eae VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 20 avril 1990 - 11 Le chateau de Compiégne Par Jean-Claude Boyer Je me joins a un groupe qui s'appréte a commencer une visite. Nous nous arrétons d'abord devant une carte de France en marbre, chaque région étant représentée par un marbre différent. Le visage du guide me frappe soudain par sa froideur de marbre, justement. Pas le moindre rictus. Ce grand sec ferait sans doute mieux d'aller disséquer des grenouilles. Escalier d'Honneur. En passant d'une piéce 4a l'autre, une espece de vieille fille desséchée répete: "Y fait froid, hein?" Elle n'est jamais alllée au Québec en janvier, celle-la. "les traces sur ce plancher, fait remarquer le guide, remontent a la Premiére Guerre, alors que le chateau servait d'hdopital." Je me surprends a me demander si les petites dimensions de la chapelle ne sont pas directement proportionnelles a la foi que possédait la noblesse qui la fréquentait. Par une fenétre, superbe perspective sur 1'Allée des Beaumonts - trouée de 4 km dans la forét. Comment donner en quelques lignes une impression imagée, "toute chaude", pour ainsi dire, de tant de salles joliment meublées et décorées? Allons-y d'un petit éventail. Grandes hampes de roses trémiéres sur soie. Trompe-1 'oeil saisissants et murs en faux onyx rosé. Chaises recouvertes de tapisseries de Beauvais. Frise ornée d'aigles impériaux. Plafond de la bibliothéque: magnifique! Huit panneaux peints de liliacées. Tapisseries des Gobelins représentant des épisodes de chasse. Commodes, appliques, chenéts: les plus beaux du genre, parait-il. Et encore des peintures: scénes mythologiques, histoire de Don Quichotte, victoires de 1'Empereur... L'ameublement, raffiné 4 souhait, me parait bien digne des "Précieuses ridicules". Je songe prévisénent 4 la grande dame du train et-aux "commodités de la conversation" lorsque le guide montre du doigt des siéges de fantaisie 4 deux places appelés "confidents"; d'autres siéges, a trois places, étaient appelés “indiscrets". Il me semble entendre une précieuse ordonner a son valet: "Allons, Picard, voiturez- nous ici les confidents". Nous passons du salon de musique au ravissant salon eit "du déjeun" (petit déjeuner), tendu de soieries bleu clair et jonquille; puis a trois autres, dont on a disposé les siéges "a l'étiquette" (par ordre de préséance) autour d'un canapé. La couleur caramel dans ces beaux lieux devient, plus noblement, "jaune antique". Que l'on dispose les indiscrets jaune antique a 1'étiquette dans la salon du déjeun! Ridiculement précieux, ou précieusement ridicule, 4a moins que l'on ne_ trouve cela... furieusement joli. Le musée Second Empire présente une suite de petits salons a l'ambiance feutrée. Nombreuses images de la cour, de la vie mondaine et des Arts sous le Second Empire. Dessins humoristiques de Daumier, collections de "beautés" de 1l'époque. Fameux tableau de Winterhalter représentant l'impératrice entourée de ses Dames d'Honneur. Buste de Napoléon vieilli, aprés la chute de l'Empire. Statue du prince impérial avec sa chienne! Objets appartenus a4 l'impératrice Eugénie et 4a son fils, massacré par les Zoulous... : Quant au musée de la voiture, j'y admire berlines et coupés de _- voyage, berlines d'apparat, mail- coach, char a bancs, omnibus, diligences... Je songe aux diligences de "Boule de Suif" et de "La Béte a Mait'Belhomme" (Maupassant). Et la visite continue: cabriolets hollandaiss et italiens, charrette sicilienne, palangquin, traineaux, habits de postillon... Ailleurs, 1'exposition permet de suivre ‘l'evolution de la voiture automobile, depuis la voiture a vapeur jusqu'a la torpédo, dont la silhouette marque déja l'effort vers la vitesse. J'apprends le terme "break": sorte de voiture 4 quatre roues, Ouverte... J'apprends également que la _ premiére "“conductrice", surnommée "la jamais contente", atteignit en 1899 la vitesse folle de 100 km/h. Petite 4 CV Renault: premiére en date des conduites intérieures. Moteurs a vapeur, a explosion, électriques: "témoins de 1'opiniatreté des chercheurs et des créateurs de l'industrie autamobile". Cela suffit pour aujourd'hui. Je me retrouve sur la grande place, resaluant Jeanne D'Arc au passage. Sur une devanture, une affiche m'invite a visiter un musée gui compte plus de 100,000 figurines en étain, plomb, bois, matiére plastique, papier et carton: "rétrospective de 1'évolution du costume et évocation des faits historiques a travers les ages". Non, merci. De retour A Paris, je me rends a 1l'exposition du peintre canadien Joseph Plaskett, dans Montmartre (voir "Joseph Plaskett, amant de la lumiére"). En rentrant chez les religieux d= Sainte-Croix, ce soir- 1a, le coeur réjoui d'une quantité respectable de liqueur de Bacchus, je remarque sur un mur l'embléme de la communauté (croix et ancres) et sa devise "SPES UNICA" (unique espoir). Quinze années de ma jeunesse, du juvénat a la vie dite "active", me reviennent a la mémoire. Heureux de retrouver ma cellule de moine et mes draps d'un blanc inmmaculé, je rechante a moi-méme, aprés tant d'années, 1'hymne a la Reine de Sainte- Croixs: ". <<, Ouiga .faat aon habiter en ta demeure! La véritable joie y croit meilleure que sous. les vastes toits des plus riches des rois." unicef CINEMA « Trop belle pour toi » au Varsity Theatre Tragédie des Temps modernes Par Francois Limoge A travers ses réalisateur de cinéma frangais Bertrand Blier nous a habitués aux histoires d’amour com- plexes et dérangeantes. Que ce soit celle d’une adolescente pour son beau-pére («Beau- pere» en 1981) ou celle d’un homosexuel pour un homme marié («Tenue de soirée» en 1986). Une fois de plus, il ne déroge pas ala régle avec le film «Trop belle pour toi». Bertrand Blier campe ici une histoire a trois personnages. Bernard (Gérard Depardieu) est un garagiste, du sud de la France, qui a réussi. Aisé, marié a une | splendide femme, Florence (Carole Bouquet), il va pourtant tomber amoureux de_ sa secrétaire, Colette (Josiane Balasko), une fille au physique trés ordinaire. La tragédie est nouée. Des dialogues . trés théatrales, la musique de Franz Schubert, omniprésente, Ber- trand Blier a bati son film comme un opéra. Une tragédie moderne sur l’amour impossi- ble et malheureux. Bertrand voudrait vivre plusieurs vies pour aimer plusieurs femmes ; Florence, humiliée et prisonnié- re de sa beauté, désire étre femme tout simplement et Colette s’enivre d’un bonheur qu’elle sait fugitif et condamné. films, le° Le langage est cru, la construction de l'histoire par- fois déroutante mais difficile de ne pas 6étre ému, voir bouleversé. Lors de la cérémo- nie des Césars 1990, equivalent des Oscars américains, le filma raflé plusieurs récompenses, dont le prix de la meilleure interprétation féminine pour Carole Bouquet et celui du meilleur réalisateur pour Ber- trand Blier. Varsity Theatre, 4375 W 10th. Tél.: 222-2235. AU BASKET-BALL EN FAUTEUIL ROULANT AU CANADA PERSONNES JOUENT Le président de la Commis- sion nationale des parents francophones (CNPF), M. Raymond Poirier, se réjouit de la décision du Ministre Fédéral de la Santé et du Bien-étre, M. Beatty de soutenir concrétement le développement de garderies francophones en_ milieu ‘minoritaire. La CNPF a développé au cours des derniéres années une programmation destinée a combattre l’assimilation des francophones et des acadiens dés le bas age. Conscients que les garderies et autres projets préscolaires sont indispensables pour permettre au milieu familial de conserver sa langue et sa culture, les parents ont décidé de s’attaquer en priorité a cette question. «C'est dés la naissance», souligne Monsieur Poirier, «que débute le phénoméne Engagement du ministre Beatty Satisfaction des parents francophones de !/'assimilation. C'est pour- quoi nous devons intervenir d’abord pour des considéra- tions culturelles et linguisti- ques auprés de cette future clientele de nos écoles francaises». Présentement, 52% des enfants issus de familles mono-parentales ne parlent pas frangais réguliérement a la maison. Ce genre de Statistiques nous laisse croire que les garderies actuelles n'ont pas les références nécessaires pour soutenir nos besoins. C’est. ce que nous allons, dans un premier temps, vérifier grace acette subvention de 56 000$ de Santé et Bien-étre . Canada. Notre objectit ulti- me est évidemment la mise sur pied, partout ou les communautés francophones en ont besoin, de garderies conformes aux préoccupa- tions propres ala minorité de langue officielle en matiére de préservation de la langue francaise. «Nous sommes heureux», concilut Monsieur Poirier, «que le gouvernement fédéral agisse concrétement, de concert avec les parents, pour le mieux étre des communautés _ francopho- nes. Cette reconnaissance de | importance du dossier par le Ministre Beatty est le début d'unecollaboration indispen- sable pour l'avenir de la communauté et la CNPF s’en réjouit». Rappelons que la Commis- sion nationale des parents francophones est |l’organis- me voué a la défense des droits de la minorité franco- phone en éducation. Elle represente par |’entremise de dix organismes provinciaux et territorial pres de 500 comités de parents et plus de 30,000 parents actifs se qualifiant sous l’article 23. oo) Fe LOGOS BROCHURES BASE DE DONNEES © Marc VENOT- 925 2406- Fax: 925 1430