Rayon-Jeunesse, octobre 1991 RL a Ac a 4 VASTE, MAGNIFIQUE... ET GLACIAL L’ Arctique est une splendeur. Tous ceux qui l’ont vu; vous le diront. Rien de plus majestueux que ses immenses horizons se perdant dans l’infini de l’espace! Rien de plus pur’ que ses couleurs cristallines! Et rien de plus spectaculaire que ses aurores boréales! Mais 1’ Arctique est un désert de glace fait de toundra sans arbres, de cétes hérissées de glaciers, de plages désertes et d’fles rocheuses. C’est pourtant sur cette vaste étendue s’étalant de la Sibérie au Groenland, soit plus de 8000 km de distance, que des nomades vétus de fourrures vinrent s’ installer. Ils se nommaient eux-mémes Inuits: les hommes. UN HIVER SI LONG L’époque la plus redoutable pour les Inuits d’autrefois était le milieu de l’hiver car c’était la période la plus difficile 4 vivre. A l’horizon, le soleil se montrait 4 peine pendant quelques heures. Puis c’ était l’intermi- nable crépuscule, le froid qui pénétrait jusqu’aux os, la toundra recouverte de neige, les tempétes, les blizzards et les amas de neige. La mi-hiver, c’ était aussi la saison des migrations car il fallait partir 4 la recherche des cari- bous et des oiseaux qui se déplacaient vers le sud, ou se diriger a travers la toundra, vers la banquise pour y chasser le phoque. Ces voyages étaient toujours pénibles. Parfois, les hommes devaient aider les chiens 4 tirer les traineaux lourdement chargés. Tous marchaient a pied, méme les plus agés aux jambes alourdies par la fatigue qui suivaient a distance. Seuls les petits enfants avaient le droit de voyager sur les traineaux. - UNE MAISON PROVISOIRE, LA MAISON DE NEIGE Découpant les blocs de neige, cet Esqui- Placant les blocs en une spirale de plus des tentes en peaux de bétes et en mau se tient au milieu du cercle qui délimite en plus serrée, il donne ainsi a la maison sa hiver dans les i gloos construits avec la future habitation. forme caraaéristique en dome. ichevant maison, 1 met en place les derniers blocs tandis que sa femme enduit la 1 ; paroi de neige poudreuse. mari a pratiquée. vant d emmenager, la femme passe les des blocs de neige gelée. Contraire- ment a ce que 1’on pense, seuls cer- lesquels d’ailleurs n’étaient que des Alaska par exemple, la maison en mottes de gazon, bien plus que la maison de neige, servait d’habitation aux Alaskans. “ Louche Table Lampe a huile de cuisine en stéatite En été, les Inuits habitaient sous tains Inuits construisaient des igloos, habitations provisoires, surtout utili- sées dans I’ Arctique central pendant la affaires de la famille par l'ouverture que son saison de la chasse au phoque. En Source des illustrations: "Sélection du Reader's Digest" et" La sculpture des Esquimaux au Canada" sys” eA QUESTION DE VIE OU oe DE... FA- MINE Depuis toujours, les Inuits ont vécu en harmonie avec la nature. Pé- cheurs et chasseurs nomades par nécessi- té, ils suivaient le gibier dans ses dépla- cements et ne sacrifiaient que les ani- maux qui leur étaient nécessaires. La chasse et la péche se faisaient au rythme des saisons et des variations de tempéra- A CHACUN SON TRAVAIL Rayon-Jeunesse, octobre 1991 : ture. Les hommes chassaient. Une fois l’animal Leur calendrier était divisé d’aprés les changements de lune. Chaque mois portait le nom capturé, s’il était de grosse taille, les chiens le trai- d’un événement de la nature comme par exemple: «le passage du Caribou». C’est ce qui naient jusqu’au camp, et c’était alors le travail des explique que parfois ils habitaient au bord de la mer et parfois a l’intérieur du pays. Rentrer femmes de le dépecer en suivant des régles trés strictes. Pour ne pas déplaire a 1’ame de l’animal, bredouille (sans gibier) de 1a péche ou de 1a chasse n’était pas une question de déshonneur mais signifiait simplement: pas de nourriture ce jour-la. La hantise de la famine était toujours 1’épouse inuit recouvrait l’igloo de neige fraiche, l’y présente. étendait sur le dos et lui versait un peu d’eau fraiche Contes et légendes rappellent sans cesse le probléme de 1a faim chez les habitants de dans la gueule afin que son me n’ait point soif. Cela 1’Arctique. Triste visiteuse, elle revenait trop souvent. devait porter chance durant les chasses futures. Parce De la mer, les Inuits tiraient une grande partie de leur nourriture: le morse, le phoque et que les Inuits croyaient que l’Ame des animaux morts Ja baleine. Sur terre, ils capturaient le caribou et toutes sortes d’autres petits animaux: renards, avait le pouvoir de se réincamer dans des animaux lapins, oiseaux, etc. vivants, ils s’appliquaient a bien la traiter. Ainsi, cette 4me, une fois réincarnée se souviendrait des bons traitements recus et rendrait la proie plus facile a capturer. LES «ASSOCIES DE PARTAGE» Apres les rites venait le dépecage. L’épouse inuit commengait par écorcher |’ animal en faisant bien attention de ne pas trouer la précieuse peau qui servirait 4 fabriquer tentes et vétements. A l’aide d’un couteau pour femmes appelé «ulu», elle découpait la chair en quatorze morceaux soigneusement détermi- nés, qui étaient ensuite distribués aux «Associés de partage» avec lesquels existait une entente de partage réciproque du gibier. Ainsi, le chasseur chanceux devait partager sa capture avec ses associés. Mais s’il rentrait les mains vides, il était heureux de recevoir une part de la capture faite par ses associés. Cet arrangement de partage était une sorte de garantie pour les jours de mauvaise chasse. LA FAMILLE INUIT Chez les Inuits, la vie familiale était chaleureuse et rarement monotone. Les parents ado- raient leurs enfants et traitaient les plus jeunes avec une patience infinie. Lorsqu’il y avait des enfants adoptés, ce qui était souvent le cas, ils bénéficiaient des mémes faveurs que les autres. Lorsqu’une femme avangait en Age, elle adoptait souvent un enfant qu’elle appelait son «baton de vieillesse». C’était un peu dans |’espoir qu’il s’occuperait d’elle lorsqu’elle serait plus Vieille. Les péres s’occupaient particuli¢rement de leurs fils. Ils leur fabriquaient des traineaux et des petits harpons pour les inciter a jouer a la chasse. Vers lage de 10 ans, ils commengaient a les emmener a la chasse avec eux. _ Les filles passaient la plupart de leur temps avec leur mére. Elles les aidaient a récolter les lichens, s’occupaient des plus petits et apprenaient a coudre les peaux. Les jeunes filles inuits se mariaient trés jeunes, souvent avant l’4ge de 16 ans. Il n’y avait pas de cérémonie de mariage. Un jour, la jeune fille rassemblait ses affaires et le plus simplement du monde, partait s’installer dans l’igloo de son mari. Le contraire pouvait aussi se produire. Pour les Inuits, la famille avait une énorme importance. Pour mieux survivre, il était préférable d’étre nombreux dans le méme igloo afin de mieux affronter les rigueurs de la nature et de s’entraider davantage. Ainsi, il pouvait y avoir trois générations dans la méme habitation. L’AMITIE? UN BESOIN Les Inuits jugeaient que plus ils auraient d’alliés, meilleures seraient leurs conditions de vie. C’est pourquoi ils entretenaient, outre les liens de parenté avec cousins, cousines, oncles et tantes, des liens d’amitié avec des membres d’un méme camp d’hiver ou d’autres groupes. Dans ce but, ils formaient diverses associations de chants et de noms. Les «Associés de nom» avaient l’habitude d’échanger des cadeaux identiques ou de valeur égale tels que lampes, harpons, couteaux, etc.