére décennie, la production agri- cole a baissé de plus de 10 p. 100 alors que la croissance démographique a augmenté d'environ 25 p. 100, élargis- sant le fossé entre la produc- tion et la consommation ; © le secteur industriel repré- sente 11 p. 100 du PIB (Produit Intérieur Brut), en hausse de 4 p. 100 qu'il était en 1960. Toutefois, le gros des activités manufacturiéres _re- lévent principalement de la transformation des matiéres premiéres agricoles. Aussi le climat et le déclin. de la production agricole influent- ils directement sur ce secteur; * coton, bétail et produits de l'arachide ne suffisent plus a compenser l'importation de produits alimentaires destinés a combler le déficit vivrier évalué pour l’année 1984 a plus de 350,000 tonnes. La récession économique dans les pays industrialisés a, de surcroit, exercé un impact direct sur l'économie malienne qui s'est traduit par une détérioration chronique des termes de l’échange, résultant en un déficit budgétaire en- core plus grand et un plus lourd service, (rembourse- ment) de la dette extérieure. Le Niger Avec une superficie de 1,266,000 km2, soit légére- ment plus petit que le Québec, le Niger est le plus grand état de l'Afrique de l'Ouest et le sixiéme plus grand pays du continent. Pays enclavé, le Niger s’étend sur plus de 2,000 km d’est en ouest, de 1,300 km du nord au sud. La plus grande partie de son territoire se partage entre le désert et le Sahel. Les sols sont, en mo- yenne, pauvres et les rende- ments a l’hectare parmi les plus faibles d'Afrique. Seule, la zone soudanaise au sud et sud-ouest du pays s’avére fer- tile. Longue de 1,500km, mais large seulement de 50 a 250 km, elle représente a peine 12 p- 100 de territoire. Plus de 80 p. 100 de la population, évaluée a plus de 6 millions, habite cette partie du pays, le long du fleuve Niger, ov la densité oscille entre 60 et 70 hab-km2. Cette densité tombe a moins de 1 hab-km2 dans le nord du pays. Au dela de 80 p. 100 de la population vit en milieu rural. L’espérance de vie a la naissance est de 45 ans. L’apport quotidien moyen de 2,300 calorie rencontre tout juste les normes minimales. Le taux d’alphabétisme de la population adulte se situe a 12 p- 100 alors que 23 p. 100 des jeunes enfants fréquentent 1’é- cole. Le taux moyen de croissance démographique est de 3,3 p. 100, l'un des plus élevés de la région. Selon les statistiques de la 681-6374 BRITISH & EUROPEAN MOTORS LTD. 1257 Seymour St., Vancouver ‘Au service de Vancouver: depuis 1959. Skoda DOr one 4 DR. FAMILY se DAN ALSO SKODA 120 G.L °6390 & SKODA RAPID 130 SPORTS COUPE *6990 Transports et commission compris Lundi - Vendredi 8h30 - 19h00; ee BIOS B.S Os Dealer 6255 Banque mondiale, le Niger se classe dans les 20pays les moins avancés et l’un des 45 pays considérés, par les autorités, comme étant sérieusement af- fectés par des conditions éco- nomiques adverses. Son PNB par habitant.est de 330$ EU, avec une croissance annuelle moyenne de - 1,5 p. 100 entre 1960 et 1982, et un taux annuel d’inflation au cours de la méme période de 12,1 p. 100. Cycles différents Dans son ensemble, la crois- sance du Niger répond 4 des cycles différents. Au lende- main de l’indépendance, le pays connait un développe- ment économique modéré. La sécheresse qui s’étend de 1968 a 1973 frappe durement le pays et immobilise presque complétement son processus de développement. La seconde moitié des années 70 favorise heureusement davantage la population nigérienne. L’ac- croissement des recettes d’ura- nium, une pluviométrie plus stable et une politique agricole articulée permettent 4 l’éco- nomie de se remettre. Cepen- dant dés 1981, les effets de la récession mondiale frappent de plein fouet le pays. Depuis, l’é€conomie tourne au ralenti. La chute des recettes d’ura- nium, au moment ov le pays fait face, pour la troisiéme année, aun déficit alimentaire d’environ 100,000 tonnes, im- pose de sérieuses restrictions a l’économie. L’agriculture et l’élevage traditionnel comp- tent pour prés de la moitié du PIB et soutiennent plus de 80 p- 100 de la population. La plupart des agriculteurs prati- quent une économie de subsis- tance, tout au moins les années ‘ou les pluies le permettent. Depuis quelques années, les paysans doivent lutter contre une dégradation progressive des sols, particuliérement dans les régions centrale et sahé- lienne du pays. Les cultures d’exportation, soit l’arachide et le coton, sont en baisse depuis 1978. Le secteur industriel génére envi- ron 10 p. 100 du PIB et emploie 3 p. 100 de la main d’oeuvre. Les industries nigé- riennes sont, dans l’ensemble, de taille modeste. La plupart sont dirigées vers la transfor- mation des produits agricoles et la substitution aux importa- tions. La production miniére con- cerne principalement l’ura- nium, le charbon et la cassité- rite, l’uranium représentant prés de 80 p. 100 de recettes d’exportation. Depuis 1981, le prix moyen a !’exportation de l’uranium nigérien a chuté de 25 p. 100 alors que les coiits de production n'ont cessé d’aug- menter. La situation inquiéte les autorités, l’conomie nigé- rienne étant particuliérement dépendante des fluctuations du marché d’uranium. Résul- tat, le pays connait une situation budgétaire difficile. La dette extérieure représente prés de 40 p. 100 de PIB. Le programme di’austérité du gouvernement permet heureu- sement de maintenir un cer- tain équilibre dans la situation budgétaire de 1’Etat. Le Burkina Faso Le Burkina Faso est un pays aride, sans accés a la mer, de quelque 247,000 km2, soit environ le quart de l'Ontario. La partie sud du pays se compose d’une savanne boisée qui se transforme en des terres sablonneuses, au fur et a mesure que l'on se dirige vers le nord. Les sols sont, dans l'ensemble, peu fertiles et affichent une faible capacité de rétention d’eau. La maitrise Ecole Anne Hébert Ecole pour francophones de la maternelle d la 7€me année 7051 Killarney Vancouver V5S 2Y5 Tél: 434-2646 de l’eau représente d’ailleurs une des préoccupations ma- jeures des Burkinabe. Dans l'ensemble, le pays se trouve dans une position géo- graphique difficile: les sols sont pauvres alors que la densité de population de 25 hab-km2 est une des plus élevées d'Afrique. Les pluies sont irréguliéres et inégales et les rendements agricoles plutét faibles. Ce qui explique que méme les années ou les récoltes sont bonnes, le pays doit importer des céréales pour rencontrer les besoins alimen- taires de sa population. Entre 1975 et 1982, le déficit annuel vivrier fut d’environ 100,000 tonnes. Depuis trois ans, la sécheresse persistante et des disparités régionales rendent la situation encore plus criti- que dans certains coins du pays. Répartition inégale La population de 7 millions d’habitants, 495 p. 100 rurale, est inégalement répartie sur le territoire: plus de 80 hab-km2 sur le plateau Mossi au centre et moins de 10 hab-km2 dans le nord et l’est du pays, en raison notamment de la séche- resse quasi-permanente qui y sévit. Le taux de croissance de la population est d’environ 2p. 100 alors que la mortalité infantile est l’une des plus élevées du monde: 27 p. 100 des enfants n’atteignent pas l’age de 5 ans. L’espérance de vie 4 la naissance (44 ans) est inférieure a celle du Niger et du Mali. Avec un PNB de 240$ EU, le Burkina Faso est un des 10 pays les plus pauvres d’ Afrique Entre 1970 et 1981, le PIB a progressé .annuellement de 0,36 p. 100 alors que le taux annuel d’inflation se mainte- nait a 9 p. 100. Une forte densité de popula- tion, des sols pauvres et une situation économique précaire expliquent les migrations, es- timées a plus .de 500,000 personnes par année. Déja, prés de deux millions de Burkinabe résident a l’ex- térieur du pays. L’émigration de ces derniers, réputés com- me de trés bons travailleurs, se fait surtout en direction de la Céte-d’Ivoire et des autres pays cétiers, du Mali, du Niger et de la France. Situation défavorable La situation économique dif- ficile du pays tient 4 un ensemble de facteurs. Au départ, une situation géogra- phique peu favorable: les ports d’Abidjan (Céte- d'Ivoire) et de Lomé (Togo) se trouvent a plus de 1,000 km de Ouagadougou, ce qui a pour effet d’augmenter consi- dérablement le coit des im- portations et des exportations. Une pluviométrie inégale, un sol déficient, des ressources naturelles faibles, un marché de consommation limité et des forces vives qui €migrent sont autant de facteurs qui freinent le développement économique La stagnation dans l’ensemble de l’activité économique et industrielle, l’instabilité poli- tique des derniéres années et une grande dépendance vis-a- vis l’extérieur pour des sources de financement handicapent davantage le pays, le rendant, a toutes fins pratiques, tribu- taire de l'aide internationale, non seulement pour son déve- loppement mais aussi pour sa survie. NB. La semaine prochaine, nous verrons les perspectives de développement: [Revue de U’ACDI, juin 1985] ce Photos ACDI AVOCAT RICHARDS, UNDERHILL FRASER, SKJLLINGS Téléphone: [604] 682-3664 Télex: 04-54467 Douglas MacAdams Litiges civils - droit familial - En francais - 600, Edifice Banque du Canadaj 900, rue Hastings ouest VANCOUVER, CB V6C 1G1 iii