Be... be Soleil de Colombie, Vendredi 22 décembre 1978 ~ A To be oune pas etre par le Dr. Pierre-Louis Vaillancourt Suite d’une étude sur la situation de l’éducation francaise en Colombie britannique LES REVENDICATIONS PARTICULIERES Parallélement a ces repré- sentations a l’échelle pro- vinciale, la Fédération des Franco-Colombiens, par la voix de ses représentants et de son comité d’éducation, s’occupe de champs plus res- treints et se tient atten- tive a tous les aspects du probléme. Méme au niveau gouvernemental, par exem- ple, elle revendique des ob- jectifs plus précis que ceux énumérés précédemment. Ainsi, la dispersion des francophones dans la pro- vince créé un probléme aigu de transport vers les classes de frangais et la Fédération souhaiterait que le Ministére assure le cofit de déplace- ment des éléves. De méme, elle favorise un meilleur enseignement du francais, - langue seconde, par le recru- tement de professeurs quali- fiés pour cette tache, et par Vuniformisation des métho- des pédagogiques, actuelle- ment trop nombreuses (envi- ron 15 différentes dans la Province). La Fédération a tenté d’associer la British Colum- bia Association of Teachers of Modern Languages (B.C.A.T.M.L.) qui a trop souvent considéré le frangais comme une langue seconde parmi tant d’autres et non comme une langue nationale et qui a déja ouvert les pages de son bulletin ELAN aux opposants de notre cau- se. La Fédération s'est ré- jouie de voir l'appui apporté récemment par cette asso- ciation a l’expansion des classes d'immersion mais el- le souhaiterait malgré tout que les professeurs de fran- cais, langue premiére ou seconde, cessent de conser- ver leur habituel “low profi- le” dans les matiéres qui nous concernent tous. La Fédération des Franco- Colombiens avait réclamé des universités qu’elles ré- introduisent les exigences linguistiques pour les candi- dats a un dipléme universi- taire et elle s'est félicitée devant la récente décision de l'Université de Colombie- Britannique, et aussi devant Vengagement du docteur Ro- bert Roy pour développer un programme de pédagogie adapté a l’enseignement en immersion. La Fédération s'est beau- coup intéressé cette année, a l’expérience scolaire de Co- quitlam, et elle s'est préoc- cupée des difficultés rencon- trées par les étudiants des 8éme et 9éme années de V'école Como Lake. Tous les rapports officiels sur l’école d’immersion, comme celui préparé par les docteurs Kaufman et Shapson de l'Université Simon Fraser, décrivent élogieusement les résultats pédagogiques obte- nus mais ne se penchent pas ou peu sur les aspects psy- chologiques, affectifs, et so- ciaux. Les. difficultés d’intégra- les étudiants ont fait l'objet d’un excellent rapport pré- paré par une éducatrice, et ont amené la Fédération a soutenir toutes les mesures visant 4 améliorer cette situation. Ce professeur sou- haitait que les étudiants soient regroupés dans un lieu ot la majorité des éléves suivraient des cours de fran- cais. Il est permis d’espé- rer un moment que ce lieu soit I’école Maillard, ot pour- ra enfin se développer un programme cohérent et com- plet de francais au secon- daire. Enfin, la Fédération des Franco-Colombiens a noué des contacts avec les com- missions scolaires les plus réceptives de Vancouver, Coquitlam, Victoria, Prince George, et continue de pro- mouvoir auprés des autres, plus réticentes sinon hosti- les, l’engagement d’un coor- donnateur de francais pour celles qui n’en ont pas. Il semble acquis que le présen- ce d'un coordonnateur, et il y en a une vingtaine dans la province, améliore parfois sensiblement la situation de l'enseignement de la langue seconde. D — Les parents francopho- nes et I’école francaise. Dans un rapport écrit pour le Secrétariat d’Etat, le Professeur R.-J. Ravault, de l'Université d’Ottawa consi- dére comme minoritaire au Canada toute personne qui ne se sent pas définie sur le plan ethnique par I’étiquette “W.A.S.P.”. Et il soulignait combien les groupes minori- taires ont été incités, par la politique culturelle cana- dienne, a disparaitre. Une étude américaine, publiée en aout 1977 dans Le Devoir, montrait qu’a l’extérieur du Québec, les langues secon- des ou maternelles, y com- pris le francais, disparais- saient plus vite au Canada qu’elles ne l’avaient fait aux Etats-Unis. Les chiffres confirment cette triste réalité. Sil y a plus de 100,000 personnes qui peuvent parler francais en Colombie-Britannique, et s'il y en a 96,680 selon le recensement de 1971 qui sont d’origine ethnique fran- caise, i] n’en reste plus, par contre, que 38,003 qui sont de langue maternelle fran- caise, et plus que 11,510 qui parlent encore frangais a la maison. Le francafs est ici langue morte, elle n’a pas droit de cité. Hors de Mail-’ lardville et de St-Sacrement, pourrait-on ironiser, point de salut. Toute interrogation du genre: OU sont les parents francophones? Que veulent- ils? doit tenir compte de ces faits. Ils sont, tout simple- ment, de moins en moins 1a. Et ces degrés variables d’in- tégration a la communauté anglophone déterminent des variations considérables dans leurs attentes. Nous pourrions distinguer sommairement deux grou- tiomd’adaptation, les_ava-_ pes: ceux dont: la volonté est nies auxquelles sont soumis — pour ainsi dire en puissance, ‘ et l'autre, chez qui elle est en acte. Les premiers, relative- ment. anglicisés, souhaite- raient plus de frangais a l'école, ce qui permettrait a leurs enfants de maintenir une certaine connaissance de la langue seconde. Sympa- thiques a cette cause, ils ne sont cependant pas préts a se mobiliser pour elle. A lextréme limite de ce grou- pe, on trouverait ceux qui sont complétement indiffé- rents, démobilisés et immo- biles. L’autre groupe compren- drait les gens mobilisés, qui interviennent, font des pres- sions auprés de leurs com- missions scolaires, comme a Nanaimo, joignent les rangs de la Fédération ou méme des groupes Canadian Pa- rents for French afin d’ob- tenir, sinon une école fran- caise, du moins des classes d'immersion. A l’extréme de ce groupe se situeraient les militants, promoteurs de 1’i- dée de l’école purement fran- caise. Somme toute, les inten- tions varient autour du pour- centage de frangais a l’école, du degré zéro a la totalité, de l’enseignement simple: rudiments de compréhen- sion et d’expression, a |’en- seignement complexe: con- naissance approfondie de I’o- ral, de Il’écrit, grammaire et stylistique. Ces divisions ne sont pas autant d’hypothéses. Une enquéte fort récente menée auprés des parents d’éléves d’une commission scolaire de Victoria, dont on a pu, grace a ordinateur, extraire les données qui concernent les parents francophones, les confirme. — Sur environ 170'familles 160 sont en faveur de l’ensei- gnement du frangais, et, de ceux-la, 21% souhaitent un enseignement quotidien du frangais, 30% souhaitent un enseignement plus avancé, et 18% favorisent le syste- me dit d'immersion, ou l’an- glais est introduit graduel- lement. 31% se prononcent pour plus d’un systéme, ce qui peut faire augmenter de 10% les chiffres précédents. L’enquéte bien plus vaste du gouvernement permettra une plus juste approche du probléme. Compte-tenu des pres- sions considérables que l’an- glicisation exerce, ces répon- ses témoignent d’un intérét remarquable, et constant a Végard du maintien du fran- cais. Cependant, les moyens pour satisfaire ces attentes sont encore faibles- Parmi méme les person- nes les plus intéressées au probléme, des problémes de sémantique dissimulent mal des différences idéologiques. Certaines classes sont par exemple appelées impropre- ment d’immersion, car elles n’offrent pas un programme dans un milieu naturel fran- cais. Les définitions propo- sées par les ministres pro- vinciaux de l'éducation ne sont pas satisfaisantes. L’ap- pellation école bilingue est aussi ambigue car on ne définit pas la composition de la clientéle. Seules:l’école frangaise et V'école anglaise ont des défi- nitions bien tranchées mais entre les deux, le coeur balance et la sémantique s’égare. : La premiére tache, devant cet écheveau un peu mélé d’intentions, et de situa- tions, tant pour les diri- geants francophones, que pour les responsables d’édu- cation, ne serait pas tant de le déméler que d’accepter son caractére enchevétré et d’essayer de tenir simultané- ment tous les fils sans les rompre. Vouloir réduire pour les francophones, leurs revendications 4 des propo- sitions simplistes, ou, pour le gouvernement, faire des of- fres trop limitées, est une tentative mais ce serait tra- hir une cause, qui, sous des facettes diverses et en appa- rence antagonistes, reste toujours la méme. Avec tou- tes ces pierres, se batira un jour cette école francaise que nous attendons. En terminant, je voudrais remercier les organisateurs de cette conférence annuel- le pour m’avoir permis de parler au nom de la Fédé- ration des Franco-Colom- biens. J’espére que cet énoncé vous permettra de voir le probléme sous un jour nou- veau. [FIN] et age d’or, Le Théatre Pacific Ballet présente HANSEL et GRETEL 24 décembre — 30 décembre 414 hr. et 20 hr. au Théatre James Cowan 6450 rue Gilpin 4 Burnaby réservations: 291-6864 Billets: $3.00 adultes, $2.00 étudiants $1.00 enfants Le Centre.D’Art, de Burnabyis» {_ enior Liinfluence du P.Q. en Colombie-Britannique par Jacques BENJAMIN ‘et Christiane COTE [Cet article a été publié le 18 novembre dans Le Soleil de Québec]. Reconnue pour étre la province la plus réfractaire au fait francais, la Colombie- Britannique semble tout a coup vouloir se départir de ses réticences et tourner un oeil intéressé du cdté du Canada frangais et plus par- ticuligrement du Québec. Ainsi, les Franco-Colom- biens, au nombre de 38,000, abandonnés volontairement aux oubliettes de l'histoire depuis des décennies, vien- nent de se voir offrir par le gouvernement provincial un systéme d’enseignement en francais concu spécialement et exclusivement pour eux. De méme, le premier minis- tre Bill Bennett porte sou- dain un vif intérét a l'unité canadienne, contrairement a son pére, l’ancien premier ministre W.A.C. Bennett. Bill Bennett réclame surtout une plus grande autonomie économique des provinces, laissant méme entendre que les tactiques de Jacques Parizeau et Claud’ Morin lui paraissent plus efficaces que les méthodes traditionnelles. Est-ce a dire que le Parti québécois s’est trouvé un ailié a l’endroit le plus inat- tendu au Canada? Une telle conclusion parait trop hative car si l'homme politique commence 4 reconnaitre les avantages d'une réforme constitutionnelle, l’homme de la rue, lui, continue a proférer de féroces propos a l'endroit de René Lévesque. Cette attitude, bien qu’elle se soit nuancée au cours des derniers mois, a peu changé au fil des années. Une ré- trospective des dix années du Parti québécois vue de la Colombie-Britannique nous le montre bien. LE PQ AU POUVOIR Les premiéres réactions du gouvernement créditiste de Bill Bennett a la vic- toire du Parti québécois reflétent le mélange d’hosti- lité et de prudence de la population de la Colombie- Britannique. Le ministre Bill Vander Zalm, ministre des Ressources humaines et le membre le plus populaire du gouvernement, exprima aus- sitét sa satisfaction puisque désormais, dit-il, son gquver: nement n’aurait plus a faire® vivre les jeunes choineurs; québécois venant s’établir a Vancouver. Le premier ministre Ben- nett montra, lui beaucoup plus de’ sobriété et déclara 24 heures plus tard que la victoire du PQ favoriserait la décentralisation au Cana- da. Il réitérait cependant opposition de son gouver- nement 4 la séparation de l'une ou l'autre des provin- ces. La premiére année de pouvoir du Parti québécois fut observée particuliére- ment par le biais de la confrontation des deux champions, Trudeat’ et Lé* vesque. L’attitude des dépu- tés fédéraux, tant libéraux que conservateurs, n'a rien fait pour aider le lecteur a comprendre ce qui se passait 4 l'autre extrémité du pays. Alors que le député con- servateur de Vancouver - Sud, John Fraser, traitait publiquement le premier mi- nistre québécois de “traitre et d’enfant de chienne” dans un discours 4 la Chambre de commerce de Vancouver, plusieurs députés libéraux et conservateurs faisaient campagne contre l'introduc- tion de la télévision fran- caise dans la province. Malgré tout, la nouvelle situation au Québec profita indirectement aux minorités francophones des autres pro- vinces puisque lors d’une visite 4 Victoria en 1977, le premier ministre Trudeau pressait le gouvernement provincial de créer un syste- me d’éducation frangaise pa- ralléle a celui offert a la majorité anglophone. Trois semaines plus tét, le minis- tre actuel de |’Education, comme les autres avant lui, avait refusé ce “luxe” aux francophones. FACE A OTTAWA L’influence du PQ ne s'arréte pas la. Le premier ministre Bennett, par exem- ple, semble avoir compris depuis un an a quel point le gouvernement péqu Taider face A Ottawa. Liun de ses conseillers ne disait- il pas récemment qu’en dé- stabilisant l’emprise du gou- vernement fédéral sur les provinces, le PQ contribuait 4 promouvoir les idées de la Colombie-Britannique. On sait que cette derniére réclame une ingérence moins grande des mandarins d’Ottawa dans les politiques économiques des provinces. Depuis le congrés créditis- te de novembre 1977, le premier ministre Bennett demande des changements majeurs non seulement dans les structures du sénat et de la Cour supréme, mais aussi au sein de |’Office national de I’énergie et de la Commis- sion canadienne des trans- ports. Il est clair que la Colombie-Britannique ambi- tionne une présence plus grande des provinces dans les prises de décisions éco- nomiques. : On se rappelle d’ailleurs qu’a Régina, en aofit dernier, le gouvernement de Victoria s'est associé A celui du Qué- bec et des autres provin- ces pour réclamer une réduc- tion des chevauchements des deux gouvernements. Plus que cela, le premier ministre Bennett parle dé- sormais d’utiliser les techni- ques de confrontation du Québec en regard de l’em- piétement fédéral. Il a ainsi mis sur pied une petite équipe de technocrates pour le conseiller en matiére cons- titutionnelle. C’est done dire que l'on reconnait 4 Victoria - la fécondité de la stratégie agressive adoptée par le Québec depuis 1960 puisque c'est la premiére fois ici que l'on recourt a de tels spé- gialistes, S é ibome va ibaiul {A SUIVRE] A of a - a x 3 2.