école de I'Ontario qui se sont entassés dans le salon de Gabrielle Roy pour lui poser des questions. Le livre se divise en plusieurs parties qui correspondent a autant d'étapes dans la vie de la romanciére, ce qui découpe nettement l'ouvrage et le rend trés lisible. Grace a ces témoins qui offrent des opinions réfléchies sur la femme qu'ils ont frequentée, opinions qui sont d'ailleurs parfois contradictoires, ce livre est une immense bio- graphie qui n‘a rien d'hagiographique. Méme si elle admire beaucoup 'écrivain, Isméne Toussaint a laissé s'exprimer en toute liberté ses interlocuteurs. Cela fait la valeur de l'ouvrage - j'allais dire du roman, Car il se lit comme un roman - et lui donne du suspense, car notre vision n'est jamais définitive. On a toujours envie d'en savoir plus, de lire plus avant pour découvrir sous un nouvel angle la vie et I'ceuvre de ce personnage qu’est Gabrielle Roy. S'embarquer dans ce livre, c'est partir a la recherche d'une aventure qui est celle de la plus célé- bre romanciére canadienne-frangaise. Il y a des moments d'émotions quand sont diversement évoqués, par ceux qui les ont bien connus, les rapports entre Gabrielle et son mari ou ceux avec sa sceur Marie-Anna Roy; des moments d'humour quand Jean-Pierre Morgan raconte, pince-sans-rire, que jeune jour- naliste de dix-huit ans et demi il s'en va interviewer I'écrivain. Mais elle ne le regoit que dans I'entrée, lui dit qu'elle a toutes sortes d'en- nuis, qu'elle se méfie des journalistes, lui refuse de prendre une pho- to, et le jeune homme de s'en retourner bredouille. Il y a des mo- ments plus dramatiques aussi : quand I'éditeur Alain Stanké qui en- tretint avec elle des liens d'amitié et relanga sa popularité se fait vo- ler aprés le décés de I'écrivain, au profit d'une autre maison d'édi- tions, les droits de publication qu'elle lui avait accordés par écrit. Le réle d'lsméne Toussaint n'a pas seulement consisté a colliger les différents textes. Elle-méme spécialiste de Gabrielle Roy, elle intro- duit chaque chapitre et le termine par une conclusion, elle accompa- gne chaque texte d'une biographie de son auteur et de nombreuses notes; enfin, dans un dernier essai, elle passe en revue ses ceuvres. Ce qu'elle dit de La détresse et I'enchantement, publication pos- thume, peut également s'appliquer aux Chemins retrouvés de Ga- brielle Roy, car l'image qui reste de Gabrielle Roy est celle