ee ae . de Vancouver sur la bande = VOL. 4 NO. 10 Vendredi 30 novembre 1979 Radio-Canada ctoria: 3 et 8 Chilliwack: 14 Kelowna: 21 Kamloops: 50 Prince George: 4 Terrace: 11 Programme de la télévision francaise de Dancing Eros En quéte d’un humanisme a travers le désir L'homme. d’aujourd’hui, a la fois accablé par la fin de son monde et excité par le «choc du futur», submergé par la prolifé- ration des gadgets et tendu par les idéologies contradictoires, cherche désespérement un point d'appui. Convaincu’ de ne plus rien trouver dans les religions tradi- tionnelles, il s'asservit aux sec- tes les plus ridicules ou s’épar- pille l'esprit dans les analyses parcellaires des spécialistes ré- ductionnistes. L'homme d’aujourd’hui, affolé par une sorte de psychose du plaisir, hanté par le désir de posséder toujours plus de biens matériels, confond de plus en plus |'étre avec l’avoir. Certes le génie d'Occident, plus créa- teur que jamais, fascine méme Orient millénaire qui voudrait s'approprier le secret de sa force. Mais ce qui est la raison de vivre d'une élite de savants ou de penseurs concerne de moins en moins les foules avi- des des retombées matérielles de leurs découvertes. Et, aux quatre coins de fa terre, on at- tend avec toujours plus d’en- thousiasme crispé des lende- mains qui chantent a travers des magnétophones de plus en plus perfectionnés. Malgré tout, en dehors des croyants (il en reste encore mé- me parmi les scientifiques), il est des 6tres, ici et la, dont l'humanité profonde, la sensibi- lité et l'intelligence se refusent a se voir et a ne voir leurs fré- res qu’a travers des objets, des routines froides et artificielles. Angoissés, ils partent alors a la recherche d’on ne sait quel ail- leurs de lumiére, de sensualité et de vie... A tatons, ils tachent de se construire un univers per- sonnel plus solide, plus riche et ‘plus dense. C'est justement deux étres de cette sorte qu’'a tenté de faire vivre devant nous Serge Mercier dans une dramatique originale et surprenante, pleine d'idées profondes. Intitulée Dancing E- ros, cette oeuvre audio-visuelle dans le plein sens du terme sera proposée aux téléspectateurs de Radio-Canada dans le cadre des Beaux Dimanches, le 2 décem- bre a 20 h 30. , La dramatique Cette méditation en acte sur le désir, dans la vie actuelle qui devient de plus en plus contrai- gnante et affolante, nous fait pénétrer dans l'intimité d'une femme et d'un homme, dans leur conscience méme, alors que chacun d’eux essaye d’é- chapper au cauchemar qu’est son existence solitaire au bord du désespoir. Il y a d'abord Claire, 1a, de- vant nous, presque chez nous, qui nous voit et nous parle, a- lors que dans un espace symbo- le, un espace synthése, s'impo- sent aussi a nous l'auteur, le présentateur, le jeune vieillard Sylvestre et le Dancing Eros. Les Grands Films «L’Odyssée des sept orphelins» L’Odyssée des sept orphelins - ». sera le film & l'affiche de |’é- mission les Grands Films, télé- visée le jeudi 6 décembre a 20 -h 30 4 la chaine frangaise de Radio-Canada. Ce western, réa- lisé par Earl Bellamy d’aprés le roman On to Oregon de Honoré Morrow, met en vedette stewart ‘ Collings, Dean” “smith ev “Aldo Ray. En 1843, un fermier-du-~Mis--- souri, Henry Sager, entraine vers l'Ouest sa femme et ses six enfants avec |'intention de s'établir en Oregon. Un septié- me enfant nait au cours du voya- ge. Henry, blessé a l'occasion d'une escarmouche avec des In- diens,, meurt..peu _aprés et sa femme, épuisée: par-les efforts entrepris pour combattre une é- pidémie, le suit bient6t dans la mort. L'ainé des enfants, John, qui a quatorze ans, prend alors charge de ses fréres et soeurs et entreprend de mener a bout » le projet de ses parents. fs Un sujet sympathique qui per- met au réalisateur Bellamy de _nous montrer des paysages ma- ~ gnifiques, un jeune héros qui sait racheter ses défauts par son sens de la responsabilité. Pour Claire, au commence- ment était l'objet. A tel point que I'homme idéal qu'elle atten- dait avec une sorte de passion fébrile et déviée, se confondait avec... une chemise Arrow. Mais, s'étant ressaisie avant de per- dre la raison, elle s’apercut qu'elle n’était point faite pour se laisser dissoudre_ dans la matiére, dans les choses. A con- tre-pied tout € coup de ce mon- ° de factice, mesquin et artificiel du travail, elle ne veut plus dé- railler avec cette société. Elle a vu comment la force de sa pas- sion de vivre, comme la -puis- sance de son désir font partout s'évanouir les objets autour d’el- le. Et tous les autres qui con- sentent a devenir marionnettes alors qu'ils pourraient faire sour- dre de leur regard des mondes infinis, si seulement ils vou- laient s’attacher a la recherche du Sens... La vie ne se résume pas ‘aux autoroutes, aux fins de semaines et aux images, aux dé- sirs froids de la télévision. Le désir n'est jamais dans ce qu'on achéte mais il peut s’épanouir dans des endroits comme le Dancing Eros. On y peut fabri- quer du désir et de la vie en attendant, peut-étre, de trouver l'accomplissement dans la prié- re ou en Dieu... Quant a Sylvestre, avec qui nous cheminons en pensée pa- rallelement a Claire, ennuyé, dé- semparé par un univers «disco», ces machines a ne pas penser, ot! on exacerbe ce qu'il y a de plus primitif et de plus incohé- rent en l'homme, il s'est inventé une vieillesse factice. Pour se changer les idées, s’amuser un peu et, surtout, vivre par antici- pation cette part de sa vie dont il est convaincu qu'il sera privé comme on dit que certains ont été privés de leur jeunesse. Etre vieux c’est appartenir a un temps plus solide, inamovi- ble, & base de souvenirs immua- bles. Et rien de plus rassurant quand on est un jeune chomeur qui refuse de se laisser hypno- tiser par le monde des gadgets. ll reste la, sur un banc, a ne pas bouger, comme un vieux, parce-que malgré tout il aime la vie. et: qu'il se plait a réver d'un amour qui durerait. C’est sans doute une fuite... . Mais, avec la complicité de ‘auteur, Claire et Sylvestre se -retrouveront enfin dans le dé- ‘sir, au Dancing Eros, et ils pour- ront former un couple humain, “ équilibré, en marche peut-étre, “on peut le penser, vers un Sens venfin retrouvé ou I’étre peut s'accomplir dans I'humanisme et I'harmonie. La réalisation oti Dancing Eros n'est pas qu’ une dramatique pleine de_réflexion avec méme un arriére-fond mé- taphysique; c'est aussi un spec- . tacle audio-visuel d'une grande originalité a la fois cinéma-vé- rité et caméra-stylo au sens oll l'entendait Astruc. Et le réalisateur André Bous- quet, avec sa finesse, son tact, son sens inné de la perfection, a réussi a créer avec |’auteur, le décorateur et le musicien un univers de sons, de mots, dii- dées et d'images singuliérement cohérent. Tout, le temps, |'es- pace, les vies, le drame, le pro- bléme de la création et de I'in- terprétation, nous est donné d'un coup. La, devant nous, sur le fond noir des espaces infinis comme de l'espace_intérieur sans fin, comme dans notre propre mai- son d’ailleurs, se pose |’énigme: comment échapper, chacun pour soi-méme, &@ un univers aber- rant? 3 Et sur ce fond noir, des 6étres, un écrivain, un présentateur, deux comédiens surtout, Claire et Sylvestre, s'‘imposent a nous avec une prodigieuse présence. Et ils le veulent, et ils nous par- lent parce que nous existons pour eux. . Ce décor dépouillé a l'extré- me, ou n'existent comme re- poussoir aux personnages que quelques objets symboles (un bureau, un banc, un lit, un plan- cher de dancing) rien qui ne favorise mieux la télévision sub- jective. Les téléspectateurs en seront moins déroutés que sti- mulés, encouragés a participer. André Bousquet a_parfaite- ment réussi Cette expérience et en a profité pour obtenir de ses comédiens une interprétation quasi viscérale. I] nous montre ce qu’a l'avenir on pourra de mieux en mieux tirer des gros plans de figures qui nous par- lent de visage 4 visage. On se plait alors 4 penser & ce qu’en prévoyaient Malraux et Eisen- stein. Aprés avoir vu Dancing Eros, longtemps encore hantent notre subconscient Claire (Murielle Dutil) et Sylvestre (Marc Mes- sier) tant leur interprétation nous touche et nous convainc. Dancing Eros, une dramatique d'une seule coulée qui parle a .tous les sens, et qui tient comp- te de l'homme total’ avec son corps, son ame et son esprit. L’auteur On se _rappellera que Serge Mercier est l'un de nos meil- leurs auteurs dramatiques ac- tuels dont plusieurs piéces ont été montées a Montréal et en Europe. Entre autres oeuvres trés appréciées du public, signa- lons Encore un peu qui fut pré- sentée a Avignon (et qui sera reprise ici en janvier prochain par la Nouvelle Compagnie théa- trale) et Elle jouée a Paris et ailleurs. René Houle Superstar Jacques Boulanger, le sympa- thique animateur de Superstar, accueillera 4 l’émission du di- manche 2 décembre a 19 h 30 la populaire chanteuse frangaise Nicole Croisille. C'est le film de Lelouch Un homme, une femme qui nous a fait connaitre la voix de Nicole Croisille il y a une décennie. De ses traits on ne savait rien. Il a fallu quelques années et deux ou trois microsillons pour ap- prendre qu'elle était jolie, élé- gante et trés mince. Puis elle est venue chanter @ Montréal _ sur scéne et a la télévision, et on a appris a la mieux connai- tre et a l'apprécier. Tous les journalistes qui l'ont interviewée s'accordent a dire qu'elle est charmante, d'une extréme sim- plicité et qu'elle a le sens de humour méme dans les situa- tions les plus délicates. Née a Neuilly-sur-Seine, sous le signe de la Balance, Nicole Croisille s'est passionnée pour la danse et la gymnastique dés sa plus tendre enfance. A huit ans elle était déja «petit rat de l'Opéra» et elle serait sans dou- te devenue danseuse-étoile si elle n'avait pas appris l'anglais avec tant d’application qu'elle le parle sans accent, ce qui est assez rare chez nos cousins de France. Justement a cause de ses connaissances en anglais, elle s'est trés tot intéressée au jazz et a la danse moderne. Avant de venir en Amérique elle fait partie un temps du corps de ballet de la Comédie francaise et elle fait une tour- née comme mime avec la troupe de Marcel Marceau. Nicole Croi- sille travaille également avec Jean Marais et Joséphine Baker. Et puis un beau jour elle dé- croche un contrat comme chan- teuse pour le-club Playboy de Chicago. Elle chante ensuite a Denver, a Las Vegas et 4 New York. De retour en France, elle est applaudie &@ |’Olympia au spectacle de Jacques Brel. Elle tourne de nouveau avec Lelouch Vivre pour vivre et elle repré- sente la France successivement aux festivals internationaux de la~chanson populaire de Sopot et de Rio. Ses succés ne se comptent plus et il suffit main- tenant d'évoquer son nom pour entendre des bribes de mélodies comme Parlez-moi de lui, Télé- phone-moi et Femme pour ne nommer que celles-la.