TOURNOIS ET CARNAVALS par Roger Dufrane Toujours je me laisse pren- dre aux titres bien frappés. ‘*Olympiade Mexico 1968’’, exposé de Monsieur et Madame Roland Roussel a l’Alliance Fran¢ aise de Van- couver le 15 mars, m’a tenté par son appel. En marge des évocations olympiques, j’es- pérais des vues et commen- taires sur un pays que j’aime, le Mexique. Je ne puis y songer sans que se rallument dans monsouvenir ses masures blanches sous le ciel ardent, ses orangers aux pentes des collines, ses filles brunes A la taille souple et aux yeux noirs. Monsieur Roussel et sa fem- me ont présenté le film et les diapositives en couleurs d’un long périple en Amérique latine, Mexique, Bolivie, Brésil et autres lieux. La rareté des vues typiquement mexicaines m’a dé¢u alors que pour le Brésil ex la Bolivie, carnaval de Rio. et moeurs originales, on nous gatait. Il faut dire que l’intention des voyageurs était de faire revivre devant nous les jeux olympiques de 1968, avec leurs courses ful- gurantes et sauts vertigi- neux. Dés le début, des images de l’Hellade, casque Aa ci- mier, temple A colonnes, évoquent la noblesse reli- gieuse de ces jeux antiques. ls se célébraient tous. les quatre ans en l’honneur de Jupiter Olympien. Le dieu de la foudre et de la civi-. lisation est encore symboli- sé par le flambeau que bran- dit en courant un athléte. On Vallume a Athénes; et la flamme vole, de relais en relais, jusqu’A la _ cité choisie. La tradition de ces épreuves s’était perdue au cours des siécles. Un Fran- gais, Pierre de Coubertin, associé A un Grec, l’a re- mise en honneur. Le baron de Coubertin pensait ainsi encourager la fraternité uni- verselle. - Comme jadis Saint-Frangois d’Assise, il Oubliait que l’égoisme des peuples dénature les plus beaux gestes. les gouvernements lorgnent ces compétitions pour exal- ter leur nationalisme. La présentation de Mon- sieur et Madame Roussel, originale et spontanée, sou- léve deux critiques. L’une vise l’€mission qui ne por- Aujourd’hui, ° tait pas assez loin dans la salle la voix, pourtant bien timbrée, des commenta- teurs; l’autre la projection qui, sur trois écrans, inter- disait au spectateur de se concentrer sur les images essentielles. Il] vaut mieux observer avec fruit une i- mage 4 la fois que d’entre- voir médiocrement plusieurs images simultanées. Je sais bien que la trépidation du monde moderne donne un dé- sir dévorant d’ubiquité. Nous courons. Nous voulons étre partout 4 lafois. Hélas, notre nature humaine le défend. Il faudra toujours nous satis~ faire d’un choix. Dirai-je aussi que les diapositives semblaient capter toute la lumiére pour laisser dans un ‘ climat nocturne le film prin- cipal? Je vois 1A quelque incohérence, sans oublier que l’incohérence plaft au goat moderne. Il est curieux de comparer le ton adopté par chaque conférencier: l’oratoire, le| littéraire, le familier. Les| _ Meilleurs conférenciers sa- vent rester naturels sans ra~ baisser leur culture. Ainsi d’Emmanuel Robles, venu ici en 1969 pour évoquer Camus: avec fougue et simplicité. Ainsi encore de Maurice Herzog venu nous rappeler la victoire francaise sur 1’ Anapurna. Bien sar, on ne parle pas dune montagne comme on parlerait du thé- ‘atre de Corneille. Mais il y a parfois outrance dans la préciosité comme il peut y avoir outrance dans la fa- miliarité. Monsieur Roland Roussel a fait un exposé A la bonne franquette, ou, pour _ Mieux dire, sportif. Désin- volture un peu forte si elle n’était compensée par un cli- mat de sympathie créé par la présence mé@me dunarra- teur. : Voila mon opinion. Mais dé ja se confondent dans mon es- prit les images de cette inté- ressante projection. Mes mondes révolus s’y super- posent et composent un royaume enchanteur: les péons a grands chapeaux et couvertures bariolées. d’un Village des Andes, les mas- ques et chars fleuris de Rio-de-Janeiro, le carnaval ‘de Rome au temps d’Alexan- dre Dumas; puis, effag ant tous les autres, le carnaval de Binche en Belgique, au temps de mon enfance, ot des Gilles coiffés de plumes langaient des oranges aux filles des balcons. Mots croisés du Soleil Par A.A. Hards SOLUTION DU 24 MARS oD oD 6, — 71 8. Ox Orel 19 48 14-15 * {LIEINIT BBAIMIE|REBBAIL] 1 [TIA > {EIT IA|UBBBRIOIDIERBVIATRIAIN S IVIAITILICIAIN EV ETPIAITIE 4 TEIMIVILIE MIE|T Bip aS S IRIAIRIEITIEIS HBR IE IL luli 6 EISITIS(CITEBS IATL INI Tle 7 IGIEILHBEITIR IEle Belt tOuN Seed de Bl ee Fae SS eee 9 INICIE/LIS BRI INDIUlE Me Me 10 | Al | E\TIEBBTIAISISIETR 11 AICIEIRIE NIE |S/TIO[R 2 (Tli INIT EDT Emecl) [1T 8 |EILITIRIABBAIRIRIA NIGIEIRIA 144 |LIEIMIC}) Seueren L}RIAIN Sed Atos EISITIERBENIA |i | T Lecadran des songes - Par Roger Dufrane EN VENTE AU livres, disques, “Ouvert du mardi au samedi, de mi- pana di a7 p.m. EQ | [ XII, LE SOLEIL, 31 MARS 1972 Fe ae ae TT,