CARNET D’UN PROMENEUR par Roger DUFRANE my, [WAN MARIA CHAPDELAINE Pour qui sort de la grand-messe a l'église Canadienne Francaise de "Heather Street" le dimanche, il est tentant de se rappeler le début de Ma~ ria Chapdelaine. L'ambiance, ici, est moderne, dira-t-on, et le pays fort different. Sans doute. Mais la foule qui échange les nouvelles de la semai- ne.sur le parvis me rappelle vague- ment une foule plus ancienne assem- - blée sur le perron de l'église de Pe- ribonka,. Des que les lecteurs du journal "Le Temps" purent lire en feuilleton, en 1913, le roman de Maria Chapdelai- ne, ce leur fut une révélation.Nombre de Frangais redécouvrirent du coup leur parenté ancestrale avec les Cana- diens du Québec. Comme elle ressemble a ses lointaines cousines,cette Maria Chapdelaine{Non pas aux volages héroi- nes des romans parisiens de 1910,mais aux belles et fideles jeunes filles See Moeseses INNOVATION - COLOMBIE- BRITANNIQUE Potetetetete®, ‘on eTeTee*e"e'ee'e mee ‘ENCO RE U N E --La-Colombie-Britanniqueest la province des innovations. En fait, elle ne les compte méme plus. Aussi, personne n‘a été surpris que ce soit en Colombie-Britannique que le plus EN grand caboteur en aluminium du Canada ait été construit et mis en service. Batiment de 73 pieds de long, le Nechako fait la navette entre les installations Alcan de Kitimat (usine d‘aluminium) et de Kemano (centrate) distante de 64 milles. Pour la premiere fois, les deux de la province francaise. Comme la Gaud Mével du Pécheur d'Islande, de Pierre Loti, Maria Chapdelaine attend sagement 1'@tre aimé, qui disperait tragiquement. i Trois hommes la convoitent: Fran- gois Paradis, le coureur des bois; Io- renzo Surprenant,Canadien des "Etats" qui fait miroiter sux yeux de la jeu- ne femme les lumieres des villes; en- fin Eutrope Gagnon, Js forment une trilogie:le bonheur romantique,le bon- heur confcrtable, le sacrifice @ 1a terre natale, Francois Paradis, pour qui Maria frémit en sa chair et son a- me,''s'€carte" dans une "Poudrerie" et ne reviendra plus.lorenzo,elle n'écou- te pas ses belles paroles: elle sait que son devoir consiste a demeurer au pays de Cuébhed pour prele:ger te Not Ctest pourquoi Maria se résigne & ab cepter Futrope Gagnon. Ce theme emouvant s'tentrelace dans une fresque fidéle de la vie des défricheurs du Québec au début du sié- cle, -Cela aussi dut ouvrir aux lec- teurs du temps de nouveaux horizons. L'auteur, Louis Hémon, né en Bretagne, veuf a trente ans,s'était expatrié au Canada. TD alla partager la rwie exis- tence des Canadiens au nord du Lac- Saint-Jean, Il y séjourna assez pour saisir en son essence l'ame Canadien- ne Francaise;et pour aiscerner le pit- toresque des moeurs,qu'un Canadien ne, a@ cause de 1'accoutumance,ne peut voir,Sérieux et méditatifs,les person- nages de Louis Hémon pressentent que de respectables vertus se prolongent en eux,et ils s'efforcent de les main- Si la rudesse de climat les a points que nulle route ne relie peuvent etre touches dans la méme journée par un voyage aller et retour du Nechako dont les deux turbines lui permettent de filer plus de 20 noeuds. Congu par les ingénieurs de * ‘Alcan, le Nechako a été construit par les Matsumoto Shipyards de Vancouver. II représente une veritable percee dans la construction maritime. ALUMINIUM DU CANADA, LTEE Le Soleil de Vancouver,Page 5, 18 juillet 1969 différenciés des Frangais de France, ils ont nganmoins gardé la vivacité de la race. Les jeunes hommes campes par Louis Hémon aiment parader devant les filles et animer les bals de vil- lage, : L'oeuvre se déroule comme un al- manach des bergers: la:cueillette des myrtilles ou bleuets, les engrange- ments de l'autome,la "tire" du sirop d'érable dans un bassin de neige, la fonte des glacons, les rapides florai- sons entre deux hivers. Et a chaque page rode la forét sauvage, une "mena- ce" écrit Louis Hémon, Il excelle 4a personnifier la nature.I1 nous montre les défricheurs’ pied a pied contre de monstrueuses souches; et il fait hurler le vent comme une horde de loups.Si le débit de son style paraft parfois un peu lent, sans doute l'au- teur l'a voulu ainsi, J1 convenait d'insuffler la vie lente des foréts dans la vie taciturne de ceux qui l'affrontent. les pages les plus belles sont celles ou 1'auteur procla- me Ja fidelite de l'habitant Canadien Frangais 4 ses origines. (uelques intellectuels _ boregons se sont détournés de cette épopee du terroir.iMais tous les esprits ouverts, a Paris,comme & Quebec st & Mont- real, ont vite tenu Maria Chapdelaine pour un Chef-d'oeuvre. Aujourd'hui, si Maria Chapdelaine peint des moeurs su- rannes, incompatibles avec le progrés, l'oeuvre n'en reste pas: moins un té- moignage. C'est un chef-d'oeuvre ou briile un ideal éternel: l'amour pro- fond de la nature et des hommes, SS EO O88 Wo" ee see ll est plus léger, plus rapide et il a le méme dénominateur que la plupart des fabrications en aluminium qu'il s‘agisse d’avions, de maisons, de fenétres: il est toujours mieux au service de de I‘'Homme. Innovation pour la Colombie- Britannique, le Nechako est un autre symbole du progres permis par l’aluminium. epeseteseeetes POs , re