le francais en Louisiane Par Pere Jean-Marie Jammes, Ph. D. ~ Conseil pour le Développement du Frangais en Louisiane La Louisiane est aujourd’hui 4 la mode dans les pays francophones, comme elle I’était vers 1720, au temps du célébre financier Law. Tout le monde veut savoir si le frangais y est encore parlé, comment, par qui? Les réponses a ces trois questions varient beaucoup et les chiffres les plus divers sont souvent donnés, les uns trop pessimistes, les autres trop optimistes. Une enquéte officielle réalisée lors du recen- En fait, le francais est Pour eux une langue parlée _ Mais qu’ils ne savent sou- vent ni lire, ni écrire et qui Teste done assez limitée. C’est une des raisons pour lesquelles on a quelquefois dit ou écrit qu'il était impos- -Sible de tenir une conversa- tion suivie avec des Louisia- Nais, le francais étant ici “le lot des analphabétes”. Evi- demment, ceci est totale- Ment erroné et dans le Sud de la Louisiane, l’Acadiana, il reste encore prés d’un Million de personnes ("4 de la population) pour qui le francais peut toujours étre langue de communication. Ces francophones appar- ' tiennent a des groupes hier €ncore bien différents mais qui ont tendance a se re- Srouper aujourd’ hui, pour beaucoup de raisons, sous la banniére de l’Acadiana. Les Créoles. Descendants des. colons venus’ en i Louisiane au XVIIléme et au -XIXéme siécles, ils ont été longtemps divisés en deux 7 Sroupes, “Yancienne popula- _ tion” et les “francais étran- gers”. Ils sont surtout restés groupgs a la Nouvelle Or- léans et dans les environs _immeédiats de la ville. Quelle que soit l’origine de ces colons (parmi les pre- miers se trouvaient des re- pris de justice et des pro- blémes sociaux qu’on déver- sait dans les “iles de Loui- siane’” comme dans un bagne), leurs descendants sont arrivés a constituer une sorte d’aristocratie et ont joué longtemps un réle im- portant. Stimulés par les immi- grants du XIXéme siécle avec parmi eux des journa- listes, des éducateurs et des prétres, ils ont beaucoup pu- blié: leur dernier journal en frangais, ]l’Abeille, a tenu jusqu’en 1923. Ils publient encore irrégu- liérement une revue en fran- cais, l’Athénée Louisianais. Ils sont environ 200 000. Le francais que quelques-uns parlent encore, est relative- ment pur. Les Acadiens ou _ plus exactement Cadiens, comme ils se définissent eux-mé- mes, ou Cajuns comme les appellent les Américains. Ils sont descendants de quel- ques 5 000 Acadiens qui ont été, dans des conditions trés dures, déportés par les An- glais en 1755, des terres qu'ils cultivaient dans ce qui est aujourd’hui le Nouveau- Brunswick et la Nouvelle- Ecosse. 28 Se we sement de 1970 permet pourtant de préciser pour chacune des 64 paroisses [division administrative correspondant a Ilarrondisse- ment] le nombre des Louisianais qui ont déclaré avoir grandi dans une maison ou le frangais était parlé. On atteint, 4 quelques unités prés, le total de 600 000 avec un demi million de Blancs et presque 100 000 Noirs. Quelques-uns en emprun- tant les affluents du Mis- sissippi, beaucoup par mer et le groupe le plus impor- tant grace a des bateaux affrétéss par l’'Espagne, ils sont arrivés peu a peu en Louisiane, surtout de 1760 a 1785. Grace a leur courage et a la solidarité qui les unis- sait, ils ont réussi a culti- ver une terre trés différente de celle qu'ils avaient dt quitter mais aussi a conser- ver leur identité. Ils ont méme assimilé les autres immigrants qui les entouraient: Espagnols et Allemands en particulier se sont francisés. Ce sont les ‘descendants de ces diffé- rents groupes qui consti- tuent les quelques 800 000 “Cadiens” qui ont gardé le francais du XVIIléme siécle qu’on parlait 4 Grand Pré ou a Beaubassin, comme en Normandie ou en Poitou... Ils ont certes un- vozabu- laire limité et quelques n.ots bien a eux mais ils arrivent 4 comprendre et a se faire comprendre comme |’ont dé- couvert ceux qui parmi eux ont servi d’interprétes au cours des derniéres guerres ou qui travaillent au service des compagnies pétroliéres internationales. Parce que beaucoup n’ont guére fréquenté l’école, on les définit quelquefois com- me des Louisianais qui sont illettrés en deux langues. Encore tout récemment per- ‘sécutés pour leur. franco- phonie, ils commencent 4 en retirer une certaine fierté et pourraient enfin se décider a transmettre a leurs petits enfants ce qu’ils n’ont pas voulu ou su donner a leurs enfants. On les trouve dans tout le Sud de I’Etat, du Texas 4 la Nouvelle Orléans et si beau- coup sont encore restés at- tachés a la terre et donc “habitants” comme ils disent ici, nombreux sont ceux qui sont entrés dans les pro- fessions les plus diverses, la politique et les Universités. Les Noirs. Descendants des esclaves, souvent Séné- galais, importés dés la fonda- tion de la Nouvelle Orléans et trés vite protégés en partie par le fameux Code Noir de 1724, ou des Noirs quelquefois déja libres, ve-_ nus de Saint Domingue (Haiti) pendant la Révolu- tion Frangaise ou lors de la révolte de Toussaint L’Ou- verture en 1802. Croyant souvent parler “créole”, comme ils le disent, beaucoup ont en réalité un bon francais que leurs grands-parents apprenaient de leurs maitres blancs, quand ce n’était pas le contraire. Si dans quelques commu- nautés leur langue a gardé des points communs avec le créole de Haiti, on peut affirmer que prés de 200 000 Noirs parlent frangais avec assez d’aisance et toujours beaucoup de fierté. Aujourd’hui tous considé- rés comme Noirs, ils étaient, avant la guerre civile, divi- sés en sous-groupes bien dis- tincts, depuis les Octoroons ou sang-mélés qui n’avaient qu’un de leurs arriére-grand- parents Noir jusqu’aux Saca- tras qui n’avaient eux qu’un arriére-grand-pére Blane, en passant par les Mulatres issus d'un parent Blanc et d'un parent Noir. Ce sont ces “gens de couleur”, souvent libres et aisés, qui ont four- ni beaucoup d’écrivains fran- cophones de la Louisiane au X1Xe siécle. Les Indiens. Ils étaient au XVIlléme siécle un maxi- mum de 15 000 répartis entre au moins 6 tribus. I] en reste encore vraiment plu- sieurs :centaines. (théorique- ment plus de 3000) en partie regroupés dans 4 ou 5 cen- tres et surtout au Sud de Houma. La, le francais eeest pour eux langue maternelle et on y trouve encore des enfants de six ans arrivant a l'école ne connaissant que le francais. So yez en bonne et Gi forme! C'est la loi. | PARTICIPA T/ion od it canadien du bien-étre physique. Le Soleil de Colombie vendredi 21 décembre 1979 23 Délégation québécoise a Mexico en 1980. Le Québec et le Mexique ont annoncé I’établissement dés le début de 1980 d’une délégation du Québec 4a Mexico qui aura le méme rang que celles de Paris, Londres, Bruxelles et New York. Le directeur des Affaires d’Amérique du Nord au ministére des Affaires étran- géres du Mexique, M. An- drés Rozental, a fait une déclaration en ce sens a Québec aprés s’étre entre- tenu avec le Premier minis- tre, M. Lévesque, et le _Minis- ministre des Affaires inter- gouvernementales,M.Claude gouvernementales, M. Clau- de Morin... M. Rozental a souligné que le Québec est, de toutes les provinces de la fédéra- tion canadienne, celle qui a le plus d’affinités avec le Mexique; 60% du tourisme canadien au Mexique est constitué de Québécois. I a réitéré l'intérét de son pays pour la technologie québé- coise dans le domaine de Vhydro-électricité. Véronique Roy, Premier Ministre d’un jour Pour marquer ]’Année in- ternationale de l'enfant, une fillette de huit ans a détenu symboliquement le pouvoir a Québec le jeudi 8 novembre. Véronique Roy, de Beauport (en banlieue de Québec), dont le nom a été tiré au sort parmi ceux de 15,000 enfants de 8 4 13 ans, s’est assise dans le fauteuil du Premier ministre, M. René Lévesque, qui lui a remis un disque et un livre; elle a été recue par le président de l’'Assemblée nationale qui lui a donné la médaille du Parlement, par le ministre de la Justice qui lui a donné une poupée de fabrication artisanale et par le chef du restaurant de Assemblée nationale qui lui a donné... un plat de cerises confites. Le Prix de la Presse Le prix littéraire de la Presse vient d’étre attribué a M. Gilles Marcotte et a I'équipe qui a réalisé L’An- thologie de la littérature québécoise (Editions La Presse). Outre M. Marcotte, l'équipe comprend MM. Léo- pold Leblanc, René Dionne, Francois Hébert et Mme Gabrielle Poulin. Trois des quatre tomes prévus ont déja paru: Ecrits de la Nouvelle-France, 1534-1760, par Léopold Leblanc; La patrie littéraire, 1760-1895, par René Dionne, et Vais- seau d’or et croix du che- min, 1895-1935, par Gilles Marcotte et Francois Hébert. L’age de l’inquié- tude, par Gabrielle Poulin et René Dionne, paraitra au _ ritable Hebdo Quebec Antonine Maillet, prix Goncourt Revevant a Paris le prix Goncourt pour son roman - “Pélagie-la-Charrette”, An- tonine Maillet a dit que, par l’attribution de ce prix a un francophone d’Amérique, “on lie a nouveau la France a cette autre terre qui lui est liée par des liens fraternels et consanguins”. Son roman, qui raconte le voyage de retour au pays d’une acadienne déportée en 1755, est édité a Paris chez Grasset et 4 Montréal chez . Leméac. Dans une entrevue qu'elle ‘accordait récemment a “La Presse” de Montréal, Anto- nine Maillet faisait ressortir Vinfluence de la tradition orale dans son oeuvre. Elle y rendait hommage au fondateur des archives de folklore de l’université Laval, le professeur Luc Lacoursiére: “Sans lui, ¢a m’aurait pris beaucoup de temps a trouver ma voie. C’est avec lui que j’ai com- pris l'importance de l’apport oral, de la tradition popu- laire. C’est avec lui que j'ai compris comment un écri- vain pouvait sans honte plonger dans les sources de son passé, aller chercher dans les racines de son peu- ple et aussi loin que dans le ventre de sa mére I’inspi tion d’une écriture qui n’est pas pour autant une affaire désuéte, mais qui ne fait que rendre le présent plus vrai”. Prix Jean Béraud-Molson L’écrivain québécois bien connu Jacques Lamarche a remporté le prix littéraire Jean Béraud-Molson, doté d’une bourse de $2.000, pour son livre La saison des feuilles mortes. Cet ouvrage fait partie d’une grande fres- que historique racontant les aventures d'une famille du Québec. Cette fois, il s’agit de la période de change- ments économiques et so- ciaux des années trente. Les deux précédents ou- vrages s'intitulaient: La sai- son des aurores boréales et La saison des ares-en-ciel. Le livre primé est publié par les Editions Pierre Tisseyre, de Montréal. Vote libre pour les Crédi- tistes au référendum Le Conseil provincial du Crédit social (quatre dépu- tés francophones du Québec aux Communes d’Ottawa) a décidé, lors d’une réunion a Trois-Riviéres, de laisser ses adhérents libres de voter comme ils l’entendent au référendum. La direction de cette for- mation conduite par M. Fabien Roy a rappelé. sa posi- position sur “le. droit du- Québec et des provinces canadiennes 4 l’autodétermi- “nation” et s’est prononcée en ~ faveur d“‘une nouvelle constitution” créant “une vé- confédération” *états associés. he RNID cm aR